Quand les rôles s'inversent - Couverture du livre

Quand les rôles s'inversent

Ivana Vanessa Jameson

Chapitre 7

LUCY

J'ai ouvert les yeux en sentant une lumière vive qui essayait de s'infiltrer à travers mes paupières. J'ai gémi alors que la lumière vive me torturait les yeux. "Mon Dieu, je crois que je suis aveugle maintenant !" ai-je chuchoté en mettant un gros oreiller sur mon visage pour couvrir mes yeux.

D'où venait cette lumière ? Argh, Catherine a probablement ouvert les rideaux à nouveau juste pour me torturer.

"Je pense que tes yeux vont parfaitement bien, compagne", a dit une voix masculine rauque, coupant court à mes pensées. Ce n'était définitivement pas Catherine. Pourquoi y avait-il une voix masculine dans ma chambre ?

J'ai rapidement retiré l'oreiller de mon visage et mes yeux se sont ouverts en grand alors que j'examinais la silhouette devant moi. Je me suis presque évanouie lorsque tout m'est revenu.

J'étais une esclave dans le territoire d’un loup-garou, dans sa chambre et sur son lit. Il était debout au bord du lit et me regardait avec un soupçon d'amusement dans les yeux.

Je me suis maudite intérieurement de toujours oublier ma réalité chaque matin en sortant du sommeil. J'oubliais toujours car dans mes rêves, j'étais de retour à la maison avec ma meilleure amie d'enfance Catherine, ma mère et mon père.

Nous étions de nouveau ensemble et j'étais une petite fille heureuse, sans aucun problème dans le monde. Il n'y avait pas de loups monstrueux qui anéantissaient la race humaine. Tout était parfait avant que ces monstres n'arrivent dans notre monde !

"Est-ce que tu m'écoutes au moins ?" m’a interrompue la voix du roi.

J'ai sursauté un peu avant de lever les yeux vers son étonnante silhouette fortement bâtie. Il portait déjà un costume gris formel et des chaussures de ville noires. "Euh, désolée, j'ai zappé."

Il m'a regardée avec une expression neutre pendant quelques secondes, pensant probablement que j'étais une malade mentale ou quelque chose comme ça.

"Bien, lève-toi et assure-toi que cette pièce est impeccable. Dans quelques heures tout au plus, quelqu'un va venir ici et t’expliquer quelles sont tes nouvelles fonctions."

"Oh, ok", ai-je dit, en me levant du lit et en baissant ma robe qui était remontée pendant mon sommeil. J'ai rougi et espéré que le roi n’avait rien vu.

"Elle t’apportera également un nouvel uniforme propre et quelques articles de toilette. N'hésite pas à les mettre dans la salle de bain", a-t-il dit en s'éclaircissant un peu la gorge.

J'ai trouvé ça bizarre. On aurait dit qu'il était mal à l'aise de parler de ça, mais peut-être que j'imaginais des choses. J'imaginais toujours des choses. Les bêtes pouvaient-elles seulement se sentir mal à l'aise ? J'en doutais.

"Tu te mets souvent en retrait ? N'en fais pas une habitude ici."

J'ai rougi d'embarras. "Je suis désolée, je vais essayer de ne plus faire ça." Wow, Lucy, maintenant il sait définitivement que tu es folle.

Il a levé un sourcil sombre vers moi, comme s'il essayait de comprendre quelque chose avant de partir en silence, et j'ai laissé échapper un long soupir de soulagement. Je ne m'étais jamais sentie aussi mal à l'aise de toute ma vie !

C'était fou, il me laissait dormir dans son lit et c'était le sommeil le plus paisible que j'avais jamais eu !

Je me sentais cependant honteuse d’avoir dormi à poings fermés. Et si je l'avais touché dans mon sommeil ou si je lui avais donné un coup de pied ? Non ! Je ne serais pas en vie si j'avais posé un seul doigt sur lui. Donc ça voulait dire que je ne l'avais pas fait, ouf !

Je me suis étalée sur son lit et j'ai attendu celle qui était censée m'apporter un nouvel uniforme. J'ai soupiré et décidé de jeter un coup d'œil dans la salle de bain. J'ai supposé que c'était l'une des deux portes de la chambre.

J'ai ouvert la première série de portes doubles et elles ont révélé un grand dressing rempli de costumes principalement noirs d'un côté, le côté opposé étant pour les chaussures. Il avait vraiment des goûts de luxe, ses montres semblaient en or véritable.

J'ai soupiré. J'ai toujours rêvé d'être une femme riche et gâtée, mais cela n'allait jamais se produire. Être riche signifiait que je pourrais m'acheter tout ce que je voulais sans problème, que je pourrais voyager sans me soucier des dépenses.

Je suis sortie et j'ai fermé les portes. Je n'ai touché à rien. Si je le faisais, il le découvrirait et me couperait probablement les mains ou pire, les mangerait.

J'ai ouvert la porte suivante à quelques mètres des doubles portes et j'ai découvert la plus grande salle de bain que je n’avais jamais vue. Elle était incroyablement grande, qui pouvait avoir besoin d'une salle de bain aussi grande de toute façon ? C'était comme si un véritable géant vivait dans cette maison.

La baignoire était comme une mini-piscine, mais elle ne semblait pas vraiment profonde. Le plus étonnant, c’est que c'était une baignoire en or.

La plupart des choses dans la salle de bain étaient soit dorées, soit gris argenté. La douche était assez grande pour accueillir cinq personnes. Il y avait une autre porte qui menait à de petites toilettes. "Dieu merci ! Quelque chose qui est vraiment petit dans cette pièce..." me suis-je moquée.

J'ai décidé que le roi ne verrait pas d'inconvénient à ce que j'utilise sa douche et ses toilettes, alors je le ferais après que cette personne soit arrivée avec mes affaires pour me laver. Mais j'ai fini par utiliser les toilettes.

Quand j'avais fini, je suis sortie et j'ai entendu frapper à la porte. J'ai froncé les sourcils. Devais-je répondre ? Je me suis dirigée vers la porte et l'ai lentement ouverte pour voir Emma qui me regardait fixement en tenant une trousse de toilette, une serviette grise pliée et une robe.

"Salut..."

Elle m'a ignorée et elle est entrée, me poussant hors du chemin. J'ai trébuché et me suis stabilisée avant de fermer la porte derrière elle.

"Pourquoi diable le roi laisse-t-il une servante dormir dans sa chambre !" Elle a reniflé en faisant tomber mes affaires sur le lit. "Tu as aussi dormi sur son lit !" s’est-elle exclamée avec une expression horrifiée.

Oh mon Dieu, elle sait. Est-ce que je lui mens ? Mais elle savait. J'ai levé les yeux au plafond comme si c'était la chose la plus intéressante de la pièce "Oui, j'ai fait ça ?" Je l'ai dit plus comme une question.

"Oh ma Déesse !" a crié Emma d'une voix aiguë, me faisant sursauter en la fixant. On aurait dit qu'elle venait de voir un fantôme.

"Comment ? Il dormait là aussi ? As-tu drogué notre roi juste pour pouvoir le violer, sale esclave humaine !" a-t-elle grogné.

Je me suis moquée, agacée par ses accusations ridicules, oubliant qu'elle était une louve-garou qui pouvait me blesser.

"Excuse-moi ! Je ne violerais jamais un chien. Et où est-ce que je trouverais la drogue ? En plus, les gardes l’aurait trouvée en me fouillant. Je ne possède littéralement rien."

J'avais envie de lui crier dessus mais je lui ai dit ça calmement. Je n'avais pas encore besoin qu'elle m'arrache la tête.

"Alors pourquoi ? Il ne laisse même pas une pute dormir la nuit et pourtant il te laisse dormir, là, avec lui, et tu n'es qu'une esclave ! Est-ce qu'il t'a baisée…"

"Non !" l'ai-je coupée. "Il ne m'a pas touchée."

Elle m'a regardée, confuse et frustrée de ne pas savoir pourquoi son roi laissait une esclave humaine dormir dans son lit avec lui. J'étais également confuse par plusieurs choses. Ce roi lycan se comportait bizarrement dès qu'il était près de moi et je détestais ça.

"Je ne comprends pas", a-t-elle dit en s'asseyant au bord du lit.

J'ai soupiré. "Moi non plus. Ton roi est plutôt bizarre."

Elle m'a regardée, définitivement agacée. "N'insulte jamais notre roi comme ça. Tu es la seule à être bizarre dans ce château."

J'avais envie de lever les yeux au ciel mais évidemment je ne l'ai pas fait, je suis juste restée là, maladroitement. Si elle était humaine, je lui aurais envoyé quelques coups de poings à la figure.

"Quoi qu'il en soit, ne pense pas que juste parce que le roi t’a permis de rester dans sa chambre, que tu peux te mettre à l'aise. Je parie qu'il n'y a rien de spécial, il te trouve probablement excessivement pitoyable. Tu comprends ?" a-t-elle demandé en levant un sourcil.

J'aurais dû m’en moquer. Avais-je l'air de me soucier de savoir si cette bête m'aimait ou non ? En fait, je n'avais pas besoin de sa pitié. La prochaine fois, je lui planterais un couteau dans la poitrine et l'enfoncerais profondément dans son cœur jusqu'à ce que la vie le quitte.

Heureusement que je dormais avec lui dans la même chambre. Je devais juste être patiente et sournoise. "Oui, je comprends, m’dame."

Elle a hoché la tête. "Bien. Tes fonctions ne sont plus dans la cuisine ou n'importe où ailleurs que dans les quartiers du roi. Tu feras le ménage dans les quartiers du roi et tu respecteras tous ceux que tu verras ici.

"Si tu pensais que les servantes et les domestiques d'en bas étaient cruels, tu vas avoir une grosse surprise. L’entourage royal méprise les humains et leur existence tout entière. Alors bonne chance, je te verrai ici et là, si tu as de la chance."

Je suis restée sans voix. Je ne voulais pas être près des membres de la royauté ni quoi que ce soit. J’étais définitivement foutue. Je devrais probablement me tuer plutôt que de les laisser me tuer.

La plupart de mes amis l'avaient fait. On s'était fait une promesse. Ta vie t’appartiens, prends ta vie avant qu'ils ne te la prennent.

Souvenir :

"On fait quoi là, Catherine ?!" lui ai-je demandé, horrifiée. Ils étaient à l'extérieur du magasin où nous étions six cachés derrière un comptoir.

Jonathan nous a regardés avec un air de défaite. "Votre vie vous appartient, prenez votre vie avant qu'ils ne vous la prennent", a-t-il dit sans aucune émotion.

Nous savions ce qu'il voulait dire mais nous ne voulions pas encore céder à ces mots. Ma mère nous avait toujours appris à avoir la foi, que l'espoir était toujours possible !

"Non, pas encore, Jonathan, s'il te plaît. Attendons-les !" a dit Catherine, sa voix pleine de désespoir avant que nous ne tremblions tous de peur alors que les grognements vicieux augmentaient.

"Attendons-les ! Ils sont à l'extérieur des portes, ils peuvent nous sentir. Ils jouent avec nous et notre peur pour pouvoir ronger nos os après s'être amusés !" a chuchoté Faith, une blonde adolescente.

Elle était la plus jeune d'entre nous six. Elle n'avait que quinze ans et était courageuse.

Catherine a soupiré en les regardant. "Attendons de voir s'ils entrent vraiment dans cette fichue boutique."

"Ta vie t'appartient, prends-la avant que les démons te la prennent", a dit Jonathan en se tranchant la gorge avec une lame de rasoir que nous n’avions même pas vue, et j'ai hurlé alors que la main de Jake couvrait ma bouche pour étouffer mes cris.

Je pleurais en regardant une mare de sang recouvrir le sol. Tellement de sang… comment quelqu'un pouvait-il perdre autant de sang ? Sa vie l'a quitté si facilement, laissant son cadavre gisant sur le sol. Et juste comme ça, Jonathan était mort.

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