Gideon (français) - Couverture du livre

Gideon (français)

Nicole Riddley

Tout feu tout flamme

LAYLA

Je suis dans de sales draps. ~

C’est la dernière pensée formée par mon cerveau avant qu’il ne disjoncte et que le décor alentour ne disparaisse. Son odeur masculine tisse sa magie sur mes sens. Ces yeux extraordinaires me retiennent captive.

L’air autour de nous s’épaissit, bruissant et grésillant comme s’il se chargeait soudain d’électricité.

Concentrée sur ses yeux et rien d’autre, je perds toute notion de temps.

Des secondes, des minutes, des heures? Je ne sais pas depuis combien de temps je suis allongée là, le regard plongé dans le sien.

Quand il finit par bouger, j’ai la sensation de me réveiller d’une transe. Oh mon Dieu! Qu’ai-je fait? Avec cette pensée terrifiante,

J’enregistre dans un coin de mon esprit qu’il n’est pas humain. Cet homme n’est pas non plus un loup-garou.

Oh! Bon sang! C’est un lycan! ~

J’ai rencontré Caspian, l’âme sœur de Quincy, leurs amis et je reconnais l’odeur.

Pourquoi n’ai-je pas fait le rapprochement avant? ~

Je suis à demi-louve, et je ne peux pas muter comme ma fratrie, mais j’ai un odorat très développé, un trait que je tiens de mon père.

Il est même plus développé que chez certains loups.

Je jure que quelquefois, je sens quand quelqu’un ment. Les glandes sudoripares travaillent plus.

C’est un lycan!

Les battements de mon cœur s’accélèrent. Je prends en même temps conscience de l’intensité sur son visage.

Il me dévisage avec émerveillement, comme s’il peinait à croire que j’étais bien réelle. Comme s’il regardait une apparition.

Il incline la tête dans mon cou et inhale pour s’imprégner de mon odeur. Mon cœur trébuche. Il ferme les yeux, les narines frémissantes, comme s’il savourait la meilleure odeur du monde.

Soudain embarrassée, je me retiens de baisser la tête pour me renifler moi-même. Je travaille depuis ce matin de bonne heure et je dois puer!

OK, c’est très bizarre. ~

C’est la rencontre la plus étrange et intense de toute ma vie et je ne dois pas oublier que les lycans sont dangereux.

Très dangereux.

“Euh…Salut,” dis-je finalement du bout des lèvres.

Il relève la tête, surpris, et m’observe.

Ces yeux.

“Bonjour.”

Oh! Bon sang! Cette voix.

“Salut.”

“Bonjour,” dit-il à nouveau. Un sourire amusé étire ses lèvres. Je fonds.

“Oui, bonjour.”

“Salut,” dit-il en souriant franchement.

“Salut.”

Minute, je ne l’ai pas déjà dit? Oh, Layla, arrête de faire la cruche! ~

Il semble lutter pour ne pas éclater de rire. Je viens de rencontrer l’homme peut-être le plus sexy de la planète et je le fais rire… mais il est toujours au-dessus de moi.

Au lit! Dans son lit!

Je cherche à descendre du lit, mais il me plaque sur le matelas, et je me retrouve à me contorsionner sous lui et à me frotter contre lui à chacun de mes mouvements.

Mes seins se pressent contre son torse et mes hanches frottent contre son entrejambe. Son corps est dur.

De partout.

Oh! ~

Je me fige et vois ses yeux s’élargir. Il les baisse jusqu’à l’endroit où nos corps sont collés, puis revient sur mon visage. Je dois ouvrir des yeux grands comme des soucoupes.

L’air se met à nouveau à vibrer autour de nous. Electrisant. Sa pomme d’Adam monte et descend et je brûle d’envie de poser ma bouche dans son cou et de le lécher…

“Ne bouge pas,” dit-il. Je remarque qu’il respire vite. Avant même que je saisisse ce qu’il dit, il s’écarte de moi. Je ressens immédiatement une impression de perte. Je veux encore sentir son poids sur moi.

Je veux sentir sa chaleur, je veux sentir son corps dur se presser contre le mien.

L’air est froid sur ma peau.

Je hoquète en réalisant que la jupe de mon uniforme de travail s’est relevée sur mes cuisses. Je suis sûre qu’il a vu ma culotte de superhéros.

Je baisse ma jupe sur mes cuisses, les joues en feu. Sur ma peau d’un brun clair, cela doit faire du plus bel effet!

C’est si embarrassant! ~

Il me tend une main pour m’aider à me relever et je la saisis. Une chaleur mêlée de picotements m’envahit à ce contact.

Elle court le long de mon bras jusqu’en bas de ma colonne vertébrale. Mon cœur se met à battre à tout rompre dans ma poitrine.

C’est agréable. Trop agréable.

C’est peut-être juste mon imagination, mais je sens ses doigts se crisper brièvement autour des miens comme s’il se faisait violence pour me lâcher.

En position verticale, je prends conscience de sa taille, et il est très grand. Avec mon mètre soixante-quinze, je ne peux pas souvent porter des talons pour ne pas dépasser mon cavalier.

Lui me domine de sa hauteur et je dois lever la tête pour le regarder. Il doit faire plus d’un mètre quatre-vingt-dix.

“Quel est ton nom?” Sa voix est rauque et sexy. Cet accent britannique, mêlé à d’autres accents, est propre à mettre le feu à ma culotte.

Mais pas à ma culotte Superman.

Attendez une minute! Il vient de me demander comment je m’appelais. Est-ce que je vais avoir des ennuis? Je me suis quand même endormie dans son lit. Son lit! Et c’est un lycan, fatal. Est-ce que je vais perdre mon boulot? La vie? ~

“Pourquoi?”

Il lève un sourcil en percevant la méfiance dans ma voix. “Je veux juste connaître le nom de la magnifique jeune femme avec laquelle je discute.”

Magnifique? ~

Je sais que je ne suis pas un laideron, mais il ne peut pas être en train de flirter avec moi. Ce type est beau comme un dieu, c’est insensé!

C’est un lycan pour l’amour du ciel! On ne joue définitivement pas dans la même catégorie, lui et moi, on serait même sur deux planètes différentes, oui, deux catégories bien distinctes.

Donc, non… il ne peut pas flirter avec moi.

“Layla.”

“Layla,” répète-t-il, en détachant chaque syllabe. Sa façon de faire rouler mon prénom sur sa langue me remue jusqu’au creux du ventre. Un frisson délicieux court le long de mon dos.

“Bien…ce n’est pas tout, mais je ferais mieux de me remettre au travail.” Je me recule. “Il me reste à faire beaucoup de choses.

“La salle de bains à nettoyer, le lit à faire…euh, oui… A ce sujet… La petite sieste dans votre lit? Je suis terriblement désolée. Je ne le ferai plus. C’est promis.”

Il fait un pas vers moi et je recule d’un pas. “C’est la première fois que ça m’arrive. Je n’ai pas pour habitude de dormir dans le lit de types louches.”

“C’est bon à savoir,” susurre-t-il.

“Pas que je vous trouve louche, ce n’est pas ce que je dis,” ajouté-je rapidement. Allô, c’est un lycan. Je devrais fermer ma bouche. “C’est juste que j’étais très fatiguée. J’ai commencé tôt ce matin et j’ai fini tard la nuit dernière…”

Je m’interromps en le voyant froncer les sourcils comme si je venais de dire quelque chose qui le mettait en colère.

“Bon… Je vais, euh, m’y remettre alors.” Je pivote sur moi-même, prête à fuir sans demander mon reste. Je dois m’éloigner de cette étrange attirance qui me pousse vers cet inconnu.

“Vous n’allez pas faire le ménage de ma chambre… ni d’aucune autre. Vous ne ferez plus jamais le ménage,” lâche-t-il dans un grondement.

Quoi? ~

Je me retourne vivement pour le regarder.

“Eh bien, ça va être difficile parce que c’est mon boulot… à moins que vous ne me dénonciez à ma patronne. Attendez! C’est ce que vous allez faire? Vous allez me faire virer?”

Oh, non! C’est la cata! “Ecoutez, je suis vraiment désolée, d’accord? Je vous promets que je ne le referai plus jamais. Jamais. Ça n’arrivera plus!”

Je peux à peine payer mon loyer ce mois-ci et je suis prête à supplier.

Il me dévisage, les yeux plissés. “Acceptez-vous de dîner avec moi, Layla?”

Hein? “Pardon?”

“Dîner avec moi. Demain soir, ça vous irait?”

Quoi? ~

“Euh… Je… je, mm… Je travaille le vendredi soir,” dis-je, le cerveau moulinant dans le vide.

Il vient vraiment de me demander de dîner avec lui? Moi? ~

Il fronce les sourcils comme si je venais de l’insulter. “Samedi soir, alors? Je passe vous prendre à 19 heures.”

Oh non, samedi. Ma mère m’attend de pied ferme pour le week-end, et le dîner familial avec Kofi.

Et puis il y a aussi Derek à qui j’ai dit oui. En fait, je n’ai soudain plus trop envie de sortir avec Derek, et j’ai envie de me retrouver à la table familiale, en face de Kofi, comme de me pendre.

Je culpabilise déjà d’avoir fait trois fois faux bond à Derek. Ce n’est pas très cool.

Et puis, cet homme ne vit-il pas en couple? Il a une fiancée ou une petite amie, c’est bien ce que Marnie a dit? Je sens mon cœur se serrer à cette pensée.

Non, je ressens plutôt une bouffée de colère.

“Non, merci. Ça ne peut pas arriver.”

“Pourquoi? Vous êtes déjà prise? Vous voyez quelqu’un d’autre?” Un éclat dur fait briller ses yeux. Son expression devient froide, redoutable.

Menaçante même. Un petit muscle tressaille à l’angle de sa mâchoire et ses narines frémissent.

Il m’attrape par les bras et je me retrouve soudain plaquée contre le mur, près du lit. Il se penche sur moi et son nez, ses lèvres frôlent mon cou.

“Layla…,” souffle-t-il. Sa voix est basse, gutturale. L’air se charge d’électricité. Je la sens vibrer tout autour de nous. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et mes seins frottent contre son torse à chacune de mes respirations saccadées.

“Ma Layla…,” murmure-t-il avant de laisser promener son nez et ses lèvres le long de mon cou jusqu’à ma clavicule. “Dis que tu es à moi. Dis qu’il n’y a personne d’autre.”

Oh, Seigneur, ma peau picote partout où il me touche. Il allume des étincelles sur ma peau. Elles pulsent dans mes veines et font bouillonner mon sang.

Quand je sens sa langue chaude et mouillée effleurer ma peau comme s’il me goûtait, je gémis et noue mes bras autour de son cou pour l’attirer tout contre moi. J’ai l’impression que mon corps est un fil sous tension.

Il ouvre la bouche et la referme dans le creux tendre là où bat mon pouls, et suce. Mon corps s’embrase.

Je n’ai jamais rien ressenti d’aussi bon.

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