Danielle Jaggan
SKYLER
Vous connaissez cette sensation, après avoir reçu un coup de poing ? Oui, c'est exactement ce que je ressentais. Mes jambes étaient sur le point de lâcher à force de courir, et ma gorge me brûlait à cause du manque d'oxygène.
J'ai regagné les quartiers des domestiques en un temps record, et même si j'ai eu de la chance d'échapper à un certain loup-garou, le destin n'a pas permis que j‘échappe à un autre, et il m'a vue avant même que je ne le voie.
« Skyler ! », a-t-il crié alors qu'il était littéralement à un mètre cinquante de moi. J'ai sursauté, apeurée, et j'ai timidement tourné la tête dans sa direction.
« Oui, monsieur le directeur ? » ai-je répondu, encore sous le choc de l'événement survenu quelques minutes auparavant.
« Pourquoi n'as-tu pas encore apporté le déjeuner de l'Alpha dans sa chambre ? » a-t-il demandé de sa voix habituelle, énervée. Et je n'ai pas pu m'empêcher de le regarder, abasourdie.
« M...mais ce n'est pas mon devoir, monsieur. Je reviens juste de mes tâches de jardinage... »
« Tais-toi ! », a-t-il grogné.
« À partir de maintenant, tu apporteras tous les repas de l'Alpha dans sa chambre, est-ce que je me fais bien comprendre ? » a-t-il demandé d'un ton péremptoire. Mais j'étais trop choquée pour répondre.
« Est-ce que je me fais bien comprendre ? » a-t-il répété avec colère, les dents serrées.
« Oui-oui, monsieur le directeur », ai-je répondu, vaincue.
« Alors pourquoi es-tu encore là ? » a-t-il ajouté, et je me suis contentée de détaler.
En me dirigeant vers la cuisine, j’ai aperçu Scarlette et l'idée de l'appeler m'a traversé l'esprit, mais je l'ai écartée quand j'ai vu la façon dont ses yeux étaient baissés et dont elle traînait les pieds.
Tout le monde était en train de prendre sa pause de la journée.
Après avoir trouvé le plateau de nourriture dans la cuisine, je me suis dirigée vers sa chambre. Puis, lorsque les bruits d'agitation ont commencé à s'estomper, j’ai compris que j'étais proche de ses quartiers.
Ce côté du domaine était le plus luxueux, alors pourquoi avais-je l'impression de marcher dans la vallée de l'ombre de la mort ?
Contrairement à ce matin, je savais qu'il y avait cette fois de fortes chances que je le rencontre. Et honnêtement, je ne savais pas à quoi m'attendre.
Comprenant que je ne pouvais pas lui échapper éternellement, j'ai faiblement frappé à la porte de chêne, puis j'ai tourné la poignée en métal et j'ai regardé la porte s'ouvrir en grinçant.
Rien n'avait changé depuis ce matin : l'ambiance était toujours aussi paisible et la lumière du soleil était la seule source d’éclairage. J'ai poussé un soupir tremblant en rassemblant mon courage pour entrer.
Ce qui m'a le plus surprise, c'est que je ne l'ai pas vu du tout, mais j'ai senti un regard sur moi quand je me suis approchée de la table pour me décharger de la grosse quantité de nourriture que je transportais.
Un sentiment de nervosité s’est emparé de moi à chaque minute qui passait. Pour moi, mes mains n'allaient pas assez vite, même si je me dépêchais comme une folle.
L'angoisse d'être observée par des yeux semblables à ceux d'un prédateur faisait monter d'un cran la tension dans la pièce, juste assez pour que j’aie l’idée de saisir un ustensile tranchant pour me défendre.
J’ai attrapé les plats vides de ce matin et les ai remis sur le plateau, j’ai tourné les talons mais un soupir m’a échappé, brisant le silence, et mon cœur s’est emballé. Comment avais-je pu ne pas sentir sa présence derrière moi ?
Je suis restée immobile, luttant pour inspirer et même expirer : ce que je voyais me coupait littéralement le souffle. Non que j’aie sous les yeux quelque chose de terrible, au contraire, je dirais que c’était d'une beauté inouïe.
Mon cerveau a cessé de fonctionner et mes yeux se sont écarquillés. Chaque partie de mon corps s'est mise en pause pendant que j’essayais de comprendre ce que je voyais. C'était donc lui, l'Alpha ?
Il avait un visage qui aurait coupé le souffle à n'importe qui. Ses traits semblaient taillés dans le marbre. Il avait des sourcils foncés qui s'inclinaient vers le bas dans une expression sérieuse, des cheveux en bataille d’un noir brillant et des yeux brun profond.
Ces yeux bruns renfermaient des millions de nuances, à tel point que je me demandais ce que le mot « brun » signifiait réellement. Ils étaient à la fois la forêt et les feuilles d'automne, le sol en été après la pluie.
Comment aurais-je pu fuir quelque chose d'aussi envoûtant que lui ? Cependant, même si sa beauté était à couper le souffle, je pouvais sentir l'aura sombre qui l'entourait, et chaque partie de lui respirait le danger.
J’étais tout simplement trop abasourdie par son regard scrutateur pour penser à ce que j’étais censée faire ensuite. Il était à moins d'un mètre de moi et la seule preuve de vie que je voyais était sa respiration, mais même cela me semblait irréel, car il restait là, immobile.
Je ne croyais pas l'avoir vu cligner des yeux et cela m'a fait un peu trembler. Sa peau était pâle et... ai-je précisé qu'il était torse nu ?
« Heu-ahem... je vous ai apporté votre nourriture, Alpha », ai-je dit avec autant d'assurance que possible.
Rien.
Son regard pesait sur moi, et me soumettait à son autorité, comme si ce n'était qu'une question de temps avant que je ne cède et ne fasse Dieu sait quoi. Mal à l'aise, j'ai repris la parole.
« Je vais partir, alors », ai-je dit en me forçant à esquisser un petit sourire, avant de passer devant lui d'un pas hésitant en direction de la porte.
Cependant, son bras volumineux s’est interposé, et j’ai écarquillé les yeux de surprise. Du coin de l’œil, je l'ai vu tourner la tête vers moi et me dévisager avec la même intensité, mais je ne pouvais me résoudre à le regarder en face.
Son bras musclé s'est délicatement glissé autour de ma taille, mais malgré sa douceur, son mouvement m’a tout de même terrifiée.
Lorsque j'ai vu sa tête se pencher vers mon cou, un cri m'a échappé et j'ai repoussé son bras. Et je l'ai vraiment regardé.
« Qu'est-ce que vous... Vous avez besoin d'autre chose, Alpha ? Si c'est le cas, je peux aller vous le chercher. » Ma voix tremblait. Je n'ai obtenu aucune réponse.
Lorsque nos yeux se sont croisés, j'y ai vu du désir, de la confusion, de la colère... de la luxure. Mais ses traits sont restés impassibles.
Tout s'est passé trop vite pour que je puisse comprendre. À la vitesse de l'éclair, il m’a soulevée et jetée sur son lit. Et avant même que je ne puisse reprendre mes esprits, il était déjà au-dessus de moi, me fixant jusqu’au plus profond de mon âme. Non, non, non.
« S'il vous plaît, ne... »
Et puis sa tête s'est penchée sur mon cou, et il a humé mon odeur. Ma bouche s'est asséchée et ma peau s’est enflammée à chaque endroit où il me touchait.
Ce n'était pas une brûlure désagréable, plutôt comme si des étincelles s'enflammaient et parcouraient tout mon corps. Ça n’avait aucun sens. D'ailleurs c'était tout simplement inexplicable.
Je ne voulais pas que cela m’arrive.
Vraiment ?
J'ai gémi sous l'effet de son poids qui m'écrasait et m’immobilisait, et lorsqu'il s'est un peu redressé, je me suis immédiatement déchaînée, hurlant et tentant de me défendre à coups de pied et de poings.
Ses bras ont laissé une traînée de chair de poule le long de mes mains lorsqu'il les a plaquées au-dessus de ma tête et emprisonnées dans la sienne avec facilité, mais il ne s'est pas arrêté là.
Son autre main n'a fait preuve d'aucune pitié lorsqu'il a déchiré mon uniforme, me laissant exposée et vulnérable sous son regard. Les larmes me brûlaient les yeux à l'idée de finir comme Primrose.
Son regard trouble me disait qu'il n'était pas satisfait de ce qu'il voyait et qu'il en voulait plus, et c'est à ce moment-là que j'ai senti de l'air frais sur ma poitrine, puis que j'ai réalisé qu'il avait déchiré mon soutien-gorge.
J'ai gémi lorsqu'il a posé sa main sur mon sein droit et l'a pressé doucement, puis qu’il a fait de même avec le gauche. Mes larmes coulaient à flots maintenant. Comment osait-il me toucher ainsi ? Mes cris étranglés et mes supplications tombaient visiblement dans l'oreille d'un sourd.
Et lorsque j'ai senti son corps se détacher complètement du mien, j'ai senti une sorte de soulagement m'envahir alors que j'étais allongée là, à la merci du mâle qui se trouvait en face de moi.
Mais à mon grand désarroi, ses bras musclés ont enserré mes chevilles avec agilité et m'ont tirée jusqu'au bord du lit. Mes yeux se sont écarquillés encore plus que je ne l'aurais cru possible en le voyant se positionner entre mes jambes.
« Oh mon Dieu, non, s'il vous plaît, ne faites pas ça ! » ai-je crié.
Nous nous sommes regardés. Rien n'avait changé, aucun sentiment de remords, de culpabilité, rien n’apparaissait sur son visage.
Lentement, il a plié son genou droit et s'est laissé tomber au sol, puis il a fait de même avec le gauche jusqu'à ce qu'il soit agenouillé devant moi, séparant mes jambes par la même occasion.
Oh mon Dieu, non.
En levant les yeux vers moi, il a embrassé ma cheville gauche et s'est dirigé vers l'intérieur de mes cuisses, puis il s'est assuré de faire subir le même traitement à l'autre jambe. Et rien de ce que je faisais ne l'arrêtait, j'étais complètement démunie.
Mes jambes étaient posées nonchalamment sur ses épaules alors qu'il s'agenouillait et finalement, il s'est approché de plus en plus près jusqu'à ce que je sente son souffle effleurer mon sexe.
La seule chose qui me séparait de lui était ma culotte en coton, et même cela ne suffisait pas. D'un geste assuré, il a attrapé ma culotte et me l’a enlevée.
Je me suis sentie tellement honteuse et utilisée. Personne ne m'avait jamais touchée comme il le faisait, pas même moi-même. Il se comportait comme un animal incontrôlable et c'était moi qui allais en faire les frais.
J'ai complètement baissé les bras, il n'y avait plus rien à faire.
Un moment s'est écoulé pendant lequel il est resté là, entre mes jambes, sans rien faire d'autre que d'inhaler mon odeur. Je l'ai senti grogner contre moi puis murmurer quelque chose d'inintelligible. Enfin, au bout d'un moment, il s'est décidé à parler.
« Nourris-moi. »