La période des fêtes attire toujours beaucoup de monde au studio, mais le nombre de personnes souhaitant des cartes-cadeaux pour des séances photo dépasse mes attentes. Le studio n'est ouvert que depuis quelques mois, et j'ai progressivement constitué un portfolio tout en maintenant des prix abordables.
J'ai décidé de ne pas augmenter les tarifs pour Noël. La plupart des séances photo ne coûtent que soixante euros, et je propose des tirages pour trois euros supplémentaires chacun.
Mon père, Tyler, pense que je devrais revoir mes prix à la hausse, mais j'espère qu'en proposant les tarifs les plus bas de la ville, je pourrai fidéliser une clientèle importante.
Je n'aurais jamais pu me lancer sans le soutien financier de mon père. Il a financé le local et tout l'équipement dont j'avais besoin. Je sais que j'ai beaucoup de chance.
La plupart des gens de mon âge en sont à leurs débuts, travaillent pour quelqu'un d'autre, et leur travail passe souvent inaperçu pendant des années. Mais me voilà, sans diplôme universitaire, à la tête de ma propre entreprise, vivant dans une maison sans crédit, tout cela grâce à mes pères qui sont dans les affaires depuis plus longtemps que je suis en vie.
J'ai vraiment de la chance. Je suis aussi ravie que ma sœur Tilly ait décidé de me rejoindre. Elle ne le sait pas encore, mais elle touchera vingt pour cent de tous mes bénéfices. J'aime à penser que c'est sa prime pour être ma sœur.
Mon père m'a aidée à gérer la partie financière. Et cerise sur le gâteau, je peux voir mon adorable neveu, Isaac, tous les jours. C'est le bébé le plus mignon que j'aie jamais vu, avec ses épais cheveux bruns, ses yeux marron profonds et ses joues potelées.
Il est facile à vivre, toujours endormi et calme. Il est la mascotte de mon entreprise, comme je l'avais espéré.
La sonnette retentit, annonçant l'arrivée d'un nouveau client. Malgré l'agitation, je ne peux m'empêcher de repenser à un client précédent qui est décédé. J'essaie de chasser cette pensée de mon esprit alors que l'homme devant moi me salue avec un sourire chaleureux.
« Bonjour, est-ce que vous proposez des cartes-cadeaux ? » demande-t-il en me dévisageant. Il y a quelque chose dans sa façon de me regarder qui me met mal à l'aise. C'est comme s'il ne se contentait pas de regarder mes yeux, mais scrutait mon corps.
J'essaie d'ignorer cette sensation et je lui réponds comme je l'ai fait à tous les autres clients ces derniers jours.
« Oui, nous en proposons. Je vous conseille de commencer à soixante euros, qui est notre tarif de base pour une séance photo. Mais vous pouvez choisir n'importe quel montant », dis-je en lui montrant l'un des dépliants d'exemple que mon père avait fait imprimer.
Je lui indique les différentes séances photo et leurs prix.
Il prend le dépliant et commence à le parcourir. « Combien facturez-vous pour les tirages ensuite ? »
« Chaque séance comprend des tirages numériques gratuits, généralement environ six images. Ensuite, je facture trois euros par image numérique, six euros pour un tirage de 25x20 cm dans un cadre en carton, ou dix euros dans un cadre en bois de votre choix », j'explique.
Il regarde autour de lui les photos d'Isaac que j'ai exposées. « C'est votre fils ? » demande-t-il.
« Non, c'est mon neveu. Il est la mascotte de mon entreprise », je précise.
Il sourit à nouveau, d'une manière qui me met un peu mal à l'aise, mais j'essaie de ne pas y prêter attention. À ce moment-là, Tilly entre avec Isaac et une tasse de café chaud.
« J'apporte du café et du gâteau... en quantité », annonce-t-elle, s'arrêtant net quand elle voit l'homme. Elle articule silencieusement « désolée » et contourne l'homme.
« Je vais prendre une carte-cadeau de cent euros. Est-ce que je dois repasser la chercher ? » demande-t-il.
« Non, je peux la faire tout de suite. Vous pouvez patienter environ dix minutes ? »
Il hoche la tête et sort son téléphone. Je trouve son comportement trop familier un peu étrange, mais je suis nerveuse depuis... enfin, vous savez.
Je le laisse avec Tilly et je vais dans le bureau à l'arrière pour imprimer la carte-cadeau. Cela ne prend pas longtemps. Je la laisse vierge pour qu'elle puisse être mise dans une enveloppe. Je prends le dossier avec les formulaires pour les cartes-cadeaux et je retourne à l'accueil.
« Voilà », dis-je, remarquant que l'homme parle à Tilly d'une manière plutôt proche.
« C'est votre fils ? » lui demande-t-il.
« Oui... » Tilly recule, s'éloignant de lui. Mais l'homme se rapproche à nouveau. Je le regarde baisser les yeux vers Isaac, et je suis sur le point d'intervenir quand Josh entre.
« Voilà mon petit bonhomme », dit Josh à voix haute, embrassant Tilly puis Isaac sur le front. C'est étrange de le voir agir de manière si protectrice alors qu'il a toujours été si calme. Mais je suppose que l'amour change les gens. Je sais qu'il m'a changée.
« Voici, monsieur. Pourriez-vous signer mon registre, s'il vous plaît ? » je demande à l'homme.
« Bien sûr », dit-il, signant son nom sur la ligne pointillée. « La carte-cadeau a-t-elle un nom de destinataire que je peux noter ? »
« Anastasia. Dois-je l'écrire pour vous ? » demande-t-il.
« Oui, s'il vous plaît, juste ici », dis-je en indiquant l'endroit sur le formulaire. Il écrit le nom et la date, et je lui remets la carte-cadeau.
« Merci pour votre service. J'ai hâte de rencontrer Anastasia », dit-il en quittant la boutique sans un mot de plus.
Je ferme la boutique. Il est déjà plus de dix-sept heures, et je dois être à la maison pour le dîner à dix-huit heures. Heureusement, c'est au tour de Daniel de cuisiner ce soir. Je suis épuisée après cette journée de travail. Je dis au revoir à Tilly, Isaac et Josh, puis je ferme le studio.
Le trajet jusqu'à la maison n'est pas long. L'appartement de Daniel est proche du studio, c'est l'une des raisons pour lesquelles je l'aime tant. Cela me donne un peu d'indépendance par rapport à ma famille, mais je suis toujours assez proche pour leur rendre visite.
Quand j'arrive à la maison, je suis surprise de voir la table dressée avec des bougies et Daniel dans la cuisine, en train de servir le dîner.
« Oh, ça sent divinement bon. Qu'est-ce que c'est ? » je demande en enlevant mes talons.
« Canard rôti au miel, pommes de terre nouvelles et un mélange de carottes. Comment s'est passée ta journée de travail, duchesse ? » demande-t-il.
« Aujourd'hui a été très chargé. J'ai eu quatre séances photo, puis le reste de la journée a été rempli d'acheteurs de Noël de dernière minute à la recherche d'un cadeau rapide », je lui dis en enroulant mes bras autour de sa taille pour lui donner un baiser sur l'épaule avant d'y poser ma tête. « Et ta journée ? »
« Comment as-tu su qu'ils étaient des acheteurs tardifs ? Ma journée était correcte, surtout remplie de paperasserie ennuyeuse à vérifier. »
« Ça a l'air barbant... Je suppose que j'ai juste senti qu'ils étaient pressés d'acheter quelque chose et de rentrer chez eux. On est prêts à manger ? »
« Absolument, ensuite on pourra prendre une douche. Tu as l'air d'en avoir besoin. »
« Je sens mauvais ? » je ris, m'asseyant à ma place habituelle près de la porte de l'ascenseur où nous dînons toujours.
« Non, pas du tout. Prêt à passer à table ? » suggère-t-il.
Nous commençons tous les deux à manger tranquillement, savourant le repas qu'il a préparé avec amour.
Tout est parfait. La sauce est aussi savoureuse que la viande qu'elle accompagne. Même les carottes ont été légèrement assaisonnées avec un peu d'ail.
« Y a-t-il quelque chose que tu ne sais pas cuisiner, Daniel ? » je demande.
« Je n'ai encore rien trouvé. »
« Tu dis ça comme si tu pensais qu'il y a quelque chose que tu ne pourrais pas cuisiner. »
« Peut-être le homard ? Je n'ai pas encore essayé celui-là. »
« C'est en fait le fruit de mer préféré de mon père. »
« Quel père ? » plaisante-t-il avec sa question favorite.
« Tyler », je réponds avant de l'aider à débarrasser la table.
Nous travaillons bien ensemble, moi je rince et lui charge le lave-vaisselle, avant qu'il ne m'emmène vers la douche dont il a parlé plus tôt.
L'eau est chaude, la lumière est douce et violette, et Daniel est pressé contre moi.
« Je peux te laver les cheveux ? » propose-t-il, et j'acquiesce.
C'est l'une de mes choses préférées, qu'il me lave les cheveux. Il me masse le cuir chevelu jusqu'à ce que je laisse échapper un soupir de contentement, comme je le fais maintenant.
Ses doigts descendent le long de mon corps, frottant ma peau au passage, profitant de l'occasion pour caresser mes mamelons avec son pouce et son index.
« Daniel... »
« Chut, je sais. Gérer sa propre entreprise est difficile. Laisse-moi t'aider à l'oublier un moment ? » murmure-t-il doucement.
« S'il te plaît... », je supplie à moitié.
Nous nous habituons encore à cela, à être ouverts sur ce que nous voulons sexuellement. Je suis plus à l'aise que lui, mais il sait exactement comment me faire du bien.
Il me tourne pour que je lui fasse face, me soulevant pour que j'enroule mes jambes autour de sa taille.
Il commence par embrasser mes lèvres, tenant mon visage d'une main tout en pressant mon dos contre le carrelage frais.
« Daniel... », je murmure alors qu'il passe de mes lèvres à mon cou.
Je suis sûre qu'il laisse un petit suçon rond avant de se retirer.
« Prête ? » demande-t-il, et j'acquiesce en réponse.
C'est alors qu'il entre en moi, s'arrêtant pour me laisser m'habituer avant de bouger à nouveau.
Il me fait l'amour contre le mur de la douche. Ses mouvements sont lents et réguliers jusqu'à ce que nous atteignions tous les deux l'orgasme, murmurant des mots doux sous l'eau qui coule.
« Je t'aime, duchesse. »
« Je t'aime aussi. »
