
"Alors, c'est toi qui paies ?" ai-je demandé alors que Drake et moi étions assis au bar du restaurant situé en face de notre immeuble. J'avais en quelque sorte laissé Drake me convaincre de prendre un verre après le travail après quelques textos.
Ça ne me ferait pas de mal de me faire un ami sur mon nouveau lieu de travail, même si je n'étais toujours pas sûre de ses intentions.
"Oui, pour la cinquième fois. Tu crois que je suis pauvre ou quoi ?" Il a levé les yeux au ciel.
J'avais passé le restant de la journée à lui envoyer des textos, et après un certain temps, je trouvais même bizarre de l'appeler M. Belrose.
Bien sûr, nos conversations allaient du simple échange de banalités aux discussions bien plus osées, et je me suis retrouvée plus d'une fois à me tortiller sur mon siège après avoir lu ses paroles immorales.
"Attends un peu." Drake a remarqué mon écran alors que je reposais mon téléphone. "C'est le nom d'utilisateur d'Henry."
Sa main a atterri sur mon téléphone, mais je l'ai éloignée d'un coup sec avant qu'il ne puisse le toucher. Levant un sourcil vers moi, il a étendu son bras pour essayer de l'atteindre à nouveau, l'attrapant avant que je ne puisse verrouiller l'écran.
"Comment tu as eu son Snapchat ?" Il a regardé l'écran d'un air confus.
"Comment tu sais que c'est le sien ?" ai-je rétorqué en essayant de récupérer mon téléphone, sans grand succès.
"Parce que je suis son ami, et que je lui envoie aussi des Snapchat ?" Il a gardé le sourcil levé alors qu'il faisait défiler mes messages. "Pourquoi se plaint-il de ne pas voir tes yeux ?"
"Tu travailles pour ton ami ? Ça craint." J'ai tenté de détourner la conversation.
"Putain de merde. Il sait pas que c'est toi." Il m'a regardée avec des yeux ronds comme des soucoupes. "Putain, pourquoi tu essaies d'escroquer ton patron ?"
"Mais pas du tout ! Et toi alors, ton patron est ton meilleur ami, c'est quoi cette histoire ?" J'ai tendu la main et attendu avec colère qu'il me rende mon téléphone. Il a levé les yeux en l'air en s'exécutant.
Il m'a fait un geste dramatique.
"Je ne lui mens pas. Mes amis m'appellent Vicky, et je ne me sens pas à l'aise de lui montrer mon visage en entier. Il ignore simplement pourquoi."
J'ai baissé le ton au fur et à mesure que je continuais. "Je ne m'attendais pas à travailler pour lui, d'accord ?"
"Je te promets de rien lui dire", a-t-il commencé, et comme je l'ai regardé avec une lueur d'espoir, il a continué. "Si tu me racontes toute l'histoire."
"Parce que tu as besoin d'amis, et que je suis un fouineur." Son sourire était éclatant quand il a annoncé : "Les dix prochaines tournées sont pour moi."
Je suis restée assise, fixant le téléphone dans mes mains tremblantes. Je me suis mordu la lèvre en me demandant ce que je devais répondre.
Je l'imaginais très bien, assis là, ce sourire idiot aux lèvres, mais je ne voulais pas qu'il parte. Il s'attendait à ce que je lui envoie un texto pour lui demander de rester.
Je le voyais clairement, devinant son petit air suffisant sur le visage.
J'ai rapidement appuyé sur le bouton d'appel vocal, et quelques secondes plus tard...
"Allô ?" L'incertitude dans sa voix était toute la récompense que j'attendais et dépassait même mes espérances.
"On peut pas dire que t'aies la peau dure." Je l'ai taquiné.
"Ma peau est très bien comme elle est. Surtout quand elle touche la tienne."
J'ai levé les yeux au plafond, incapable de retenir le rougissement qui se répandait sur mes joues.
"Alors, fille mystérieuse..."
"Tu n'as pas besoin de m'appeler comme ça, tu sais comment je m'appelle. Vicky."
"Oui, mais fille mystérieuse, ça sonne bien. Tu mérites une épithète sexy."
"Pourquoi j'aurais besoin d'un surnom sexy ?" Je me suis laissé retomber sur un oreiller, calant ma joue contre le téléphone pour le maintenir en place. "Je suis déjà bien assez sexy sans ça."
"Oh, je le sais. Je t'appelle juste par un nom aussi sexy que toi."
"Vicky, ce n'est pas assez sexy ?"
"Hmm. Je ne sais pas trop. Que dirais-tu de refaire comme vendredi dernier, et je te dirai à quel point c'est sexy pour moi de gémir ce nom."
La conversation semblait normale entre nous. Et je ne sais pas quand ni comment, mais je me suis endormie avec lui au téléphone.
Quand je me suis réveillée au milieu de la nuit pour aller aux toilettes, j'ai remarqué qu'il était toujours au bout du fil.
Pressant le téléphone contre mon oreille, j'ai dû retenir un fou rire en l'entendant ronfler légèrement dans le combiné. J'ai écouté pendant une bonne minute avant de mettre fin à l'appel.
Lorsque je me suis réveillée le lendemain matin, j'avais déjà reçu un message de sa part.
Je ronflais. Et je le savais. Mais je n'allais certainement pas lui avouer ça.
Le temps que j'arrive au bureau, il m'avait déjà envoyé une liste détaillée du menu du petit-déjeuner. Entre autres, des crêpes aux pépites de chocolat avec œufs et saucisses. Je serais prête à me damner pour ce genre de repas tous les matins.
En m'installant à mon bureau, j'ai remarqué que Drake était dans le bureau d'Henry, l'air sérieux. La panique a commencé à monter en moi quand j'ai réalisé de quoi ils pouvaient bien parler.
J'avais tout raconté à Drake la nuit dernière, et avec l'aide de l'alcool, j'ai probablement été très détaillée en décrivant l'incident de vendredi dernier.
J'ai dégluti péniblement en voyant Henry me regarder droit dans les yeux et me faire signe de deux doigts de venir dans son bureau.