La Grande Évasion - Couverture du livre

La Grande Évasion

Anna Pope

M. Alpha

Ira

« À la maison de la meute. Ma petite, vous allez rencontrer l'alpha. C'est lui qui décidera de votre sort », dit avec un petit rire l'homme que je savais à présent être le frère de Rafa.

Je sentis mon visage pâlir, et tout le soulagement que j'avais éprouvé il y a un instant disparut à la mention de leur alpha. Je n'en avais jamais vu un en vrai, mais j'avais entendu des histoires d'horreur à leur sujet de la part des membres du clan.

J'en avais entendu quelques-unes venant de ceux qui avaient affronté un alpha, et qui avaient eu la chance de survivre pour le raconter, et beaucoup plus venant de ceux qui avaient perdu leur famille à cause d'un alpha.

Chacune de ces histoires avait un point commun : les alphas étaient les plus forts et les plus cruels des loups-garous, mais aussi les plus grands.

Je regardai les géants qui m'entouraient. Sachant qu'ils n'étaient que des guerriers de la meute, je ne pouvais m'empêcher d'être terrifiée à l'idée de ce à quoi allait ressembler leur chef.

Je me taisais, trop effrayée par ce qui allait se passer pour faire le moindre bruit. Voyant la lisière de la forêt se rapprocher, je me préparai, décidant que si j'étais destinée à mourir, alors je ne partirais pas en lâche.

Ne vous méprenez pas, j'avais une peur bleue, j’étais plus terrifiée que je ne l'avais jamais été auparavant. Mais je serais foutue si je leur permettais de le voir.

Au bout de quelques minutes, nous sortîmes de la forêt et je vis une immense cour qui s'étendait devant nous. Le grand type et Rafa étaient à l'avant de notre petit groupe, ils riaient et plaisantaient, visiblement heureux d'être réunis.

Je laissai un petit sourire se dessiner sur mes lèvres, me sentant fière d'être la raison de leur bonheur. Si je devais mourir ce jour-là, je mourrais au moins avec la certitude d'avoir réuni une famille. Cela me suffisait.

Je fus tirée de mes pensées par une étrange sensation dans mon ventre. Elle était faible et à peine perceptible, mais je la sentais devenir légèrement plus forte à chacun de mes pas.

La voix qui surgissait parfois dans ma tête était silencieuse pour le moment. Je n'entendais qu'un petit bourdonnement, comme un faible mot, mais je n'arrivais absolument pas à en comprendre le sens.

Le groupe s'arrêta soudain et j'eus juste le temps de me rattraper avant de rentrer dans Rafa. Ils étaient tous étrangement silencieux, la tension autour de nous était si forte que je crus que j'allais m'évanouir.

Je ne pouvais pas voir ce qu'ils regardaient si attentivement car ils étaient tous beaucoup plus grands que moi, y compris Rafa. Je le contournai et jetai un coup d'œil, et mes yeux s’arrêtèrent immédiatement sur un homme gigantesque qui se tenait là. Je me figeai.

Il était incroyablement grand et de forte carrure, avec des muscles si énormes que j'étais sûre de me briser s'il me poussait avec son doigt.

Il avait de nombreux tatouages sur tout le corps, à peine couvert par un short. Il ne portait même pas de chaussures.

Qu'est-ce qui se passe avec ces gens et leur aversion pour les vêtements ? N'ont-ils jamais entendu parler de décence ? Je secouai la tête, baissai mes yeux vers le sol et tentai de faire le vide dans mon esprit tandis que l'homme continuait à me fixer comme s'il avait vu un fantôme.

« Alpha ? » entendis-je le frère de Rafa dire, et je pris note mentalement de trouver le nom de ce type si je parvenais à survivre à cette horrible journée. Puis son mot me frappa, et mes yeux sortirent de leurs orbites.

C'est lui, l'alpha ? Eh bien, je vais certainement mourir aujourd'hui. Je me retournai pour le regarder, et je vis qu'il me regardait déjà.

« Qui êtes-vous ? » me demanda l'homme, d'une voix si grave et si profonde qu'elle me donna des frissons dans le dos.

« Ira. Je m'appelle Ira, M. Alpha », dis-je rapidement, et je le vis s'approcher de moi jusqu'à ce qu'il soit largement à l'intérieur de mon espace personnel. Je déglutis, et la chaleur qui émanait de son corps me fit trembler.

Son odeur parvint jusqu’à mon nez tellement il était près de moi. J'inspirai avec force, en voulant à tout prix davantage. Il sentait incroyablement bon, un mélange de pin, de terre fraîche et de musc.

« Waouh… Vous sentez bon », tels furent les mots qui s’échappèrent de ma bouche avant que mon cerveau n'ait eu le temps de réaliser ce que je disais. Mon visage rougit et mes yeux s'écarquillèrent.

« Désolée, j’ai eu un peu la trouille », m’empressai-je de dire, et j'entendis Rafa et son frère grogner à l'unisson avant d'éclater de rire.

« Assez ! » grommela M. Alpha.

Tout le monde se tut immédiatement.

« Que faites-vous sur mes terres ? Qui êtes-vous et que faisait Rafa avec vous ? » Il me posa toutes ses questions en me lançant un regard noir.

Je restai silencieuse, tremblant dans mes bottes.

Il grogna à nouveau : « Je vous ai posé une question ! »

Je poussai un petit cri et reculai d'un pas.

« Je m'appelle Ira. Rafa m'a amenée ici parce que je n'ai nulle part où aller. Il a été capturé par le clan des Chasseurs, et comme c'est mon dix-huitième anniversaire aujourd'hui, j'étais censée être intronisée dans le clan, et j'étais chargée de le tuer. »

Il grogna encore plus fort en entendant mes mots et m'attrapa brutalement le bras.

« Vous êtes une putain de Chasseresse ? » me cria-t-il au visage, durcissant sa prise sur mon bras au point que cela en était douloureux.

Je fermai les yeux et laissai échapper quelques larmes. « S'il vous plaît, ne me faites pas de mal, M. Alpha. S'il vous plaît », chuchotai-je.

Même s'il avait toujours sa main autour de mon bras, son emprise se relâcha un peu.

« Je ne suis pas une Chasseresse. Ils voulaient que j'en devienne une, mais je n'ai pas pu le faire parce que je ne suis pas une tueuse. Croyez-moi. Au lieu de tuer Rafa, je l'ai sauvé et je lui ai dit de s'enfuir, mais il a refusé de partir sans moi.

Je savais que Père et les autres me tueraient pour ma trahison si je restais, alors je suis partie. Voilà toute l'histoire. Je le jure », lui dis-je en chuchotant, essayant désespérément de ne pas pleurer. Après quelques secondes, je levai les yeux vers lui.

Il me regardait comme s'il souffrait, mais je ne voyais pas pourquoi il souffrirait. Il approcha alors son autre main de mon visage et je reculai, pensant qu'il allait me frapper. Mais il ne le fit pas.

Je sentis son doigt toucher doucement le bord d'une cicatrice sur ma joue, tandis que ce contact soudain envoyait des picotements le long de mon corps. Cela ne dura malheureusement pas plus d'une seconde, et pendant un instant, je crus que je l'avais imaginé.

Il s'éloigna tout de suite, comme s'il s'était brûlé. Puis il me tourna le dos.

« Donnez-lui une chambre à la maison, et surveillez-la de près jusqu'à nouvel ordre. Elle est peut-être petite et faible, mais je sais qu'il ne faut jamais faire confiance à un Chasseur, même un raté », cracha-t-il.

Ses mots durs me firent l'effet d'un coup dans les tripes, me faisant monter les larmes aux yeux, même si j’avais l’habitude de les entendre tous les jours. Je le regardai s'éloigner à pas lourds vers les bois.

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