The Alpha's Doe (français) - Couverture du livre

The Alpha's Doe (français)

Annie Whipple

Chapitre 4

M. Callahan a commencé le cours de sciences en distribuant nos notes de mi-session. Mon angoisse est montée en flèche en le regardant passer de bureau en bureau, déposant les tests face cachée devant chaque élève.

Il était probablement le seul professeur qui me prenait en grippe. Je n’avais aucune idée pourquoi. Je faisais toujours mes devoirs, je n’étais jamais en retard, je n’avais jamais séché un cours, je participais quand il posait une question…

Et pourtant, je l’avais surpris à me lancer des regards noirs, ainsi qu’à Ace, à plusieurs reprises.

Quelles que soient ses raisons, ça m’avait toujours mise très mal à l’aise.

Je prenais soigneusement des notes, j’avais une moyenne parfaite, et j’étais déterminée à continuer comme ça. J’en aurais besoin si je voulais aller à l’université.

Après tout, à part le tennis et la danse, je n’avais pas grand-chose d’autre pour embellir mon dossier de candidature. Et même si j’aimais aider ma mère dans sa boulangerie, Miettes et Compagnie, je voulais garder autant d’options que possible.

Mais M. Callahan avait le pouvoir de ruiner tout ça. Cette note comptait pour 20 % de notre note finale, et j’avais déjà du mal dans cette matière. Je ne pouvais pas me permettre d’avoir moins de 15 sur 20.

Au moment où il a posé mon test sur mon bureau, j’ai retourné la feuille, mon regard fixé sur la marque rouge en haut à gauche, et mon estomac s’est noué.

12.

J’ai eu 12.

« Mademoiselle Kennicott », a dit quelqu’un.

J’ai levé les yeux et j’ai vu que M. Callahan me foudroyait du regard.

« Où est Ace ? » Il tenait une feuille montrant l’écriture soignée d’Ace. Un 17 était encerclé en haut.

Eh bien oui, bien sûr, il avait réussi l’examen du premier semestre. Un vrai « as » des études.

As, Ace… c’était écrit.

« Euh, il n’est pas là aujourd’hui. »

À mes oreilles, mes mots m’ont semblé alourdis par cette prise de conscience : j’étais en train de rater mes études. Mon dossier scolaire était fichu. Tous les efforts que j’avais investis pour obtenir une moyenne parfaite étaient vains.

Comment avais-je pu avoir une si mauvaise note ? J’avais travaillé dur pour ce test. J’avais passé des heures à étudier… avec Ace… qui avait obtenu un score parfait !

M. Callahan a froncé les sourcils puis a parcouru la salle du regard, comme s’il était sûr que je mentais sur l’absence d’Ace.

« Je peux lui donner si vous voulez », ai-je proposé en tendant la main. « Je le verrai plus tard aujourd’hui. »

La fin du cours m’a soudain paru comme une échéance lointaine. Les minutes sont devenues des heures. J’avais besoin qu’Ace soit là pour confirmer que je n’hallucinais pas le mépris que M. Callahan me portait. L’homme avait clairement quelque chose contre moi.

Mon professeur a plissé les yeux en me regardant par-dessus le bord de ses lunettes.

J’ai dégluti avec difficulté.

Vêtu de son pantalon kaki légèrement trop serré, de ses lunettes d’aviateur démodées et d’une paire de mocassins sans chaussettes, M. Callahan était loin d’être le cliché de l’homme intimidant.

Il était également très petit pour un homme adulte d’Embermoon. J’étais presque sûre que mes frères de onze ans le rattrapaient en taille.

Et pourtant, la manière dont il me regardait faisait battre mon cœur de terreur. Ça ressemblait au regard qu’un professeur pose sur l’élève qu’il déteste le plus. Il y avait une haine réelle et tangible dans ses yeux.

« Très bien », a-t-il dit finalement, en laissant tomber le test d’Ace sur mon bureau. « J’en parlerai avec lui la prochaine fois que je le verrai, donc je le saurai s’il ne l’a pas reçu. »

Bon sang. « O… oui, monsieur. » J’ai baissé les yeux sur les deux examens devant moi. « Euh, proposez-vous des rattrapages pour ce test ? »

Il m’a regardée avec une expression vide. « C’était l’examen de premier semestre. »

« Oh. » J’imagine que c’est un non, alors.

M. Callahan a secoué la tête et s’est retourné sans dire un mot de plus. Je me sentais comme la personne la plus stupide du monde.

Je me suis affalée sur mon bureau et j’ai ravalé mes larmes, du mieux que je pouvais, en feuilletant mon test.

« Dorothy ? » a fait une voix à côté de moi. « Ça va ? »

J’ai levé le regard vers mon camarade de classe assis au bureau à côté du mien, et des larmes ont commencé à remplir mes yeux avant que je puisse les arrêter.

« Ron, euh… » J’ai rapidement mis mon test et celui d’Ace dans ma poche arrière et essuyé la larme sur ma joue avec le dos de ma main. « J… je vais bien. Je suis juste émotive. Désolée. »

Je n’avais jamais vraiment parlé à Ron avant, mais sa gentillesse ne m’avait pas échappé. Il était toujours souriant et bavardait avec les gens. Tout le monde semblait vraiment l’apprécier.

Nous aurions sans doute pu être de bons amis si Ace n’était pas strictement opposé à l’idée que j’aie des amis masculins.

Les yeux de Ron se sont adoucis. « Pas besoin de t’excuser. Y a-t-il quelque chose que je puisse faire ? Où est Ace ? »

« Oui, Dorothy, où est ton garde du corps ? » a demandé quelqu’un d’autre.

J’ai tourné la tête, croisant le regard de Ben Tucker assis au bureau derrière Ron, un sourire narquois aux lèvres. « Q… quoi ? »

Ben était nouveau à l’école mais m’avait fait mauvaise impression dès la seconde où je l’avais rencontré. Bien sûr, il était beau et charmant, mais il était aussi d’une arrogance insupportable.

Il était arrivé en ville après que son père avait été embauché comme chef du pôle de chirurgie à l’hôpital d’Embermoon, et il avait tout fait pour que tout le monde sache que sa famille était « très importante » dans le monde médical.

Apparemment, ses deux parents avaient remporté des prix importants.

En plus de cela, il était avec une nouvelle fille chaque semaine, et pourtant, elles continuaient à lui courir après comme s’il était une sorte de dieu. Pourquoi ? Ça continuait de m’échapper.

« Ton mac ? Ton gardien, peut-être ? » a poursuivi Ben avec un regard mauvais. « Où il est, au juste, le tout-puissant Ace ? Il a enfin décidé de te lâcher ? »

« Ben », est intervenu Ron. « Arrête ça. »

Ben a souri de plus belle. « Oh, allez, mon p’tit Ron. Ne me dis pas que tu n’as pas remarqué. »

« Cela n’a pas d’importance », a dit Ron. « Tu ne devrais pas parler de lui comme ça. »

Ben l’a ignoré, gardant ses yeux sur moi. « Dis-moi, Dorothy, c’est quoi l’histoire entre toi et Ace ? »

Ma bouche s’est ouverte. « Ce n’est pas tes affaires. »

Ben a ricané. « On dirait plutôt que ce sont les affaires de tout le monde, quand on vous voit vous frotter dans le couloir. Te presser contre lui. T’as l’air de le supplier de te baiser tous les jours… Il doit être incroyable au lit. »

Mes joues ont rougi. Est-ce que les gens pensaient vraiment ça de moi ? Est-ce que Ace et moi agissions vraiment comme ça ?

Mon esprit a flashé avec des images des visages choqués des gens qui nous regardaient, Ace et moi, dans le couloir ce matin.

Ron a saisi le bras de Ben avec fermeté. « Je ne plaisante pas, Ben. Tu ne veux pas te frotter à elle. »

Ben a levé les yeux au ciel. « Toi et moi savons tous les deux qu’elle mérite mieux. Laisse-moi juste tenter ma chance, mec. » Il m’a envoyé un clin d’œil.

« Non. Pas avec elle », a dit Ron entre ses dents serrées. Sa prise sur le biceps de Ben ne faisait que se resserrer.

Ben l’a repoussé. « Pourquoi ? Ce n’est pas parce que c’est le petit jouet d’Ace en ce moment que… »

« Je ne suis rien pour Ace », suis-je finalement intervenue, proche de l’état de fureur. « Nous sommes juste amis. »

Les sourcils de Ben se sont levés. « Vraiment ? » Il a ri. « Alors, quoi, il t’utilise en privé mais refuse de rendre votre relation publique ? Putain, c’est raide, meuf. »

Ces mots m’ont frappée en plein cœur. « Ce n’est pas ça », me suis-je récriée.

« Allez, Dorothy, tu ne vas pas nous faire croire qu’Ace, l’omnipotent, ne t’a pas touchée. On l’a tous vu. Enfin, tu as des suçons partout sur le cou. »

J’ai immédiatement couvert les bleus avec ma main en grimaçant.

Ben s’est appuyé sur sa chaise. « Il se sert de toi, ma belle. »

D’autres larmes ont menacé de couler. Avait-il raison ? Ace m’utilisait-il ?

« Ben, tu ferais mieux de la fermer tout de suite », a grondé Ron.

Il a baissé la voix jusqu’à ce que je puisse à peine l’entendre. « Dorothy est importante. Vraiment importante. Si quelqu’un découvre que tu lui parles de cette façon, tu vas te faire botter le cul. Ou pire. »

Ben a ricané. « À quel point peut-elle être importante ? Regarde-la. » Il m’a désignée, le visage rouge et retenant ses larmes. « Et puis, j’essaie seulement de l’aider. Je dois défendre mes semblables. »

Son regard répugnant s’est posé sur moi, et il s’est penché en avant. « Écoute, je sais qu’Ace est beau, que c’est l’alpha, mais peu importe… »

« Ben… » a averti Ron.

« Clairement, il ne t’aime pas assez pour rendre votre relation officielle. Sinon, pourquoi est-ce qu’il laisserait des suçons sur ton cou, mais refuserait d’admettre que vous êtes en couple ? »

Mon cœur a raté un battement. « Ce n’est pas vrai », ai-je murmuré.

Ben m’a regardée de haut en bas, se léchant les lèvres. « Moi, ça ne me dérangerait pas d’être vu avec toi, ma belle. Tu ne veux pas être avec quelqu’un de ton espèce ?

« Ace va te quitter quand sa véritable compagne arrivera… »

« Dorothy est la compagne d’Ace ! » l’a coupé Ron. « Espèce d’idiot ! Tu parles de la future luna de la meute d’Embermoon ! » Il criait maintenant, et ne semblait plus se soucier que je puisse entendre.

Ben a cligné des yeux. « Non, c’est faux. Doe est une humaine. Et elle n’a pas été marquée ! » Ron a désigné mon cou.

« Et c’est quoi, ces suçons, espèce de crétin ? C’est le signe qu’Ace se l’est appropriée ! »

Ben s’est mis à pâlir. « C’est… » Il m’a regardée. « C’est l’oméga dont tout le monde parle ? »

Ron a passé une main sur son visage. « C’est ce que je me tue à te dire. »

Mon esprit tournait à toute allure pour essayer de suivre tout ce qu’ils disaient. « De quoi parlez-vous ? C’est quoi une oméga ?

« Et pourquoi vous continuez d’appeler Ace alpha, en quoi est-ce que je suis sa ~compagne~ ? Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Une douleur sourde a commencé à enfler la base de mon crâne.

Merde. Mes espoirs de passer le reste de la journée sans une autre migraine se sont envolés.

Ron a secoué la tête. « Mec, tu es foutu », a-t-il dit à Ben. « L’alpha va te tuer. Nous ne sommes pas censés parler de ces choses devant elle. »

Les yeux de Ben étaient écarquillés de terreur, et je n’aurais pas été surprise s’ils étaient sortis hors de leurs orbites comme des boutons de champagne.

« Mais elle va tout oublier, non ? À cause du… du, euh, verrou, ou un truc du genre ! Elle ne va pas se souvenir que je lui ai dit quoi que ce soit, n’est-ce pas ? »

« Oui, mais ça va lui faire un mal de chien de se débarrasser de ses souvenirs. Ace saura que quelqu’un lui a parlé des loups. Et elle se souviendra toujours de comment tu l’as appelée. Le petit jouet d’Ace. »

« Le jouet d’Ace ? »

Je me suis retournée et j’ai découvert Madoc, debout derrière mon bureau, qui nous fixait avec un éclat de fureur dans les yeux. Il m’a étudiée de la tête aux pieds, ne ratant rien de mes yeux larmoyants et mes joues rougies, et il a serré les poings contre ses flancs.

Il s’est tourné vers Ron. « Je rêve ou tu viens d’appeler Dorothy le jouet d’Ace ? »

Presque aussi pâle que Ben à présent, Ron a levé les mains en signe de reddition, secouant la tête. « Je ne faisais que répéter ce que j’ai entendu, je le jure ! Je ne dirais jamais quelque chose comme ça à son sujet. »

« Alors, qui l’a fait ? » a dit Madoc d’un ton mordant qui ne présageait rien de bon. Comme personne ne lui répondait, son regard s’est tourné vers moi. « Dorothy ? Tu veux bien me dire lequel de ces enfoirés t’a fait pleurer ? »

J’ai dégluti. J’ai jeté un coup d’œil à Ron puis à Ben qui avait l’air sur le point de se pisser dessus. Son expression est devenue suppliante. « Je… je, euh… »

Même si j’avais voulu faire payer Ben pour ce qu’il m’avait dit, je ne pouvais pas me résoudre à répondre pour une raison quelconque.

Qu’est-ce que Ben avait dit à propos de moi et Ace, encore ? Il avait dit qu’il était… mon « mac » et qu’il se servait de moi pour du sexe ?

Oui, c’était horrible, tout ça mais n’y avait-il pas autre chose ? Quelque chose de pire. Quelque chose d’important.

Mais si c’était si important, alors pourquoi ne pouvais-je pas m’en souvenir ?

Sans prévenir, ma migraine s’est intensifiée et s’est répandue dans mon cerveau avec une voracité incroyable. J’ai crié et me suis pliée en deux, les mains crispées sur mon crâne alors qu’une douleur insupportable envahissait mon corps.

C’était comme si quelqu’un frappait mon front avec un marteau, sans pitié.

« Dorothy ! » Madoc s’est accroupi devant moi et a posé fermement ses paumes sur mes genoux. « Merde, c’est encore une migraine, n’est-ce pas ? »

Je n’arrivais plus à réfléchir. La pièce tournait autour de moi, et un bourdonnement fort résonnait dans mes oreilles. Mon crâne semblait s’être fendu comme un œuf. J’avais l’impression que mon cerveau se répandait comme un liquide.

« Ace devrait être de retour d’un moment à l’autre. » La voix de Madoc semblait lointaine. « Tiens bon, d’accord ? Il sera bientôt là. »

J’étais incapable de répondre. Je ne pouvais que me concentrer sur ma respiration pour éviter de m’évanouir. Je n’avais pas eu une migraine aussi forte depuis que j’étais petite. Je pensais en être débarrassée. Apparemment non.

Madoc a levé sa main de mon genou. « Lequel d’entre vous lui a dit quelque chose ? » a-t-il exigé, sa voix résonnant dans la pièce. Personne ne répondit.

« Soit vous répondez maintenant, soit vous devrez en répondre devant Ace quand il arrivera — mais je vous garantis qu’il ne sera pas aussi tendre que moi. »

Plusieurs secondes de silence ont suivi, puis j’ai entendu Ben s’exclamer : « Je ne savais pas, je le jure ! Je ne savais pas qu’elle était la luna ! Je pensais que l’alpha se serait accouplé avec une autre louve ! »

Ses mots, semblables à des aiguilles, se sont enfoncés dans mon cerveau. J’ai poussé un cri d’agonie alors que ma vision périphérique devenait noire.

« Ferme ta putain de gueule », a grondé Madoc. « Tu ne fais qu’empirer les choses ! »

« Je n’aurais jamais essayé de la draguer si j’avais su. Quand j’ai dit que c’était le jouet de l’alpha, c’était pour plaisanter… »

Tout s’est passé très vite. Il y a eu une série de hoquets de stupeur, suivis d’un grognement fort. Quand j’ai levé les yeux, Madoc avait Ben épinglé au sol et le frappait au visage.

Mon estomac s’est noué. Instantanément, je me suis forcée à me lever. Ma migraine a redoublé d’intensité, comme pour protester à ce mouvement soudain, mais j’ai ignoré la douleur aveuglante, car je savais que je devais faire quelque chose.

« Qu’est-ce qui se passe ici ? »

Tout le monde s’est figé.

Ace se tenait dans l’embrasure de la porte de la classe. Il m’a fait penser à un volcan sur le point d’entrer en éruption. Sa poitrine se soulevait, ses yeux étaient sombres et pleins de fureur.

Son regard s’est immédiatement posé sur moi. Il m’a examinée de la tête aux pieds, s’arrêtant brièvement sur mes joues mouillées de larmes. Son expression s’est alors assombrie, et j’aurais pu jurer qu’il avait pris quelques centimètres.

« Ace… », ai-je gémi. J’étais soudain désespérée qu’il me touche.

Dieu merci, il est là. Dieu merci.

Avec une vitesse que j’ai eu du mal à comprendre, Ace est venu se tenir devant moi et m’a attiré contre lui. Je me suis effondrée de soulagement. Son toucher le faisait l’effet d’un baume frais sur mon cerveau douloureux.

Ace a encadré mon visage avec ses mains, cherchant des signes de blessure. « Ta tête ? »

J’ai hoché la tête.

Il a émis un grondement bas, qui m’a plus apaisée qu’il ne m’a effrayée, et les étincelles familières entre nos peaux ont achevé de détendre les muscles de ma nuque.

« Nous rentrons à la maison. » Sa voix ne laissait aucune place à la négociation. Me prenant dans ses bras, il a pressé mon visage contre son cou et m’a guidée vers la porte.

Juste avant de quitter la salle, il s’est retourné vers Madoc. « Occupe-toi de ça. »

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