
Dans l'embrasure de la porte se trouvent un couple plus âgé, ainsi qu’une fille qui semble avoir environ mon âge. Ils restent figés en état de choc, la bouche ouverte, avant que la femme ne se tourne vers l'homme et lui couvre les yeux avec ses mains, le poussant hors de la pièce.
C'est alors que je me souviens que je suis complètement nue, et je me précipite pour tirer l'épaisse couette sur moi afin de me couvrir.
« Désolée, nous n'avions pas réalisé qu'il y avait quelqu'un ici », dit la fille avant de sortir de la pièce et de fermer la porte derrière elle.
Totalement mortifiée, une fois certaine que personne d'autre ne va faire irruption dans la chambre, je cours vers la commode à la recherche de quelque chose à porter.
Je trouve un legging noir et un t-shirt, j'oublie les sous-vêtements et j'enfile rapidement les vêtements.
Peu de temps après, on frappe à la porte.
Mais je ne réponds pas. J'attends simplement que la personne qui se trouve de l'autre côté de la porte entre. Diedre s’avance dans la pièce et s'excuse pour tout à l'heure.
Elle me dit qu’il s’agissait des parents de l'Alpha et de leur fille, sa sœur. Ils ne devaient pas être de retour avant l'après-midi, mais ils sont arrivés à quatre heures du matin.
Je me lève silencieusement et me dirige vers la paire de chaussures, la seule chose que j'ai à mettre à mes pieds, et je les enfile, prête à partir. Ils ont été gentils, mais je dois aller de l'avant.
J'ai besoin d'essayer de reprendre un semblant de vie. Sans famille, sans maison et sans meute, la seule chose qui me reste est de devenir une rebelle.
Diedre, sentant ce que je suis sur le point de faire, prend ma main dans la sienne. « Tu n'as pas à partir. Il y a d'autres chambres où ils peuvent s’installer. Personne ne te renverra là-bas. Personne. »
Elle attend que j’imprègne ce qu'elle dit et lorsque j’acquiesce, elle quitte la pièce, en fermant la porte discrètement derrière elle.
Je m'assois tranquillement sur le lit en pensant à ce qu'elle vient de me dire.
Puis-je rester ici ? Commencer une vie ? Être un peu normale ?
Je ricane à cette idée. Je ne serai plus jamais normale.
Rapidement, je sens mon estomac se contracter et j'entends le gargouillement qui indique que j'ai faim. C'est alors que je me souviens que mon dernier repas remonte à quelques jours.
Après avoir débattu intérieurement avec moi-même pendant quelques minutes, je décide de partir à la recherche de la cuisine dont on m'avait parlé la veille au soir. J'ouvre légèrement la porte, et j'écoute les bruits provenant de l'extérieur.
Puis je passe la tête dehors et je scrute le couloir. Soulagée qu'il n'y ait personne, je me glisse discrètement hors de la pièce et ferme la porte derrière moi.
En avançant lentement dans le couloir, je m'arrête au bout et j'essaie de me rappeler dans quelle direction je suis arrivée avec Grace. Ne me rappelant plus, je prends à droite et je prie pour ne pas me heurter à quelque chose. Ou à qui que ce soit.
Après quelques impasses qui m'obligent à revenir sur mes pas, je descends enfin les bons escaliers et arrive sur une grande entrée. Après quelques autres mauvaises directions, je tombe sur ce qui semble être une cuisine.
En tâtonnant le long des murs, je trouve finalement un interrupteur et j'appuie dessus.
Tout est blanc et chromé. Les murs, le sol et les placards sont d'un blanc éclatant, tandis que les appareils électroménagers sont brillants et polis à la perfection, comme s'ils n'avaient jamais été utilisés.
Pour être honnête, c'est un peu intimidant. On m'a dit que quelqu'un allait cuisiner pour moi. On ne m'a pas donné la permission de le faire moi-même, et j'ai peur de faire des dégâts.
Je ne suis même pas sûre de me rappeler comment cuisiner, même si j'étais plutôt douée dans le passé.
Mon estomac prend la décision à ma place lorsqu'il décide de lâcher un grognement encore plus fort que le précédent.
En prenant une grande inspiration, je me dirige vers le réfrigérateur pour voir ce qu'il y a de disponible. Mes yeux s'écarquillent devant toute cette nourriture : des fruits et des légumes frais, du lait, du fromage, des saucisses de toutes sortes et des œufs.
Je continue vers les armoires, j'en ouvre une et je remarque qu'il y a tout ce qu'il faut. Des œufs et des saucisses, ça me paraît être une bonne idée en ce moment, et ça ne devrait pas être trop difficile à préparer.
Je sors tous les ingrédients nécessaires et mets la cafetière en marche avant de m’y mettre. Je dois reconnaître qu'il m'a fallu un petit moment pour comprendre cette machine ultramoderne.
Une fois le café lancé, j’ai réalisé que j'en avais fait trop pour moi. Tous les repas que je faisais avant étaient pour moi et mes parents, et mon père mangeait avait un énorme appétit.
En chassant ces souvenirs douloureux, je continue à cuisiner en silence, mon esprit est à nouveau vide, il ne se concentre que sur la tâche à accomplir.
Je place quelques œufs et quelques saucisses sur une assiette, je renonce au café et décide de prendre du jus d'orange à la place. Je me dis que j'ai plus besoin de vitamine C que de caféine.
Dès la première bouchée, je me surprends à gémir doucement. J'engloutis le contenu de l'assiette assez rapidement et je me sers une deuxième fois.
En reprenant ma place sur l'îlot de cuisine, je commence à dévorer les œufs tout en grignotant les fruits frais qui se trouvent dans le bol sur le comptoir.
Au milieu d’une bouchée, je m'arrête pour renifler l'air. Je prends une profonde inspiration, et mon nez est assailli par une odeur de fraise et de chocolat.
C'est faible, mais c'est également la plus enivrante des odeurs. Je suppose que c'est à cause de la fraise dans le bol et peut-être... du café ? En haussant les épaules, je reporte mon attention sur la nourriture qui se trouve devant moi.
L'odeur de fraise devient de plus en plus forte, et je pousse mon assiette sur le côté pour déguster les fraises fraîches. La bouche pleine, le jus de fraise dégoulinant sur mon menton, ma tête se redresse lorsque j’entends un raclement de gorge.
Devant moi se tient Beta Ayn avec un autre homme. Un très bel homme en plus. Pour une raison quelconque, l'odeur de fraise et de chocolat est beaucoup plus forte et semble émaner de lui.
Je peux aussi sentir la puissance qui irradie de son corps, me frappant, m’ordonnant presque de me soumettre.
Je passe le dos de ma main sur ma bouche pour essuyer le jus. Enfin, presque tout le jus.
« À moi. »
« C'est la jeune... Attends. Qu'est-ce que tu as dit ? » déclare Ayn en interrogeant celui qui, je suppose, est l'Alpha.
« À moi », gronde-t-il à nouveau, un grognement sourd se glissant entre ses dents.
Il se dirige vers moi et je saute immédiatement de mon siège pour me mettre en position de combat, les yeux brillants, les griffes sorties. Il s'arrête dans son élan et Beta Ayn se précipite pour se placer entre nous, poussant doucement son Alpha sur la poitrine.
« Alpha Wildes, tu te souviens de ce dont nous avons parlé dans ton bureau ? Tu ne peux pas envahir son espace comme ça, ça ne va pas bien se terminer. »
L'Alpha penche la tête sur le côté, comme s'il ne comprenait pas ce qu'on lui disait. « Elle est à moi », c'est tout ce qu'il déclare avant de faire un pas de plus vers moi, provoquant un grognement dans ma gorge.
« Je ne comprends pas. Pourquoi ne veut-elle pas que je m'approche d'elle ? Ne le sens-tu pas ? » Il me regarde et me demande. Je secoue vigoureusement la tête pour lui faire comprendre que je ne ressens pas ce qu'il ressent.
Je ne ressens rien. Je ne ressens plus rien.
Ayn se tourne vers moi et me dit : « Rentre tes griffes. Il ne te fera pas de mal et ne s'approchera pas de toi. »
L'Alpha tourne la tête vers Ayn, qui secoue doucement la tête. Son regard n'étant plus sur moi, j'arrive enfin à me détendre suffisamment pour calmer ma louve. Ayn fait un geste vers le tabouret que je viens de quitter et je me déplace lentement pour m'asseoir.
Cet Alpha me trouble. Ses yeux se posent sur moi une fois de plus et ils sont maintenant remplis de quelque chose que je n'arrive pas à cerner.
Les deux hommes prennent place, le Beta se place entre nous pour créer une sorte de distance. Il se tourne ensuite vers moi pour faire les présentations. « Nix, voici mon Alpha, Nyko Wildes. »
Lorsqu'il prononce ce nom, je le reconnais et je me lève rapidement pour me mettre à genoux en baissant la tête. Des chaussures en cuir noir apparaissent dans mon champ de vision et je sens mon corps se raidir.
Le roi Alpha, mon roi, s'accroupit et pose ses doigts sur mon menton, en inclinant ma tête jusqu'à ce que mon regard rencontre le sien.
« Tu n'as pas à faire ça avec moi. Pas toi. Plus jamais. » Je jette un coup d'œil sur le côté pour voir Beta Ayn hocher la tête en signe d'approbation et je me lève lentement.
L'Alpha tend la main pour prendre la mienne, mais je recule de quelques pas, ce qui le pousse à froncer les sourcils.
« Te voilà. Je t'ai cherché partout. Cet endroit est trop grand. » Mon attention est attirée par une femme rousse qui entre dans la cuisine.
Elle s'avance vers l'Alpha, en balançant les hanches de manière séduisante, puis pose son bras autour de lui en lui déposant un baiser sur la joue. Ayn regarde la femme avec surprise et dégoût avant de me regarder avec de la sympathie dans les yeux.
Pourquoi me regarderait-il comme ça ?
« Oh, qui est-ce ? » demande-t-elle. C'est alors que le Beta décide de me faire sortir de la pièce. « Ce n'est pas ton problème. Viens Nix. » Il me fait un signe, et je me dirige vers lui, le laissant prendre ma main dans la sienne.
Je peux sentir l'Alpha et son loup se battre intérieurement, son loup veut faire surface et l’homme essaie de le tenir à distance. « Où l'emmènes-tu ? » demande-t-il.
Ayn se tourne vers lui et ferme légèrement les yeux. « Il est presque huit heures. Le médecin a demandé à la voir pour un contrôle ce matin. Je suis sûr que tu as d'autres choses à faire en ce moment. »
Il se tourne et me guide hors de la pièce, loin du roi Alpha et de sa petite amie ? Sa femme ? Je ne suis pas sûre, mais je vois bien la façon dont ses yeux me suivent hors de la pièce en l'ignorant complètement.
Cela va certainement causer des problèmes, et je vais devoir changer de chambre si je reste ici, parce que je ne recherche pas les problèmes.