Le Professeur

DALIA

Une fois de plus, pourquoi ai-je accepté ça ?

Je poussai un soupir en observant les danseurs s'agiter sur la piste sous les lumières clignotantes du club.

La musique assourdissante et les cris de la foule m'empêchaient presque d'entendre mes propres pensées dans cet espace bondé.

Tout le monde semblait s'amuser comme des petits fous.

Tout le monde sauf moi.

L'une de mes meilleures amies, Tamika, venait de rompre avec son copain il y a quelques heures après l'avoir surpris en train de la tromper une fois de plus.

Du coup, nos meilleurs amis Harvey et Norma m'avaient traînée dans ce club pour que Tamika puisse rencontrer quelqu'un de nouveau.

Je n'aime pas les boîtes de nuit, et je suis venue uniquement parce que Harvey et Norma ont dit que Tamika se sentirait mieux si j'étais là.

Mais je n'avais même pas pu parler à Tamika depuis notre arrivée.

Je l'avais aperçue quelques fois, en train de danser avec différentes personnes, et j'étais contente qu'elle semble s'amuser, mais j'étais prête à partir.

« Norma ! » criai-je en la voyant discuter avec quelqu'un près de la piste de danse. Je me frayai rapidement un chemin vers elle.

« Norma ! » l'appelai-je à nouveau juste au moment où son interlocuteur s'éloignait, et elle se tourna vers moi avec un sourire.

« Salut ma belle. Cette robe te va à ravir, dit-elle, et je baissai les yeux sur la robe courte et moulante bleu nuit que je portais. Tu t'amuses bien ?

— Non, répondis-je fermement. Non, pas du tout. On est là depuis une éternité. Quand est-ce qu'on rentre à la fac ? Je suis crevée. »

Norma eut l'air désolée et dit : « Quand Tammy sera prête à rentrer. »

Oh non, pensai-je car je m'attendais à cette réponse.

« Et puis, qu'est-ce que tu veux dire par « on est là depuis une éternité » ? Ça fait à peine un quart d'heure qu'on est arrivées », ajouta-t-elle, et je gémis parce que j'avais l'impression qu'on était là depuis des heures.

« Et si j'allais nous trouver des places tranquilles pendant que tu me prends un verre au bar ? T'inquiète pas, ils ne vérifient pas les cartes d'identité. Je prendrai un cosmopolitan, et on t'achètera une brique de jus au magasin à deux rues d'ici en partant. »

Je lui fis une grimace. « Très drôle. »

Elle plaisantait toujours à propos des briques de jus quand elle, Tamika et Harvey buvaient de l'alcool parce que j'avais vingt ans. Je venais d'avoir vingt ans - il y a trois jours, en fait.

Elle m'adressa un grand sourire et je levai les yeux au ciel avant de me diriger vers le bar.

Il n'y avait que quelques personnes, et j'étais soulagée car ça voulait dire que je n'aurais pas à jouer des coudes pour attirer l'attention du barman.

« Deux cosmopolitans », dis-je à la barmaid, qui portait une jolie robe dorée, et elle hocha la tête avant de commencer à préparer les boissons.

Je balayai la foule sur la piste de danse du regard, et la première chose que je vis fut quelqu'un avalant ce que je pensais être de l'ecstasy à côté de gens se passant un joint.

Je pris une profonde inspiration et reportai mon attention sur la barmaid. J'ai hâte de retourner dans ma chambre.

« Un Sazerac », dit une voix à côté de moi, et je me tournai pour regarder la personne avant d'entrouvrir légèrement la bouche.

C'était l'homme le plus séduisant que j'aie jamais vu. Ses cheveux bruns foncés étaient épais et bouclés, et j'eus soudain envie de les toucher pour voir s'ils étaient aussi doux qu'ils en avaient l'air.

Ses sourcils étaient foncés, ses lèvres pleines, et son visage bien dessiné.

J'avalai ma salive avant de regarder son corps, athlétique sans être trop musclé, et quand je relevai les yeux vers son visage, je vis qu'il me regardait.

D'habitude, mes yeux se seraient écarquillés et j'aurais rapidement détourné le regard, mais il y avait quelque chose de spécial dans ce contact visuel, et j'avais du mal à m'en détacher.

« Voilà pour vous. » La barmaid posa les boissons que j'avais commandées sur le comptoir devant moi avant que je ne puisse dire quoi que ce soit à l'homme, et je la regardai.

« Merci. »

Je pris les verres et jetai un dernier coup d'œil à l'homme qui me regardait toujours avant de m'éloigner du comptoir.

J'avais à peine fait quelques pas quand j'aperçus Norma de l'autre côté du bar et me dirigeai droit vers elle.

Je croyais qu'elle allait nous trouver des places !

« Je sais, je sais, dit-elle quand elle me vit arriver vers elle. J'étais censée nous trouver des places, mais Harvey a dû prendre un appel, alors il m'a dit de surveiller Tammy. »

Je poussai un grand soupir et scrutai la piste de danse, essayant en vain de repérer Tamika dans la foule, pendant que Norma me prenait un verre des mains.

« Où est-elle ? » demandai-je juste avant que quelqu'un n'enroule ses bras autour de ma taille, me faisant sursauter et renverser une partie de ma boisson.

Je jetai rapidement un coup d'œil par-dessus mon épaule et fus soulagée de voir que c'était une Tamika à l'air excité et non un inconnu.

« Je suis là », dit-elle pendant que Norma prenait mon verre.

Je me retins de demander à Tamika quand elle serait prête à quitter le club car elle avait été vraiment triste quand elle avait rompu avec ce salaud infidèle, mais maintenant elle avait l'air excitée.

« Tu t'amuses bien ? »

Elle hocha la tête, et je sentis une légère odeur d'alcool dans son haleine avant qu'elle ne me contourne. « Je veux danser avec vous », dit-elle.

Je ris car il n'était pas question que je mette les pieds sur cette piste de danse, mais Norma accepta de danser avec elle.

Je repris rapidement mon verre des mains de Norma avant qu'elles ne se dirigent toutes les deux vers la piste de danse, et quand elles réalisèrent que je ne les suivais pas, elles s'arrêtèrent.

« Dalia, allez », m'appela Tamika, et mon regard passa d'elles aux corps qui se déhanchaient sur la piste avant que je n'affiche un sourire visiblement forcé.

« Je ne crois pas, non », répondis-je en sirotant lentement mon verre tout en les regardant, ce qui fit faire la moue à Tamika.

Je lui rendis immédiatement sa grimace, et elle secoua la tête en souriant un peu avant d'entraîner Norma sur la piste de danse.

Je les observai toutes les deux pendant un moment, et quand je les perdis de vue dans la foule, je détournai mon regard de la piste. Je soupirai et portai à nouveau mon verre à mes lèvres.

J'ai hâte de partir.

« Vous avez l'air bien pensive », dit quelqu'un derrière moi, me faisant sursauter et manquant de me faire m'étouffer avec ma boisson.

Je commençai à tousser et regardai par-dessus mon épaule pour voir l'homme de tout à l'heure debout derrière moi, les yeux légèrement écarquillés et un verre à la main.

« Désolé, je ne voulais pas vous faire peur, ajouta-t-il quand je réussis à arrêter de tousser et posa son verre sur le comptoir. Ça va ? »

Je clignai des yeux pour en chasser les larmes tout en m'éclaircissant la gorge pendant que son regard parcourait mon corps d'une manière qui me fit frissonner et me donna chaud.

Il ne me touchait même pas, mais je me sentais déjà toute chose.

Je souris et m'éclaircis à nouveau la gorge. « Ça va, ça va. Euh, qu'est-ce que vous disiez ? » demandai-je, et il haussa légèrement les sourcils avant de se rappeler.

« Oh, j'ai dit que vous aviez l'air bien pensive », répéta-t-il, et je dis « ah » pendant qu'il regardait mon verre un instant quand je le posai sur le comptoir.

« Votre verre est presque vide. Je peux vous en offrir un autre ? » Sa voix était grave et suave, et sonnait très agréablement.

Je ne pus m'empêcher de lui sourire avant d'acquiescer.

Il me rendit alors mon sourire tout en faisant signe à la barmaid d'approcher et me tendit la main. « Salut. Je m'appelle Noah. »

Je mis ma main dans la sienne avant que sa main chaude ne serre la mienne, me faisant frissonner. « Dalia. »

« Enchanté, Dalia », répondit-il avant de finalement lâcher ma main. Je repris mon verre pour en boire une gorgée pendant qu'il m'observait. « Vous n'avez pas l'air d'aimer les boîtes de nuit.

— Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

— Vous n'aviez pas l'air d'avoir envie d'être là quand vous êtes venue au bar tout à l'heure, et vous n'avez toujours pas l'air d'avoir envie d'être là », dit-il en penchant légèrement la tête.

Noah regarda la barmaid quand elle arriva enfin de notre côté du bar. Il commanda un autre cosmopolitan pour moi et me regarda à nouveau après qu'elle soit partie préparer les boissons.

« Alors pourquoi cette belle femme est-elle ici alors qu'elle n'en a pas envie ? »

Je souris immédiatement parce qu'il m'avait appelée belle, et je pris une profonde inspiration en réfléchissant par où commencer avant de décider de lui donner simplement une réponse courte.

« Une amie a rompu avec son copain infidèle. Elle est ici pour rencontrer quelqu'un de nouveau. Je suis là pour la soutenir. » Je reposai mon verre presque vide sur le comptoir et me tournai vers Noah.

« Et vous ? Pourquoi un bel homme est-il seul dans un club ? »

Il sourit si largement que ça me fit sourire aussi. « Je suis juste venu soutenir la nouvelle entreprise de mon pote », répondit-il en désignant notre environnement.

Je fronçai légèrement les sourcils avant de réaliser que le club appartenait à son ami. « Oh. »

Ses lèvres s'incurvèrent en un sourire entendu tandis qu'il parcourait lentement mon corps du regard, l'air très sûr de lui.

Si je n'étais pas déjà intéressée, je le serais certainement maintenant.

« Mais je ne suis plus seul maintenant, n'est-ce pas ? » demanda-t-il, et le coin de ma bouche se releva tandis que la barmaid revenait avec ma boisson.

Wow, il est doué, pensai-je pendant qu'il remerciait la barmaid et s'appuyait contre le comptoir avant de me regarder à nouveau.

« Vous faites ça souvent ?

— Faire quoi ? demanda-t-il, son front se plissant.

— Offrir des verres aux femmes dans les bars et flirter avec elles. »

Il haussa légèrement les sourcils, souriant. « Pas souvent du tout. J'ai de la chance que votre amie ait décidé de venir dans ce club ce soir. »

Il ne cachait pas qu'il était attiré par moi, et je me sentis excitée.

« Est-ce que vous— »

Soudain, quelqu'un me bouscula par derrière, et je posai automatiquement ma main sur le torse de Noah pour me stabiliser quand je trébuchai en avant.

Ses bras entourèrent ma taille pour m'empêcher de tomber.

« Désolé », balbutia quelqu'un derrière moi, mais je n'y prêtai pas attention car la seule chose sur laquelle je pouvais me concentrer était la proximité entre Noah et moi.