. . Je m'ennuie déjà à cette soirée. Mes copains sont dans leur coin, attendant que je fasse mon choix pour pouvoir tenter leur chance avec les autres filles. Je les envie un peu car même si j'ai déjà fait mon choix, les six autres nanas ont l'air bien plus marrantes.
Mon père ne m'a pas dit grand-chose avant ce soir, même si j'ai vu ces photos il y a presque une semaine. J'ai essayé de la trouver sur internet, mais rien.
Elle n'a aucun réseau social, ce qui est bizarre, mais je suppose que mon père, ou au moins Ron, a vérifié son passé.
Plus j'y réfléchis, plus je me dis que la fille de la septième photo est celle que mon père veut que je choisisse.
Elle a l'air du genre à rougir au moindre gros mot. Elle tomberait sûrement dans les pommes si je lui montrais une de mes trois voitures de luxe.
Je ricane à cette idée, sachant que mon fric va l'impressionner.
Elle a l'air un peu... fauchée.
Et naïve.
Ça me fait sourire, sachant que je serai celui qui la changera, qui lui montrera la vie que j'ai besoin qu'elle vive.
Elle sera à la maison, à m'attendre, prête à me satisfaire après une longue journée de plaisir. Elle apprendra à aimer ça, me suppliant de la garder quand les dix-huit mois seront passés.
Dix-huit mois à faire semblant que je ne suis pas un désastre, que je ne veux pas faire la fête et picoler tous les soirs et claquer mon fric n'importe comment.
« Sois content, mec ! Tu vas trouver ta moitié. »
Mes potes rigolent et trinquent avec leurs bières. Ils portent tous des costumes négligés parce que leurs parents ne possèdent rien de comparable à Knight Enterprises. On traîne dans les mêmes cercles, mais eux n'ont pas à avoir l'air impeccable tout le temps comme moi.
J'aimerais être à leur place.
Tout le monde en parle, surtout depuis qu'on ne m'a vu qu'au bureau de la boîte.
J'ai porté des costards et des cravates toute la semaine.
Je déteste ça parce qu'il me reste encore dix-huit mois comme ça.
Je tape dans le dos de Chase en hochant la tête. « Ouais, je vais être coincé avec une seule nana pendant quelques mois. » C'est dans le contrat. Fiancés pendant trois mois, puis mariés pour les quinze mois restants.
L'histoire officielle est qu'on est fiancés depuis le début de l'année, donc presque six mois maintenant.
Je ne sais pas comment on va réussir à faire gober ça, vu que je ne m'entends généralement pas bien avec les filles.
Et si la fille de la septième photo n'a vraiment pas beaucoup d'expérience, tout le monde verra qu'elle joue la comédie. Ça va être le rôle le plus dur de ma vie. Je vais vraiment devoir faire en sorte que ça ait l'air vrai.
Cinq minutes après le début de la soirée, et je déteste déjà jouer le rôle d'une jeune fille innocente.
J'aurais dû opter pour un âge plus mûr. À vingt-trois ans, une femme commence tout juste à se découvrir. Elle vient de finir ses études et a tout un éventail de possibilités devant elle.
Xavier a presque la trentaine et quand les gens nous verront ensemble, ça pourrait leur sembler bizarre. Je ne suis pas convaincue que ce plan tiendra la route.
« Pardon, mademoiselle. M'accorderiez-vous cette danse ? »
Je regarde la main tendue, me demandant pourquoi quelqu'un d'autre que Xavier m'aborde.
On ne m'a pas dit grand-chose, juste une adresse et une heure. On m'a habillée et maquillée avant de m'envoyer à cette soirée pleine d'inconnus qui ont l'air un peu perdus ici.
Je n'ai pas encore aperçu Xavier, mais je sens qu'il ne va pas tarder à faire son entrée.
J'observe la main un peu trop longtemps, et l'homme la retire, mais il continue sur sa lancée. « Vous êtes l'une des prétendantes, mais je pense que Xavier a besoin de quelqu'un avec plus... d'expérience. »
Je fais semblant d'être gênée par ses sous-entendus, rougissant et baissant les yeux.
Ai-je mentionné que je n'aime pas ça du tout ?
« Je ne suis pas... » Je prétends bafouiller. L'homme sourit à mon petit numéro et me tend à nouveau sa main. Cette fois, je la prends, le laissant m'entraîner sur la piste de danse.
Il est grand et bien bâti. Il se déplace avec aisance malgré sa carrure, me guidant à travers la salle.
Son sang a un parfum sucré, et c'est difficile de résister à l'envie d'y goûter.
Sa main gauche tient ma droite, et l'autre se pose sur ma taille avant de descendre doucement pour effleurer mes fesses. Je pousse un petit cri de surprise, jouant mon rôle, avec de grands yeux face à son geste osé.
Il sourit mais garde sa main là, son regard trahissant ses intentions pour ce soir.
Ce n'était pas prévu, mais ça pourrait jouer en ma faveur.
J'ai étudié Xavier et je sais que même s'il est cruel, insouciant et dangereux pour les jeunes filles humaines innocentes, il déteste aussi quand d'autres hommes touchent ce qu'il considère comme sa propriété.
Être avec cet homme rendra sûrement Xavier jaloux devant tout le monde, m'assurant de finir avec lui.
Je dois juste rester dans mon personnage.
Je me penche vers l'homme, entrouvrant mes lèvres et rougissant comme si j'étais émoustillée. Il doit me trouver à son goût car il se penche pour m'embrasser... mais nos lèvres ne se rencontrent jamais.
Il disparaît d'un coup et je me retrouve face à l'homme que j'attendais depuis le début de la soirée.
Xavier Knight.
En chair et en os.
Il est plus grand que je ne l'imaginais ; les photos dans les journaux ne lui rendent pas justice. Je comprends pourquoi toutes les femmes le trouvent si séduisant.
Ses yeux sombres et perçants, sa mâchoire carrée, les tatouages qui dépassent de sa chemise, et la bosse impressionnante dans son pantalon, sans parler de l'odeur enivrante, épicée et sucrée de son sang — c'est quelque chose que je n'avais pas anticipé dans mon plan.
Je dois me retenir de me passer la langue sur les lèvres, mes crocs menaçant de sortir. Patience, me dis-je.
« Comment t'appelles-tu, ma belle ? »
Je n'aime pas ce surnom, mais je ne peux m'empêcher d'être captivée par son regard.
Sa voix grave me fait frissonner, me rappelant que ça fait un moment que je n'ai pas eu de compagnie dans mon lit. Mes jambes flageolent en imaginant ce qu'il pourrait me faire. Et il a tellement à offrir.
« Angela. »
« Angela », répète-t-il en prenant ma main. Il m'attire contre son torse. Je retiens mon souffle, plongeant mon regard dans le sien alors que nous commençons à danser, faisant comme si je ne venais pas de danser avec un autre homme.
« J'aime beaucoup ce prénom », murmure-t-il.
Avec son corps puissant contre mes courbes douces, tout ce à quoi je peux penser, c'est être au-dessus de lui, Xavier criant mon nom pendant que je savoure son sang.
On y arrivera.
Mais d'abord, je dois le faire tomber amoureux de la fille innocente qu'il croit tenir dans ses bras.
