Le Chemin vers Steel

Paxton

Il fallait que je sorte de cette maison. Après ce que j'avais dit à papa ? Remettre sur le tapis l'horrible passé encore une fois ? C'était trop gênant de lui faire face.

Barricadée seule dans ma chambre, j'ai regardé ma voiture par la fenêtre. Je ne me souvenais pas de l'avoir garée là. Parce que...oh, c'est vrai. Je ne conduisais pas.

Ding, ding, ding, on a un gagnant !

Bon sang, j'étais lente ce matin.

Pourquoi je n'ai pas conduit jusqu'à la maison ? Parce qu'une certaine personne a conduit pour moi, sauvant probablement ma vie d'ivrogne.

Je lui devais au moins un remerciement, pas vrai ? Et en ce qui concernait des excuses pour s'échapper de cette maison, c'en était une bonne.

Mais comment trouver le mystérieux Connor Steel ? Il avait mentionné un travail, je m’en souvenais. Quelque chose de très viril, bien sûr. C'était dans la construction ou la menuiserie ?

Non. Maintenant ça faisait tilt, en regardant ma voiture.

Parce que Connor Steel était mécanicien. Le genre de gars dont je n'aurais jamais pensé être fan. Mais je n'avais jamais pensé que je reviendrais dans ce bled paumé, non plus... alors j'ai ouvert mon ordinateur portable pour lancer une recherche sur Google.

Je me suis moquée des mauvaises critiques sur Steel Mechanics. Elles semblaient si... basiques. À défaut d'un meilleur mot.

C'était des motards, et alors ? Ils devaient donc savoir réparer ces machines mieux que quiconque.

Ça voulait dire qu'ils étaient doués de leurs mains.

Pendant une seconde, j'ai eu la chair de poule, rien qu'en pensant aux mains de Connor sur moi.

Je me suis levée, me débarrassant de cette idée, et j'ai essayé de trouver ce que j'allais porter.

Je me suis décidée pour des bottines noires, un jean skinny délavé, un débardeur blanc et une veste en cuir noire, j'ai ajouté un peu de maquillage et passé mes doigts dans mes longues mèches brunes.

Je dirais même que j'avais l'air bien et que je me sentais déterminée.

Puis j'ai attrapé mon sac à main, je me suis faufilée dans les escaliers, j'ai sauté dans la voiture et j'étais partie. Avec mes lunettes de soleil, les vitres baissées, et mon autoradio qui crachait du Def Leppard... C'était le summum du cliché, mais je ne pouvais pas m'en empêcher.

Est-ce que je voulais son attention ? Bien sûr que oui.

En arrivant dans ma Dodge Charger, j'ai été surprise de voir le nombre de motards présents.

Maintenant, je pouvais comprendre pourquoi la critique sur Google était si négative. De l'extérieur, ils avaient l'air... intimidants. Ma confiance a un peu faibli.

Ils regardaient tous ma voiture avec ce que je pouvais espérer être de l'appréciation. C'était un véhicule magnifique, après tout. J'ai remonté les vitres et éteint le moteur.

Déglutissant alors que j'étais examinée par ces hommes à l'air féroce, j'ai enlevé ma veste en cuir noir, car je commençais à transpirer sous le soleil vindicatif du Texas.

Les bras nus, révélant mes tatouages sur toute la longueur, je suis sortie de la voiture et me suis dirigée vers le bureau d'accueil.

« Et moi qui pensais que tu ne te souviendrais pas de moi », une voix rauque s'est élevée de la masse d'hommes corpulents, attirant mon attention.

Il s'est avancé, vêtu d'une salopette bleue pliée à la taille, d'un marcel blanc graissé et de tatouages sur sa large poitrine musclée et sur ses bras sculptés.

Ses cheveux noirs étaient gominés, et ses yeux fascinants me scrutaient de haut en bas.

Je n'ai pu m'empêcher de me mordre la lèvre en signe d'appréciation de toutes les choses saintes qui avaient créé cet homme divin.

Retenant ma respiration, je me suis avancée vers lui. « C’était pas le cas au début, en fait. »

« Je t'ai surprise, pas vrai ? » Il a rigolé.

« Oui, tu as dû faire une sacrée impression. Vu que j'étais... »

« Défoncée. »

« Exactement. »

Ses gars nous regardaient avec une attention remarquablement intense, comme si nous étions le premier homme et la première femme qu'ils voyaient badiner dans leur vie. J'ai regardé à gauche et à droite avec méfiance avant de rabattre mes cheveux derrière mes oreilles.

« Je voulais te remercier. Je n'étais pas en état de conduire. »

« De rien. »

Ses dents étonnamment blanches étincelaient alors qu'il souriait.

Bien sûr que tu brilles, espèce d'incarnation séduisante de tout ce qui est masculin et sexy.

Un de ces jours, j'allais me faire prendre à penser à voix haute si je ne faisais pas attention.

« Alors », ai-je dit, laissant ma curiosité prendre le dessus, « dis-moi. Que veut dire 'une prochaine fois' ? »

« Oh, ça ? » Connor a haussé les épaules. « Rien. J'ai juste dit ça pour que ton père passe une nuit blanche à essayer de comprendre. »

Nous avons tous les deux rigolé. Donc, il aimait aussi jouer avec l'autorité, hein ? Peut-être que nous avions un peu plus en commun qu'il n'y paraissait.

Avant que je puisse répondre, cependant, j'ai senti un bourdonnement dans mon sac à main. J'ai sorti mon téléphone.

J'avais accepté d'aller à un rendez-vous avec Ollie ? Genre le barman au charme ringard ? Bon sang. Connor Steel avait raison. J'étais vraiment bourrée. Je ne me retrouve jamais avec les bons gars.

Sentant ses yeux sur moi, je savais que mes joues rougissaient et j'ai fermé mon téléphone.

« Quelqu'un d'important ? » a-t-il demandé.

« Juste...euh, Ollie. En fait. »

« Ollie ? Qu'est-ce qu'il voulait ? »

« Apparemment, on avait prévu de, euh... »

Je ne voulais pas le dire. Et je suppose que je n'avais pas besoin de le faire. Parce que l’instant d’après, Connor faisait un pas vers moi.

Nous étions si proches que je pouvais sentir la chaleur de son corps musclé irradier vers moi. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, son corps était bien plus grand que le mien.

J'ai frissonné à sa proximité.

« Paxton, » a-t-il dit, « Je ne pense pas que tu devrais aller quelque part avec Oleander. »

« Pourquoi... pas ? »

Ma bouche s'est soudainement asséchée.

« Parce que c’est moi qui vais t’emmener sortir », a dit Connor.

Ses mots ont déclenché une décharge d'excitation directement entre mes cuisses. J'ai dû me mordre la lèvre pour m'empêcher de gémir alors que son chuchotement rauque enflammait mes sens.

Une vague soudaine de désir m'a frappée si fort que je n'arrivais pas à penser correctement. J'ai eu du mal à me concentrer sur autre chose que sa respiration chaude qui soufflait sur ma peau en feu.

Heureusement, mon téléphone a encore sonné.

Peut-être qu'Ollie avait raison. Bien sûr, il était un peu vieux jeu à mon goût, mais après les dix dernières années d'enfer que j'avais traversées, la dernière chose dont j'avais besoin c’était... ça.

Un homme comme Connor Steel.

Il représentait le danger avec un grand D, et je ne pouvais pas me permettre de perdre la tête avec lui.

Même si mon corps me disait le contraire.

J'ai fait un pas en arrière par rapport à Connor Steel, me forçant à m’en éloigner. Pour retrouver un semblant de contrôle. Enfin, je pouvais respirer.

Ses yeux se sont plissés. Je pouvais voir qu'il n'aimait pas ça, mais je n'avais pas d'autre choix.

« Je suis seulement venue ici pour... te remercier », ai-je balbutié. « Pour m'avoir aidée. »

« Et ce soir ? Tu vas sortir avec... Ollie ? »

Il a prononcé ce nom comme s'il s'agissait d'une malédiction, le crachant presque.

« Oui, je vais passer la soirée avec mon ami Oleander. »

J'ai insisté sur le mot « ami » en espérant qu'il comprendrait.

« Paxton. » a-t-il soupiré. « Toi et moi nous savons tous les deux que cet homme ne recherche pas ton amitié. »

Est-ce que je le savais ? C'était difficile à dire. Au lycée, je me souvenais qu'Ollie m'aimait bien. C'était dix ans plus tôt, cela dit. Son béguin d'écolier s'était sûrement calmé depuis ?

Mais bon, qui sait ?

Peut-être que je pourrais apprendre à bien l'aimer. Ollie était gentil, semblait sincère et ne me faisait pas perdre la tête juste en se tenant à côté de moi.

Bien sûr, il était un peu bizarre, mais il avait aussi ce côté gentleman. Peut-être qu'il était temps de donner une chance à un gentil garçon.

J'ai levé les yeux vers l'ex-taulard sexy en face de moi, me préparant à ce que j'allais dire.

« La vérité, Connor, c'est qu'il est le choix le plus sûr... »

« Donc ton père t’a révélé mon histoire ? »

« Il en a parlé, mais ce n'est pas ce que je veux dire. Je m’en fiche complètement de ton histoire ou de tes affiliations. Il est... pratique. Peut-être un peu ennuyeux... »

« Comme un toast sec », a lancé Connor.

« Ok, c’est sûr. Mais il est gentil... et pas compliqué. Et toi ? Je ne sais pas ce que tu es... »

Pendant une seconde, je ne savais pas ce que Connor allait faire. Étais-je folle de le rejeter sur son propre terrain ? Peut-être. Mais alors peut-être que c'était ce qu'il aimait chez une femme. Quelqu'un qui n'avait pas peur de dire « non ».

« Très bien, Paxton », a-t-il dit en souriant. « Profite de ton petit rendez-vous avec Oleander. Sors avec lui si tu dois te prouver quelque chose, mais demain ? Demain tu es à moi, compris ? »

Il ne l'a pas formulé comme une question. C'était une exigence. Une exigence que je ne pouvais pas refuser. S'il faisait un autre pas en avant, j’étais foutue.

Mais j'avais tellement envie d'être baisée et baisée encore jusqu'à l'oubli orgasmique.

« Bien », ai-je murmuré. C'était tout ce que je pouvais faire.

Puis, avant que je ne puisse l'arrêter, Connor s'est penché en avant et a frotté ses lèvres succulentes et tendres contre mon lobe d'oreille tout doux.

Ça m'a fait frissonner.

« Je viendrai te chercher demain à 9 heures. Amuse-toi bien avec le toast sec. »

Puis il a mordu le lobe de mon oreille, suçant la chair sensible, me faisant gémir avant que je ne puisse me contrôler. Satisfait, il s'est reculé.

« Si je peux obtenir cette réaction avec ton oreille, imagine ce que ma langue peut faire avec ta chatte. »

Ma bouche s'est ouverte lorsqu'il a embrassé ma joue et s'est retourné pour partir, tous ses hommes me regardant d'un air entendu.

J'ai regardé cet enfoiré s'éloigner de moi alors que mon esprit était rempli de pensées érotiques trop détaillées.

Je suis remontée dans ma voiture avec des respirations irrégulières et je suis rentrée chez moi. Penser que je devais me préparer pour un rendez-vous avec... Ollie. Après ça. Après ce que je venais de vivre.

Ce n'était pas du tout comme ça que je pensais que la journée allait se dérouler, et pourtant j'étais là, à frotter mes cuisses l'une contre l'autre tandis que mon sexe palpitait et salivait, en espérant la bite d'un ex-taulard beau et costaud.

Arrête !

J'ai essayé de me contrôler.

Mais je savais, maintenant que Connor Steel m’avait goûtée, que je n'aurais pas de répit tant que je ne l'aurais pas goûté lui aussi.

Seigneur Tout-Puissant, j'avais des problèmes.