À ce moment-là, je ne savais pas ce qui m'agaçait le plus : la cérémonie d'union qui allait m'enlever ma sœur ou passer plus de temps avec son compagnon insupportable.
Je réfléchissais à tout cela, assis à mon bureau dans mon cabinet privé.
Je contemplais une pile de documents tout en ruminant ces pensées. Notre famille était illustre depuis des siècles - comptant des rois et des reines parmi ses membres. Comment un simple humain aussi insignifiant pouvait-il être digne d'Arya ?
Je posai mon stylo et me levai, commençant à faire les cent pas. Mike était un homme louche et peu fiable, n'ayant rien à son actif à part de prétendues affaires. Ah ça oui, je connaissais tout de son entreprise.
Le gars dealait de la drogue et était assez malin pour le dissimuler, même s'il devait des sommes folles à son fournisseur.
J'allai à mon classeur et en sortis le dossier que j'avais constitué sur Mike. Je le parcourus pour la énième fois.
Malheureusement, il n'y avait aucun moyen de convaincre Arya de sa vraie nature sans preuves tangibles, et malgré la surveillance de mes meilleurs hommes quand il quittait mes terres, je n'avais rien de concret.
Soyons francs - si ce n'était pas un acte odieux de blesser le compagnon d'un être cher, je l'aurais déjà fait disparaître, ne serait-ce que pour me soulager.
Je refermai brusquement le dossier et me frottai le front. L'idée d'avoir Mike enfermé dans mon donjon m'avait aidé à supporter toute cette histoire.
Mais à l'approche du mariage, je me sentais de plus en plus inquiet. Je commençais à réaliser qu'elle pourrait vraiment l'épouser.
J'étais en partie responsable du financement de cet événement grandiose - me rappelai-je en retournant m'asseoir.
J'avais balancé mon ordinateur par la fenêtre du premier étage après avoir découvert sa relation avec lui. Nous nous étions disputés et je m'étais senti terriblement coupable par la suite.
Je me frottai le visage et laissai échapper un gémissement de désespoir. Elle était ma sœur, et bien que je puisse essayer de la faire changer d'avis, cela devait être son choix. Le moins que je puisse faire en tant que frère était de payer pour ça, non ?
J'ouvris un autre tiroir contenant une montagne de reçus et de factures. Les meutes de partout s'attendraient à un grand événement pour la cérémonie d'union de leur princesse, et je ne l'embarrasserais pas en permettant quoi que ce soit de moins.
En réalité, j'aurais préféré qu'elle arrête d'appeler ça un mariage.
Les loups n'ont pas de mariages - les humains si. Les humains comme son compagnon, qui ne méritait même pas de fouler le sol sur lequel elle marchait.
Son assistante, Harriet, avait heureusement pu m'aider à modifier quelques éléments pour rendre la cérémonie plus adaptée à notre espèce, mais évidemment, elle avait dû accoucher un mois plus tôt.
Je vis un reçu de la nouvelle organisatrice, Rory, qui me fit grimacer. Ne vous méprenez pas, j'étais ravi pour Harriet.
Harriet était une gentille oméga à la nature douce, et elle était unie à l'un de mes gardes personnels, mais son timing n'aurait pas pu être pire.
J'avais pensé que l'accouchement prématuré d'Harriet pourrait être une aubaine, mais dès qu'Harriet avait appelé pour annoncer la nouvelle à Arya, ma chère sœur était déjà au téléphone avec une organisatrice de mariage de la ville.
Je pensais que des contrats comme celui-là prenaient du temps à être planifiés, mais non, elle l'avait engagée si rapidement que je n'avais même pas eu le temps de m'y opposer.
Je parcourus une autre nouvelle facture de plusieurs centaines d'euros pour des marque-places. C'était quoi des marque-places ?
Maintenant je payais pour un « mariage », et il y avait aussi une autre humaine qui se baladait dans mon palais. Arya avait de la chance que je l'aime.
Je signai le reçu et commençai à rédiger des chèques à contrecœur. Sans nos parents, Arya était tout ce qu'il me restait, et l'idée de la laisser s'enfuir avec ce vaurien me mettait hors de moi.
C'était mon devoir de la protéger, et comment pouvais-je faire cela quand elle voulait s'enfuir avec un humain ?
« Pourquoi fais-tu cette tête ? » Arya interrompit mes pensées avec sa question taquine en entrant dans mon bureau.
« Le budget, ou plutôt l'absence de budget, devrais-je dire ? » répondis-je. Bien que nous sachions tous les deux que je lui aurais donné deux fois plus si elle l'avait demandé.
« Le tapis rouge en pétales de roses était de trop ? » Elle ramassa une facture couverte d'arrangements floraux, et je levai les yeux au ciel.
Je n'avais pas encore rencontré cette nouvelle « organisatrice de mariage », mais elle m'avait déjà coûté une fortune en changements.
J'aimerais que l'un de ces magazines idiots dise « moins c'est mieux » pour une fois, pas que l'organisatrice de mariage montrerait ces options si c'était le cas. Elles étaient payées plus pour dépenser plus, n'est-ce pas ?
« Tu m'écoutes au moins, Darius ? » gronda Arya, et je haussai un sourcil incrédule.
« Y a-t-il une raison pour laquelle je devrais ? »
« Tu es impossible. Vraiment ! Sois plus aimable avant que Mike n'arrive, tu veux ? Il pense toujours que tu ne l'aimes pas, et on ne peut pas avoir ça à quelques jours de l'événement », bouda-t-elle, et je lui fis un sourire crispé.
Son téléphone fit un bruit sourd contre la vieille table où nos grands-pères s'étaient autrefois assis pour parler de guerre et de politique.
Seraient-ils contrariés de savoir qu'elle était maintenant couverte de satins et de confettis ? Probablement pas. Leurs lunas avaient dû avoir leurs propres grandes fêtes et événements tout aussi grandioses que ceux d'Arya.
Je détournai mon regard d'elle et fixai par la fenêtre le vaste domaine en contrebas. J'aurais aimé pouvoir déjà trouver ma luna.
En bas, taillé dans les buissons, se trouvait une représentation des armoiries familiales. Je regardai fixement et ressentis le poids de cette histoire.
Douze ans que j'attendais. Douze longues années de ma vie remplies par les attentes de mon peuple pour que je trouve une luna et aie un enfant pour être le prochain dirigeant Batton.
Personnellement, je ne me souciais pas vraiment de la luna ou de l'enfant parfait. Je voulais juste trouver ma compagne. C'était solitaire de régner seul. Je me retournai vers mon bureau, essayant de me concentrer à nouveau sur mon travail.
Avec le départ d'Arya, l'avenir semblait de plus en plus morose à chaque instant, et je perdais rapidement espoir. En tant que roi, c'était mon devoir d'aider autant de mon peuple que possible.
J'avais besoin d'aide, mais jusqu'à présent, ma luna ne s'était pas manifestée. D'ailleurs, même si je la trouvais, voudrait-elle seulement assumer la lourde tâche de devenir ma reine ?
Sur mon bureau se trouvait une photo de mon père et ma mère avec Arya et moi quand nous étions jeunes louveteaux. Des femmes étaient venues à moi au fil des ans, s'offrant pour être ma compagne choisie.
Elles pourraient être bonnes pour le poste, mais elles ne pouvaient pas être ma compagne. Je ne voulais pas de quelqu'un de froid et indifférent. Je voulais ce que mes parents avaient. Je voulais ma moitié, la femme que la Déesse elle-même avait créée pour être mon parfait complément.
Mais cela n'avait pas d'importance, n'est-ce pas ? Elle n'était pas là, et pour ce que j'en savais, elle ne le serait peut-être jamais.
