Pendant leur voyage, il jeta un coup d'œil aux vêtements de Katie et secoua la tête.
Katie s'en aperçut et lança, agacée : « Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça en secouant la tête ? Il y a un problème ? »
« C'est tes fringues et tes godasses », dit-il.
« Qu'est-ce qu'elles ont ? » demanda-t-elle en le fusillant du regard.
Il examina à nouveau sa tenue et dit : « Tes beaux habits et tes chaussures chics, ça va pas le faire pour bosser dans un ranch. »
Énervée, elle rétorqua : « Ce que je porte ne te regarde pas. Et j'ai d'autres vêtements plus adaptés pour le boulot au ranch. »
Ray sourit. « Je m'en fiche de ce que t'as apporté. » Il eut un sourire en coin. « Tu pourrais même te balader à poil, ça me ferait ni chaud ni froid. »
Ses paroles la firent rougir, alors elle détourna le regard.
Arrivés au ranch, Ray descendit du camion, posa ses sacs par terre et emporta le bois à l'arrière. Il ne proposa pas de l'aider avec ses bagages.
« Quel rustre », marmonna-t-elle alors qu'il s'éloignait. Elle observa la maison où elle allait vivre pendant un an ou deux. C'était une grande bâtisse bien entretenue, mais pas moderne. Elle savait que M. Marshall était un gros éleveur à Fielding, au Texas.
Katie regarda autour d'elle. Il y avait un grand bâtiment qui devait être l'écurie, quelques constructions plus petites, et des chevaux dans un enclos loin de la maison. Elle eut l'impression que les chevaux l'observaient. C'était bizarre, surtout le cheval noir qui restait planté là à la fixer. Elle essaya d'ignorer cette sensation et commença à monter ses bagages.
Katie savait que sa tâche principale était de s'occuper de la fille du propriétaire. Les médecins avaient dit que l'enfant pourrait vivre encore un an ou deux. Ils avaient aussi dit que la petite semblait heureuse et se portait bien, ce qui était positif vu sa maladie. Katie ne savait pas quelles seraient ses autres responsabilités.
Après avoir hissé ses bagages en haut des marches, elle frappa à la porte et attendit. Il lui sembla qu'une éternité s'écoula avant que quelqu'un ne réponde. Une femme afro-américaine ouvrit la porte. Elle avait la soixantaine, un visage rond. Elle paraissait robuste et donnait l'impression de ne pas tolérer les bêtises.
La femme examina Katie attentivement et demanda : « Ouais, qu'est-ce que tu veux, ma petite ? »
« Bonjour, je suis Katie Harris. On m'a envoyée ici pour aider. »
« T'es en retard. T'aurais dû arriver ce matin », dit-elle en croisant les bras.
« Je sais, je suis désolée. Je ne pensais pas que le trajet serait si long, et puis ma voiture est tombée en panne. »
« Eh bien, t'as beaucoup d'excuses, pas vrai, ma petite ? Allez, entre, je vais te faire du thé. Laisse-moi t'aider avec tes bagages. »
Katie suivit la femme à l'intérieur. La maison était impeccable et dégageait une atmosphère chaleureuse et confortable. Ça sentait le pain frais et les biscuits. Elles se dirigèrent vers la cuisine où des biscuits refroidissaient. L'odeur mit l'eau à la bouche de Katie.
La femme commença à préparer le thé. « Au fait, je m'appelle Jimmy. Je fais la cuisine, le ménage et d'autres tâches ici. »
Katie parut surprise. « Votre nom est Jimmy ? »
« Oui, mon père voulait un garçon mais il a eu une fille. Il m'a quand même appelée Jimmy. » Elle rit. « Comment es-tu arrivée ici avec tous ces bagages si ta voiture est en panne ? » demanda-t-elle en désignant les valises.
« L'homme à tout faire m'a déposée. C'est l'homme le plus grossier que j'aie jamais rencontré. »
« L'homme à tout faire, quel homme à tout faire ? » demanda Jimmy, l'air perplexe.
« Celui qui est dehors. Il a dit qu'il réparait les marches de derrière », expliqua Katie.
Jimmy regarda par la fenêtre de la cuisine. Quand elle vit Ray, elle éclata de rire.
Katie observa Jimmy rire et demanda : « Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? »
Essuyant des larmes de son visage, Jimmy sourit à Katie. « Laisse tomber pour l'instant. Assieds-toi, bois ton thé, et je t'en dirai plus. »
Elles s'installèrent à table avec leur thé. « La petite s'appelle Alice. Elle a presque dix ans. Tu es au courant de sa maladie, donc on n'a pas besoin d'en parler. Mais ne traite pas Alice comme si elle était malade. »
Jimmy but une gorgée de thé et donna un biscuit frais à Katie. « Si tu as l'air de la plaindre ou d'être triste à cause de sa maladie, elle te fera virer et renvoyer. »
« Alice a l'air d'être une petite fille coriace », dit Katie en mangeant le biscuit. Il était délicieux et elle le savoura.
« Oui, elle l'est. Elle a presque dix ans mais se comporte comme si elle en avait trente. Elle sait qu'il ne lui reste pas beaucoup de temps. Alors n'essaie pas d'empêcher Alice de vivre. Ça la ferait mourir plus vite que la maladie. »
Katie s'étouffa. Elle but du thé pour faire passer le biscuit et regarda Jimmy, choquée. « Mon Dieu, vous voulez dire qu'elle sait qu'elle va mourir ? Mais ce n'est qu'une enfant. »
Jimmy tapota la table du bout des doigts. « On ne lui a jamais dit. Alice sait des choses qu'elle ne devrait pas savoir, mais d'une façon ou d'une autre, elle les sait. »
« Quand est-ce que je la rencontre ? » demanda Katie.
Jimmy se leva et porta la vaisselle à l'évier. « Tu la rencontreras bientôt. Un des ouvriers du ranch l'a emmenée faire un tour sur Daisy. »
« C'est quoi, Daisy ? » demanda-t-elle, se demandant si c'était une sorte d'attraction.
« On est à la campagne, ma petite. Daisy est un cheval. Tu montes à cheval, ma petite ? »
Elle secoua la tête. « Moi ? Mon Dieu non, j'ai peur des chevaux. »
« Il va falloir surmonter ta peur. Tu devras faire des balades à cheval avec Alice. Je demanderai à quelqu'un de t'apprendre. »
En apportant sa tasse à l'évier, elle regarda Jimmy. « Quoi d'autre dois-je faire ? »
« Bon sang, ma petite, ils ne t'ont rien dit ? Tiens, apporte cette boisson à »—Jimmy rit—« l'homme à tout faire. »
Katie n'avait pas envie de revoir cet homme, mais elle comprit qu'on ne disait pas non à Jimmy. Elle prit la boisson et se dirigea vers la porte de derrière. Il lui tournait le dos, alors elle s'éclaircit la gorge pour attirer son attention, mais il ne réagit pas.
« Excusez-moi. » Toujours pas de réponse. « Bonjour. Excusez-moi, j'ai une boisson pour vous. » Toujours rien. « Bon sang, vous êtes sourd ou juste malpoli ? »
« Putain », jura-t-il en se levant et en marchant vers elle. Elle recula et se retrouva coincée entre la rambarde et Ray. L'air très en colère, il enleva sa chemise. Son torse et son ventre étaient mouillés par la boisson.
Le cœur de Katie s'emballa quand elle vit le torse et les bras musclés de Ray. Il était si proche que son corps touchait le sien, et elle détourna la tête. Au début, elle crut qu'il allait la frapper, mais il passa à côté d'elle et entra dans la maison.
« Hé, arrêtez-vous tout de suite », lui cria-t-elle. « Où croyez-vous aller comme ça ? »
Il se retourna pour la regarder et dit avec colère : « À l'intérieur pour me nettoyer, grâce à toi. »
Jimmy observait la scène depuis la fenêtre, riant tellement qu'elle en avait mal aux côtes.
« Jimmy », appela-t-elle. « Dites à cet homme qu'il ne peut pas entrer comme ça, et pourquoi riez-vous ? » Katie était choquée qu'il entre dans la maison de quelqu'un sans y être invité.
Jimmy essuya les larmes de son visage, essayant d'arrêter de rire. « Oh Seigneur, ma petite. Katie Harris, je te présente Ray Marshall, ton patron. » Elle dit à Ray d'aller prendre une douche.
Les yeux de Katie s'écarquillèrent et sa bouche s'ouvrit sous le choc tandis qu'elle le regardait. En passant devant elle, il lui lança un regard noir et la bouscula, la faisant reculer.
Après qu'il eut quitté la pièce, elle se tourna vers Jimmy, qui essayait toujours de ne pas rire.
« Qu'est-ce que je viens de faire ? Je pensais qu'il était l'homme à tout faire. Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit ? » La voix de Katie tremblait d'inquiétude.
Jimmy rit. « Tu plaisantes, Katie ? C'était la chose la plus drôle que j'ai vue depuis longtemps. Alice sera déçue d'avoir raté ça. »
Katie s'assit sur une chaise et se couvrit le visage de ses mains. « C'est le père d'Alice. Je partirais tout de suite si j'avais ma voiture, mais même si je l'avais, elle ne fonctionne pas. »
Jimmy lui tapota l'épaule pour la réconforter. « Hé, ce n'est pas si grave, Katie. Allons porter tes bagages dans ta chambre. Tu pourras te rafraîchir avant le dîner. »
