Alors que le soleil se couchait, je pus enfin quitter l'hôpital. J'avais deux jours de congé et j'avais hâte de me reposer. Mais j'étais encore plus excitée par le bal à venir.
C'était mon premier Bal de la Lune depuis mes 22 ans, et j'avais le pressentiment que je pourrais rencontrer mon compagnon ce soir-là. Je me dépêchai de rentrer chez moi, le cœur battant d'impatience.
Ma sœur Karen m'attendait à la maison. Elle avait trouvé son compagnon, Thomas, lors de son deuxième bal et était ravie de ce qui pourrait m'arriver. Elle proposa de m'aider à me préparer pour mon premier bal.
La meilleure amie de Karen, Brisa, était là aussi. Elle était également devenue une amie proche.
« Enfin, te voilà ! File prendre une douche et débarrasse-toi de cette odeur d'hôpital », dit Karen en me donnant une tape espiègle sur les fesses quand j'entrai.
« Mais ce n'est pas si terrible », dis-je en riant.
Puis je humais mes vêtements.
« D'accord, je vais me doucher », dis-je en me dirigeant vers ma chambre.
Pendant que je me douchais, Karen et Brisa installèrent mon maquillage. J'essayai de calmer mes nerfs sous l'eau chaude.
Quand je sortis, enveloppée dans une serviette et un peignoir, Karen bouclait ses cheveux châtain clair, et Brisa mettait la touche finale à son maquillage.
« Lett, commence par sécher tes cheveux, je les bouclerai plus tard », dit Karen en tenant une robe qu'elle avait apportée. « Quelle robe as-tu choisie ? »
« Une bleu marine avec des paillettes », dis-je en souriant tout en touchant mes cheveux mouillés.
« Ooh, de quoi mettre en valeur ces courbes », plaisanta Brisa en appliquant son rouge à lèvres. « J'espère enfin rencontrer mon compagnon à ce bal. J'en ai assez d'être seule », dit-elle en riant.
Mais je savais que son rire cachait sa frustration. Elle avait quatre ans de plus que moi et n'avait toujours pas trouvé son compagnon.
« Ta dernière relation, c'était avec l'Alpha Christopher, non ? » demanda Karen.
« Oui », soupira Brisa. « Je suis encore perplexe. Quand on s'est séparés, il a dit qu'on n'avait pas de connexion. » Elle fit une moue triste.
« Je ne sais pas, moi j'ai senti une connexion. C'était le meilleur sexe de ma vie. Ça me manque. »
Étrangement, quand Brisa mentionna l'Alpha, je ressentis quelque chose de bizarre dans mon corps. C'était comme si mon cœur s'emballait, tout comme lorsqu'il était entré dans mon bureau. J'essayai de le cacher.
Elle rit, mais je savais que c'était un sujet délicat pour elle. Brisa n'avait pas bien vécu la rupture.
L'Alpha Christopher avait plus de 30 ans. Il avait trouvé sa compagne cinq ans auparavant au bal. Ils s'étaient unis, et c'était un mariage parfait.
Après leur mariage, Violet, sa compagne, était devenue la Luna de notre meute. Elle était tombée enceinte dans l'année, et tout le monde était aux anges pour eux. Mais ensuite, quelque chose de tragique s'était produit.
Elle avait eu des complications pendant la grossesse, et elle et leur bébé n'avaient pas survécu.
Cette perte l'avait profondément affecté. L'Alpha Christopher avait toujours été calme et maître de lui, mais après cela, il était devenu froid et encore plus renfermé.
On disait qu'il ressentait la pression de la meute pour trouver une autre Luna - une seconde chance d'avoir une compagne. Il avait essayé de sortir avec des femmes, mais il ne voulait être avec personne s'il ne ressentait pas de connexion. Du moins, c'est ce que Brisa nous avait dit.
« Tu dois essayer de tourner la page avec l'Alpha Christopher », dis-je. « Il n'était visiblement pas prêt pour une relation, et toi si. Je suis sûre que tu trouveras ton compagnon, celui que la lune a choisi pour toi. »
Brisa haussa les épaules, et je commençai à sécher mes cheveux.
À ce moment-là, Tiffany passa la tête par la porte.
« Je peux m'habiller ici ? » demanda-t-elle.
Tiffany était la petite amie de mon frère Robert. C'était aussi son premier bal ce soir. J'étais contente de la voir. Je n'étais pas sûre qu'elle voudrait se joindre à nous ou non, puisqu'elle sortait avec Robert.
« Bien sûr. Entre », dis-je. « Je ne savais pas si tu voudrais venir avec nous ce soir. »
Robert et Karen étaient jumeaux. Karen et moi étions toutes les deux devenues médecins comme notre mère, mais Robert travaillait au bureau de la meute avec notre père. Il avait rencontré Tiffany là-bas, et ils avaient commencé à sortir ensemble cette année.
Elle m'avait confié qu'elle avait peur de trouver un autre compagnon au bal et de tout gâcher avec Robert.
Il était très rare de se sentir proche de son compagnon avant le bal, c'est pourquoi les loups ne sortaient généralement pas ensemble. On attendait surtout le bal.
« Que je sois ou non la compagne de Bob, je veux quand même être ton amie », dit Tiffany avec un petit sourire.
« Vous pensez que vous diriez non à vos compagnons pour rester ensemble, toi et Bob ? » demanda Brisa, et je me sentis triste en m'imaginant dans la situation de Tiffany.
« On n'en a pas vraiment parlé. On va juste voir ce qui se passe », dit Tiffany.
« Ça ressemble exactement à quelque chose que Bob dirait », dit Karen en levant les yeux au ciel tout en s'approchant de moi. « Mais ne t'inquiète pas, je suis sûre que tout ira bien. »
Avec l'aide de Tiffany, je m'habillai rapidement. Quand je me retournai, Karen et Brisa laissèrent échapper un hoquet de surprise.
« Frangine, si tu ne trouves pas ton compagnon ce soir, tu ne rentreras certainement pas seule », dit Karen en souriant.
« Elle a raison », approuva Brisa.
Nous finîmes de nous préparer et descendîmes. Notre mère nous attendait dans la cuisine.
« Tu es magnifique », dit-elle en me serrant dans ses bras. « Tu es excitée pour ton premier bal ? » Elle était grande, avec des cheveux bruns et des yeux très bleus ; Karen lui ressemblait presque trait pour trait.
Je la serrai fort dans mes bras, puis la lâchai doucement en hochant la tête.
« Mais ne serait-ce pas ma fille prête pour son premier bal », dit mon père en rentrant du travail. Je quittai les bras de ma mère pour l'étreindre, et il me serra fort contre lui, embrassant le haut de ma tête.
Mon père était grand avec des cheveux blonds, des yeux bruns, et un grand sourire que j'adorais. Il venait juste de rentrer de la maison de la meute, où lui et mon frère travaillaient tous les deux.
« Où est Bob ? J'ai besoin de lui maintenant », dit Papa en me lâchant et en se tournant vers Maman.
« Il est dans sa chambre en train de se préparer. Pourquoi as-tu besoin de lui, Ronald ? Bob doit bientôt aller au bal. »
« L'Alpha a besoin de modifier certaines choses pour le voyage du conseil, et la partie planification est le travail de Bob », dit Papa. « On doit changer les gardes de sécurité et le groupe après l'attaque d'aujourd'hui. Et ce n'est même pas le premier bal de Bob. Pourquoi a-t-il besoin d'y aller tôt ? »
« Ce n'est pas son premier bal, mais c'est son premier bal à elle », dit ma mère en montrant Tiffany, qui observait tout cela avec de grands yeux.
« Il peut y aller plus tard, Martha. C'est son travail, et l'Alpha l'a demandé », dit Papa.
« J'irai avec les filles. Ce n'est pas un problème. Je retrouverai Bob plus tard », dit doucement Tiffany.
« Où est-ce qu'on se retrouve plus tard ? » demanda Bob en entrant dans la pièce. Il s'arrêta net en voyant Tiffany toute apprêtée.
Elle était vraiment magnifique.
Bob ressemblait beaucoup à notre père - grand, blond, avec des yeux bruns. Il avait quelques traits de Maman, et ses yeux étaient un peu plus clairs que ceux brun foncé de notre père.
En gros, Karen était le portrait craché de notre mère, et Bob celui de Papa. Ils étaient jumeaux, mais pas identiques. Et puis il y avait moi, un mélange de nos deux parents, née quelques années plus tard.
« Bob, rejoins-moi au bal. L'Alpha a besoin de toi maintenant », dit Papa.
Bob regarda Tiffany. « Tu es superbe. Je voulais y aller avec toi. Mais on dirait qu'on a besoin de moi ailleurs. Je peux te retrouver là-bas ? » demanda-t-il à Tiffany, qui sourit doucement et hocha la tête.
« Oui, ma chérie, tu es magnifique », dit ma mère en souriant à Tiffany.
Je donnai un coup de coude à mon frère et montrai ma propre robe.
« Et moi alors ? »
« D'accord, d'accord, tu es pas mal non plus, Lett », rit-il.
« Merci », dis-je en lui donnant un autre coup de coude.
« Allons-y, Bob. On nous attend au bureau », dit Papa en se dirigeant vers la porte. « Au revoir, les filles, à plus tard. »
« Tu as parlé à ta sœur, Scarlett ? » me demanda ma mère en ajustant ma robe.
« Oui, elle l'a fait, Maman. Je ferai son service demain au cas où la jolie trouverait son compagnon et voudrait passer toute la journée au lit avec lui. Et elle a accepté de travailler pour moi demain soir », dit Karen.
« Parfait. On établira le reste du planning du mois la semaine prochaine », dit Maman en prenant son sac sur la table. « Je vais à l'hôpital finir quelques papiers. Amusez-vous bien les filles. »
Avec un baiser soufflé, Maman partit.
Quand nous entrâmes dans la salle de réception, elle était pleine de flocons de neige et de lumières. Le thème du bal d'hiver était parfait. On avait l'impression d'entrer dans un conte de fées, et quelque chose me disait que ma fin heureuse était proche.
Nous trouvâmes une table, et Brisa alla au bar chercher des boissons.
« Tiffany, je sais que tu es déjà intéressée par quelqu'un ce soir, mais faisons un tour de la salle pour que je puisse voir mes options », suggérai-je.
Tiff hocha la tête, et je lui tendis la main pour l'aider à se lever.
Nous fîmes un rapide tour de la salle, suffisant pour que je repère plusieurs compagnons potentiels. Il y avait beaucoup de beaux loups, certains que je ne connaissais pas, mais d'autres que je reconnaissais. Deux infirmiers et un médecin avec qui je travaillais étaient encore sans compagne.
Je reçus quelques longs regards, mais je décidai d'attendre et de voir ce que la lune avait prévu pour moi.
Un garde, également sans compagne, appela Brisa, alors Tiffany et moi retournâmes à notre table avec nos boissons. À mesure que l'heure des révélations approchait, je voyais que Tiffany était nerveuse, Bob n'étant toujours pas au bal. La pleine lune serait à son zénith à minuit, et c'est à ce moment-là que la lune révélerait les compagnons de la nuit.
« Ne t'inquiète pas, Tiff. Il devrait bientôt arriver », dis-je pour la rassurer, en tenant sa main sur la table.
Elle me fit un sourire inquiet.
À cet instant, les portes de la salle s'ouvrirent. Quelques gardes entrèrent et tinrent les portes ouvertes, puis l'Alpha Christopher fit son entrée. Il pénétra dans la salle en ajustant les manches de son smoking.
Sa seule présence semblait aspirer tout l'air de la pièce, et ma tête se mit à tourner. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. J'essayai de me calmer.
Je devais trouver mon compagnon ce soir, et ces étranges sensations ne faisaient que compliquer les choses.
Après lui entrèrent d'autres gardes, puis mon père, mon frère et l'Oncle Michael. Tiffany laissa échapper un soupir de soulagement.
Bob nous rejoignit à notre table, et l'Oncle Michael alla avec mon père au bar. Je regardai l'Alpha monter sur scène, et le groupe cessa de jouer. Il se tint au centre, et sa voix profonde emplit la salle.
« Je déclare maintenant le Bal de la Lune ouvert », annonça l'Alpha Christopher. « Que la chance et le bonheur bénissent les couples qui se formeront ce soir. Profitez de la fête. »
Il quitta la scène et s'assit à sa table, qui était devant la scène, où étaient également assis quelques dirigeants de la meute.
Je sentis une main dans mon dos et me retournai pour voir ma mère, souriante.
« Juste à temps ! » dit-elle, alors que le toit de la salle s'ouvrait, révélant la pleine lune brillante. À l'approche de minuit, je pris une profonde inspiration, espérant ressentir un changement en moi, mais je ne sentis rien du tout.
La sensation d'être complète, de pure joie, de paix et de bonheur que j'avais espérée ne vint tout simplement pas.
Puis je vis du mouvement à côté de moi et vis les yeux de Tiffany changer avec son loup. Je regardai dans la direction où elle fixait, mon cœur battant la chamade de peur que ce ne soit pas mon frère.
Ils connaissaient les risques de sortir ensemble sans connaître leurs compagnons, mais je voulais vraiment que ça marche pour eux.
Et puis je vis Bob marcher vers elle. Ses yeux révélaient aussi son loup, et puis ils se transformèrent tous les deux, et leurs loups apparurent au milieu de la piste de danse. Là, devant tout le monde, leur lien fut confirmé.
La voix de l'Alpha se fit entendre peu après.
« Compagnons, que votre amour dure longtemps », dit-il en levant un verre de whisky, et nous fîmes tous de même.
Le loup de mon frère frotta son museau contre celui de Tiffany, et ils quittèrent la salle, leur bonheur évident et contagieux. Quelques autres couples se formèrent, et je commençai à penser que ce ne serait pas ma nuit. Je pris une autre gorgée de mon champagne, et puis je sentis un picotement dans mes jambes.
Je faillis m'étouffer avec ma boisson en me tournant vers la piste de danse. Le picotement s'intensifia, et quand il atteignit ma poitrine, je fus envahie par une vague de passion, de bonheur et d'amour.
Un loup apparut au milieu de la foule. Était-ce lui ? Étaient-ce les sentiments pour mon compagnon ?
