A Biker's Ruby Amongst the Tools (français)

RUBY

J'ai toujours eu l'impression d'être banale, voire laide. J'ai toujours été la grosse fille à lunettes. Je ne me suis jamais vue autrement que comme la fille ou la grande sœur de quelqu'un.

Mes parents sont considérés comme beaux par la plupart des gens. Ma mère est une jolie Irlandaise à la peau claire, aux yeux vert noisette pétillants et aux cheveux châtain clair et lisses. Mon père est tout son contraire. Il a le teint plus foncé, de grands yeux bruns, des pommettes saillantes et des cheveux bruns ondulés.

Ma sœur est un mélange parfait des deux. Elle a les yeux, le teint et les pommettes de papa avec les cheveux et la silhouette de maman. Elle est vraiment belle, et je l'ai longtemps enviée. Les gens n'arrêtent pas de dire à quel point elle est jolie, et elle déborde toujours d'assurance. Elle n'a jamais besoin de faire d'efforts pour attirer l'attention.

Et puis il y a moi. J'ai le teint pâle de maman, avec beaucoup plus de taches de rousseur. J'ai aussi ses yeux, mais les cheveux, les pommettes et la corpulence de papa. Ce qui veut dire que je suis petite comme maman mais forte comme papa. Ce n'est pas le meilleur des mélanges. Allez savoir pourquoi j'ai besoin de lunettes.

Tout le monde me voit comme l'un des gars, rien de plus. Ça n'aide sûrement pas que ma sœur soit une fashionista qui s'habille toujours bien, alors que je suis le garçon manqué intello qui bricole les voitures et dévore toutes sortes de bouquins.

Me voilà donc dans une librairie un samedi après-midi à chercher un livre sur les voitures - parce que quoi faire d'autre ? - et je regarde des livres sur les nouveaux moteurs quand j'aperçois un très beau motard. Il est avec un homme plus âgé portant le même écusson de MC. Sachant que je ne suis le type d'aucun homme, encore moins celui de ce beau gosse, je me détourne. Ça ne sert à rien de le regarder, et mon visage a probablement déjà viré au rouge pivoine de toute façon.

« Excusez-moi, ma belle. Vous savez où se trouve le rayon mythologie ? » Même sa voix est à tomber !

Le vieux me reluque et fait un bruit grossier en entendant le mot gentil, et toute la joie que j'aurais pu ressentir en entendant ces trois premiers mots - « Excusez-moi, ma belle » - s'est envolée en fumée.

Vous voyez ? Je vous l'avais dit que je n'étais pas jolie. Ça fait toujours mal quand on me le fait remarquer, mais je continue à me répéter que je vaux plus que mon apparence. Un jour, j'y croirai.

Je fais comme si je ne les avais pas vus, comme si je levais les yeux par hasard pendant une seconde, puis je baisse le regard et fais semblant de continuer à lire mon livre. Je suis douée pour faire semblant.

« Ce doit être un sacré bouquin pour que vous n'entendiez pas quelqu'un vous parler », dit le beau gosse en soulevant légèrement mon livre.

Un frisson agréable me parcourt l'échine tandis que sa voix grave résonne dans ma tête. En levant les yeux, je me retrouve prise au piège de son regard intense. Je suis tellement surprise que j'en oublie même de respirer. Le mec est vraiment canon.

« C'est pas un peu compliqué pour toi, ma petite ? »

Je ferme les yeux, reconnaissante pour le commentaire grossier du vieux, et quand je les rouvre, il me regarde, l'air perplexe.

Je souris. C'est ce à quoi je suis habituée. Ça ne me dérange même plus. Au contraire, j'utilise toujours ces situations pour apprendre quelque chose à la personne.

« En fait, pas du tout. Mon voisin vient d'acheter une nouvelle voiture électrique, alors j'apprends comment le moteur fonctionne par rapport à celui de son ancienne voiture. Je veux le garder comme client dans mon garage. Vous voyez, il y a les moteurs AC, les moteurs DC, et puis les moteurs à usage spécial qui... »

« Ma petite », m'interrompt le vieux, et quand il le dit, sa voix n'a rien de gentil. « Je doute que tu saches comment travailler sur un moteur. »

Je souris à nouveau, me sentant frustrée et un peu amusée - surtout frustrée - alors que j'essaie de m'expliquer à un type qui visiblement ne croit pas que je sache de quoi je parle juste parce que je suis une femme.

« Eh bien, ça dépend du moteur sur lequel il faut travailler », dis-je. « Il y a les moteurs à essence et diesel. »

L'homme plus âgé croise les bras et se penche en arrière. Il a un regard et un sourire narquois sur le visage. Il est facile de voir qu'il attend que je dise une bêtise pour pouvoir m'expliquer pourquoi les femmes ne devraient pas faire le travail des hommes.

« Vous savez de quel type je parle ? » je demande, essayant d'avoir l'air incertaine.

Il hoche la tête, et son sourire s'élargit.

Je hoche la tête aussi et me redresse. « Ceux-là sont faciles. Je travaille sur des moteurs à essence ordinaires depuis des années. »

Le beau gosse rit et tape dans le dos du vieux, mais le fait qu'ils soient venus ensemble m'énerve, alors au lieu de sourire et de me joindre à l'amusement, je l'ignore en fermant le livre que j'ai dans les mains et me prépare à finir d'apprendre une ou deux choses à son pote.

« Maintenant, dans un moteur électrique, là où vous verriez normalement le bloc moteur et toutes les pièces d'un moteur à essence, vous trouverez moins de pièces mobiles. Je veux dire, oui, vous avez vos batteries normales, le contrôleur - qui prend l'énergie des batteries, la transforme et l'envoie au moteur - et le moteur lui-même. Mais quel type de moteur est-ce ? »

Je me penche comme si je lui confiais un secret. « Mon voisin avait un moteur AC, et comme vous le savez, il n'y en a que deux types, les moteurs synchrones et à induction. Mais maintenant, il a le moteur DC, et sur les cinq types différents, il a dû prendre le DC composé, donc bien sûr ça va mélanger la série avec le shunt ! »

Le vieil homme reste planté là, ouvrant et fermant la bouche en essayant de trouver les bons mots. Finalement, il fronce les sourcils et fait un bruit de colère. Le plus jeune, plus beau, rit doucement avant que je ne me tourne vers lui.

« Oh, et le rayon que vous cherchez est au fond à gauche. Bonne journée, messieurs. » J'ouvre à nouveau le livre dans mes mains et prends une profonde inspiration.

L'homme plus âgé s'éloigne en ruminant tandis que l'autre reste où il est, me regardant. Je peux sentir son regard sur moi comme de l'électricité.

Je lève les yeux vers lui. « Vous avez besoin d'autre chose ? »

« J'aimerais en fait connaître votre nom. »

« Pourquoi ? Ce n'est pas comme si vous alliez me revoir un jour. »

« Je m'appelle Damien. J'aimerais juste connaître le nom d'une jolie fille. »

Et c'est ça qui me blesse. Il ne dit pas : « J'aimerais connaître le nom de la fille qui vient de clouer le bec à mon pote avec ses connaissances en mécanique », ou « Je veux savoir à qui donner le crédit quand je raconterai ça aux autres gars. »

Non. Il sort facilement quelque chose que toute fille voudrait entendre d'un mec qui lui ressemble - s'il le pensait vraiment. Et comment quelqu'un qui lui ressemble pourrait-il dire quelque chose comme ça et le penser à quelqu'un qui me ressemble ? Ça sonne juste faux et montre que c'est juste une autre phrase de drague bateau.

Je lève les yeux au ciel et me détourne de lui. « Oh s'il vous plaît, comme si j'y croyais. Allez retrouver votre pote, Damien. Je suis sûre qu'il est quelque part en train de panser ses plaies. » Je ramasse rapidement les autres livres que j'ai par terre avant d'aller à l'avant pour payer mes achats.

Pendant un bref instant, je souhaite que son flirt soit sincère avant de me réprimander pour avoir pensé cela.