« Aujourd'hui, le monde du hockey est en émoi avec la signature de la première joueuse en Ligue Nationale, marquant ainsi l'histoire. On se demande quel genre de femme voudrait jouer contre des hommes bien plus grands qu'elle », annonça le journaliste.
Alors que Meda fendait la foule de fans, elle s'arrêta net et fixa l'homme au micro. Son père et son frère jumeau semblaient prêts à bondir sur le gars, mais elle les retint d'un sourire et d'un hochement de tête. Elle s'approcha du journaliste, s'assurant d'avoir capté son attention.
« Pourquoi ne pas poser la question directement à l'intéressée ? » dit-elle d'un ton aimable. Elle tendit la main et afficha un large sourire. « Je suis Andromeda Dakiedes. »
La foule s'agita. Le journaliste resta coi un instant avant de lui serrer la main.
« On dirait bien qu'on va avoir une interview exclusive ce soir, mesdames et messieurs ! » Avant qu'il ne puisse en dire davantage, Meda posa un doigt sur ses lèvres.
« Vous avez demandé quel genre de femme voudrait jouer au hockey professionnel. » Son sourire se fit espiègle, mettant le journaliste mal à l'aise.
« Je suis le genre de femme qui connaît sa valeur. Je viens d'une famille de hockeyeurs chevronnés. Je pratique ce sport depuis que je suis toute petite.
« Je suis le genre de femme qui a mené son équipe de lycée à deux titres d'État consécutifs, le genre de femme qui détient toujours le record de points en NCHL.
« Je suis le genre de femme qui a trimé dur pour en arriver là, non pas grâce à son physique mais par son travail acharné et son talent. Je suis le genre de femme qui veut montrer aux petites filles partout qu'elles peuvent réaliser leurs rêves, peu importe ce que disent les garçons. »
« Je ne peux que dire wow », lâcha le journaliste. « J'imagine qu'on verra si vous êtes aussi douée que vous le prétendez. »
Avec un nouveau sourire, Meda fit un clin d'œil à la caméra.
« On verra bien. »
Les flashs crépitèrent. Quelqu'un dans la foule siffla. Meda se retourna vers son père et son frère, qui affichaient un air de fierté. Damon passa son bras autour d'elle et l'embrassa sur le front.
« C'est ma fille », dit-il.
Ensemble, ils se frayèrent un chemin à travers le reste des fans surexcités et montèrent dans la limousine qui les attendait - envoyée par l'oncle Dom.
Le frère cadet de Damon, Dominic Dakiedes, que tout le monde appelait « Oncle Dom », possédait plusieurs restaurants branchés et clubs huppés à Detroit. La fête de ce soir avait lieu dans l'un de ses clubs, Persephone's.
Les filles jumelles de l'oncle Dom, Stella et Alexa, avaient joyeusement aidé Meda à se préparer pour la soirée. Meda savait comment porter son jean préféré avec un joli haut, mais elle ne s'était jamais vraiment souciée de la mode comme ses cousines. Elles étaient de grandes et belles déesses grecques. Meda se sentait toujours un peu quelconque à côté d'elles.
Les jumelles avaient fait un travail remarquable. Stella savait exactement comment coiffer ses cheveux. Alexa lui avait déniché la robe parfaite.
Ses boucles blondes foncées habituellement indisciplinées avaient été transformées en douces ondulations encadrant son visage. Son maquillage était simple, avec des yeux charbonneux et des lèvres rouges. Sa robe rouge soulignait parfaitement son corps. Elle avait de longues manches, descendant de ses épaules en forme de V qui s'arrêtait juste au-dessus de sa poitrine.
Meda devait admettre qu'elle se sentait comme une déesse. En entrant dans Persephone's avec son père et son frère, elle arborait un large sourire.
Lorsqu'elle franchit la porte, elle vit sa meilleure amie, Tessandra Pritchard, lui sourire. Elle serra immédiatement Meda dans ses bras.
« MEDA, JE SUIS TELLEMENT FIÈRE DE TOI ! » s'exclama-t-elle presque. « J'ai du mal à y croire ! »
« Du calme, Tess ! » rit Meda. « Moi non plus, je n'arrive pas à y croire. »
Tess était aussi joueuse de hockey, mais elle jouait pour les équipes féminines de leur lycée et plus tard à UMich. Leurs pères avaient autrefois été coéquipiers.
Tess mit fin à l'étreinte et remarqua sa robe rouge. « Tu es magnifique, Meda ! »
« Salut, beauté », dit Apollo en s'approchant. Il portait un beau costume noir et une chemise blanche sans cravate.
« Salut, Pollo », dit Tess, un peu essoufflée.
Meda leva les yeux au ciel. Apollo et Tess se tournaient autour depuis des années, mais aucun d'eux ne voulait faire le premier pas.
Avec son mètre quatre-vingt-quinze, Apollo attirait l'attention partout où il allait. Il était grand, brun et très séduisant, tout comme son père et ses frères. À en juger par son sourire quand il regardait Tess, il n'avait pas remarqué les autres femmes de Persephone's qui le dévoraient des yeux.
Oncle Dom les rejoignit et les conduisit à l'étage supérieur, qui n'était pas aussi sombre. L'entraîneur Lubeck et les joueurs plus âgés des Sounders se détendaient près du bar en attendant le dîner.
Meda et Apollo n'avaient pas encore rencontré leurs coéquipiers, mais ils reconnurent immédiatement Maxim Sidorov. Il les remarqua s'approcher du bar. Se tournant vers les jumeaux, il tendit la main et sourit chaleureusement.
« Max Sidorov, Capitaine. J'ai hâte de voir ce que vous avez dans le ventre sur la glace. Ce sera intéressant de voir si vous êtes aussi bons qu'on le dit. Félicitations, au fait, pour être la première femme à jouer en NHL. »
Meda sentit ses joues s'empourprer. Elle était fascinée par les yeux gris et l'accent russe suave de son capitaine. Clignant des yeux, elle sourit lentement.
« Si je n'étais pas aussi douée qu'on le dit, je ne serais pas ici. »
Max lui sourit chaleureusement, parcourant son corps du regard avant de s'arrêter sur ses lèvres.
« Je dois dire, Andromeda, que vous êtes trop jolie pour quelqu'un qui pratique un sport aussi violent. »
Sans hésiter, elle retira sa main et but une gorgée de son champagne. Le regardant droit dans les yeux, elle sourit doucement.
Apollo gémit intérieurement. Il savait ce qui allait suivre. Tess essaya de ne pas rire mais finit par laisser échapper un petit ronflement.
« Que voulez-vous, le hockey coule dans mes veines. Quant à être trop jolie pour participer à un sport aussi violent, vous pourrez en juger quand je vous mettrai la pâtée sur la glace. »
Elle pencha la tête sur le côté et rejeta ses cheveux en arrière, battant des cils. « C'est assez féminin pour vous, mon grand ? »
Max rejeta la tête en arrière et rit de bon cœur.
« Bienvenue dans l'équipe, Andromeda. J'ai le sentiment que vous allez mettre un peu de piment dans nos vies. »
« S'il vous plaît, appelez-moi Meda. Mon père ne m'appelle Andromeda que lorsqu'il est en rogne contre moi... ce qui arrive souvent. »
Au dîner, Meda se retrouva assise à côté de Blake Reinholdt, ce qui ne l'enchantait guère. Cependant, il semblait heureux de l'ignorer. Lorsque Meda et Apollo se présentèrent au reste de l'équipe, il hocha à peine la tête.
Il affichait un air sombre et maussade. Il ne disait rien, mais il était clair qu'il ne l'avait pas oubliée. Meda ne pouvait s'empêcher de lui jeter des coups d'œil en coin.
Ses cousines et Tess étaient assises avec les autres joueurs. À en juger par leurs expressions, elles étaient aux anges.
Le dîner, bien sûr, comportait de nombreux plats grecs préférés de la famille. Chaque table avait une assiette de pain, d'olives et une bouteille d'huile d'olive. Ensuite, ils eurent une salade grecque traditionnelle, avec des olives kalamata et du feta frais, ainsi que le plat grec préféré de Meda, la spanakopita.
« Oh la vache », gémit Brandon. « C'est quoi cette merveille ? » Il venait de prendre une bouchée de spanakopita.
Riant, Apollo répondit, « C'est de la spanakopita. C'est une pâtisserie fourrée aux épinards et au fromage feta. C'est le plat préféré de Meda, surtout si c'est Yia Yia qui l'a fait. »
Voyant l'expression perplexe du gardien de but, Meda expliqua, « Yia Yia signifie grand-mère en grec. »
« C'est tellement bon, je pourrais en manger jusqu'à la fin de mes jours et mourir heureux », dit Brandon, la bouche pleine.
Le plat principal était du souvlaki d'agneau traditionnel avec des pommes de terre rôties. La conversation était légère et fluide, les jumelles expliquaient les différents plats riant de l'enthousiasme de Brandon.
Nikolai Volkov, qui préférait qu'on l'appelle Niko, dit, « Je suis allé en Grèce de nombreuses fois. De quelle région de Grèce votre famille est-elle originaire ? »
« Du côté de notre mère, nous venons d'Imathia en Macédoine centrale. Nous aimons penser que nous pouvons faire remonter notre famille à Alexandre le Grand, mais vous savez comment sont les histoires de famille », répondit Apollo.
Il regarda par-dessus son épaule. Ses yeux s'arrêtèrent sur Tess à la table voisine.
« Comme c'est intéressant », dit Niko.
Apollo grogna, ne prêtant plus vraiment attention à la conversation. Il n'avait jamais remarqué auparavant à quel point les yeux de Tess pétillaient quand elle riait ou combien ses lèvres semblaient attirantes quand elle souriait. Quand elle but son vin, il se surprit à souhaiter être ce verre de vin.
Meda termina l'histoire pour son frère. « Cela expliquerait pourquoi tant d'entre nous ont les cheveux blonds et les yeux bleus. Toutes les descriptions des premiers Macédoniens, y compris Alexandre, leur attribuaient ces caractéristiques.
« La famille de notre père est originaire de Crète. C'est pourquoi il a nommé sa seule fille d'après la princesse qui devait être sacrifiée au Kraken. Si vous visitez un jour la Crète, vous rencontrerez probablement le reste de la famille Dakiedes. L'île en est pleine. »
Elle regarda Apollo, qui était devenu silencieux.
« Rien », marmonna Apollo.
« C'est vraiment sexy quand vous parlez grec. » Un doux murmure vint de sa gauche. C'était Blake. Ses yeux verts la fixaient. « Je ne sais pas comment l'entraîneur s'attend à ce qu'on se concentre sur le jeu avec toi dans les parages. Tu as grandi... et tu t'es développée... aux bons endroits. »
Meda sentit la colère monter en elle. Blake n'avait pas changé d'un iota.
« Ce ne sera pas un problème. Vous serez trop occupé à essayer de me suivre pour vous soucier d'autre chose », répliqua-t-elle, le regardant droit dans les yeux. « Ne me sous-estime pas, Reinholdt. Je suis un mètre quatre-vingt-huit de femme coriace avec une crosse de hockey à la main. Toi, plus que quiconque, devrait le savoir. »
Elle se leva et se dirigea vers les toilettes des dames, sentant son regard la suivre alors qu'elle s'éloignait.
« Pourquoi faut-il qu'elle soit si belle ? » soupira Brandon. « Je n'ai rien contre le fait d'avoir une femme dans l'équipe, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit aussi canon. »
Les autres acquiescèrent simplement d'un signe de tête, semblant partager son opinion.
« Je pensais qu'elle aurait l'air plus... masculine. »
« Écoutez, les gars, intervint Apollo, c'est une Dakiedes et notre seule sœur. S'il lui arrive quoi que ce soit parce que quelqu'un ne sait pas se tenir face à une « jolie femme », je ne garantis pas que mes frères et moi resterons les bras croisés. »
Un silence pesant s'installa autour de la table.
« Mais en réalité, vous n'avez pas à vous inquiéter pour nous. Ma sœur sait parfaitement se défendre. Elle vous mettra probablement K.O. avant même qu'on ait le temps de lever le petit doigt. »
« Elle reste une femme, ricana Blake. Elle ne fera jamais le poids face à des hommes. On n'est plus au lycée ici. »
Apollo éclata de rire à ces mots, vidant son verre de vin. « Tu n'as toujours rien compris, n'est-ce pas ? »
Il leva les yeux au ciel et se cala dans sa chaise. Il balaya du regard les autres joueurs autour de la table.
« Attendez qu'elle vous plaque contre la bande. Elle pèse 84 kilos de muscles purs et elle est rapide comme l'éclair. Vous jugerez par vous-mêmes si elle est à la hauteur quand vous serez étalés sur la glace, à essayer de reprendre votre souffle. »
