Il écoutait Pershing parler des avantages de leur route commerciale, mais sa patience s'amenuisait.
En vérité, Ash se souciait peu de cette route. Ils n'en avaient pas vraiment besoin, mais c'était le seul sujet qui lui venait à l'esprit pour gagner du temps.
Où était sa compagne ?
Son bêta ne lui avait rien appris de nouveau, et il n'avait pas senti son odeur depuis qu'il l'avait aperçue sur la tour. Il n'avait détecté qu'une faible trace sur l'aide-cuisinière. Sa patience était à bout.
Il songea à mettre fin à la réunion et à partir lui-même à sa recherche sous sa forme de loup.
Être un loup l'aiderait à mieux la flairer et à la trouver rapidement. L'envie le démangeait.
Mais ce serait très imprudent. Maintenant qu'Ash avait senti l'odeur de sa compagne, il avait du mal à tenir son loup en laisse.
Il reçut enfin des nouvelles de Luca. « Elle est là. Elle vient d'entrer dans la cuisine par l'extérieur. C'est une domestique. »
« Ça ne colle pas », pensa Ash. Son sang avait une odeur puissante. Mais cela simplifiait les choses.
« Revenez vers moi. Nous allons poursuivre la réunion, dit Ash à Luca et Mateo. J'ai besoin de votre aide pour meubler la conversation, ajouta-t-il. Je partirai bientôt la rejoindre et lui demanderai de se joindre à nous. »
« Oui, Alpha », répondirent-ils.
Luca et Mateo entrèrent peu après dans la salle de réunion. Ash leur fit signe de s'asseoir aux places libres autour de la table. Pershing s'interrompit à peine à leur arrivée.
« Il essaie vraiment de nous refourguer cette route commerciale », pensa Ash.
Soudain, il sentit son odeur, et il dut se retenir de ne pas bondir dans le couloir pour la trouver. Il serra les dents et continua de regarder Pershing, n'écoutant plus ses paroles.
Il leva brusquement la main, coupant court au discours de Pershing. À ce stade, la politesse lui importait peu. Il se tourna légèrement vers la porte, mais garda les yeux fixés sur Pershing.
Il inspira profondément, savourant l'odeur de sa compagne. Le parfum était enivrant, et il lutta contre les sensations qu'il provoquait en lui. Elle était juste dehors, écoutant leur réunion. Il s'efforça de ne pas sourire.
« En effet, la route commerciale est très importante pour nous, dit-il soudainement. Je vous donnerai mille marques de plus par an pour l'utiliser. » Il sortit une bourse de pièces de sa poche et la jeta sur la table.
« Cela devrait conclure l'affaire », dit-il à Luca, qui ne put s'empêcher de sourire, baissant les yeux pour cacher son expression.
Il entendit un petit hoquet venant de l'extérieur et se tourna vers le bruit. Son regard croisa soudain le sien à travers une fente de la porte, et son loup intérieur ronronna dans son esprit.
Elle était magnifique.
De longs cheveux sombres et épais tressés encadraient un visage pâle. Ses yeux étaient bleus. La couleur du ciel un jour d'orage.
Il remarqua rapidement ses joues creuses et les cernes sous ses yeux. Son loup gémit d'inquiétude, et il s'efforça de garder un visage impassible.
Tous les domestiques ici avaient le même aspect. Ils ne mangeaient visiblement pas à leur faim. Mais il se sentait irrésistiblement attiré par sa compagne, et il ressentit à nouveau ce choc le traverser.
Il était sur le point de se lever et de quitter la pièce, se moquant de la réunion, quand elle se retourna brusquement et s'enfuit.
Ash se retint de grogner. Il savait qu'il ne pouvait pas simplement courir hors de la réunion à sa poursuite sans rien dire, même s'il en mourait d'envie.
« Roi Pershing, dit-il sèchement. Luca est mon... second. Il a également des choses à discuter avec vous. Veuillez m'excuser un instant. »
« De quoi suis-je censé lui parler, Ash ! »
Luca ne se souciait visiblement plus des convenances. Ash ne pouvait pas le blâmer.
« Désolé, mon ami. Improvise quelque chose. Je ne peux pas la perdre à nouveau. »
Luca grommela mais se leva. Ash n'attendit pas d'entendre ce qu'il allait inventer et se précipita hors de la pièce. Il huma l'air, suivant son odeur hors du château.
Il s'arrêta un instant, observant la cour devant lui. Elle était là, dans un coin, penchée sur les rangées de cages à poules.
Elle ramassait calmement et soigneusement les œufs dans les poches de son tablier, mais Ash pouvait voir ses joues rouges de là où il se tenait et entendre son cœur battre la chamade.
Ses doigts légèrement tachés de jus de mûre contrastaient avec la blancheur des œufs.
Ses yeux croisèrent soudainement les siens à travers la cour, bien qu'il n'ait pas fait un bruit. Elle commençait à ressentir le lien des compagnons elle aussi, pensa-t-il, même si elle n'était pas encore marquée.
Cela le remplit de joie. Cela signifiait que leur lien était puissant, si elle pouvait déjà le percevoir si bien.
Elle fronça les sourcils et reprit sa collecte d'œufs, l'ignorant.
Ash sourit face à son entêtement et marcha rapidement vers elle. Mais quand il s'approcha, elle le surprit en parlant la première.
« Pourquoi avez-vous payé autant pour cette route commerciale ? demanda-t-elle avec colère.
— P-pardon ? demanda Ash, déconcerté. Ce n'étaient certainement pas les premiers mots qu'il s'attendait à échanger avec sa compagne.
— La route commerciale, dit-elle en relevant fièrement le menton. Vous n'en avez pas besoin. Vous pourriez emprunter la route de la vallée ou celle qui passe par Lonsdale. Et nous n'avons rien de valeur à échanger avec vous.
— Êtes-vous habituellement au courant des accords commerciaux du château, ma dame ? demanda-t-il, amusé.
Ses paroles la firent froncer davantage les sourcils.
— Je ne suis pas une dame. Juste Key. Et répondez-moi.
— Peut-être que je voulais simplement que cet homme cesse de parler », dit Ash d'un ton sec.
Elle laissa échapper un rire bref avant de le transformer en toux, essayant de garder son sérieux.
Ses yeux s'écarquillèrent soudain, comme si elle réalisait à qui elle s'adressait. « Pardonnez mon impolitesse, mon seigneur », dit-elle, baissant enfin les yeux.
Ash posa doucement une main sous son menton, savourant les étincelles qu'il ressentit à leur premier contact. Il releva son visage vers lui, lui souriant. « Ce n'est rien. J'apprécie votre franchise, ma dame. »
Elle fronça à nouveau les sourcils, et Ash vit ce qui ressemblait à une lueur de peur dans ses yeux.
« Je vous l'ai dit, dit-elle doucement. Je m'appelle Keyara. Je ne suis pas une dame. Juste une domestique. »
Ash se pencha vers elle, jusqu'à ce que leurs visages ne soient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Il pouvait sentir l'énergie circuler entre eux. « En êtes-vous sûre, Keyara ? » demanda-t-il doucement.
