Ruben l'attira vers son stand, et elle vit toutes sortes de poteries devant elle.
Ce qu'elle avait vu à la mairie lui trottait encore dans la tête, mais elle savait que cela ne la regardait pas.
Ruben passa derrière le stand.
« Regarde, je viens de le faire ! » Il lui montra un vase fait à la main.
Il était de style médiéval norvégien. Les marques qu'il portait étaient magnifiques et il était grand.
Mera le lui prit des deux mains et l'examina de plus près. Son bras lui faisait de nouveau mal, mais elle l'ignora pour l'instant.
Le vase était asymétrique et elle n'arrivait pas à croire que c'était un petit garçon qui l'avait fabriqué.
Il la regarda avec impatience et elle lui sourit.
« C'est toi qui l'as fait ? », demanda-t-elle.
Un sourire à un million de dollars apparut sur son visage et il acquiesça.
« C'est magnifique, Ruben », dit-elle, et d'une certaine manière, son sourire devint encore plus lumineux, ce qui la fit glousser.
Mera s'apprêtait à le lui rendre, mais il secoua la tête. « C'est pour toi ! »
Elle le regarda avec surprise. « Mais tu ne me connais même pas. »
Il haussa les épaules et regarda timidement ses pieds.
Mera sourit et secoua la tête. Elle s'accroupit devant lui. « Merci. »
Il leva les yeux et le sourire revint sur son visage.
« Puis-je le laisser ici jusqu'à ce que je rentre à la maison ? »
Il acquiesça et lui prit le vase.
Elle regarda la femme qui se trouvait également derrière le stand. La femme plus âgée avait des cheveux gris courts et portait des vêtements simples et un tablier.
Elle sourit et secoua la tête en direction du garçon. « Ruben, tu as encore quelques pots à faire. Je pense que cela l'impressionnera si tu lui montres ce que tu sais faire. »
Il ne fut pas nécessaire de le lui dire deux fois.
Avant même qu'elle ait fini de parler, il s'assit à sa place, mit son tablier et commença à modeler quelque chose.
La femme plus âgée s'approcha de Mera. « C'est votre premier jour ici et vous avez déjà un admirateur. Comment faites-vous ? »
Mera sourit. « Je ne sais vraiment pas. »
La femme s'esclaffa. « Je suis Hedda, l'une des enseignantes de l'école primaire. » Elle lui tendit la main.
Mera se maudit intérieurement, sachant qu'elle devait à nouveau utiliser son bras.
« Je m'appelle Esmeralda, mais vous pouvez m'appeler Mera », dit-elle en lui serrant la main. Une douleur parcourut son bras, mais elle ne le montra pas.
« Bienvenue, Mera. J'espère que vous apprécierez le marché », dit-elle en se dirigeant vers Ruben.
Mera continua à observer le garçon pendant un certain temps, jusqu'à ce que ses jambes commencent à lui faire mal et qu'elle décide de marcher un peu.
Il y avait beaucoup de monde sur la place, et d'habitude, elle aurait détesté cela, mais ici, elle aimait ça.
Personne ne savait qui elle était, et personne ne lui jetait de regards étranges. Ici, elle était normale.
Mera continua à marcher et vit l'hôtel de ville apparaître dans son champ de vision.
Elle se dirigea vers lui et vit une traînée de sang qui montait jusqu'au bâtiment.
En suivant la piste des yeux, elle s'aperçut qu'elle menait dans la forêt.
De nouveau, l'image de Kelly apparut dans sa tête : elle ferma les yeux et souhaita que l'image disparaisse.
« Que faites-vous ici ? »
Son regard se porta sur un homme aux cheveux roux, et elle ne sut pas comment réagir.
Il croisa les bras et la regarda fixement.
« Mec, détends-toi. Voici Esmeralda. C'est la fille du nouveau médecin qui vient d'emménager ici avec sa famille », dit Edvin en apparaissant derrière l'homme aux cheveux roux.
Mera vit le mâle se détendre un peu lorsqu'il se retourna vers elle.
« Je suis désolé. Je m'appelle Aksel. Mon père est l'adjoint du maire. »
Mera lui adressa un petit sourire.
« J'ai vu que vous aviez amené quelqu'un tout à l'heure, et quand je suis passée, j'ai vu les traces de sang. Que s'est-il passé ? »
Aksel regarda le sentier et soupira. « Quelqu'un courait dans la forêt, et il est tombé accidentellement dans le piège d'un chasseur. Il va bien, mais il l'a échappé belle.
Je te conseille de ne pas aller courir dans les bois en ce moment », ajouta-t-il.
Elle renifla en entendant son conseil. « Je ne vais pas dans les bois toute seule », dit-elle.
Edvin et lui la regardèrent avec surprise.
« Pourquoi pas ? », demanda Edvin.
Elle ne voulait vraiment pas qu'ils sachent ce qui lui était arrivé toutes ces années auparavant. Elle était enfin libérée de tous ces regards.
Mera soupira et passa sa main valide dans ses cheveux. « Pour rien. C'est juste que je n'aime pas aller dans la forêt. »
Mera voyait bien qu'ils n'allaient pas lâcher l'affaire, mais pour l'instant, il fallait qu’ils se contentent de ça.
« Certaines personnes n'aiment tout simplement pas cela », déclara une femme.
Mera regarda sur le côté et vit Synne, Viggo et Ken marcher vers elle. Elle leur sourit.
« Tu aimes le marché ? », dit Synne en s'arrêtant devant elle.
« Beaucoup. Tout est très différent de ce à quoi j'étais habituée en Amérique. »
Tout le monde s'esclaffa.
« C’est le bon genre de différence, j'espère », déclara Viggo.
Mera sourit et acquiesça.
« C'est le cas. En Amérique, tout le monde ne s'intéresse qu'à soi et vous juge sur votre apparence. Ici, tout le monde semble gentil et vit sa propre vie. C'est un changement bienvenu. »
« Tu ne sais pas à quel point nous sommes accueillants », dit Ken en passant un bras autour de ses épaules et en la serrant.
Elle gémit et serra la mâchoire.
Ken la relâcha immédiatement et sa main se porta sur son bras.
« Qu'est-ce que j'ai fait ? »
Elle secoua la tête. « Rien. »
« Elle a quelques muscles endoloris », dit Viggo.
Elle le regarda et sourit.
Synne s'esclaffa. « Si quelqu'un dit que déménager n'est pas de l’exercice, c'est qu'il n'a jamais déménagé. »
Mera gloussa à son tour. Puis elle vit Aksel et Edvin regarder sa clavicule et sut qu'ils avaient vu ses cicatrices.
« Je les ai reçus il y a un moment. »
Leurs yeux se levèrent vers les siens.
« Comment ? », demanda Aksel.
« Il s'est passé quelque chose, et disons que ça a laissé des traces. »
Les autres regardaient maintenant aussi la cicatrice exposée sur sa clavicule.
« Je suppose que tu ne veux pas en parler », dit Ken.
Mera soupira et secoua la tête. « Ce n'est pas quelque chose dont j'aime parler. »
Il lui adressa un petit sourire et acquiesça.
« Sérieusement, papa, laisse-moi partir. »
Tout le monde regarda vers l’origine du son.
Le souffle de Mera s'arrêta un instant lorsqu'elle vit l'homme que le maire Adrien tirait vers le groupe.
Ses muscles étaient parfaits, ni trop gros, ni trop petits. Ses cheveux noir corbeau, courts et légèrement bouclés, brillaient au soleil. Il portait un jean, une chemise noire moulante à manches longues et des bottes de combat.
Elle détacha ses yeux de lui et sa respiration redevint normale.
Elle se retourna vers les deux et vit qu'il la regardait.
Ses yeux étaient magnifiques : l'un était brun, l'autre vert noisette.
C'était quelque chose qu'elle n'avait jamais vu auparavant, et elle pensa qu'elle pourrait tomber amoureuse de lui rien qu'à cause de ses yeux.
Le maire Adrien s'arrêta de marcher, mais pas l’autre homme, qui fit quelques pas plus près d'elle jusqu'à ce que Synne ne s'éclaircisse la gorge et qu'ils sortent tous les deux de leur transe.
« Esmeralda, voici notre fils Killian. Killian, voici Esmeralda. Elle vient d'emménager ici avec sa famille », dit Synne.
Killian regarda sa mère et la regarda à son tour.
Mera lui adressa un petit sourire.
« Enchanté », dit-il .
Elle déglutit en entendant sa voix, elle dut se ressaisir pour réagir normalement.
« Moi aussi. »
Elle pouvait économiser sa voix, mais le fait qu'elle se sente entrer en ébullition était quelque chose qu'elle ne voulait pas voir se produire.
« Mera ? »
Elle tourna la tête vers son frère, qui s'avançait lentement vers eux. Elle n'avait jamais été aussi heureuse de le voir.
« Je dois y aller. »
Synne lui sourit et acquiesça.
Mera croisa le regard de Killian une dernière fois avant de s'éloigner. Elle pouvait littéralement sentir ses yeux dans son dos.
« Qu’est-ce qu’il se passe ? », demanda Mitch.
Elle se retourna vers le groupe qui se mit à marcher vers le marché.
Elle se racla la gorge et regarda à nouveau devant elle. « Rien. Allez, viens. »
Elle lui prit le bras et le tira vers le marché.
« Comment as-tu pu être aussi stupide, Lian ? »
Alpha Adrien criait sur son fils qui attrapait des vêtements propres et les enfilait : les siens étaient imbibés du sang du piège du chasseur.
Il changea de chemise et fit attention à ne pas déchirer la plaie recousue.
Normalement, il aurait guéri en un instant, mais la lame était imprégnée d'aconit, ce qui ralentissait la cicatrisation.
Il serait guéri dans quelques heures, mais tout de même...
« Qu'est-ce que tu croyais ? Tu sais que je ne veux pas être l'alpha ! »
Adrien soupira et se passa une main sur la tête.
« Sérieusement, Killian. Je le sais, mais tu sais aussi que la meute pourrait tomber si j'en nomme un autre.
« Tu es le seul à avoir du sang d'alpha dans cette meute. C'est toi, ou nous risquons la fin de la meute. »
Killian changea de pantalon et se nettoya le visage. Il s'appuya sur le lavabo et se regarda dans le miroir.
Les yeux qu'il avait toujours détestés le fixaient, et il savait que son père avait raison.
Il soupira et se tourna vers son père. « Donne-moi jusqu'à la pleine lune. Je prendrai ma décision à ce moment-là. »
Alpha Adrien soupira.
« Je pourrais aussi repartir. »
Adrien grogna contre son fils. « D'accord, mais tu viens au marché. »
Killian le regarda avec surprise. « Ben voyons », dit Killian.
« Oh que oui », dit Alpha Adrien en attrapant le bras de son fils et en le tirant hors de la meute vers le marché.
« Sérieusement, papa, laisse-moi partir », dit Killian en essayant de dégager son bras.
Son père l’ignora, et lorsqu'il fit un pas de plus, le plus délicieux des parfums envahit son nez.
C'était l'odeur de la forêt après une averse.
Il en regarda la source, debout avec ses meilleurs amis, Beta Viggo, et sa mère. Ses pieds se déplacèrent soudain d'eux-mêmes.
Ses cheveux blonds brillaient au soleil. Son corps était parfait, avec toutes les bonnes courbes, et ses yeux bruns presque noirs étaient beaux et... quelque peu familiers.
Son père remarqua le changement et relâcha son bras. Killian continua à marcher vers elle, ne s'arrêtant que lorsqu'il entendit sa mère s'éclaircir la gorge.
Il la regarda et voulut grogner : sa mère l'avait empêché de revendiquer sa compagne.
« Esmeralda, voici notre fils Killian. Killian, voici Esmeralda. Elle vient d'emménager ici avec sa famille. »
Killian se retourna vers Mera et comprit immédiatement pourquoi sa mère l'avait arrêté.
Il la vit sourire et ne put s'empêcher de sourire à son tour.
« Enchanté », dit-il, et il la vit frissonner en entendant sa voix.
Il dut se retenir de sourire, il fallait qu'il agisse de la manière la plus humaine possible.
« Moi aussi », dit-elle.
Sa voix était magnifique et il savait qu'il pourrait l'écouter pendant des heures.
« Mera ? »
Il regarda un homme qui marchait lentement vers eux.
Killian remarqua le changement chez Mera et voulut lui arracher la tête.
« Je dois y aller. »
Il vit sa mère sourire et hocher la tête. Ses yeux rencontrèrent ceux de Mera une dernière fois avant qu'elle ne s'éloigne.
Il regarda sa compagne et ses yeux se portèrent sur ses fesses.
« Mec. »
Il reçut un coup de coude dans les côtes et grogna en regardant Aksel, qui lui souriait.
Alors, tu as trouvé ta compagne », dit Edvin.
Killian la regarda et la vit tourner rapidement la tête vers l'arrière alors qu'ils commençaient eux aussi à marcher vers le marché.
« Il semblerait que oui. »
