EBF : Le Maître du Métal

Cher lecteur...

... Non.

Je ne me présente pas.

C'est ridicule.

C'est une erreur absolue, et je vais en parler à Pierce. Si je dois déposer une plainte auprès des RH, je le ferai.

J'ai trop de choses à gérer sans cette farce qui a probablement été mise en place par le service comptabilité.

Imaginez une bande d'intellos boutonneux qui prennent leur pied en faisant des choses que seuls les intellos font, comme falsifier des lettres de l’EBF et les remettre au personnel, à peine capable de retenir leur espièglerie enfantine.

Je ne comprends pas pourquoi ils ne me laissent pas quitter ce confessionnal.

Donc je vais juste m'asseoir ici.

Je veux dire, ce n'est pas comme si on avait besoin de moi à chaque seconde ! Quand je découvrirai qui m'a enfermé ici, ce sera l'enfer.

Je déchaînerai une quantité impie de douleur et de souffrance sur l'abruti qui a trouvé ça drôle. Je n'hésiterai pas à en attraper un par la gorge et à lui enfoncer la tête dans les toilettes.

Ce n'est pas suffisant que je me fasse voler mes sous-vêtements tous les jours ?! Je pense que personne n'a prêté attention à la conférence sur le harcèlement sexuel à laquelle nous avons tous dû assister pendant une semaine.

Autre chose : tout le monde sait que j'ai de graves problèmes de colère, et je ne vois pas pourquoi c'est drôle de toujours me contrarier comme ça !

La porte est toujours fermée.

Quelqu'un arrive.

Ok, c'est hilarant.

Maintenant ils me disent que Pierce va venir pour mon briefing.

C'est mon travail. J'organise les présentations et je m'assure que les agents métamorphes de l'EBF sont certifiés et prêts à aller sur le terrain.

J'ai une projection à laquelle je dois assister !

La prochaine mission est en cours. Je ne peux pas rester ici, on a besoin de moi. Quelqu'un se fait virer, et ce n'est pas moi.

Apparemment, ils ne me laisseront pas sortir avant que je dise mon nom à la caméra. Je vais dire mon nom, mais ça ne veut pas dire que Nerdville au 5ème étage ne va pas s’enflammer.

Bonjour, mon nom est Zoya Romanovna, et je suis énervée.

Maintenant, faites-moi sortir d'ici.

" Je veux des réponses ", je siffle, sentant surgir de mon corps une colère si puissante que je pourrais enflammer la lettre incandescente dans ma main.

Je pourrais aller dans un cimetière et littéralement ressusciter les morts rien qu'avec mon regard.

L'équipe de tournage se disperse, les lâches. Je sens tant de regards sur moi alors que je me tiens ici avec cette fausse lettre idiote dans mon poing serré, prêt à affronter le crétin qui a pensé que ce serait drôle.

J'ai des problèmes de colère et ces farces alimentent mon besoin de frapper quelqu'un au visage.

Je sais que je semble dure.

C'est parce que je le suis.

Mon thérapeute m'a dit à plusieurs reprises de compter dans ma tête jusqu'à au moins vingt avant de prononcer un seul mot quand je suis énervée.

Alors je suis là, au milieu du couloir de l'EBF, à compter comme une crétine.

"Zoya", dit April, soudainement à côté de moi dans son costume beige et ses talons rouges. "Oh. Tu comptes ?"

"OUI", dis-je en baissant les yeux sur la lettre avec un froncement de sourcils.

"Ok. Je vais attendre alors", dit-elle avec un sourire mielleux.

Je lui lance un regard noir. "Quoi ?"

"Je pense que c'est réel", répond-elle avant de faire une petite danse, ce qui fait rebondir ses courts cheveux noirs.

Elle doit plaisanter. Sérieusement ?

"Oh, arrête. Tu sais que c'est stupide, tu as l'air d'une idiote en faisant ça", je m'en vais et lève les yeux au ciel, voulant que cette journée soit déjà terminée.

"Pierce vient, d'après ce que l'équipe de tournage m’a dit !"

"Il. Ne. Vient. Pas."

Pierce ne vient pas parce qu'il est trop occupé avec les nouveaux agents... qui... viennent d'arriver.

Je regarde ma montre. Mon visage pâlit légèrement, et je jette un coup d'œil à tout le monde autour de moi, leurs regards excités sur leurs visages, leurs mains couvrant leurs bouches.

Vous devez vous moquer de moi.

Ça doit être une énorme blague.

"Zoya, tu peux me présenter à Pierce, s'il te plaîîîît ?" demande-t-elle, son regard pâle lumineux. "Juste comme ça, genre super décontractée, et je dirai que je postule pour travailler dans son service en tant que stagiaire," Elle fait un signe de la main.

"Ou tu diras ce qui te vient naturellement. Je ne veux pas que ce soit gênant." Elle fait une grimace. "Genre, 'Saluuut, Pierce. Je peux vous appeler Pierce ? »

"Et puis on va rire, et je mettrais ma main sur sa très large épaule, genre 'Formidaaaable'." Elle fait une pause pour reprendre son souffle.

« Ensuite, je dirais quelque chose d'intelligent comme : 'Alors, j'aime les vêtements, vous savez, tous les styles de vêtements que vous fabriquez... '" Elle fronce les sourcils en me regardant, paniquée. "Ne me laisse pas dire ça. C'est stupide."

Je soupire.

April est obsédée par Pierce. Elle l'a toujours été.

"Garde juste ta bouche fermée et tout ira bien", je dis, et je m’empêche de sourire.

April est éblouissante. Mais Pierce est un joueur et il briserait la pauvre et douce April. Beaucoup de femmes ici sont obsédées par cet homme, mais moi personnellement, je le trouve irritant.

C'est probablement pourquoi je suis dans son équipe, en fait. Il ne peut pas avoir une femme en mal d'amour qui le reluque toute la journée.

"Tiens, jette ça à la poubelle." Je lui jette la lettre incandescente. "Pierce a besoin de moi pour filtrer les agents métamorphes. Il est probablement énervé que je ne sois pas là."

Je commence à marcher, mes talons de 10 cm claquant rapidement sur le marbre, ignorant les chuchotements et les regards. Je lève les yeux et je vois Pierce lui-même passer les portes de l'ascenseur avec un grand sourire sur le visage.

"Zoya !"

Je me fige, la couleur disparaît de mon visage, mon cœur bat la chamade.

La vision en tunnel s'installe.

Pierce désigne April à côté de moi. "Becky, sors cette lettre de la poubelle."

" . . . C'est A-April, monsieur", balbutie-t-elle, les joues rouges, puis elle va chercher la lettre.

Je regarde April tendre la feuille froissée à Pierce, les yeux écarquillés en le regardant fixement. Pierce lui fait un clin d'œil puis se tourne vers moi avec un sourire carnassier sur le visage.

"Bien, bien. Qu'est-ce qu'on a là ?"

"Ce n'est pas réel", je chuchote.

"Pas", il sourit encore plus, "réel ? Tu le penses vraiment ?"

Je le regarde fixement, mon pouls battant la chamade.

Impossible.

Pierce est presque en train de rire lorsqu'il se tourne vers les spectateurs du bureau.

"Qui pense que cette lettre est une véritable invitation de l'EBF à LAAAAA mission de sa vie ?!"

Des huées et des braillements.

Je peux sentir mon visage rougir.

Pierce me fait un clin d'œil. "Zoya, ma chère, peut-être que je devrais t’escorter jusqu'à ta salle de briefing maintenant ?"

"C'est réel alors", je chuchote.

Pierce s'approche de moi. "Très réel. Je le sais depuis un moment, en fait."

Mes yeux s'élargissent. "Et tu ne me l'as pas dit ?!"

"Et on s’est croisés ? Tu sais à quel point on prend au sérieux les choix de notre Destin. Il aurait fallu que je vienne te trouver, et je suis tellement débordé que je n'ai pas eu le temps d'envisager cette possibilité ", ajoute-t-il avec un regard pointilleux.

"C'est pour cela que tu m’as caché des informations sur cette mission".

Il hausse les épaules. "Ne sois pas fâchée – enfin, pas plus fâchée que d'habitude, en tout cas."

"Je pensais que j'étais rétrogradée," je dis doucement à moi-même.

Il me fixe du regard. "Jamais. Tu es l'un de nos plus grands atouts ici. C'est pourquoi je suis intrigué par la raison pour laquelle tu as été choisie pour cette mission particulière."

"Merde", je marmonne, et je prends un moment. "Je ne suis pas obligée de signer le contrat, Pierce. J'ai le choix de refuser. J'aime mon travail ici."

Je ne veux pas être en compétition avec d'autres femmes pour un foutu homme.

Et ces missions sont dures.

"Viens avec moi." Il sourit et me lance ce regard mystérieux qui est tout Pierce. Je serre les dents et je le suis. Pierce a juste ce charme qui est si irritant, mais aussi irrésistible.

"Pierce ! Ra…ravie de te rencontrer !" J'entends April appeler derrière nous, puis je l'entends jurer.

Pierce se tourne légèrement dans sa direction et sourit. "Pam, bon travail." Puis il continue de marcher, et d'une certaine manière, je pense que Pierce appelle les gens par de faux noms exprès.

Il y a une méthode dans sa folie.

"C'est April ! », entend-on à peine.

Nous entrons dans une grande pièce, et je croise les bras. "Tu vas essayer de me convaincre alors ?"

"Je n’en ai pas besoin."

Je lève un sourcil. Je parle au ninja esprit lui-même, alors je dois être prudente. "Parce que tu vas me virer," je prends une inspiration, "si je ne le fais pas ?"

Son regard bleu pur s'élargit. "Zoya, je ne suis pas un monstre."

Je lui lance un regard dur.

"En fait, j'avais prévu que tu n'accepterais pas." Il hausse les épaules et se tourne pour s'asseoir sur un canapé blanc, les mains jointes derrière la tête. Pierce soupire.

"Je veux dire, qui voudrait avoir des vacances de trois mois loin du cabinet comptable du cinquième étage qui a ta photo placardée dans chaque box."

Oh, il joue au dur.

"Et qui a dit que tu devais tomber amoureuse ? Vois ça comme si tu étais un agent double partant sur le terrain pour une petite aventure", dit Pierce avec légèreté, un étrange scintillement dans le regard.

Je me mords la lèvre. "Je ne te fais pas confiance."

"Ouch." Pierce sourit comme s'il aimait trop ça.

Je fais du bruit. "Tu vas me rendre sexy. Je connais la chanson, Pierce."

Je lui fais un doigt d'honneur. "Non, tu mets ta merde magique sur les femmes et tu rends les hommes stupides."

"Zoya, je suis flatté." Il rit légèrement. "Mais ce ne sont pas les vêtements qui rendent un homme faible, Zoya. Fais-moi confiance. Je suis bon dans mon travail pour une raison, et je suis aussi un homme."

"Alors c'est quoi ?" Je suis pince-sans-rire. "Ma personnalité de gagnante ? Je vais probablement effrayer tous ceux que je rencontre."

"Si tu essaies d'atteindre la cible, mais nous avons beaucoup de filles pour ça." La bouche de Pierce se tord. "Mais tu es excentrique, et parfois c'est juste ce que le docteur a prescrit."

« Fan-tas-tique", je murmure.

Il se penche, les coudes posés sur ses genoux. "J'ai besoin de toi pour cette mission, mais tu le sais déjà." Pierce incline sa tête vers moi comme s'il essayait de lire dans mes pensées.

Les yeux de Pierce brillent. "Ce monde est l'un de mes préférés pour la mode et la vie nocturne. Euphoria Heights. Ça te dit quelque chose ?"

Mes yeux s'écarquillent et je cherche dans mon cerveau. "Merde, c'est pas le monde qu'on a failli faire l'année dernière mais on a changé ?"

"C'est celui-là." Il fait un clin d'œil.

"La danse swing, l'utopie parfaite, l'enfer des années 40 ?!"

Pierce fait un bruit. « Tu étais intriguée l'année dernière - et ce n'est pas un trou à rats, c'est plutôt étonnant, en fait."

"Qui est l'homme ? Je veux le voir."

"Je ne peux pas."

"Alors je ne signerai pas." Je croise les bras.

Pierce lève un sourcil. "Je pensais que tu ne te souciais pas de la cible."

Je ne vais pas y aller à l'aveugle. Pas question.

"C'est ma condition."

« Tu joues les dures. J'aime ça."

"Je veux son histoire complète maintenant." Je rétrécis mes yeux sur lui, et je sais quel impact ça a. Je pourrais geler de l'eau avec ce regard. « Tu me veux ? Tu me donnes des infos internes."

Pierce se lève et met ses lunettes noires d'ordinateur. "Marché conclu. Mais tu signes d'abord."

Nous nous fixons tous les deux.

Ma volonté contre la sienne.

Zora entre, et Pierce lève la main comme pour la faire taire avant qu'elle ne puisse parler et ruiner la corde raide qu'il a autour de mon cou.

"Zoya. Signe, et je te donnerai ce que j'ai."

Je lève mon menton. "Je choisis mon agent."

La mâchoire de Pierce se contracte. "C'est fait."

Je ne peux pas croire que ça arrive.

Trois mois.

Je pourrais utiliser du temps hors du bureau, non ?

"Je n'ai jamais eu une fille qui a regretté ça, Zoya", murmure-t-il, comme s'il essayait de calmer un animal sauvage pour le soumettre. Pierce me tend un stylo argenté et dépose le contrat froissé.

Je ferme les yeux avant de changer d'avis, et prend le stylo de sa main, le cœur battant la chamade.

"Pierce, tu me le dois."

Zora fait un sourire en coin à Pierce, comme si elle savait déjà ce qu'il voulait.

Je fronce les sourcils en le regardant. "Tu savais déjà que je voulais son dossier."

"Bien sûr." Pierce prend le pad virtuel. "Je devais juste te faire croire que c'était ton idée, pas la mienne."

Ma bouche s'ouvre.

Je ne sais pas si je dois être impressionnée ou en colère.

"Nous y voilà... "

J'écarquille les yeux en regardant cet homme.

Je me mords la lèvre.

Je détourne le regard et réalise que je suis dans une situation difficile.

"Dion Le' Rose, un génie absolu. Ses parents sont morts jeunes et il a été adopté par des parents milliardaires, Saffo Le' Rose et Eva." Il lève les yeux vers moi.

"Ils possèdent les Entreprises Le' Rose et fabriquent des androïdes pour la vie quotidienne, ainsi que d'autres machines."

"Heu. Donc ce Dion est le cerveau ?"

"Oui, mais il est très bien caché. Le FBI n'a rien sur lui - pas encore. On doit garder ça comme ça jusqu'à ce qu'on puisse..."

"Changer son cœur pour qu'il change ses mauvaises habitudes", ajoute la Fée Marraine avec un hochement de tête.

"Bien", dit Pierce. "Je pense que Dion puce secrètement les gens pour les contrôler, dans un sens. Nous n'avons pas beaucoup d'informations à ce sujet."

Je pince l'arête de mon nez. "Donc, cet endroit est plein d'androïdes parfaits et de vraies personnes ?"

"Les vraies personnes se font aussi implanter des puces, sans réaliser que Dion peut les contrôler", ajoute Pierce. "Les puces font que les gens agissent plus... parfaitement. Tu comprends ?"

"C'est le bordel."

"C'est vrai. C'est là qu 'EBF intervient." Il me sourit.

Je suis légèrement intriguée.

Mes yeux se fixent sur la forme de Dion, et je mentirais si je disais que l'homme ne me fait pas... de l’effet. Il a l'air très, très suave, comme s'il savait l'attrait qu'il a.

En marmonnant pour moi-même, je prends une inspiration. J'ignore la sensation au creux de mon estomac. "C'est quoi ce regard rouge ?"

"Nous pensons qu'il est en partie une machine ou qu'il a un œil robotique. Très incertain à son sujet, c'est pourquoi nous obtiendrons plus d'informations au fur et à mesure de la mission." Pierce regarde Dion.

"La danse et la musique sont la vie dans ce monde, donc je serais attentif sur tes trois traits à changer."

J'expire.

"Pierce," je réplique, "pourquoi ai-je le sentiment que ça va faire mal ?"

Pierce rit et attrape ma main. "Viens, allons rencontrer les autres filles." Il ouvre la porte et me jette un regard en arrière. « Celui qui a dit qu’il n’y a pas de plaisir s’il y a de la souffrance, a menti. »

Putain Fantaaastique.