
J’ai eu du mal à cacher mon enthousiasme lorsque Hael m’a annoncé qu’Ellie était sa sœur et non sa femme. Pourquoi étais-je si heureuse ? Je n’étais pas prête à vivre quelque chose avec lui.
Je ne pouvais pas nier que je le trouvais attirant. En fait, si j’étais complètement honnête, je le trouvais sexy comme l’enfer.
Mais dans le peu de temps que j’ai eu pour lui parler, j’ai réalisé qu’il était plus que de la poudre aux yeux. C’était un homme bien. Doux, même.
Est-ce que je ressentais un « truc » pour lui ? Pour un putain de cow-boy ?
Pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à cette possibilité. Alors que je remontais mon jean extensible sur mon cul généreux, mon attention dériva vers l’image de ses grandes mains calleuses.
Il me demanda si j’étais déjà montée sur le balcon.
« Le balcon ? Je n’avais même pas remarqué qu’il y en avait un », admis-je.
« Ça doit être la meilleure vue pour regarder les étoiles de toute la ville. » m’annonça-t-il en souriant.
J’étais donc là, à enfiler mon jean et mes Converse pour l’accompagner dehors et admirer la vue depuis le balcon.
Je jetai un coup d’œil dans le miroir, en faisant la grimace à mes yeux encore rouges et gonflés d’avoir tant pleuré plus tôt dans la soirée.
Et sur ce, je décidai de ne pas me maquiller. Je ne voulais pas le faire attendre, et je ne voulais pas non plus donner l’impression d’être trop exigeante.
Je veux dire que je ne l’étais pas selon les standards urbains, mais les gens d’ici étaient encore moins focalisés sur leur apparence.
En passant par la chambre d’amis au salon, je souris en voyant Hael jouer avec les chiens. Je n’avais pas vu Cain et Dell aussi turbulents depuis mon arrivée la veille. Il leva les yeux quand il m’aperçut, un grand sourire aux lèvres.
« Je te suis », lançai-je.
Je le suivis dans les escaliers, où se trouvaient les trois autres chambres. Je réalisai que j’avais à peine exploré le deuxième étage de la maison. À côté de la chambre principale se trouvait la porte menant au balcon extérieur.
« Il y a une sortie depuis la chambre principale, aussi », m’apprit Hael. « Elle permet de faire le tour de tout le côté ouest de la maison ». Il ouvrit la porte et me fit signe de sortir en premier.
Je fis un pas vers la balustrade pour admirer la vue et il s’approcha de moi. Je sentis les poils de ma nuque se dresser.
Debout, côte à côte, nous regardions les étoiles au-dessus des lumières de la petite ville de Flake Wood Falls. Je ne me souvenais pas m’être déjà sentie aussi paisible en ville.
« C’est magnifique », soufflé-je.
« J’ai aidé Greg à construire le balcon il y a quelques étés pour qu’il puisse profiter des étoiles », m’infirma-t-il, l’air un peu triste.
« Il te manque vraiment. »
« Il nous manque à tous. Ellie était très proche de lui. Il était un peu comme un second père pour elle. »
« On dirait que beaucoup de gens se souciaient de lui », observai-je en étouffant la déception dans ma gorge.
« Ouais », confirma Hael, « c’était un type vraiment bien. Il se souciait des autres plus que de lui-même. Il a été le sauveur de toute la ville. »
Y avait-il quelque chose de plus chez cet homme que j’ai méprisé toute ma vie ? Je ne m’étais jamais arrêté pour imaginer à ce qu’avait été sa vie, seulement au fait qu’il n’avait jamais fait partie de la mienne.
Mais ce que Reg avait dit plus tôt dans le bar, que Greg était si fier de moi, qu’il montrait mes photos quand j’étais à l’école, m’a rendue très confuse.
Comment pouvait-il prétendre être si fier de moi devant ses amis alors qu’il ne s’en souciait même pas assez pour m’appeler ? Est-ce que j’ai raté quelque chose ?
Je voulais en savoir plus, mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, Hael me demanda : « Alors, Cora, que faisais-tu avant de venir ici ? »
« Oh. Je suis écrivain. » annonçai-je.
« Vraiment ? Wow ! »
« Oui, j’ai une rubrique dans un magazine hebdomadaire. Surtout des articles superficiels pour remplir les pages. »
Je me demandai si je devais lui dire exactement quel genre de chroniqueuse j’étais. C’était un gars d’une petite ville, et je me disais que ça pourrait le faire flipper si je développais.
« Et ça te plaît ? » me questionna-t-il.
« J’adore ça ! » répondis-je. « Je veux dire, bien sûr, ce n’est pas exactement ce que je pensais faire. Je pensais qu’à l’heure actuelle, je serais une autrice primée. Mais nos lecteurs semblent réagir positivement à mes articles. »
« Vas-tu pouvoir continuer à écrire pendant que vous êtes ici ? » demanda Hael.
« C’est… un peu ce que j’essaie de comprendre. Il n’y a pas vraiment d’opportunités abondantes par ici pour les choses sur lesquelles j’écris. »
« Et qu’est-ce que c’est ? » me questionna Hael. « Je veux dire, sur quoi tu écris ? »
« Le sexe », avouai-je en souriant.
« Pardon ? » Il écarquilla les yeux.
« Le sexe. J’écris sur le sexe. Et tout ce qui s’y rattache. Les rendez-vous, les relations, la santé des femmes, la masturbation… Parfois je fais des critiques. »
« Qu… Quel genre de critiques ? »
L’expression de son visage était impayable, quelque part entre le scepticisme et une indéniable curiosité.
« La plupart du temps, il s’agit de nouveautés sur le marché. Des jouets et des produits de plaisir pour les femmes et les couples. Des choses comme ça. »
« Ça, je ne m’y attendais pas. » rit-il en rougissant.
Il avait l’air fasciné, alors je poursuivis. « La société transforme tous ces sujets en quelque chose d’honteux pour les femmes. Résultat ? Un tas de femmes dans ce pays ne connaissent même pas leur propre corps ou ne savent pas comment en profiter ou en prendre soin. Alors, tu sais, j’ai l’impression de fournir un exutoire pour l’exploration de soi… et un peu de divertissement. »
« Mais ma communauté de lecteurs n’est pas exactement ici », ai-je dit en montrant les lumières scintillantes de la petite ville endormie. « Et je ne suis pas sûre de pouvoir travailler à distance pour mon emploi actuel, alors rester à long terme… Je ne sais pas si c’est écrit dans les étoiles pour moi. Sans mauvais jeu de mots. »
« Tu penses partir ? »
« Peut-être », admis-je. « J’ai encore beaucoup de choses à découvrir, et je ne veux pas abandonner ma carrière pour m’occuper d’un ranch dont je ne connais rien. »
« Eh bien, peut-être que tu n’as pas à le faire. Je veux dire qu’il doit y avoir un moyen de faire les deux », suggéra-t-il.
« C’est juste que… Je ne sais pas si cette vie est faite pour moi. Je suis tellement hors de ma zone de confort. Je ne me sens pas capable de faire tout ce que Greg faisait si bien. Je veux dire, je ne sais même pas comment monter à cheval. »
« Je vais t’apprendre à monter à cheval. » annonça-t-il, un peu malicieusement.
Je ne pouvais pas vraiment le dire, mais j’avais le sentiment vertigineux que sa déclaration avait un double sens, et des visions érotiques de moi chevauchant un certain cow-boy dansaient dans mon esprit déviant.
« Tu essaies de me convaincre de rester ? » l’interrogeai-je.
« Ta place est ici. Je peux le voir. »
Ses mots étaient réconfortants, mais il avait tort. Les dernières quarante-huit heures l’avaient prouvé. Avec ce qui s’était passé au bar, puis avec Ellie…
« Hael… » repris-je, mais avant que je puisse finir, il me fit pivoter de façon à ce que mon dos soit contre la balustrade, capturant mes lèvres avec les siennes.
Je fus d’abord figée, choquée par son geste soudain et audacieux, mais quand sa langue glissa sur ma lèvre supérieure, j’ouvris la bouche et la laissa entrer.
Je lui rendis son baiser, caressant doucement sa langue avec la mienne tandis que je passais mes mains autour de ses épaules larges et musclées. Ses mains se posèrent sur ma mâchoire et il se recula, laissant nos nez se toucher légèrement.
« Ne pars pas, Cora », chuchota-t-il. « Les choses ne font que commencer à s’améliorer. »
Je pressai mes lèvres contre les siennes et je déplaçai mes mains vers ses cheveux tandis que notre baiser s’approfondissait. Il fit glisser ses doigts calleux le long de mon corps, attrapant mes fesses et tirant mes jambes pour les enrouler autour de lui tandis qu’il me poussait plus fort contre la balustrade.
Ce n’était pas n’importe quel baiser. Il se trouve que c’était le baiser le plus exquis que j’avais jamais connu. J’avais l’impression d’être une adolescente. J’avais des papillons dans l’estomac… et ailleurs.
Je ne pus m’empêcher de remarquer sa virilité grandissante à travers nos vêtements, alors que je devenais de plus en plus mouillée. Sentant des étincelles entre mes jambes, j’étais prête à me débarrasser de nos vêtements sur-le-champ.
Tout était parfait, comme si les étoiles étaient alignées et que nous étions tous les deux exactement là où nous devions être.
J’avais déplacé mes hanches pour m’asseoir sur le haut de la balustrade, quand soudain…
« Putain ! » criai-je. Incapable de stopper ma chute. Je retombai sur la rambarde du balcon. Mes jambes s’accrochèrent autour de la taille de Hael, tandis que le haut de mon corps pendait à l’envers par-dessus le bord.