Tony se réveilla en sursaut, frissonnant dans sa cellule. Il ne comprenait pas ce qui l'avait tiré du sommeil.
Puis il l'entendit à nouveau. Des pas légers, comme quelqu'un qui essayait de passer inaperçu.
Si cette personne tentait d'être discrète, elle ne s'y prenait pas très bien. Tony pouvait l'entendre même sans son ouïe de loup.
« Il y a quelqu'un ? Oméga ? » appela doucement une voix.
Il se leva lentement et s'approcha de la porte de la cellule en s'appuyant contre le mur.
Il essaya d'apercevoir qui était là. Puis une odeur de noix de coco lui parvint et il inspira profondément.
« Qui est là ? » chuchota-t-il. Sa voix était faible, peu habituée à être utilisée.
Il entendit un léger soupir, et une fille apparut.
« Il faut faire attention. Les gardes vont changer, on n'a pas beaucoup de temps, Oméga. »
« Tony. »
La fille hocha la tête, laissant échapper un gémissement de douleur en touchant les barreaux en argent de la cellule.
Il entendit le tintement de clés avant que la porte de sa cellule ne s'ouvre.
« Allez, viens. On doit se dépêcher », murmura-t-elle.
Il sortit, un peu chancelant, attendant qu'elle referme la porte.
Se déplaçant aussi vite que son corps endolori le lui permettait, il la suivit dans le couloir vers la sortie.
Soudain, elle s'arrêta net et leva la main pour qu'il s'arrête aussi. Elle jeta un coup d'œil prudent par la fenêtre.
Elle acquiesça et l'ouvrit avec précaution, et ils entrèrent dans un autre couloir. Ils coururent le long du corridor jusqu'à une pièce que Tony savait être la salle de repos des gardes.
Elle leva un doigt pour lui dire d'attendre et entra à l'intérieur.
Quand elle revint, elle avait un sandwich et de l'eau. Elle les lui tendit en disant : « Mange. Tu vas avoir besoin de forces. »
Tony était affamé, n'ayant rien mangé depuis 4 ou 5 jours. Il mordit avidement dans le sandwich.
Il l'engloutit en environ 4 bouchées tout en continuant à marcher. Puis il but l'eau et jeta la bouteille vide en sortant.
La fille le guida derrière le bâtiment. Ils continuèrent à marcher jusqu'à atteindre des buissons épais.
Là, elle s'arrêta et sortit un sac de sous un buisson. Elle le mit sur son dos et en ouvrit un autre.
Elle en sortit des vêtements et dit doucement : « J'ai apporté des fringues et des chaussures pour toi.
« J'espère que tout ira, surtout les chaussures. On va devoir se déplacer vite et c'est galère avec des chaussures mal ajustées. »
Elle attendit qu'il s'habille. Une fois prêt, elle demanda : « Tu peux changer ? »
Tony secoua la tête.
« Moi non plus. Pas avant d'avoir complètement rompu mon lien de meute. Mon père a utilisé son ordre d'Alpha sur moi. »
« Trop faible. Plus de loup depuis longtemps », chuchota Tony.
« Oui, ma louve est faible aussi. J'aurai peut-être du mal quand le moment viendra. Mais on doit y aller. »
Ils commencèrent à se déplacer aussi vite que possible à travers l'épaisse forêt. Ils n'avaient pas parcouru une grande distance quand ils entendirent un hurlement.
La fille trébucha légèrement, regardant nerveusement autour d'elle. Elle dit : « Ils savent déjà que l'un de nous ou les deux sommes partis. J'espérais avoir plus de temps. »
Tony essaya de marcher plus vite, trébuchant derrière elle. Après quelques minutes, ils sortirent enfin des arbres et commencèrent à marcher sur le bord de la route.
La route dure était plus facile à parcourir, mais il trébuchait encore, de plus en plus fatigué.
La seule chose qui le poussait à continuer était la volonté de ne pas se faire attraper. Maintenant qu'il était libre, il voulait vivre. Il savait que son Alpha le tuerait s'il le rattrapait maintenant.
« Tu sais à quelle distance se trouve la ville ? » demanda la fille.
Tony secoua à nouveau la tête.
« Bon, espérons que ce ne soit pas trop loin. Regarde, des phares de voiture ! » dit-elle avec excitation alors que des lumières apparaissaient au détour d'un virage devant eux.
Tony prit peur. Il se demanda si certains membres de la meute étaient déjà en voiture à leur recherche. Chasseraient-ils en voiture ou seulement à pied ?
Il ne connaissait pas les réponses, mais l'idée d'être retrouvé le fit gémir de peur.
La fille lui dit de se mettre sur le côté de la route tandis qu'ils continuaient à marcher. La voiture s'arrêta à leur hauteur et ralentit.
Quand la fenêtre s'ouvrit, il vit une vieille dame les regarder avec bienveillance.
Tony se détendit ; ce n'était personne de la meute.
« Vous allez en ville, les enfants ? » demanda la dame.
« Oui, madame », répondit la fille.
« Vous allez dans la mauvaise direction alors. Montez, je vais vous y conduire. »
La fille attendit un moment, comme si elle réfléchissait. Ils entendirent un autre hurlement, qui les fit tous deux sursauter et regarder autour d'eux.
« C'est dangereux ici la nuit. On a toutes sortes de loups qui vivent dans ces bois.
« Ce sont de beaux animaux, mais les bêtes sauvages ont toujours faim, et je ne voudrais pas être leur prochain repas », dit la dame.
« Non, madame. » La fille se tourna et le regarda, disant : « Monte, Tony. Elle a raison. On ne veut pas servir de casse-croûte aux loups. »
Tony monta rapidement après qu'elle eut ouvert la portière, gardant la tête baissée. Elle monta à côté de lui, fermant la porte avant que la dame ne démarre.
« Alors, que faites-vous si loin de la ville et à pied si tard dans la nuit ? »
« Ah... eh bien, c'est un peu bête, en fait. On est en vacances et on a voulu prendre la jolie route.
« Malheureusement, mon GPS a lâché, et j'ai tourné sur un chemin de terre pour faire demi-tour.
« J'ai dû m'enfoncer plus loin que prévu pour trouver un espace assez large pour faire demi-tour. J'étais crevée et, bon, j'ai peut-être un peu somnolé... » La fille rit nerveusement.
« Oh, mon Dieu ! » dit la dame.
« Quand je me suis réveillée, notre voiture s'était plantée entre deux arbres et on ne pouvait pas la sortir, alors on a commencé à marcher. On s'est encore plus perdus.
« Quand on n'a pas pu retrouver la voiture, on a suivi un sentier qui nous a heureusement menés à cette route, et on espérait qu'elle nous ramènerait en ville », dit la fille avec un petit soupir.
Tony aurait cru son histoire s'il n'avait pas connu la vérité.
La vieille dame fit un son désapprobateur tout en conduisant silencieusement pendant un moment. « Bon, je vais vous emmener en ville. On a un joli motel là-bas et une gare routière. »
« On apprécierait vraiment, madame », dit poliment la fille.
Ils ne parlèrent plus pendant le reste du trajet jusqu'à leur arrivée en ville.
« Je dois juste m'arrêter pour récupérer ma commande. C'est pour ça que je venais ici. Depuis que mon mari est parti, je n'aime pas cuisiner », dit la femme en s'arrêtant devant le Billy's BBQ.
« J'en ai que pour une minute. »
Pendant son absence, la fille dit : « On va se reposer cette nuit, puis on prendra le bus aussi loin que possible. Une fois suffisamment éloigné, ton lien de meute se brisera, et tu seras libre.
« Je devrai aller un peu plus loin pour briser mon lien avec mon père, vu qu'il est à la fois mon Alpha et mon père.
« Même si, pour être franche, je ne suis pas sûre qu'il se brise complètement un jour parce qu'il est mon père. » Elle soupira.
« Bref, j'ai un peu d'argent pour nous dépanner jusqu'à... enfin, jusqu'à ce que l'un de nous ou les deux puissions bosser. »
Tony hocha la tête, regardant la femme âgée revenir vers sa voiture.
En montant, elle se retourna pour les regarder par-dessus son siège. « Vous avez l'air affamés tous les deux, alors je vous ai pris un plat chacun. »
« Merci », dirent-ils tous les deux alors que la fille prenait les boîtes de nourriture.
Après leur avoir donné la nourriture, la femme les conduisit à un motel et les déposa.
« Merci encore pour la nourriture et le trajet », dit la fille à la femme alors qu'ils quittaient la voiture, tenant leurs repas.
Avec un dernier signe de la main, la dame s'éloigna dans la nuit.
Tony suivit la fille alors qu'elle entrait dans le motel et prit une chambre. Après avoir ouvert la porte, elle le conduisit à l'intérieur, posant la nourriture sur la table.
« Mange », lui dit-elle alors qu'ils s'asseyaient tous les deux.
En ouvrant sa boîte de nourriture, Tony sentit l'odeur du bœuf barbecue, et son estomac gargouilla bruyamment.
La fille rit et ouvrit la sienne aussi. Son rire s'arrêta lorsque ses yeux se remplirent de larmes.
« Quoi ? » dit Tony d'une voix rauque.
« Tony, elle nous a donné de l'argent. » Elle sortit quelques billets et les compta. « Cinq cents euros. »
« Si on revient, on la retrouvera pour la remercier. »
Elle acquiesça rapidement, mettant l'argent de côté. Elle prit sa fourchette et commença à manger, et il fit de même. Ils mangèrent sans parler.
Quand il eut fini de manger autant qu'il le pouvait, ce qui ne représentait qu'environ la moitié, il se sentit rassasié pour la première fois depuis longtemps. Il repoussa son assiette et bâilla.
