Liée à l'Alpha

SASHA

« Pourquoi ? » grognai-je en tapant sur mon réveil. Je me frottai le visage, regrettant d'être sortie courir si tard la veille. Je savais que je devais me lever tôt, mais j'avais quand même traîné dehors jusqu'à pas d'heure.

« C'est de ta faute », lançai-je à Raya en me levant pour me doucher et m'habiller. Il y avait une réunion aujourd'hui et je devais faire un effort pour avoir l'air présentable.

Je n'avais que quelques tenues pour la semaine, mais j'en avais une un peu plus chic que les autres. Je la gardais pour ce genre d'occasions, quand M. Bettany voulait qu'on soit tous tirés à quatre épingles.

Un sac de viennoiseries dans une main et mon café dans l'autre, je débarquai au bureau.

Je préparai la salle de réunion et regagnai mon poste juste au moment où M. Bettany arrivait. « Bonjour, Monsieur Bettany », dis-je d'un ton enjoué.

« Hmm... » marmonna-t-il avant de s'enfermer dans son bureau.

Je m'installai et me mis au travail, puis le téléphone sonna.

« Gold Form Logistics. Bureau de Monsieur Bettany. »

« Salut, Sasha. C'est Paul. Je voulais te rappeler que ta réunion de 9 h approche. »

« Merci, mon chou », répondis-je avant de raccrocher. Paul était le sexagénaire le plus adorable qui soit. Il travaillait à l'accueil, et on s'était tout de suite bien entendus.

« Monsieur Bettany, votre réunion de 9 h approche. »

« Oui, oui. Merci, Mademoiselle Lovett. »

Je sortis, surprise. Il ne me remerciait jamais. Jamais.

Je pris mes affaires et attendis que M. Bettany sorte pour aller à la salle de réunion. En approchant, je vis à travers la vitre qu'ils étaient tous déjà là à attendre.

M. Bettany ouvrit la porte. « Messieurs, merci d'être venus. »

J'entrai dans la pièce mais me figeai sur place. Je ne pouvais plus bouger. Je levai les yeux vers les hommes présents. Je pouvais les sentir. Je savais ce qu'ils étaient.

Soudain, tous les hommes dans cette pièce me regardèrent, et je compris qu'ils pouvaient me sentir aussi.

Ils savaient ce que j'étais, et je vis plusieurs d'entre eux lutter pour garder leur sang-froid tandis que leurs yeux s'assombrissaient. La peur me gagna.

« Ils sont tous de la même meute. Ça se sent », murmura Raya, les poils de ma nuque se hérissant alors qu'elle devenait plus alerte.

J'acquiesçai intérieurement, incapable de faire quoi que ce soit d'autre.

« Mademoiselle Lovett, la porte », dit M. Bettany d'un ton agacé, me sortant de ma torpeur. Je baissai la tête et fermai la porte avant de m'asseoir sur ma chaise près du mur du fond pour prendre des notes.

Quand la réunion fut terminée, je filai hors de la pièce et retournai à mon bureau.

« T'en fais pas. Ils sont peut-être juste là pour affaires, et tu ne les reverras plus », me dis-je doucement, gardant la tête baissée et essayant de me rassurer.

J'avais croisé pas mal de meutes par le passé, et je savais à quel point elles pouvaient être cruelles. J'avais une cicatrice sur le flanc pour le prouver.

Ils n'aimaient pas les loups solitaires, peu importe leur jeune âge ou leur vulnérabilité.

« Mademoiselle Lovett, c'est ça ? »

Je le sentis avant même de lever les yeux. Je relevai le regard vers lui, essayant de masquer ma peur. « Euh... oui. Je peux vous aider ? »

Je dévisageai l'homme devant moi. Il était grand et séduisant. Il avait les cheveux courts, blond cendré et un visage avenant, et je sentais qu'il était important. Quel que soit son rôle, il occupait une position élevée dans leur meute.

« Je m'appelle Jim Thorpe. Je travaille pour TITAN Corporation. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez-moi. » Il me tendit sa carte, et je le regardai, perplexe.

« Pourquoi je ferais ça ? » demandai-je, essayant de comprendre pourquoi ce loup que je ne connaissais pas se montrait gentil, surtout envers moi.

« Nous rachetons Gold Form Logistics. Vous allez probablement perdre votre emploi. »

« Mais pourquoi vous voudriez de moi ? » Je regardai autour pour m'assurer qu'aucun humain n'écoutait, « Je ne fais pas partie de votre meute. »

Il sourit et hocha la tête. « C'est vrai. » Il se tourna pour partir, s'arrêtant à l'ascenseur. « J'attendrai votre appel lundi. »

Je restai sans voix. Vraiment, je ne trouvais rien à dire. Je restai juste là, sous le choc.

« On va avoir une meute ?! » s'exclama Raya.

« Du calme. On n'aura pas de meute. Il nous a juste proposé un boulot. Je ne pense même pas que je vais accepter. »

Je sentis Raya lever les yeux au ciel, agacée que je ne veuille pas le faire.

Cette nuit-là et tout le week-end, je ne pus me détendre. Je ne savais pas quoi faire. J'aurais aimé que mon père soit là. Il avait toujours su me calmer quand je me prenais trop la tête. Mais tôt lundi matin, je sus ce que je devais faire.

Je pris mon téléphone et composai le numéro sur la carte.

« Qu'est-ce que je suis en train de faire ? » me demandai-je en entendant la sonnerie.

« Jim Thorpe. »

« Bonjour, Monsieur Thorpe. C'est Sasha Lovett de Gold Form. »

« Ah ! Mademoiselle Lovett ! J'attendais votre appel. J'espère que c'est pour me dire que vous voulez un emploi ! »

Je poussai un long soupir et fermai les yeux.

« Tu es sûre de toi ? »

« Pas du tout », répondis-je à ma louve dans ma tête. « Mais on est sur le point de perdre notre boulot sans autres options. »

« Oui. J'aimerais un emploi. »