Le Masque du Milliardaire

« Carly, debout ! Tu vas être en retard pour ton premier jour », lance Taylor en frappant à ma porte.

Je me réveille en sursaut et repousse mes couvertures. « Oh non ! »

Pas le temps de traîner. Je file sous la douche pour cinq minutes chrono. Je me brosse les cheveux à la va-vite et y mets un peu de produit. Tant pis pour le lissage aujourd'hui.

Un trait d'eye-liner, un coup de mascara, et c'est tout pour le maquillage. J'attrape mes chaussures et mon sac, puis je boutonne ma chemise en allant dans la cuisine.

Taylor m'a préparé un casse-croûte. Je le prends avec un yaourt. « Je t'aime ! » Je l'embrasse sur la joue et file comme l'éclair.

Je balance tout sur le siège passager en priant pour que ma voiture démarre. Ouf, au bout du deuxième essai, ça marche. Je pousse un soupir de soulagement, attache ma ceinture et démarre en trombe.

Heureusement, j'ai déjà mon badge et ma carte de sécurité. La circulation est fluide et j'arrive pile à l'heure.

Catherine dirige le bureau. Elle me serre la main pour m'accueillir, puis me montre un bureau dans un open space animé. Après avoir fait connaissance avec les trois autres stagiaires - Ronald, Grace et Phillip - on nous fait visiter les locaux et on nous attribue nos tâches.

Le stage dure trois mois. Si on fait du bon boulot, on pourrait décrocher un poste chez Gilman International. Sinon, c'est la porte.

Le travail est clair mais nécessite le diplôme que je viens d'obtenir. Je déjeune avec les autres stagiaires. On parle boulot et on réfléchit à comment gérer certains aspects délicats.

Catherine nous attend à nos bureaux quand on revient de la pause déjeuner. « M. Gilman a une réunion cet après-midi. Phillip, Carly, j'ai besoin que vous prépariez la salle de conférence numéro trois. M. Gilman est très pointilleux sur la façon dont il aime que les choses soient faites.

« Voici une liste de tout ce qu'il faut faire. Il y a des chariots dans le placard de fournitures. Vous y trouverez la plupart des choses. Tout le reste est indiqué où le trouver. Les prochaines listes n'auront pas ces infos, alors retenez-les bien. »

Phillip et moi examinons la liste.

« Vous devriez tous savoir - les derniers stagiaires n'ont tenu que deux semaines. M. Gilman vous mettra à la porte illico s'il pense que vous ne faites pas l'affaire. » Puis elle retourne dans son bureau.

« Pas de pression », dit Phillip.

On rigolerait bien, mais cet avertissement fait froid dans le dos. On jette un œil à la liste, puis on monte au vingt-quatrième étage du bâtiment de vingt-cinq étages. Cet étage compte cinq salles de réunion de différentes tailles avec différents équipements.

On s'arrête au placard de fournitures et on fait l'inventaire de ce qu'il nous faut avant de commencer à charger le chariot.

« Café pour M. Gilman. Saveur Kahlua. Keurig dans la salle de pause au vingt-cinquième étage. Je joue à pierre-feuille-ciseaux pour ça. Je ne veux pas me planter là-dessus. »

Je ris de sa blague. On dirait qu'il sera sympa de bosser avec lui.

« T'inquiète, je m'en occupe », je lui dis, puis je monte au dernier étage.

Quand je sors de l'ascenseur, un homme aux cheveux châtain clair assis à un bureau me salue. « Je peux vous aider ? » demande-t-il.

Je lui fais un petit sourire. « Oui, merci. Je suis nouvelle stagiaire et je prépare la salle de réunion. Vous pouvez me dire où se trouve la salle de pause, s'il vous plaît ? »

« Derrière ces portes. Utilisez votre badge. Deuxième porte à gauche, à côté des toilettes », répond-il d'une voix blasée.

Je hoche la tête pour le remercier et suis ses indications jusqu'à la salle de pause. La pièce est vide à l'exception d'un bel homme debout devant la machine à café. Il insère la dernière capsule de café saveur Kahlua.

« Zut », je dis tout bas.

L'homme me regarde. « Il y a un souci ? »

Il est vraiment canon. Environ un mètre quatre-vingts, et sa chemise bleue et son pantalon gris mettent en valeur son corps musclé et athlétique. Ses cheveux sont brun foncé et ses yeux sont de la même couleur chaude.

J'avale ma salive et secoue la tête. « Non, ça va. Je dois prendre du café pour la réunion de M. Gilman. Il aime cette saveur. »

L'homme m'adresse un sourire charmeur en s'appuyant contre le comptoir, les bras croisés. « Il devrait y en avoir d'autres dans ce placard là. » Il pointe derrière moi.

Je me retourne pour regarder dans le placard.

« Vous êtes nouvelle ici ? »

Je trouve la boîte et l'apporte au comptoir. « Je viens de commencer aujourd'hui. Je suis stagiaire. » Je commence à remplir les espaces vides dans le porte-capsules, puis je remets le reste dans le placard.

« Je m'appelle Matt. » Il me tend un gobelet en papier.

« Merci. Moi c'est Carly. » Je prends le gobelet, puis j'insère une nouvelle capsule maintenant qu'il a son café noir.

« Vous savez, sa réunion n'est pas avant une heure et demie. Il aime son café bien chaud. »

J'arrête ce que je fais et regarde l'horloge. « Oh, vous avez raison. Merci de m'avoir sauvé la mise. Je ne veux vraiment pas me faire virer dès le premier jour. »

Matt rit et boit son café. « Je pense que ça ira. Catherine fait croire à tous les stagiaires que M. Gilman est un ogre. En fait, il est plutôt cool pour un patron sérieux. Je doute que vous puissiez être virée pour un café froid. »

« Je ne sais pas trop. Je ne veux quand même pas le contrarier, peu importe à quel point il pourrait être sympa. » Je range le gobelet et la capsule. « Je repasserai plus tard. C'était sympa de vous rencontrer, Matt. »

Il me fait un signe avec sa tasse. « Vous aussi, Carly. On se recroisera peut-être. »

Il me fait à nouveau ce sourire et je me mords la lèvre. Oh, j'espère bien. Ce mec est vraiment un canon. Il pourrait bien figurer dans tous mes futurs fantasmes.

Je retourne dans la salle de réunion et regarde la liste. Phillip a coché les tâches terminées. Je choisis une tâche et me mets au boulot.

Dix minutes avant, je retourne dans la salle de pause et prépare un café pour M. Gilman. Je le place en bout de table juste au moment où la porte s'ouvre.

Je salue d'un signe de tête les femmes et les hommes qui entrent. Matt est l'un des derniers à entrer dans la pièce. Cette fois, il porte une veste. Il me fait un clin d'œil, et je quitte discrètement la pièce avec un sourire aux lèvres.

Je pousse un grand soupir une fois dans l'ascenseur. Le café, c'est sacré pour certains.

J'arrive à mon bureau et me concentre sur mes tâches.

Catherine sort de son bureau. « Phillip et Carly, M. Gilman est content de votre travail aujourd'hui. Demain, Grace et Ronald, vous préparerez sa réunion du matin. » Elle leur donne leur liste de tâches. « Je vous conseille de vous renseigner auprès de vos collègues pour savoir où tout se trouve. »

On discute ensemble et on explique ce qu'on a fait et où trouver tout le nécessaire.

C'est la fin de la journée, et les gens commencent à quitter le bureau. On se regarde, ne sachant pas trop quoi faire.

Phillip enfile son manteau. « Il est temps d'y aller. À plus. » Il prend ses affaires et part avec tout le monde.

Grace et Ronald n'arrivent pas à se décider s'ils doivent partir ou attendre qu'on leur dise de s'en aller. Je pense que je vais continuer à bosser sur ma tâche. Catherine est toujours dans son bureau.

Un quart d'heure plus tard, on reçoit un message groupé.

Elle inclut un lien vers une feuille de temps. Je termine ma tâche, puis remplis le formulaire. Grace et Ronald finissent à peu près en même temps. Je prends mon sac et les attends pour descendre ensemble dans l'ascenseur.

Matt me sourit quand les portes s'ouvrent. Il se déplace dans le coin et on entre tous, moi juste à côté de lui.

« Comment s'est passée votre première journée ? » demande-t-il doucement.

Je me tourne vers lui. « C'était bien. J'ai toujours un boulot. »

Matt jette un coup d'œil rapide à tout le monde. « Il y a généralement quatre stagiaires à la fois. Où est votre autre collègue ? »

Je hausse les épaules. « Il est parti avec tout le monde plus tôt. Nous trois, on a décidé d'attendre que Catherine nous dise qu'on pouvait partir. »

Matt hoche la tête et l'ascenseur s'ouvre. « Je suppose qu'on se reverra, Carly. »

Grace m'attend à l'extérieur de l'ascenseur. Je lui fais un signe décontracté. « Salut. »

« Waouh, il est canon. C'est qui ? » demande-t-elle alors qu'on marche vers le parking.

Je secoue la tête. « Je sais pas trop. Je l'ai rencontré plus tôt dans la salle de pause. Il est vraiment sympa, en tout cas. »

« Sans blague. Sympa et magnifique. J'espère que ça te dérange pas si j'essaie de sortir avec lui. »

Ce n'est pas une question ; elle a l'intention d'essayer de sortir avec lui, que ça me plaise ou non. Grace est très jolie avec ses yeux verts, ses longs cheveux bruns et son corps mince. Elle serait parfaite avec lui.

Je n'aime pas les prises de tête alors je hausse les épaules et continue à marcher vers ma voiture.

« Salut, Carly. À demain. »

Je lui fais un dernier signe et monte dans ma voiture.

« Je suis crevée », je me plains en enlevant mes chaussures et en m'affalant sur le canapé.

Taylor lève les yeux au ciel. Je sais que je ne devrais pas me plaindre ; elle est infirmière depuis seize ans.

« Tu t'habitueras vite au vrai boulot. Qu'est-ce qu'on regarde ce soir ? Je suppose que tu ne vas pas faire la cuisine. C'est ton tour. »

Je grogne et lève les yeux vers elle assise à côté de moi. « On peut commander une pizza ? »

« Tu paies ? La dernière fois que j'ai vérifié, les stagiaires ne roulent pas sur l'or. » Elle parcourt les séries romantiques. « Je vais cuisiner ce soir. Mais tu t'occupes des deux prochains. »

« D'accord. Oh, Nord et Sud. Regardons celle-là. Richard Armitage est trop beau. Je vais prendre une douche. »

Je me lève du canapé et attrape mes chaussures. Taylor sélectionne Nord et Sud, et je vais dans ma chambre.

Taylor est ma belle-mère. Ma mère est morte dans un accident de voiture quand j'avais trois ans. Mon père a épousé Taylor quand j'avais six ans. Il est parti pendant une crise de la quarantaine et ça fait huit ans maintenant qu'on n'est plus que toutes les deux.

Taylor m'a toujours traitée comme sa propre fille puisqu'elle ne pouvait pas avoir d'enfants à cause de problèmes de santé. La plupart des mères ne choisissent pas leurs enfants. Elle m'a choisie, moi.

En fait, on se ressemble beaucoup avec nos cheveux blonds et nos yeux bleus. Mais j'ai des taches de rousseur sur le nez et mes cheveux sont naturellement bouclés alors que les siens sont lisses. Personne n'a jamais remis en question le fait qu'elle soit ma mère.

Je mets mes cheveux mouillés en chignon et enfile un t-shirt et un short pour rejoindre Taylor sur le canapé.

« Sérieux ? Des macaronis au fromage ? »

Elle hausse les épaules. « Tu pourras faire autre chose demain. Alors, comment s'est passée ta première journée ? Tu t'es fait des amis ? »

Je prends mon bol et commence à manger. « C'était bien. Les autres stagiaires sont corrects, sans plus. Je crois que l'un d'entre eux a déjà perdu son job. J'ai rencontré un type sympa. Il s'appelle Matt. Je l'ai vu plusieurs fois. Il m'a aidée à trouver le café pour M. Gilman. »

Elle hoche la tête. « C'est sûrement une bonne chose qu'il ait perdu son job s'il ne peut même pas gérer le premier jour. Matt est mignon ? »

Je lève les yeux au ciel. Elle rit, puis allume la série.