Pour l'Éternité

Zayla

Depuis ce jour, mon mystérieux compagnon semblait rester dans les parages. Il n’était jamais assez près pour que je le voie, mais toujours assez près pour que je le sente.

Son odeur est toujours présente dans l’air qui m’environne. Laissant constamment ma louve et moi-même dans un état de désir.

Parfois, la nuit, avec de la chance, j’arrivais à voir l’ombre véloce de sa silhouette lorsque la lune révélait ses mouvements. J’ai essayé pendant les six années suivantes de le faire venir, seulement pour l’apercevoir.

Croyez-moi, je sais que tout cela semble désespéré, mais vous ne savez pas ce que c’est ! J’ai passé la plupart du temps à lui parler de choses et d’autres.... et à lui demander où j’espérais qu’il soit.

Tout pour qu’il parle, mais il ne le faisait jamais. Après mon quinzième anniversaire, il ne m’a plus dit un mot directement, pourtant parfois... juste quand j’étais sur le point de m’évanouir, je l’entendais parler.

Me dire que je suis drôle, qu’il a aimé mes histoires, ou simplement me souhaiter bonne nuit.

Mais à chaque fois, ce n’était jamais assez fort pour qu’on puisse l’entendre avec des oreilles humaines. Honnêtement, si ma louve ne travaillait pas si dur pour le trouver, nous ne l’aurions probablement pas entendu, sa voix semblait toujours être portée par le vent.

Aujourd’hui, c’est mon vingt-et-unième anniversaire et comme je suis une créature d’habitudes, je m’attendais à ce que la journée se déroule comme elle l’avait toujours fait depuis mes quinze ans, c’est-à-dire qu’il me laisse un cadeau dans la poche de mon pantalon après notre course à pied.

En plus de mon collier de papillons, il m’a offert un magnifique bracelet à breloques en or blanc qui ne contenait rien d’autre qu’une petite breloque lampe de poche pour mon seizième anniversaire.

Je n’ai pas compris la signification de la lampe de poche, mais je me suis dit que je n’aurais probablement jamais la réponse de toute façon, alors j’ai appris à apprécier le caractère inopiné de mon compagnon et de ses cadeaux.

Pour mes dix-sept ans, mon compagnon m’a laissé un autre charme. Cette fois en forme de loup. Un loup sculpté dans une roche noire traversée de veinules rouges et dorées.

Je n’avais jamais vu un matériau comme celui-ci auparavant. J’étais honnêtement si curieuse de la roche et de ce dont elle était faite, que je l’avais apportée à mon oncle Silas pour voir s’il savait ce qu’elle pouvait être.

Mon oncle, sorte d’historien, devait savoir mieux que quiconque de quoi elle était constituée. Il était cependant tout aussi perplexe et fasciné que moi par le charme de la matière dans laquelle le loup était taillé.

Après avoir fouillé dans toutes ses archives, il a proposé de l’envoyer à un laboratoire pour qu’elle soit testée, mais mon cœur et ma louve ne pouvaient s’en séparer.

À dix-huit ans, on m’a donné un charme en forme de S. J’ai supposé qu’il s’agissait d’une lettre de son nom, mais qui pourrait le deviner ?

Le dix-neuvième printemps, j’ai reçu une breloque avec le mot « Lux » gravé sur une opale en forme de cœur. Et le vingtième, un autre cœur, cette fois en or rose, relié à un symbole de l’infini.

Le talisman était presque identique à la marque d’union de mes parents. Ce qui le rendait encore plus spécial pour moi. Chaque année, il avait parfaitement pensé à mes breloques. Chacune avait plus de sens pour moi que la précédente.

Cette année, mon excitation était à son comble, mon esprit se bousculant tout un mois pour deviner de quelle nature serait mon nouveau cadeau. Je veux dire que c’était la seule chose pour laquelle je pouvais compter sur lui, ainsi il n’était pas surprenant que je m’attende à un nouveau charme qui complèterait mon bracelet à breloques ; mais au lieu de cela, je n’ai rien reçu.

Toute la journée, j’ai fait les cent pas, ne me remettant pas de la douleur de l’oubli. Et à vingt-trois heures, tout le monde dans la maison était silencieux, et j’étais hors de moi, c’est le moins qu’on puisse dire.

Je prends une serviette dans le placard, je sors par la porte de derrière, et je descends le chemin vers la rivière.

Après avoir été introuvable toute la journée, je peux enfin sentir qu’il est là. Pourtant, je ne prête même pas une once d’attention à son odeur, malgré le fait que ma louve me supplie de le faire !

En arrivant sur le rivage, j’ai rapidement posé ma serviette, détaché mon bracelet, posé sur le tissu avant d’enlever mon débardeur et mon soutien-gorge.

Quand je commence à descendre mon short, je l’entends.

Il grogne comme s’il souffrait alors que mes sous-vêtements touchent le sol d’un mouvement rapide.

Je ne peux pas m’empêcher de sourire, il est d’habitude si doué pour rester caché, mais ce soir j’ai obtenu une réaction de sa part.

Plongeant dans l’eau, j’y fais des tours rapides en surface, permettant à la lune d’illuminer mes courbes nues et humides aussi brillamment qu’elle le peut. Je m’assure de rester dans les zones éclairées du plan d’eau ; de cette manière, et s’il est ici, il sera forcé de me voir entièrement.

Lors de mon dernier tour, je le sens. L’excitation !

Il doit s’être rapproché, car son ardeur me frappe si fort que j’arrête tout mouvement dans l’eau, l’odeur me mettant l’eau à la bouche, et ma louve devient folle, essayant de se frayer un chemin hors de moi pour l’atteindre !

Son besoin primitif d’assouvir sa faim l’emporte sur mon propre besoin de respirer.

Son odeur est si forte que je gémis alors que mes hormones prennent le contrôle de chaque partie de mon corps.

N’en pouvant plus, j’ai nagé jusqu’au rivage, sans même prendre la peine de récupérer mes vêtements. Je marche jusqu’au point le plus dense, là où je peux le sentir.

Il n’est manifestement pas là, je veux dire qu’il ne l’est jamais, mais je reste là avec un sourire en coin, parce que je l’ai leurré ! J’ai enfin trouvé comment l’atteindre.

Ne voulant pas dévoiler mon plan, je glousse légèrement, secouant la tête avec amusement face à son manque de volonté avant de retourner sur la rive et de prendre mes affaires.