Détestée par mon compagnon : Le Final

La grand-place était une zone de guerre. Des coups de feu retentissaient dans l'air tandis que les chasseurs et les sorcières arrivaient de toutes les ruelles et de tous les recoins.

Le sol tremblait sous mes pieds tandis que mes camarades loups-garous prenaient leur forme lupine, prêts à se battre.

Sierra, Wolfgang, Max, Remus et moi nous tenions côte à côte en observant ce chaos. Wendell a ri en me regardant.

Il n'y avait ni honte ni remords dans ses yeux sans vie.

Seulement le désir d'éliminer ce qu'il pensait ne pas être à sa place.

Habituellement joyeux et pittoresque, tout le quartier n'était plus que cendres et fumée. J'avais le souvenir de tant de rendez-vous autour d’un café avec Emma ici. Mon cœur était douloureux.

Lorsque nous étions enfants, cet espace était ce qui ressemblait le plus à notre maison.

Il était entouré de bâtiments rustiques en bois qui allaient bien ensemble, comme du beurre sur une tartine. Plus de la moitié d'entre eux brûlaient ce soir-là.

Avery Road était un assemblage de petites maisons donnant sur un grand paysage naturel de forêts et de montagnes enneigées.

Au centre de la place, il y avait une grande fontaine ouvragée dont l'eau tombait en cascade avec un rythme apaisant. L’eau de cette fontaine étaient teintée de rouge ce soir-là.

C’était tout ce que je pouvais voir de mes yeux. Cet endroit rassurant de mon enfance, dévasté par des chasseurs humains et leur chef fou furieux.

N’importe quel autre jour, j’aurais marché sur les pavés lisses de la place principale.

Mes pas auraient doucement résonné sur le sol, mais pas comme ils le faisaient à ce moment.

Un bourdonnement électrique a retenti dans mon esprit. Eleanor.

J’ai montré les dents, prête à me transformer.

Les yeux sans âme de Wendell ont plongé dans les miens et un sourire froid s’est dessiné sur ses lèvres.

J’ai senti le lien s'affaiblir.

Je la pouvais presque la voir sourire, un peu tristement.

J'ai répété cette dernière phrase dans ma tête.

L'extrémité nord de la place était connue pour sa petite scène, où se produisaient des musiciens et des artistes locaux.

Elle aurait dû être encadrée par des bannières colorées et des guirlandes lumineuses. Un groupe d'enfants était censé faire un spectacle ce soir-là.

Au lieu de cela, c’étaient leurs corps qui décoraient la scène, certains recouverts avec des rideaux, d'autres étendus au grand jour. Leurs visages étaient éteints, encore innocents dans la mort.

Les petits cafés et restaurants ne sentaient pas le pain chaud qui venait de cuire ou le café en train de couler, mais le sang et la poussière. Il n'y avait pas de bavardages, seulement un silence de mort.

On pouvait voir le lac Iliamna au loin, avec ses eaux comme témoin de tout ce qui s'était passé. C'était trop. Beaucoup trop.

J'ai pris une grande inspiration et rouvert les yeux. Les chasseurs continuaient à me narguer, mais j'ai essayé de chasser leurs paroles de mon esprit.

Cependant, la vue des corps des autres membres de la meute et de leurs petits éparpillés dans la cour et sur le territoire étendu de la meute m’a remplie de chagrin et de colère.

Je me méfiais encore. Wendell a commencé à tourner autour de moi, son regard était plein de malveillance.

« Je pensais bien que tu viendrais ici, comme la noble petite guerrière que tu prétends être. »

« Comment oses-tu revenir, Wendell Grosvenor ? » ai-je fulminé en le regardant, les yeux dans les yeux. « Je t'ai ordonné de te retirer et de quitter la ville. Qu'est-ce que tu n'as pas compris ? »

Il a ricané, puis ses lèvres ont formé une fine ligne en signe de désapprobation.

« Je vais te tuer, Aurora », a-t-il grogné. « Tu es la dernière de la lignée directe des enfants de la Déesse de la Lune. La dernière louve de sang royal pur. »

Je l'ai foudroyé du regard. « Tu n'es qu'un vieux rat jaloux qui n'a rien de mieux à faire que d'effrayer les gens avec des menaces en l’air et de fuir quand le vrai danger arrive. »

Certains des chasseurs humains de Wendell se sont redressés à mes mots, hochant la tête en montrant leur assentiment.

« C'est vrai qu'il n'arrête pas de fuir dès qu'il y a des problèmes, et nous laisse nous faire tuer », a marmonné l'un d'entre eux.

Il y avait donc de la colère dans leurs rangs.

J’ai souri. « On dirait que ton propre peuple te trouve incapable, Wendell. »

Les yeux de Wendell se sont plissés. « Tu te crois toute puissante, Aurora, mais tu n'es rien comparée à moi. »

Les sorcières du camp de Wendell ont commencé à lancer des sorts, et un sombre linceul de gaz nous a tous enveloppés. Je toussais et j'avais des haut-le-cœur en sentant le gaz brûler mes poumons.

Quelque chose en moi s'est brisé à ce moment précis.

Un vent froid a balayé mon visage alors que je me transformais, et Rhéa a pris le relais. Comme elle venait de le dire, le gaz ne blessait plus nos yeux. Au lieu de cela, il a déclenché des pulsions animales en moi, exigeant que je...

Lacère.

Tue.

Déchire.

C'était exactement ce qu'Eleanor m'avait dit de ne pas faire.

J'ai trébuché en avant, essayant de me raccrocher à tout ce que je pouvais pour me soutenir. Je devais contrôler mes émotions.

Mais tout ce que je voyais, c'était les visages des morts qui me regardaient avec des yeux impuissants.

J'ai grogné vers Wendell en montrant les dents.

« Tu veux te battre, Wendell ? Tu vas être servi », ai-je grogné.

Nous nous sommes élancés dans le combat, toutes dents et griffes dehors.

Wendell était fort et rapide, mais j'étais féroce et déterminée. Nous nous sommes attaqués l'un à l'autre, échangeant des coups et laissant des entailles.

Le pouvoir de Rhéa m'a envahie et je l'ai utilisé à mon avantage. J'ai sauté sur Wendell en lui faisant perdre son équilibre. Il a grogné et essayé de me mordre, mais j'étais trop rapide.

Alors que nous nous battions, j'ai remarqué que le frère de Wendell était tapi dans l'ombre. J'ai saisi l'occasion et bondi sur lui pour le faire tomber à terre.

Je l'ai plaqué au sol, mes griffes acérées se sont enfoncées dans sa chair.

« Annule tes sorts, Wendell », ai-je grogné. « Ou ton frère mourra. »

Wendell a hésité un instant, puis a cédé. Le sombre linceul de gaz s'est dissipé, et j'ai jeté son frère à nos hommes.

Wolfgang m’a observée sur le côté, mais la bataille faisait rage à présent, et il ne pouvait pas venir m'aider, même s'il le voulait.

« Rory », m’a-t-il lancé. « Reste calme ! »

Je ne pouvais pas.

Je me tenais au premier rang de la bataille, mon cœur tambourinait sous l'effet de la peur et de l'adrénaline.

L'odeur du sang et de la sueur était forte dans l'air tandis que les chasseurs humains, les sorcières et les partisans de Wendell chargeaient vers nous, les armes à la main.

« Nous devons protéger notre territoire ! » ai-je crié à ma meute, qui se tenait derrière moi en grognant avec férocité. « Sierra, Wolfgang, Max, Remus, nous nous sommes entraînés pour ça. Maintenant, montrons-leur de quoi nous sommes faits ! »

Les chasseurs humains et les disciples de Wendell étaient lourdement armés, et les sorcières psalmodiaient des sorts qui remplissaient l'air d’une lourde énergie noire.

Nous avons chargé vers eux, les dents serrées et les griffes sorties.

Le premier choc de l'acier contre l'acier a été assourdissant, et j’ai ressenti une vive douleur lorsqu'un des chasseurs a réussi à m'effleurer le bras avec son épée.

« Tu es morte, louve ! » a rugi Wendell alors qu'il émergeait de la foule, les yeux flamboyants de haine. « Je vais tous vous voir mourir ! »

« Pas si on te tue en premier ! » a crié Sierra en bondissant vers lui, les crocs dévoilés.

Les autres loups-garous ont fait de même, et nous étions bientôt plongés au cœur de la bataille, esquivant les sorts et les flèches, et réduisant en charpie les chasseurs humains de toutes nos forces.

J’ai pu voir Wolfgang et Max se battre comme des déments, terrassant sorcière après sorcière grâce à leur immense puissance.

Remus, quant à lui, se battait avec son esprit, utilisant sa télékinésie pour déséquilibrer les chasseurs et les sorcières.

Alors que la bataille faisait rage, j'ai aperçu Wendell en train de s'enfuir. J'ai hurlé, appelant ma meute à le poursuivre. « Ne le laissez pas s'échapper ! Nous devons l'abattre ! »

Ma meute s'est élancée, poursuivant Wendell entre les arbres et au-delà de la rivière.

J'entendais son frère, Alastor, le supplier d'arrêter et de se battre comme un homme, mais Wendell était trop lâche pour nous combattre de front.

Un mouvement soudain sur ma droite m’a poussée à me retourner juste à temps pour voir l'une des sorcières lancer une boule de feu dans ma direction.

La chaleur a brûlé ma fourrure et j'ai toussé lorsque la fumée a envahi mes poumons.

Wendell en a profité pour s'enfuir dans les broussailles, ce salopard avait le pied léger.

Mais il s'est passé quelque chose d'étrange, et une poussée d'énergie m'a traversée.

La fumée et le feu n’avaient aucun impact sur moi. Au contraire, j'ai ouvert les poings et j'ai absorbé cette boule de feu, et sans comprendre comment, je l'ai retournée contre la sorcière.

J’ai vu des étincelles rouges et dorées jaillir au loin. C'était trop tout ça, trop rapide.

Soudain, les buissons à proximité ont bruissé. Rhéa, ma louve, a grogné.

Quelque chose n’allait pas.

« Alastor ! » ai-je crié en courant vers les buissons. « Il est encore là ! »

J'ai écarté les branches, et il était là, accroupi et prêt à attaquer. Rhéa et moi nous sommes élancées pour le plaquer au sol sans difficulté.

« Nous le tenons », ai-je dit en respirant bruyamment. « Wendell s'est peut-être échappé, mais nous ferons en sorte qu'Alastor ne cause plus jamais d'ennuis. »

Je me suis calmée alors que mon esprit réalisait que la bataille était terminée. C'est alors que les regards de mes amis loups ont croisé le mien.

Il y avait du respect, certes, mais aussi de la peur. J'ai regardé autour de moi.

J'avais brûlé bien plus que la sorcière. Toute une rangée de bâtiments et de granges plus loin était partie en flammes.

Je n'avais pas seulement inversé la boule de feu.

J'avais provoqué une véritable explosion.