Il posa son regard sur elle lorsqu'elle réapparut. La robe ne la mettait pas particulièrement en valeur. Elle flottait légèrement sur sa silhouette, mais au moins elle était impeccable.
À ses pieds, elle portait des baskets usées. Il se dit qu'il faudrait également lui trouver des chaussures plus appropriées. Dans l'ensemble, elle avait une allure agréable. Avec quelques vêtements neufs et un soupçon de maquillage, elle serait encore plus charmante.
N'ayant jamais connu d'homme auparavant, Robin ne savait pas comment interpréter ce regard. Mais il éveillait en elle une chaleur et des frissons dans tout son corps.
Cet étranger l'effrayait et l'attirait à la fois. Il était très séduisant dans son pantalon noir et sa chemise blanche.
« Tu es prête à y aller ? Tu dois avoir l'estomac dans les talons maintenant », dit-il. Il ouvrit la porte et attendit qu'elle passe.
Il s'arrêta net. « Marche à mes côtés, pas derrière », dit-il, l'air légèrement contrarié.
Lorsqu'ils entrèrent dans la grande salle à manger, deux personnes la dévisagèrent. Robin se sentit aussitôt mal à l'aise.
La femme assise avait les cheveux noirs, comme Luca. Elle était grande et élancée, et son regard n'était pas des plus chaleureux. Robin voyait bien que son apparence ne lui plaisait guère.
L'homme avait à peu près l'âge de Luca. Il était petit avec des cheveux blonds. Il était beau, mais pas autant que Luca. Son regard semblait bienveillant, contrairement à celui de la femme.
Il sourit et se leva. « Qui est-ce, Luca ? » demanda-t-il. Il prit sa main et y déposa un baiser, mais elle la retira vivement.
Luca se tourna vers eux. « Je vous présente Robin Potter. » Il se tourna vers elle. « Robin, voici Filippo Russo, mon ami et associé. Et voici ma cousine Grazia Rossi », dit-il en tirant une chaise pour qu'elle s'assoie.
. . . . « Eh bien, Luca, ce n'est pas tous les jours que tu nous amènes une femme comme elle à table », lança Grazia en toisant Robin d'un air dédaigneux.
« Je ne suis pas ce que vous croyez, espèce de vipère », riposta Robin, piquée au vif, mais elle se tut net quand Luca lui jeta un regard qui en disait long.
« Grazia, tu vas parler de Robin avec respect, et je t'assure qu'elle n'est pas ce que tu insinues. » Le ton glacial de Luca ne laissait aucune place à la discussion.
Le visage de Grazia vira au cramoisi. « Alors qui est-elle ? Pourquoi est-elle ici, accoutrée de la sorte ? »
Luca esquissa un sourire. « Robin va s'installer ici ; nous allons nous marier. »
Il aurait voulu figer cet instant. La mâchoire de Grazia se décrocha et elle resta bouche bée. Luca trouvait la scène cocasse et se retenait à grand-peine d'éclater de rire.
Grazia se leva d'un bond, s'agrippant à la table. « C'est une plaisanterie de mauvais goût ? »
« Je t'assure, ma chère cousine, que c'est on ne peut plus sérieux. Ne me rabâchais-tu pas sans cesse que je devais trouver une épouse ? Eh bien, c'est chose faite, tu devrais être aux anges. »
« Oh non, Luca, as-tu perdu la tête ? Certes, je t'ai conseillé de te marier, mais avec quelqu'un de ton rang. Pas une fille comme elle. »
« Elle sort visiblement du caniveau, regarde-la ! Ces guenilles, cette tignasse. Et son âge ; elle est à peine sortie de l'adolescence. »
Robin était assise, les mains jointes sous la table. Elle se sentait mal à l'aise tandis qu'ils parlaient d'elle comme si elle n'était pas là. Elle ne pouvait que rester muette pendant qu'ils se disputaient.
« Grazia, c'est à moi de choisir qui j'épouse. L'âge de Robin n'est pas un problème majeur. Je l'emmènerai faire les boutiques pour des vêtements et tout ce dont elle a besoin. »
Ils se turent lorsque les plats furent apportés et déposés devant eux.
Robin regarda la nourriture, l'eau à la bouche. L'odeur fit gargouiller son estomac.
Elle n'avait jamais vu autant de mets raffinés de sa vie. Affamée, elle prit un morceau de viande avec ses doigts et le porta à sa bouche.
Grazia laissa échapper un hoquet de surprise. Robin leva les yeux et vit que tout le monde la dévisageait.
« Regarde-la, Luca, elle mange avec ses mains comme une sauvageonne. C'est elle que tu veux épouser et présenter à tes relations d'affaires ? »
« On se moquera de toi à Rome. Personne ne voudra acheter ton vin ou travailler avec toi. »
Luca tapota la table du bout des doigts, observant Robin.
« Grazia, Luca peut engager quelqu'un pour apprendre les bonnes manières à Robin », dit Filippo avec un sourire.
Luca acquiesça. « Oui, c'est une excellente idée, Filippo. Maintenant, mangeons avant que nos plats ne refroidissent. »
Il regarda Robin et prit son couteau et sa fourchette, lui montrant comment faire de même.
Robin l'imita. Elle n'avait jamais eu le droit d'utiliser des couverts chez son oncle. Elle devait manger avec ses mains sur le sol de la cuisine.
On lui versa du vin dans son verre, mais elle secoua la tête.
« Tu ne veux pas de vin ? » lui demanda Luca.
« Non, juste de l'eau », dit-elle en baissant les yeux.
Elle utilisa la fourchette et le couteau mais mangeait toujours très vite. Quand elle tendit la main vers plus de pain, elle vit le regard contrarié de Grazia et retira sa main.
Luca prit l'assiette et lui dit d'en prendre un.
Filippo posa quelques questions simples à Robin. « D'où viens-tu ? »
Quand elle répondit, Grazia ricana. « J'aurais dû m'en douter. Cet endroit est un vrai trou perdu. Seule la racaille y vit. Pas étonnant que cette fille n'ait aucune éducation. Elle n'a rien à faire ici. Ramène-la d'où elle vient. »
Luca frappa la table du poing, faisant sursauter Robin. Il se leva et saisit le bras de sa cousine, la tirant de sa chaise.
« J'en ai assez de ton attitude méprisante. Va dans ta chambre. Je ferai monter ton repas là-haut. »
Grazia fusilla Robin du regard. « Ça me va très bien. Je ne mangerai pas avec une va-nu-pieds qui se comporte comme une bête. » Elle quitta la pièce.
« Je suis navré pour le comportement de ma cousine », dit Luca, regardant Robin tandis qu'il se rasseyait et continuait à manger.
« Je parlerai à Grazia », dit Filippo. « J'essaierai de lui faire entendre raison. »
« Dis-lui que si elle ne change pas, elle devra quitter ma maison. Je ne tolérerai plus aucune impolitesse envers Robin. »
Luca se tourna vers Robin. « Dis-moi si quelqu'un est désagréable avec toi, et je m'en occuperai. »
Robin baissa les yeux. Elle ne voulait causer de problèmes à personne, surtout pas à la famille.
Il était clair que Grazia la détestait, et Robin savait qu'elle la traiterait toujours mal.
Quand ils eurent fini de manger, Robin se leva et commença à débarrasser les assiettes, mais Luca l'arrêta, l'air contrarié. « Non, j'ai du personnel pour ça. Tu ne cuisineras pas et tu ne feras pas le ménage. Tu comprends ? »
« Oui », répondit-elle en hochant la tête.
Elle suivit les hommes dans le salon, où ils prirent un verre et parlèrent affaires. Elle resta assise en silence et écouta.
Elle commençait à avoir très sommeil mais avait peur de dire quoi que ce soit de crainte que Luca ne se fâche.
Filippo remarqua ses yeux qui se fermaient. « Luca, nous ennuyons cette jeune dame, et elle semble fatiguée. Dois-je la raccompagner à sa chambre ? »
Luca finit son verre et se leva. « Pas besoin. Je vais la raccompagner puisque je monte me coucher aussi. Bonne nuit, Filippo. »
Il lui tint le bras tandis qu'ils montaient à sa chambre.
« Je suis encore désolé pour la façon dont Grazia te traite. »
« Ce n'est pas grave. Je comprends pourquoi elle ressent ça. Elle a raison à mon sujet ; je n'ai aucune classe, je ne suis qu'une pauvre fille. » Elle baissa les yeux tandis que des larmes lui montaient aux yeux. « Tu devrais trouver quelqu'un d'autre. »
Il lui releva le menton du doigt. « Ne parle plus jamais de toi comme ça. Tu vaux autant que n'importe qui ; nous devons juste t'aider à le montrer. »
« De plus, je ne veux personne d'autre comme épouse. C'est toi que je veux. N'est-ce pas mieux ici que de vivre avec ton oncle ? Je pense qu'il était très méchant avec toi. »
« Tu as dit que tu ne voulais pas de relations intimes avec moi », dit-elle en s'écartant de sa main.
« C'est vrai, je n'en veux pas », répondit-il.
« Si c'est vrai, alors pourquoi devons-nous nous marier ? Quelle en est la raison ? »
« Je te l'ai dit, Robin. Je dois me marier pour les apparences. Considère que nous nous entraidons. »
« Je t'ai sauvée d'une vie misérable, et tu m'aides à éviter d'épouser quelqu'un qui voudrait plus de moi que simplement mon nom. »
« Alors, tu auras des petites amies ? »
Luca lui caressa la joue. « Cela te dérangerait ? »
« Ce ne sont pas mes affaires ce que tu fais », répondit-elle.
Mais pour une raison quelconque, elle se sentit un peu triste à l'idée de Luca avec une autre femme. Même s'il avait dit qu'il ne la désirait pas, principalement parce qu'elle était vierge, cela la contrariait.
Elle était sûre qu'il ne la trouvait pas jolie, et elle comprenait - elle était pauvre et pas son genre.
« Alors pourquoi as-tu l'air si triste ? »
« Je suis juste fatiguée », dit-elle, ne voulant pas lui avouer la vraie raison.
« Dans ce cas, je vais te laisser aller dormir. Demain, nous irons faire du shopping, nous occuperons de tes cheveux et de tes ongles. Nous déjeunerons en ville. Bonne nuit, ma douce Robin. »
Il lui donna un baiser très doux sur les lèvres.
Après son départ, elle toucha ses lèvres là où il l'avait embrassée.
Elle se déshabilla et se coucha. Cette nuit-là, elle rêva de Luca. Dans son rêve, il était à côté d'elle, la caressant et l'embrassant.
Elle se réveilla en sursaut. Le rêve semblait très réel. Elle essaya d'arrêter de penser à lui, mais c'était difficile.
Elle ressentait de nouvelles sensations dans son corps, et une étrange sensation entre ses jambes. Sa culotte était humide.
Ces nouvelles sensations l'effrayaient car elle ne savait pas ce qu'elles signifiaient.
