
Mes yeux finissent par se poser sur la bourse contenant ce que j’ai gagné, accrochée à l’une de ses griffes, alors que nous approchons du massif de montagnes de Requiem.
Je regarde la corniche sur laquelle je sais que nous allons atterrir, la plus proche des chambres des esclaves.
Mais je suis soudain prise de panique lorsqu’il fait pivoter ses ailes pour nous emmener dans une ascension abrupte, en direction de la plus haute corniche.
Je sais qu’elle mène à sa grotte privée, qui mène elle-même à sa chambre à coucher.
Il atterrit gracieusement, sans faire de bruit.
Sa queue m’approche près de son corps, plus profondément dans la corniche et juste sous le plafond brun de la grotte avant qu’il ne me dépose sur le sol.
Je me tiens sur mes deux pieds et lui fais face, alors que sa silhouette de dragon me domine de toute sa hauteur.
Haël passe du dragon à l’humain sous mes yeux. Un brouillard magique vert tourbillonnant prend lentement la forme de son grand corps d’homme juste devant moi.
Ma tête est toujours levée pour le regarder dans les yeux.
Bon. J’admets que sa forme de dragon ne m’intimide pas... c’est sa forme humaine qui me terrifie complètement.
Dans ses mains, il tient son pantalon de cuir, ses protège-bras et ma bourse de pièces, qu’il fourre dans l’une de ses poches de cuir.
Les objets qu’il tient sont la seule barrière physique qui me cachent sa nudité... sa...
Je ne regarde pas en bas.
« Je suis content que tu prennes tout ça à bras le corps, Madeline. » Alors qu’il dit cela, je n’ai pas confiance en le moindre mot ‘gentil’ qui sort de sa vile bouche.
Mais je continue à jouer les courageuses, parce que je ne veux pas qu’il me brise si vite que j’aurais l’air d’une parfaite imbécile.
« J’essaie. Maintenant, répondez à ma question. Comment exactement allez-vous me dresser à la soumission ? Je veux savoir ce que vous prévoyez de me faire ? » lui demandé-je avec insistance, mal à l’aise de ne pas avoir de réponse à ma question.
Haël sourit lentement, et ses yeux semblent omniscients. Il lève sa main vers mon visage et passe son pouce le long de ma mâchoire. Sa paume finit par se poser sur mon cou. Je baisse les yeux sur sa main et je déglutis.
Je sais que j’ai fait une erreur en me montrant agressive, mais il semble plus curieux qu’en colère... pour le moment.
J’hésite à regarder dans les yeux émeraude de Haël pour essayer de comprendre ce qu’il pense.
« Oh, ma puce... » dit-il d’une voix traînante, son sourire moqueur s’élargissant alors que les entraves de fer autour de mes poignets se resserrent, juste au moment où sa main se contracte légèrement autour de mon cou.
« Aïe ! » Je grimace et lui lance un regard suppliant.
Il serre les chaînes de fer avec la seule force de son esprit jusqu’à ce qu’elles me pincent la peau. Tout ce que j’obtiens comme réponse, c’est un sourcil arqué et un sourire cruel.
« Ça fait mal ? » demande-t-il avec condescendance, et je m’écarte brusquement de lui quand je sens que sa main se relâche un tout petit peu.
Mais c’est suffisant pour me libérer de sa prise. Je recule d’au moins quatre grandes marches, jusqu’à ce que mon dos heurte la paroi de la grotte et que je le regarde avec lassitude se décider à mettre enfin un pantalon.
Je détourne mon regard vers les parois de la grotte incrustées de diamants, en essayant de calmer ma respiration.
Je suis très intimidée par la façon dont il m’a contrôlée si facilement. Je suppose que c’était destiné à me faire sentir insignifiante et faible, comme s’il pouvait me briser d’une simple pression de la main.
Je frissonne à cette idée, je me fais peur toute seule.
Je jette un coup d’œil sur lui maintenant qu’il porte un pantalon et je remarque qu’il le porte bas sur ses hanches. Le V du bas de son torse attire mon regard.
J’admets que son corps est beau et effroyablement attirant... mais je sais qu’il ne fait que cacher son âme sombre et malveillante.
Je suis distraite momentanément en remarquant ses protège-bras détachés. Est-ce qu’il s’attend à ce que je m’approche et que je les attache pour lui ?
Cependant, sous mes yeux, je vois les lacets des protège-bras commencer à se contracter et à bouger en s’enroulant l’un autour de l’autre pour se nouer tout seuls.
Je sais qu’il a fait cela avec son esprit.
Haël est connu comme l’un des dragons les plus puissants du pays. Ses capacités psychiques font de lui un ennemi redoutable et vraiment terrifiant.
C’est comme cela que je le considère. Nous sommes des ennemis.
« Tu n’es pas mon ennemie. » Haël entend clairement mes pensées et grimace soudainement. Il s’avance, me regardant comme si j’étais une proie. « Au contraire, tu pourrais être un petit morceau savoureux. »
Je le regarde fixement alors qu’il passe devant moi, attendant que je le suive.
Ces deux choses m’exaspèrent mais je me retourne et le suis quand même à contrecœur. Je n’ai nulle part d’autre où aller.
C’est soit le suivre plus profondément dans le dédale de grottes, soit marcher jusqu’à une corniche vide.
La corniche vide semble presque plus attrayante en ce moment.
« Où m’emmenez-vous ? » demandé-je en espérant qu’il réponde.
« Madeline, qu’as-tu appris depuis que je t’ai asservie dans ma Horde ? »
Haël se retourne et revient vers moi en me regardant de haut en bas. Il a un regard calculateur dans les yeux. Je ne lui fais pas confiance.
« Faire le ménage est ennuyeux », dis-je, et il lève juste un sourcil, surpris que je ne lui réponde que ça.
Et encore une fois, il ignore ma propre question. Il se retourne et continue son chemin.
Je ne peux m’empêcher de murmurer la suite à voix basse, sans vouloir qu’il l’entende.
« ...vous n’êtes qu’un salaud barbare. »
Haël s’arrête brusquement et se retourne pour me faire face. Je me fige sur place. Bien sûr, il m’a entendue.
« Je dis simplement la vérité », dis-je encore en le défiant, et je me maudis silencieusement lorsque son regard semble devenir mortel alors qu’il se concentre sur moi.
« Pourquoi ne pas t’approcher et me redire ça ? » Haël me fait signe d’avancer en tendant la main.
Je suis une sorte d’artiste de l’évasion, mais je n’ai aucune idée de la façon dont je vais m’en sortir cette fois...