Qu'est-il arrivé à Erin ?

Au commissariat de Braidwood, Mia Trinket est assise nerveusement sur une chaise. Elle essaie d'arrêter de trembler mais n'y arrive pas tellement elle est inquiète.

La peur vient de l'intérieur. Elle n'a besoin ni de portes ni de fenêtres.

Ce n'est pas la première fois qu'elle se retrouve dans un poste de police, et elle sait que ce ne sera pas la dernière.

Le cœur lourd, Mia garde les yeux baissés quand la porte derrière elle s'ouvre.

Le détective Russo entre d'un pas bruyant. Il se dirige vers son bureau et s'assoit.

"Désolé pour l'attente. Comment allez-vous, Mademoiselle Trinket ?"

Il sort un carnet et un stylo noir.

Il la regarde longuement.

"Comment vous sentez-vous, Mademoiselle Trinket ?" répète-t-il pour attirer son attention.

"Ça va, je suis juste un peu stressée." En réalité, elle est terrifiée. La bouche sèche, elle ajoute : "Je vais être en retard pour mon premier jour de rentrée. Pas terrible pour commencer."

Le détective Russo hoche la tête avec compréhension. "Vous êtes en terminale, c'est ça ? Votre dernière année au lycée Braidwood avant le bac ?" demande-t-il, stylo en main.

"Oui."

"Vous connaissez Keila Venus ?"

Elle a l'air perplexe mais acquiesce.

"Vous êtes amies ?"

Mia hésite. "On... l'était."

Le détective Russo se redresse et la regarde attentivement. "Tous les élèves seront de retour à l'école aujourd'hui. Sauf une. Keila Venus."

Mia sent soudain un grand froid l'envahir.

Le détective remarque son visage qui pâlit.

"Vous n'étiez pas au courant ? Qu'à la fin des vacances d'été, Keila a disparu et que personne ne l'a revue ?"

Il lui laisse le temps d'assimiler cette nouvelle information.

Mia se fige. Elle est perplexe. Choquée, mais d'une certaine manière pas surprise.

Les yeux de Mia s'écarquillent, et elle lève lentement les yeux vers lui.

"Non. On a juste... on a juste arrêté d'être proches," dit-elle avec difficulté. "On ne traînait plus ensemble et on ne se parlait même plus depuis des années."

Le détective Russo hoche la tête et note quelques mots sur son carnet. Mia ne peut pas lire ce qu'il écrit.

"Intéressant, parce que sa mère a dit la même chose.

"Mais quand la police a fouillé sa chambre, ils ont trouvé tout un album photo et des scrapbooks de vous. Des photos de vous, Keila Venus, Aries Black, Opal Chiang, Akin Ballo et Erin Lockwood. Ensemble. Mais beaucoup plus jeunes."

La peur en elle est comme un poison sans antidote.

"On a tous notre passé, Détective, mais... euh." Elle a du mal à parler. "Comment a-t-elle disparu ? Qui l'a vue en dernier ? Et où ?"

Le détective Russo hausse un sourcil devant toutes ses questions.

"Sa mère dit qu'elle est partie brusquement dans la nuit. Elle pensait que Keila allait courir. Mais quand elle s'est réveillée, Keila n'était pas revenue et ses vêtements de course étaient toujours dans sa chambre."

Mia serre les poings pour arrêter de trembler.

"Une fois que tout le monde sera au courant, toute la ville va chercher avec des chiens policiers et tous les flics pour fouiller les bois—"

"Elle n'y est pas," coupe Mia.

Le détective Russo se penche en avant, pose son stylo pour croiser les mains, la regardant avec curiosité.

"Écoutez," commence-t-elle. "Keila et moi, on se connaissait quand on était gosses, oui. Mais beaucoup de choses peuvent changer en sept ans, même si une chose ne changera pas, c'est la trouille de Keila pour les bois.

"Si quelqu'un l'a enlevée, cherchez où vous voulez. Mais si Keila s'est barrée d'elle-même, elle préférerait passer une journée dans le pire endroit qu'une minute dans ces bois."

Le visage du détective Russo est difficile à déchiffrer.

Sans la quitter des yeux, il ouvre un tiroir de son bureau, en sort un dossier et le pose devant lui.

Il referme le tiroir et joint ses doigts au-dessus du dossier.

"Vous parlez de ce qui lui est arrivé, et à vous aussi, il y a sept ans ? Quand Erin Lockwood a disparu dans les bois, elle aussi ?"

Son regard est suspicieux.

"Sauf que des gens l'ont vue disparaître. Vous, Keila Venus, Aries Black, Opal Chiang et Akin Ballo.

Mia essaie de garder son calme, mais sa mâchoire se crispe. "Quoi ? Vous pensez vraiment qu'on a quelque chose à voir avec ça ?"

"Est-ce le cas ?"

En colère, Mia plonge la main dans son t-shirt et en sort son collier en or.

Elle montre le pendentif au bout - la moitié d'un cœur avec un bord dentelé. Le mot "Best" est gravé sur la moitié du cœur qu'elle porte.

"Après ce qui est arrivé à Erin... on a tous arrêté d'être potes. Pas à cause les uns des autres, mais parce qu'on ne savait pas comment gérer—" elle s'arrête, réfléchissant soigneusement à ce qu'elle va dire ensuite.

"Je ne sais pas ce qui est arrivé à Keila, mais je veux faire tout ce que je peux pour vous aider à la retrouver." Mia frotte les bords usés du pendentif avec son pouce. "N'importe quoi..."

Le détective Russo la regarde et hoche la tête.

"Vous pouvez y aller maintenant, Mademoiselle Trinket. L'école est déjà au courant et ils annonceront la disparition de Keila à l'assemblée."

Mia acquiesce et ramasse son sac à dos. Elle se lève et passe la bretelle sur son épaule. Elle se tourne et marche rapidement vers la porte.

À la porte, elle jette un coup d'œil en arrière.

Le détective Russo ouvre le dossier et commence à le lire.

Elle part, laissant la porte grande ouverte dans sa hâte.

Mia fait quelques pas dans le couloir sombre. Soudain, elle est submergée par la culpabilité et a du mal à respirer. Elle pose sa main sur le mur pour se stabiliser.

Le détective Russo observe Mia de dos, regardant par l'embrasure de la porte.

Mia baisse la tête un instant, respirant difficilement avant de relever les yeux. Elle prend un moment pour se calmer et arrêter de paniquer.

Chancelante, elle continue vers les escaliers, passant devant les policiers pour quitter le commissariat.

Alors que Russo retourne dans son bureau, il commence à élaborer une théorie. Il s'assoit à son bureau et se met à examiner toutes les infos sur l'affaire Erin Lockwood.

La lune était comme un fantôme argenté, sa lumière filtrant à travers les arbres, créant des taches d'argent sur le sol alors que les branches bougeaient, la faisant se sentir moins froide.

Mia marchait lentement en tête. Le sol humide de la forêt s'enfonçait entre ses orteils alors qu'elle avançait pieds nus.

Keila tremblait à côté d'elle. Sa robe d'été rouge était très sale.

Les longues jambes maigres d'Akin tremblaient, et il se tenait le côté.

Le bras d'Opal était autour des épaules d'Aries et son bras à lui autour de sa taille, l'aidant à sautiller sur une jambe.

Ils sortirent tous des bois, blessés, brisés et terrifiés.

Bientôt, tout ce qu'ils purent entendre fut le bruit assourdissant des sirènes dans le ciel nocturne, et le crissement des pneus alors que quatre voitures de police arrivaient.

Huit policiers sortirent de leurs véhicules et s'approchèrent rapidement mais prudemment des enfants désorientés.

Des lumières bleues vives brillèrent dans les yeux de Mia alors qu'une policière venait vers elle. Mia ne bougea pas - elle était figée - incapable de faire quoi que ce soit.

Elle ne cessait de revoir l'image terrifiante du corps desséché d'Erin, immobile, sans vie dans ses yeux.

"Bonjour, je suis policière." La femme montra l'étoile sur sa poitrine. "Je ne vais pas te faire de mal. Je suis là pour t'aider."

Mia resta immobile, ne ressentant rien.

La policière se plaça juste devant elle et se pencha. Elle leva les mains pour tenir le petit corps de Mia.

Mais quand elle toucha la peau de la fillette, Mia sursauta comme si elle avait été brûlée et haleta comme si on l'avait frappée. Ses yeux clignèrent rapidement, regardant partout autour d'elle alors qu'elle réalisait enfin l'horreur de ce qui s'était passé.

"Jim !" appela un policier. Il posa sa main sur l'épaule mince d'Akin.

"Celui-ci dit que leur autre copine est encore dans les bois," dit-il à un autre officier, qui portait une Opal en pleurs vers une voiture de police.

"Carter, John. Allez avec Jim et trouvez l'autre gamine," ordonna-t-il. Les trois policiers s'élancèrent dans les bois, disparaissant dans l'obscurité tandis que les quatre autres restaient pour s'occuper des cinq enfants.

"Viens, on va t'emmener à la voiture, te réchauffer," dit doucement la policière en frottant les bras de Mia pour les réchauffer. "Et te ramener au poste. Tes parents sont très inquiets."

Elle passa sa main derrière l'épaule de la fillette pour la guider gentiment.

Mia refusa et recula.

"N-non. Je-je dois y retourner ! Elle a besoin de moi !" cria Mia fortement, et elle se retourna pour courir vers les bois.

La policière bondit et enroula rapidement ses bras autour de son petit corps.

Mia se débattit et hurla. "Elle a besoin de moi ! Elle... a besoin de moi."

Ses cris s'atténuèrent et se transformèrent en sanglots étouffés alors qu'elle baissait la tête. Des larmes coulèrent de ses yeux et tracèrent des sillons propres sur ses joues sales.

La policière recula mais continua de tenir Mia, la tournant pour lui faire face. La tête de la fillette était toujours baissée, et elle essaya de la faire la regarder.

"Que veux-tu dire, ma puce ? Que lui est-il arrivé ?"

Mia releva lentement la tête, et la policière plongea son regard dans ses yeux effrayés.

"C'est-je l'ai tuée-euh, hum," dit-elle avec difficulté.

Les yeux de Rebecca s'écarquillèrent, emplis d'une peur sans nom.

Elle parla d'une voix grave. "Hé, j'ai besoin que tu te concentres pour moi. Comment tu t'appelles ?" demanda-t-elle.

"Mia."

La policière hocha la tête et sourit pour l'encourager.

"C'est bien, Mia, très bien. Je m'appelle Rebecca." Elle tapota sa poitrine et remit sa main sur l'épaule de Mia.

"J'ai besoin que tu me rendes un petit service. Tu peux faire ça ?"

La tête tremblante de Mia acquiesça.

"Tu peux me dire ce qui s'est passé ici ?" demanda-t-elle, regardant vers les bois. Ses yeux revinrent sur le visage de Mia, qui avait l'air profondément triste.

Mia leva une main pour tenir le pendentif de son collier.

"Mia." D'un ton sec.

"Que s'est-il passé ?" demanda-t-elle fermement.

Mia céda, et sa main retomba le long de son corps.

"Je l'ai tuée. Je voulais pas," pleura-t-elle doucement, de nouvelles larmes dans les yeux. "J'avais pas le choix."

La bouche de Rebecca s'ouvrit en grand.

"Je l'ai tuée."