Jen Cooper
LORELAI
Kai m'a portée sur le chemin menant à la hutte de ma mère. Il n'y avait pas de mots pour exprimer à quel point je me sentais bien dans ses bras. Il était chaleureux et fort, tout ce qui m'avait manqué.
Enfin, pas tout, un tiers de ce tout, mais c'était suffisant pour l'instant, le temps que nous fassions le tri dans le merdier que mon père avait provoqué. Vaughn s'est approché et Kai lui a lancé un grognement d'avertissement. J'ai secoué la tête en regardant Kai, dont le grand corps me protégeait de la plus grande partie de la pluie fine.
« Il m'a aidée, Kai. Il est le seul à l'avoir fait. Il m'a donné de la nourriture et de l'eau. C’est un homme bon, laisse-le tranquille », ai-je insisté, et les yeux de Kai se sont tournés rapidement vers Vaughn.
« Alors il sera récompensé pour sa loyauté. Les loups te doivent, humain, une faveur de ton choix », a marmonné Kai à contrecœur.
Vaughn a haussé les épaules. « Je te remercie. Ma vie est la seule récompense dont j'ai besoin », a-t-il dit.
« Pour l'instant. »
Le silence s'est installé et j’ai laissé reposer ma tête sur l'épaule de Kai, mes yeux se fermaient tout seuls. J'avais à peine dormi, et l'épuisement me gagnait rapidement maintenant que j'étais en sécurité, mais je devais voir ma mère d'abord.
J'ai embrassé le cou de Kai et il a laissé échapper un léger grognement.
« Cela fait assez longtemps que j'ai du mal à me contrôler avec toi, petite humaine. Si tu veux voir ta mère, je te déconseille de me tenter », a-t-il dit doucement, en se blottissant contre moi.
J’ai souri. Tester son contrôle était l'une de mes activités préférées, mais je voulais voir ma mère, alors je me suis abstenue. De justesse.
Il m'a souri et a embrassé le haut de ma tête avant que nous arrivions à sa hutte.
Kai m'a reposée, en restant près de moi pendant que je frappais à la porte. Ma mère a ouvert, sa mâchoire s'est décrochée en voyant mon état, puis son regard s'est porté sur Kai.
« Ce n'était pas lui, maman », me suis-je empressée de dire, et elle a froncé les sourcils. « C'était papa », ai-je précisé, et elle a froncé les sourcils.
« Qu’est-ce qu’il a fait ? Il a dit que tu avais dû partir tôt l'autre soir pour des histoires de loups-garous. Il s'est passé quelque chose ? »
« On peut entrer ? » ai-je demandé, et elle a hoché la tête en ouvrant la porte plus grand.
Je suis entrée avec Kai et Vaughn. Ma mère a refermé la porte derrière nous, puis est restée les bras croisés dans sa chemise de nuit, sans même s'approcher de la théière comme d'habitude.
Mes yeux se sont portés sur la personne qui lui tenait compagnie. La femme de mon frère, Ryleigh, était assise à la table, toute pâle, une main sur son gros ventre, l'autre sur une tasse de thé.
« Ryleigh est enceinte. Elle a des problèmes de nausée et de sommeil », a expliqué ma mère, et j'ai acquiescé.
« Félicitations. » J'ai souri, mais quelque chose me titillait. J'ai regardé son ventre et je l'ai ressenti. C'était une sensation étrange en moi, comme si mon bébé communiquait avec le sien et sentait sa présence.
Mais ce n'était pas l'odeur de mon frère que je sentais. Elle s'est répandue dans l'espace à côté de moi, là où se tenait Vaughn. J'ai froncé les sourcils et je l'ai regardé, puis j'ai regardé Ryleigh, qui rougissait en lançant des coups d’œil vers Vaughn.
C'était donc lui, le gars du village des veuves qu'elle fréquentait.
« Merci, Lorelai », a-t-elle murmuré, les yeux toujours rivés sur Vaughn.
J'ai souri et je me suis tournée vers Vaughn. « Merci de m'avoir aidée et escortée, Vaughn. Comme l'a dit Kai, nous te sommes redevables. Mais est-ce que je peux te demander une dernière faveur ? »
Il a acquiescé. « Bien sûr. »
« Tu peux raccompagner Ryleigh chez elle ? Elle a l'air d'avoir besoin d'un peu de repos et de calme », ai-je dit, et mes yeux se sont tournés vers ceux, écarquillés, de Ryleigh.
Je lui ai fait un petit sourire, et elle a rougi davantage.
« Elle allait passer la nuit ici... »
« C'est bon, maman, il faut qu'on parle », l’ai-je interrompue, et elle a hésité avant d'acquiescer.
« Vaughn restera chez Ryleigh ce soir, il l'aidera et la ramènera si elle a besoin de toi. C'est d'accord ? » ai-je demandé, et Vaughn a acquiescé. J’ai vu une lueur de reconnaissance dans ses yeux quand je l’ai regardé.
Ma mère a soupiré puis a hoché la tête.
« Merci », a bredouillé Ryleigh, puis elle a pris son manteau, l’a mis par-dessus sa chemise de nuit et a suivi Vaughn.
Il a articulé « Merci » en silence avant de partir et je lui ai répondu « ~Bravo~ » de la même manière. Il m’a souri puis il est sorti par la porte.
C'était donc lui l'amour de sa vie, la personne pour laquelle elle avait négocié avec mon frère. J'étais heureuse pour eux, mais mon sourire s'est effacé lorsque j'ai réalisé quelque chose.
« Tu as couché avec Ryleigh. Tu l'as dépucelée aussi ? » ai-je demandé à Kai.
Heureusement, Ryleigh et Vaughn étaient déjà partis, mais ma mère a retenu une exclamation.
« Lorelai, tes bonnes manières », m’a-t-elle réprimandée, mais je l'ai ignorée et j'ai attendu la réponse de Kai.
Il s’est renfrogné mais a acquiescé. « On devait le faire. »
J'ai froncé les sourcils, n'étant pas sûre de comprendre comment cela s’était déroulé.
Au fond de moi, je savais qu'ils avaient couché avec toutes les vierges de mon village, mais je n’en ai vraiment pris conscience qu'à ce moment-là, après avoir pleinement vécu la situation. Ryleigh avait aussi pris du plaisir avec leurs bites. C'était irrationnel de me part de détester ce fait, mais c’était le cas.
« Elle était timide, nous étions gentils, et elle était amoureuse de quelqu'un d'autre », a murmuré Kai, et j'ai acquiescé en voulant laisser cette petite conversation pour plus tard, quand ma mère n'écouterait pas.
« Il faut qu'on parle, maman », ai-je déclaré, et elle a hoché la tête.
« Je vais te faire couler un bain. Nous pourrons parler après ça », a-t-elle dit, et je lui ai souri. Un bain, ça me semblait luxueux. Elle a mis une grosse gamelle d'eau à bouillir sur le feu avant de se diriger vers la salle de bain.
« Son enfant n'est pas celui de mon frère », ai-je murmuré à Kai dès que ma mère a quitté la pièce.
Kai a acquiescé. « Je sais. »
« Tu l’as senti aussi ? »
« Oui. Leur lien est aussi fort qu'il peut l'être pour des humains. Ce que vous appelez des âmes sœurs. Leur enfant fait partie de ce lien. Nous pouvons le sentir », a-t-il dit, et j'ai laissé échapper un souffle.
« Je suppose qu'avec mon frère qui est un vampire maintenant, elle serait considérée comme une veuve. Ils auront le droit de vivre ensemble et d'être heureux », ai-je réfléchi à voix haute. Kai a froncé les sourcils. « Vos coutumes humaines sont étranges. »
« En comparaison des rituels des vierges et des orgies de meute ? » J'ai ri, et il a souri avant de se pencher pour m'embrasser.
Son baiser s'est approfondi et j'ai fait glisser ma langue avec la sienne tandis qu'il me serrait fort contre lui.
La chaleur a explosé dans mon corps lorsqu'il m'a soulevée pour que je n'aie plus à marcher sur la pointe des pieds pour l'atteindre.
Il m'a tenue contre lui, avec mes pieds décollés du sol, en dévorant ma bouche, ce qui me rappelait toutes les bonnes choses que j'avais après ces quelques jours horribles.
J'ai tremblé contre lui lorsque ses canines se sont allongées et que je les ai senties contre moi.
« J'ai besoin de te mordre », a-t-il chuchoté, et j'ai acquiescé.
« Je sais. Bientôt. »
« Tu en as besoin aussi », a-t-il insisté, et je l'ai embrassé à nouveau pour le distraire. Ma mère pouvait supporter beaucoup de choses, mais me surprendre en train de me faire mordre n'en faisait pas partie.
« Repose-la tout de suite ! » s’est écriée ma mère en me surprenant avec Kai. Il m'a remise sur mes pieds, m’a regardée longuement avant que je saisisse sa main, en a embrassé le dos, puis s’est tourné vers ma mère.
« Il prend soin de moi, maman », l'ai-je rassurée alors que son regard vacillait.
« D'après ce que j’ai vu à la plupart de vos visites, je crains que ce ne soit pas le cas, Lorelai », a-t-elle répliquée, et je me suis rapprochée d'elle.
« Il s'est passé beaucoup de choses. Nous devrions en parler », ai-je dit, et elle a acquiescé. Kai était déjà en train d’emmener l'eau bouillante pour la verser dans l'eau froide que ma mère avait mise dans la baignoire.
Elle a remercié Kai d'un signe de tête silencieux et l’a congédié du même geste.
« Je serai dans le salon. »
« Il y a du thé dans la théière sur la table », lui a dit ma mère, puis elle a fermé la porte de la salle de bain.
J'ai enlevé mes vêtements sales et je suis entrée dans la baignoire. J'ai soupiré en sentant la chaleur et je m'y suis enfoncée. Ma mère a pris un gant de toilette et s'est installée derrière moi, pour laver ma peau et mes cheveux dans un silence apaisant.
« Papa m'a kidnappée », ai-je commencé d’une voix lourde, et je l’ai entendue retenir une exclamation, sa main s’est immobilisée dans mes cheveux.
« Pardon ? »
« Il m'a kidnappée, maman. Parce que j'étais une traîtresse. Il m'a enlevée du lit où j’étais avec toi et m'a enfermée dans une cellule, dans un souterrain où il a créé une armée pour combattre les loups », ai-je expliqué. Sa main n'a pas bougé. Quand je me suis retournée, ses yeux étaient remplis de larmes.
« Raconte-moi tout », a-t-elle chuchoté, et je l'ai fait. Sans rien oublier.
Je lui ai raconté comment la haine de mon père avait empoisonné mon frère, comment il me haïssait. Je lui ai même parlé de l'enfant que je portais et de tous les risques que cela impliquait.
« Oh, ma chérie ! » s'est-elle écriée. « Je suis vraiment désolée. Je n'avais aucune idée qu'il irait aussi loin. »
Elle sanglotait quand j'ai enfin sorti mon cul tout fripé de la baignoire. Elle s'est redressée et m'a enveloppée dans une serviette avant de me prendre dans ses bras. Je l'ai serrée contre moi, heureuse d'être venue même si je me sentais de plus en plus mal.
La potion était efficace, mais ce n'était pas la toxine dont j'avais besoin.
« Je dois te le demander, maman, tu étais au courant de tout ça ? »
Elle s’est penchée en arrière et a secoué la tête. « Non, mais je me doutais bien qu'il préparait quelque chose.
« Habille-toi. Je vais refaire du thé et te tresser les cheveux dans le salon, où Nikolaï pourra entendre ce que j'ai à dire », a-t-elle ajouté.
J'ai souri. Kai devait déjà être en train de nous écouter, mais elle n’avait pas besoin de le savoir. De toute façon, je voulais être plus proche de lui. Il me faisait me sentir en sécurité.
Elle m’a laissée m'habiller et j'ai enfilé l'une de ses robes. C'était plus rêche que ce à quoi j'étais habituée après avoir été avec les loups pendant si longtemps, mais j'appréciais le confort de sa maison dans cette robe.
Je suis sortie et j'ai vu mon alpha serré dans les bras de cette petite femme qu'était ma mère. Il lui a rendu son étreinte et m'a souri.
J'ai souri et je les ai rejoints, en m'asseyant devant le fauteuil à bascule de ma mère, où elle avait l'habitude de me tresser les cheveux lorsque j'étais enfant, pendant que je lisais. Notre thé fumait déjà dans les tasses posées sur la table d'appoint.
Ma mère s'est éloignée de Kai et a essuyé ses yeux. Elle s'est enfoncée dans le fauteuil à bascule et s’est recueillie un instant en buvant une gorgée de thé.
« Ton père a toujours été en colère contre les loups. Ses ancêtres, techniquement les tiens aussi, ont toujours répandu leur haine jusqu'à faire la guerre, où sa famille a été exterminée par eux après qu'ils aient trahi le traité dont ils ne voulaient pas, mais que le reste de notre espèce approuvait.
« Mais si j'ai bien compris, les loups étaient des sauvages à l'époque. Bien plus qu'aujourd'hui. Nous avons évolué, mais pas lui », a-t-elle continué en commençant à brosser mes cheveux mouillés.
« Mais les loups ne lui ont rien fait directement », ai-je argumenté, et elle a soupiré.
« C'est vrai, mais c'est un homme fier. Savoir que les loups ont d'abord pris sa femme, puis sa fille, surtout après que ces marques sont apparues sur toi ? Cela a dû le pousser à bout.
« Certes, il crachait déjà sa haine des années avant que nous ne vous ayons conçus, toi et ton frère.
« Son père et sa mère étaient des anti-loups-garous, toute sa famille. Les alphas d'avant n'étaient pas aussi corrects que ceux d'aujourd'hui », a-t-elle expliqué, ses mains se sont arrêtées un instant tandis que Kai acquiesçait.
Il ne s'est pas offusqué et n’a pas protesté, c'était donc la vérité.
« Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour changer ce qu'ils ont fait », a admis Kai tranquillement, et elle a recommencé à me brosser les cheveux.
« Et beaucoup d'entre nous en sont satisfaits. Cela ne nous dérange pas de leur fournir nos récoltes et tout le reste pour nous protéger des vampires, mais malheureusement, la peur des monstres au-delà de nos frontières s'est émoussée chez cette génération.
« Nous ne voyons plus les vampires comme la menace mortelle qu'ils représentent. Nous les voyons comme un mythe, ou un conte dont on nous a peut-être dit d'avoir peur uniquement pour nous garder dans le droit chemin.
« Ton père a donc décidé que les loups étaient pires. Mais il a pris cette décision il y a des années. Il semble qu'il ait planifié tout cela depuis vraiment longtemps.
« J'aurais aimé avoir mon mot à dire, mais je pensais que c'était un imbécile avec ses divagations. Je vois maintenant que c'est à moi d'assumer le rôle de l'imbécile dans cette histoire », a-t-elle ajouté, la voix étranglée par les larmes, tandis que je me tournais vers elle.
« Tu n'es pas une imbécile, maman ! C'est lui qui l'est. Et la façon dont il traite les loups est dangereuse. Il fera tuer des humains. J'ai vu les vampires de mes propres yeux.
« Leur chef l'a dit lui-même, s'ils sentent une odeur humaine, leur soif de sang peut devenir incontrôlable », ai-je expliqué, et elle a souri doucement.
« Eh bien, c'est peut-être ce que nous méritons pour tout ce que ton père a fait à sa propre famille. »
J’ai écarté sa main. « Arrête ça. Ne te rabaisse pas et n'accepte pas ça. Bats-toi pour toi-même, et pour tous les humains qui vont souffrir de ce qu'il est en train de faire », ai-je répliqué, avec le besoin de voir la combativité revenir dans ses yeux, et non plus le regard éteint de l'abandon.
« Je suis une femme, Lorelai. Nous n'avons pas toutes dans notre sang le pouvoir de faire écouter les gens. »
« Cela n'a rien à voir. Tu es toujours une humaine, comme eux. Tu devrais avoir autant ton mot à dire, maman.
« J'ai côtoyé les loups et il n'y a pas de clivage entre eux. Leurs femelles sont fortes, elles savent se battre, elles connaissent leur histoire.
« Nous pouvons être comme ça aussi », ai-je argumenté, et ma mère s'est mordillé les lèvres avant d'acquiescer, alors qu’un éclair fendait le ciel et que le tonnerre éclatait.
La situation s'aggravait. Ce qui se passait avec mon père et les autres alphas rendait les sorcières encore plus furieuses.
Je me suis retournée vers Kai, qui fronçait les sourcils, probablement en train de vérifier le lien.
« Nous devons partir, Lorelai », a-t-il déclaré, sur un ton que j'avais pris l’habitude d’écouter.
Ma mère m'a pris la main. « Je n'abandonnerai pas, ma chérie. Je ferai ce que je peux. »
« Ça va mal se passer, maman. Je ne sais pas à quel point, mais quelque chose se prépare ou est déjà en train de se produire, je le sens. Je ne veux pas que tu restes ici sans protection. »
« Nous devons y aller », ont annoncé Derik et Brax, qui sont arrivés à ce moment-là en nous interrompant.
Je me suis levée en même temps que ma mère. Un coup d'œil dans les yeux de mes alphas et j'ai su que quelque chose n'allait pas.
« Mon père ? » ai-je lancé en me demandant s'il était mort, mais ils ont secoué la tête.
« Il nous a tous baisés. Nous te ramenons à la maison », a dit Derik alors que je regardais Brax. Ses ombres étaient une tempête à elles seules, sa colère brûlait dans ses yeux.
« Je suis désolée pour ce qu'il a fait », a dit ma mère, et je me suis tournée vers elle, mon cœur s'emballait en sentant l'urgence de mes alphas.
« Non. Tu ne dois plus t'excuser pour lui. Viens avec moi jusqu’à la cité.
« Tu y seras en sécurité. Les loups-garous ne te feront pas de mal », ai-je supplié, mais elle a secoué la tête en me tenant le visage et en replaçant une mèche de cheveux égarée derrière l’une de mes oreilles. Elle n'avait même pas eu le temps de les tresser.
« Je ne peux pas. Mes amis sont là, et Ryleigh aussi. Mais ne t'inquiète pas, je sais ce que je dois faire. Si ton père a pu enfreindre les règles de notre espèce pendant des années en secret, alors je suis sûre que je peux le faire aussi.
« Je vais rassembler autant d'informations que possible et rallier les villageois qui, je le sais, veulent rester fidèles aux loups. Nous apprendrons à nous protéger.
« Si ton père est vraiment allé aussi loin, on ne sait pas ce qui attend ceux d'entre nous qui ne sont pas d'accord », a-t-elle déclaré, et j’ai vu une lueur combattive revenir dans ses yeux.
J'avais besoin de voir cela avant de partir. Même si cela me brisait le cœur de la laisser derrière moi, elle avait raison. Elle se souciait des villageois, elle se souciait de ce qu'il advenait de son foyer, et elle ne l'abandonnerait pas. Je ne voulais pas être celle qui la forcerait à le faire.
« Si quelque chose se produit, que ça devient trop dangereux ou qu'il va trop loin, alors tu viendras à la cité. C'est d'accord ? » lui ai-je demandé, et elle a acquiescé.
« Bien sûr, ma chérie. Maintenant, va-t-en. Tes alphas font trembler cet endroit avec toute leur colère et leur anxiété. »
Elle n'avait pas tort. Je sentais un tiraillement dans notre lien alors qu'ils se retenaient de me dire de me dépêcher, mais c’était comme si je l’entendais quand même à travers leurs émotions.
« Je t'aime », lui ai-je dit, et elle m'a serrée dans ses bras en m'embrassant sur la joue.
« On se revoit bientôt, ma chérie. Je t'aime aussi, sois prudente. » Elle a regardé les loups qui m’attendaient impatiemment près de la porte.
« Et vous trois ? Occupez-vous bien de ma fille et de mon petit-fils. Je ne serai pas gentille s'ils ne sont pas en sécurité », a-t-elle lancé avec force, et ils ont tous acquiescé, l'air un peu intimidés, mais leur promesse silencieuse se lisait dans leurs yeux.
« Lorelai ? » a dit Derik en me tendant la main. Je l'ai prise et l'ai laissé m'éloigner de ma mère, le cœur lourd tandis que des larmes me montaient aux yeux.
Je savais que ma mère irait bien, mais je ne pouvais pas me débarrasser du sentiment que quelque chose de préjudiciable venait de se produire et que même les loups en étaient terrifiés.
Ils m’ont conduite jusqu'à l'orée du village, où nous sommes montés dans un carrosse. J’ai soupiré en sentant la chaleur à l’intérieur, et je me suis pelotonnée sur les genoux de Derik, fermant les yeux en m'appuyant sur son torse.
Il a caressé mes cheveux, les a embrassés, puis s'est blotti contre moi tandis que ses doigts descendaient le long de mon dos. Cela m'a fait vibrer au plus profond de moi, réveillant mon insatiable désir pour eux.
Un petit gémissement m’a échappé lorsque ses doigts ont effleuré mes cuisses. Je me suis agrippée à son épaule et j'ai levé mes yeux vers les siens. Il a soutenu mon regard, puis s’est penché vers moi et m'a embrassée. Je l’ai embrassé aussi, j'en avais très envie.
Ses doigts se sont aventurés plus loin entre mes cuisses, ma chemise de nuit s’est soulevée tandis qu'il caressait les lèvres de mon sexe. J'ai retenu mon souffle tandis que le plaisir prenait possession de moi.
Jusqu'à ce qu'il retire sa main. J'ai fait la moue et j'ai embrassé sa mâchoire, ses lèvres, puis son cou.
« Continue », ai-je soufflé.
Il a souri fermement, en gigotant sous moi à l'endroit où son membre viril déjà dur me touchait. « Je ne peux pas, ma belle. Pas tant que je ne saurai pas que toi et le bébé allez bien. »
« Nous allons bien. Je vais bien, et j'ai envie de toi », ai-je insisté, en désirant ces bonnes sensations que son contact promettait, mais il a secoué la tête avant de m'embrasser à nouveau.
« Kai a promis de m'assassiner si je te touche avant que tu aies vu Caïn et que tu aies été mordue.
« Normalement, j'ignore cet enfoiré de psychopathe, mais dans ce cas, ma belle, il a raison. Je n'aurais pas dû faire passer mes besoins avant les tiens », a-t-il ajouté en s'excusant.
Je me suis tournée vers Kai, qui m’a lancé un regard plein de défi. J’ai soufflé et je me suis adossée à Derik, mes yeux se sont tournés vers Brax, qui bouillonnait toujours en silence.
« Brax ? »
« Patience, petite fougueuse », a-t-il dit avec un sourire tendu, et j'ai laissé tomber.
Ils avaient peut-être raison. De toute façon, j'étais fatiguée. Excitée mais épuisée. Je me suis détendue dans les bras de Derik, et il a embrassé mon front.
« Brave fille. »
« Mm-hm », ai-je murmuré avant de m’endormir.