Depuis le divorce de ses parents, Nova souffre d'une timidité maladive et d'une incapacité à dire à qui que ce soit ce qu'elle veut. Alors quand son père part avec une nouvelle femme Dragaken, ça fait mal. Et la rencontrer pour la première fois sur un bateau de croisière extraterrestre ? C'est encore pire. Mais tout change lorsque Nova rencontre son demi-frère, Alek. Elle n'a jamais rien voulu de plus. Quand Alek lui rend la pareille, Nova est projetée la tête la première dans une spirale déroutante de dangers et de désirs. Mais lors de ce voyage familial d'une semaine, il est impossible de savoir quel côté d'elle-même l'emportera - Nova adhérera-t-elle à ses tabous humains, ou trouvera-t-elle enfin le courage de poursuivre son bonheur et d'aller au bout de ce qu'elle veut ?
NOVA
Le bateau de croisière intergalactique était magnifique. Il était plus grand que n’importe quelle ville déjà visitée, même s’il était difficile de l’apprécier, car la raison pour laquelle je me trouvais ici était tout sauf belle.
Je ne serais pas ici si mon père n’avait pas décidé de se remarier, plusieurs années après le départ de ma mère, mais cela ne me faisait pas moins mal. Lorsque ma mère nous avait quittés, mon père n’était même plus sur Terre. En y réfléchissant, il n’était pas rentré à la maison depuis mon enfance.
Et maintenant, sa mystérieuse nouvelle femme avait les moyens de se procurer plusieurs billets pour une croisière interstellaire de luxe ? Ce n’est pas habituel. Mais alors que je suivais la foule sur la passerelle de la navette jusqu’au vaisseau, je refusais de me laisser impressionner.
Je m’étais promis de ne jamais être heureuse d’être sa belle-fille, peu importe qui était cette femme et quel était son poste. J’avais été ~obligée~ de prendre une semaine de vacances pour rencontrer ma nouvelle « famille ».
Mon père lui avait sans aucun doute parlé de ma vie ordinaire et elle pensait probablement pouvoir adoucir la nouvelle de leur union soudaine avec des vacances uniques. J’ai ricané dans le dos de l’extraterrestre à fourrure qui se trouvait devant moi. Bon sang, ça s’annonçait horrible.
De l’oxygène frais et industriel a rempli mes poumons dès que j’ai débarqué. J’ai senti une sorte de courant électrique sur ma peau. Des humains et des extraterrestres de toutes sortes se côtoyaient sous les lumières luminescentes. J’ai avancé jusqu’au pont où les hôtes de la croisière se mêlaient à la foule.
Les hôtes, soigneusement vêtus de costumes blancs et bleus étincelants, portaient des plateaux chromés remplis de grandes boissons rouges et bleues et se faufilaient parmi la marée de corps multicolores à fourrure, à écailles, à nageoires et à peau.
J’ignorais ce que contenaient ces boissons, mais je savais qu’il me fallait un verre. Mon père et sa nouvelle femme m’attendaient quelque part sur le navire. J’étais sûre que mon bracelet connecté allait m’envoyer un message d’une minute à l’autre.
À ce moment-là, j’allais devoir trouver mon père et rencontrer cette femme extraterrestre qui avait attiré toute son attention en si peu de temps. Ils venaient d’ailleurs de se marier. C’était un mariage auquel son unique enfant n’avait pas été invitée. La plupart de ces espèces surnaturelles ne se mariaient pas. Du moins, pas comme sur Terre.
Un hôte est passé devant moi et j’ai attrapé la boisson la plus proche, elle était rouge. Un petit parasol jaune se balançait et des glaçons de forme bizarre tintaient contre le verre tandis que je suivais le reste des passagers sur le pont supérieur.
Alors que les autres passagers se dispersaient afin de s’émerveiller et de s’extasier devant les paysages étranges du bateau de croisière, j’ai bu une gorgée de la boisson rouge. Des saveurs intenses de fruits et d’agrumes m’ont envahi la langue. Ce n’est que lorsqu’il a atteint le fond de ma gorge que j’ai senti la brûlure familière de l’alcool.
C’était bon ! Et enivrant aussi. C’était si fruité et si intense que ça me donnait envie de continuer à boire, même si je n’avais pas besoin d’être encouragée pour cela. Si je me présentais ivre morte au dîner, cela leur transmettrait directement le message que je n’étais pas là pour créer des liens avec eux. Je voulais simplement profiter des vacances à ~ma~ guise, avant de retourner à ma vie solitaire sur Terre.
J’ai levé mon verre pour boire une nouvelle gorgée, mais mes lèvres assoiffées n’ont reçu que de l’air. La boisson a disparu et des nuages ont envahi ma tête.
J’ai tendu une main devant moi, comme pour reprendre mon équilibre, et j’ai essayé de respirer profondément. Oh, bon sang. Ce qu’ils avaient mis dans ce verre était plus fort que tout ce que j’avais pu boire auparavant.
Je n’allais pas avoir besoin d’un deuxième verre pour être plus ivre que jamais. À ce rythme, je risquais de vomir sur ma nouvelle belle-mère. Cette pensée m’a fait rire, puis j’ai grimacé alors que quelque chose d’ignoble menaçait de remonter dans ma gorge.
En basculant sur la droite, j’ai trébuché jusqu’à sentir la paroi vitrée me soutenir. Les yeux fermés, je me suis redressée et j’ai essayé d’avancer malgré des pensées floues. Ça a un peu trop bien marché. Qu’est-ce que je dois faire ? Fais comme si tu n’étais pas ivre. Ça fonctionnera.
C’étaient les mots familiers de tous ceux qui avaient bu plus que prévu. Même le discours dans mon esprit semblait embrouillé. Ma main s’est soudainement levée, et quelque chose a effleuré mon bras.
Mes yeux sont restés fermés. Si je les ouvrais, je risquais de vomir sur le pont supérieur. Qu’y avait-il dans cette boisson ? Une cloche a retenti à travers les haut-parleurs du navire, se répercutant comme un gong dans mon crâne et me forçant à me mordre la lèvre pour empêcher la nausée de se propager.
Bon sang, pourquoi est-ce si fort ? Une lumière éclatante a transpercé mes paupières fermées alors qu’un autre bruit de cloche me secouait. Ensuite, le bruit flou et lointain de la voix d’un capitaine qui nous accueillait s’est frayé un chemin dans mon cerveau enivré. Il m’était impossible de comprendre ce qu’il disait, alors je n’ai même pas essayé.
Soudain, un faible bourdonnement a fait vibrer le plancher sous le navire. Les poils de ma nuque se sont hérissés, et mon estomac s’est serré. Mes deux yeux se sont ouverts d’un seul coup, ce qui était une erreur.
À quelques centimètres de mon visage, de l’autre côté de la fenêtre, des traînées de lumières blanches et bleues étincelantes explosaient dans l’espace, et le goût amer et nauséabond de la nausée s’est avancé dans ma bouche à cause de cette vision. J’ai dégluti bruyamment en m’efforçant de ne pas avoir de haut-le-cœur, et je contrôlais cette envie de vomir alors que le mouvement du vaisseau venait de faire basculer mon corps loin du mur.
J’ai trébuché en arrière, les bras en l’air, les yeux écarquillés. Le sol s’est rapproché de mon visage, et j’ai bougé trop lentement pour me protéger du choc. Des bras chauds et puissants ont soudain entouré mon corps, et mon visage s’est écrasé contre la poitrine ferme d’un inconnu.
Un parfum masculin puissant est arrivé jusqu’à mes narines, et la chaleur de ce corps a fait disparaître la panique en moi. Mon corps s’est abandonné à la force tranquille de l’homme qui m’avait rattrapée. Malgré le vêtement noir qu’il portait, je sentais sa taille fine et ses muscles sculptés. Oh bon sang, je suis trop ivre pour être dans les bras d’un gars sexy en ce moment.
Mais ce n’était pas tout : les vibrations de mon estomac se sont apaisées d’un seul coup, tel l’océan à marée basse. La sensation était familière, sécurisante et profondément réconfortante. C’était quelque chose que je n’avais pas ressenti depuis des années, peut-être même depuis mon enfance.
« Est-ce que tout va bien ? » L’inquiétude s’entendant dans sa voix rauque, tandis que ses mains remontaient le long de mes côtes pour saisir mes épaules. Le sentiment de sécurité s’est évaporé.
Une décharge électrique a traversé mon corps, et chaque contact de sa peau contre la mienne était un pur bonheur. Je sentais des palpitations entre mes jambes. Bon sang, que se passe-t-il ? Je n’avais même pas encore levé la tête vers lui.
J’ai éloigné mon visage de son torse et penché la tête en arrière pour découvrir l’inconnu qui avait eu la gentillesse de me venir en aide. Des mots liés à mon étonnement se sont échappés de ma bouche. « Oh, que j’aille me faire voir. »
Ses yeux affamés parcouraient mon corps. Ses lèvres se sont retroussées et le gloussement qu’il a émis m’a retourné l’estomac. « Ça peut s’arranger. C’est un long voyage, après tout. »