La vérité, c'est que mes gars avaient besoin d'une semaine de plus pour boucler le chantier, mais je ne voulais pas le dire à Ava.
Je ne pouvais m'empêcher de regarder ses lèvres. Elles étaient vraiment jolies.
Elle portait le même legging noir moulant que ce matin, qui mettait en valeur ses formes. Elle avait enlevé son sweat et arborait un débardeur décolleté.
À cet instant, je me sentis irrésistiblement attiré par elle.
Ses cheveux bruns ondulés encadraient son visage à merveille, et ses yeux verts chaleureux et accueillants étaient profonds et mystérieux.
Ils me rappelaient une autre paire d'yeux...
« Allez, on ne peut pas juste rester ici ce soir ? » geignis-je depuis ma chaise de chambre d'étudiant tandis que mon coloc, Thomas, me balançait sa serviette mouillée à la figure.
« Comment veux-tu qu'on fasse des rencontres si on passe nos soirées le nez dans les bouquins, Theo ? » me lança-t-il.
C'était notre première année, en octobre du premier semestre. Mes cours d'architecture étaient déjà corsés, me laissant peu de temps libre. J'avais vraiment besoin de réviser pour mon examen d'histoire et théorie du design la semaine suivante si je voulais cartonner.
Je soupirai. « D'accord, mais juste une soirée. Et pas dans une de ces sororités ou fraternités barbantes. Je veux quelque chose de plus sympa. »
Thomas éclata de rire. « J'ai rencontré une étudiante de deuxième année dans mon cours de finance qui m'a invité chez elle. Elle a dit que l'ambiance était plutôt cool. De la danse, du beer pong et de la bonne musique. Ça te tente ? »
Évidemment, Thomas s'était déjà lié d'amitié avec une étudiante plus âgée.
Thomas, avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus, avait un look très « Californie ». Il était devenu mon coloc par hasard après que mon pote de lycée ait décidé de ne pas aller à la fac au dernier moment.
Au début, j'étais déçu, mais les deux derniers mois avaient été chouettes, bien que distrayants car j'avais suivi Thomas dans ses diverses virées hors du campus.
Ce serait une bonne pause, et je pensais pouvoir m'éclipser au bout de quelques heures.
« D'accord, très bien. Laisse-moi juste enfiler une autre chemise et on peut y aller », dis-je.
Une demi-heure plus tard, nous marchions vers une grande maison de style ancien à la périphérie de la ville.
Des étudiants étaient éparpillés sur la pelouse et traînaient sur le grand porche autour de la maison. Je ne pus m'empêcher d'admirer la beauté de la bâtisse et ses détails architecturaux.
« Arrête de mater la baraque et commence à mater les filles », dit Thomas en riant, me tapant dans le dos et me poussant en avant.
En entrant, nous découvrîmes un salon et une salle de séjour attenante. Ils étaient magnifiquement décorés, et le clair de lune filtrait par les grandes fenêtres.
Le long escalier finement sculpté avait des rampes aux jolis motifs métalliques, rappelant l'architecture ancienne dont nous avions parlé en cours. En levant les yeux vers le haut plafond, je fus émerveillé par le dessin détaillé au centre mais essayai de ne pas trop le fixer.
En balayant la pièce du regard, je vis que Thomas m'avait déjà faussé compagnie et était de l'autre côté du salon bondé de danseurs en sueur, en train de discuter avec une jolie rousse aux grands yeux verts.
J'avais commencé à m'approcher quand je remarquai l'amie de la rousse à côté d'elle. Ses cheveux châtain clair et ses yeux brun foncé attirèrent mon attention, et tout ce à quoi je pouvais penser était les histoires qu'ils devaient raconter.
« Salut, je m'appelle Theo », dis-je en tendant la main quand je l'atteignis.
Ses mains tenaient un gobelet en plastique rouge. Elle le lâcha lentement, plaçant délicatement l'une d'elles dans la mienne.
Je ne pus m'empêcher de sentir que sa main réchauffait tout mon corps.
« Salut, Theo. Je m'appelle Iris. »
« Theo, tu m'écoutes ? » Je sortis de mes souvenirs en entendant la voix d'Ava et me retrouvai à fixer ces yeux verts pleins d'histoires, tout comme ceux d'Iris.
Avant de pouvoir m'en empêcher, je demandai : « Tu as des projets pour ce week-end ? »
Ava, la tête légèrement penchée, semblait perplexe, ses lèvres pulpeuses formant une moue intrigante.
« Tu sais que demain c'est la Saint-Valentin, n'est-ce pas ? »
Bien sûr que je le savais. Même si j'essaie habituellement d'éviter cette fête, le fait qu'Ava ait dit oui à Sebastian avait éveillé en moi un sentiment que je ne pouvais ignorer : la jalousie.
J'acquiesçai.
Elle rit. « Si c'est ta façon détournée de savoir si je suis célibataire, le fait d'avoir accepté un rendez-vous avec ton chef de projet aurait dû te mettre la puce à l'oreille. »
Je souris. Bien.
« Eh bien, je ne veux pas marcher sur les plates-bandes de Sebastian pour votre rendez-vous la semaine prochaine, mais que dirais-tu d'un rendez-vous ce week-end ? » proposai-je en souriant.
Elle rit à nouveau, un peu trop cette fois.
« Je vais te dire ce que je viens de dire à Sebastian. Il n'y a aucune chance que quelqu'un à Austin décroche une réservation de dernière minute pour demain. »
« Si j'en obtiens une, tu diras oui ? »
Elle réfléchit un moment, l'attente presque insupportable tandis que ses lèvres pulpeuses se pressaient en réflexion.
« D'accord », accepta-t-elle.
« On se voit demain à 19h. On va au Fusion Firefly. C'est un peu plus chic que je ne le voudrais, mais je voulais que tu le saches pour que tu puisses te mettre sur ton 31. »
Sa bouche s'ouvrit grand, et je pensai immédiatement aux choses qui pourraient être mises dans cette bouche attirante.
Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti attiré par quelqu'un comme ça. Reste zen, Theo.
« Comment peux-tu possiblement obtenir une réservation pour demain dans cet endroit ? » demanda-t-elle, croisant les bras et haussant les sourcils.
Je lui fis un clin d'œil. « C'est mon petit secret. »
Ses yeux se plissèrent en me regardant avant de sourire.
« D'accord. À demain, 19h. »
En me retournant, je partis avec le plus grand sourire sur mon visage. Mon week-end de Saint-Valentin venait de prendre une tournure nettement plus intéressante.
