Le lendemain matin, je me réveille le sourire aux lèvres, encore sur mon petit nuage après la journée d'hier.
Je file sous la douche, me coiffe et essaie de me faire belle. Sloan est toujours tirée à quatre épingles, et même si je ne peux pas rivaliser avec elle, je veux faire de mon mieux.
Une fois prête, je me rends au bureau. Ne sachant pas où se trouve le mien, je vais frapper à la porte de Sloan.
« Bonjour, Sloan. Marlène m'a dit que je devais te suivre aujourd'hui ? » Je tente un sourire, mais ma voix trahit mon stress.
Elle me sourit en retour. « Ah oui, bien sûr. Je ne savais pas si elle t'en avait déjà parlé. Entre donc. »
« Je suis ravie de travailler avec toi. Tu as fait un travail formidable pour la soirée LILAC », dis-je, essayant de paraître plus sûre de moi.
« Merci. Viens t'asseoir ; je vais te montrer ce que je fais », dit-elle en apportant un tabouret moelleux près de son bureau, puis en tapotant dessus.
Je passe la majeure partie de la matinée à suivre Sloan comme son ombre, en prenant des notes. Elle me fait plancher sur un document concernant les règles de la marque LILAC pour m'assurer que je sais quoi vérifier quand elle n'est pas là.
« Dis-moi Carly, est-ce que Marlène t'a tout expliqué ? » demande-t-elle soudainement.
« Elle m'a dit que tu avais besoin d'aide et qu'elle pensait qu'on ferait une bonne équipe », j'explique.
« Oui, je viens de réaliser qu'elle ne t'a probablement pas tout dit. Alors voilà, je suis enceinte. Je ne compte pas m'absenter longtemps, mais ce sera pour un moment au moins. »
« D'abord, félicitations ! Ensuite, oh là là, je ne suis pas prête à faire ton boulot. »
« Ne t'en fais pas, tu n'auras pas à le faire ; tu pourras t'occuper des tâches quotidiennes, et pour les choses plus importantes, je serai là pour t'épauler », dit-elle.
« Ma grossesse se passe comme sur des roulettes jusqu'à présent, alors pas de panique. Et j'adore LILAC, je compte bien revenir. »
« D'accord, je comprends pourquoi Marlène ne me l'a pas dit - ce n'était pas à elle de le faire - mais merci de m'en parler. Je ferais mieux de soigner mes notes. »
Sloan sourit. « Tu t'en sortiras comme un chef. Tu as quelque chose de prévu pour le déjeuner ? J'ai rendez-vous avec Abbot Dubois pour un nouveau projet. Je suis sûre que j'aurai besoin de ton aide, alors si tu es libre, j'aimerais que tu te joignes à nous. »
« Oui, bien sûr, merci Sloan, ce serait avec plaisir. »
On bosse encore un peu jusqu'à l'heure de partir pour la réunion. Sloan propose de conduire, et on file en centre-ville.
« Sloan, désolée si c'est une question bête. »
« Il n'y a pas de questions bêtes. Je ne suis pas la meilleure pour expliquer les choses, alors n'hésite pas à demander ce dont tu as besoin. »
« Je crois qu'on va rencontrer quelqu'un de Dubois, la boîte de mode ? Qu'est-ce qu'on va faire avec eux ? »
« Oh, on prépare un gros événement, mais on aura plus de détails au déjeuner. On rencontre Abbot Dubois, la fille du designer en chef. Je ne lui ai parlé que par mail, mais elle a l'air sympa. »
« D'accord, merci. »
Je sors mon portable et commence à chercher des infos sur Abbot Dubois tout en griffonnant des notes dans mon carnet. J'aime écrire mes notes et mes listes à la main ; c'est ma façon de bosser.
Quand on arrive au resto, il y a un voiturier, alors Sloan lui confie sa voiture et on entre.
Sloan et moi attendons à l'entrée pendant qu'on cherche Abbot. Sloan sursaute quand Abbot arrive par derrière et nous surprend. Quand on se retourne, Abbot Dubois nous sourit.
« Sloan, je suis trop contente de te rencontrer ! Tu es superbe », dit-elle joyeusement en sautillant sur place. Elle déborde d'énergie.
« Wow, merci, toi aussi. Voici Carly, ma nouvelle assistante. Elle nous aidera aussi pour l'événement », explique Sloan.
Abbot me sourit. Elle est vraiment jolie ; sa peau est lisse et claire, et elle a des yeux bleus et des cheveux bruns.
Et puis il y a Sloan. Elle est peut-être enceinte mais son corps est canon ; on voit qu'elle fait du sport. Sa peau est lisse et légèrement hâlée, et ses grands yeux bruns sont magnifiques.
Être à table avec Sloan et Abbot pourrait me donner des complexes.
« Super, asseyons-nous, j'ai hâte de discuter avec vous », dit Abbot, et je réalise que j'ai décroché pendant quelques secondes.
Une fois assises avec Abbot et Sloan, une serveuse vient prendre notre commande de boissons, et Abbot demande des cocktails mimosa pour la table.
Elle rit. « Désolée, je sais que c'est un déjeuner de travail mais je réfléchis mieux avec un peu de champagne. »
« Pas de souci, vas-y Carly. En fait, Abbot, je devrais te dire que je suis enceinte, mais t'inquiète ; on a Carly pour nous épauler », explique Sloan.
« Wow, félicitations. Je veux dire, désolée si je suis trop indiscrète, mais est-ce que le père est le chanteur de la soirée violette ? » demande Abbot et ça me rappelle que Sloan est vraiment connue.
« Oui, Kade, on va se marier. On se marie ce week-end », explique-t-elle.
Je ne savais même pas qu'ils allaient se marier, mais c'est trop mignon. Il était adorable quand il parlait d'elle sur scène à la soirée violette.
« Wow ! C'est génial, félicitations », dit joyeusement Abbot.
Je réalise que je n'ai pas pipé mot depuis qu'on s'est assises, et il semble qu'Abbot l'ait aussi remarqué.
« Alors, Carly, comment tu te sens à l'idée de bosser dans le branding et l'organisation d'événements ? » demande-t-elle.
« J'adore LILAC, et Sloan est géniale, alors je suis super excitée par cette opportunité », c'est tout ce que je trouve à dire.
« Carly, je sais que c'est beaucoup à digérer, mais tu vas assurer », me dit Sloan.
« Merci, Sloan. »
Pour le reste de notre réunion, je gratte du papier à toute vitesse ; c'est tout ce que je sais faire. En plus, Sloan et Abbot parlent vraiment vite, alors il y a plein de trucs à noter.
Abbot sourit. « Je m'éclate ; vous êtes cool les filles. »
« Oui, ça se passe bien. J'ai plein d'idées. La seule chose dont on n'a pas parlé, c'est la date », explique Sloan.
« Bientôt, j'espère. Peut-être dans deux ou trois mois », suggère Abbot.
« Wow, je serai bien ronde à ce moment-là, mais on s'assurera que Carly soit au parfum », dit Sloan en riant.
« Je compte mettre la main à la pâte aussi. Le département mode de Dubois est très pointilleux sur leur image pour les défilés et tout, donc tout ne reposera pas sur vous deux », explique Abbot.
« D'accord, eh bien, je pense que c'est pas mal pour une première réunion. On pourrait faire ça une fois par semaine pendant un moment jusqu'à ce qu'on ait tout ficelé », suggère Sloan.
« Ça me va parfaitement. Merci de m'avoir rencontrée aujourd'hui, mesdames », dit Abbot.
Finalement, on règle l'addition et on retourne à la voiture de Sloan. Je me sens déjà complètement dépassée. Quelle première journée et il n'est que l'heure du déjeuner.
Une fois dans la voiture, mon cerveau bouillonne, alors je pose simplement à Sloan la question qui me trotte dans la tête. « Alors, qu'est-ce qu'on doit faire pour l'événement ? Trouver une super idée ? »
« En fait, ce sera un peu nouveau pour moi aussi. Pour la soirée violette, j'avais une équipe pour m'épauler. Je pense qu'avec le nouveau poste, on sera responsables de tout », explique Sloan.
« Wow, on peut faire ça ? » je lâche avant de pouvoir me retenir.
« On peut. Je sais que c'est beaucoup. J'étais stressée pour la soirée violette, mais on a plus de contacts maintenant, plus Abbot et qui que ce soit d'autre qu'ils nous fileront chez Dubois pour nous aider », me dit-elle.
« Je n'avais qu'une semaine la dernière fois. Cette fois, on a tellement plus de temps. »
« Tu as raison. J'ai confiance en toi. Je crois que je stresse juste un peu », j'avoue.
Sloan sourit. « Carly, j'apprécie tout le boulot que tu fais mais essaie de ne pas me voir comme une patronne. Ça se passera mieux si tu peux me parler. »
« Je sais, Sloan, désolée. J'ai tendance à beaucoup m'en faire. »
« T'en fais pas, ne stresse pas. Je veux juste que tu saches que tu peux me parler. Je ne suis pas habituée à être la cheffe de qui que ce soit non plus. »
Je ne comprends pas comment elle peut être si sympa ; elle est genre la deuxième personne la plus importante chez LILAC maintenant, canon, parfaite, sur le point d'épouser un chanteur célèbre... Elle a toute sa vie bien ficelée.
On rit toutes les deux un peu, et le reste de la journée se passe bien jusqu'à ce qu'il soit l'heure pour moi de rentrer chez moi.
Quand je rentre, je suis crevée, ce qui ne m'arrive jamais. Je prends un bain et je file au lit super tôt.
D'habitude j'ai du mal à dormir, alors si je suis fatiguée, je vais dormir autant que possible.
