Les jours défilent à toute allure, le travail devenant de plus en plus prenant.
Nous n'avons toujours pas fixé de date pour notre événement, faute d'avoir trouvé l'endroit idéal.
Nos déjeuners hebdomadaires avec Abbot sont devenus un rituel, et désormais, Sloan et Abbot sont mes meilleures amies. Elles m'aident toutes les deux à sortir de ma coquille et nous nous amusons comme des folles.
Aujourd'hui est un grand jour : Abbot nous a conviées chez Dubois pour découvrir l'envers du décor.
Ils organisent un grand défilé de mode ce soir, et elle tenait à ce que nous voyions l'ambiance qui règne la veille d'un tel événement, alors nous allons y passer la journée.
J'enfile ma robe Dubois préférée, la seule que je possède d'ailleurs, puis je file au bureau. J'arrive surexcitée, et je constate que Sloan est dans le même état.
Peu après, nous voilà dans sa voiture, en route vers le centre-ville et le bureau d'Abbot, ne parlant que de notre impatience d'assister à un événement Dubois.
Arrivées à l'immeuble, Sloan se gare et nous entrons dans le hall.
« Ah, Carly, j'ai le trac », dit Sloan.
« Moi aussi. On adore Abbot, mais les gens de la mode ne sont-ils pas réputés pour être des pestes ? »
« Comme dans Le Diable s'habille en Prada ? » demande Sloan, l'air inquiet. « Je ne sais pas trop. »
« Ouais », j'acquiesce.
« Bah, on verra bien », dit-elle en esquissant un sourire.
Nous montons dans l'ascenseur et appuyons sur le bouton du dixième étage.
L'ascenseur s'arrête à mi-chemin, et lorsque les portes s'ouvrent, l'homme le plus séduisant que j'aie jamais vu entre avec un sourire ravageur. Il sent divinement bon, et ses yeux bleu azur me captent immédiatement.
Sloan est tellement sur son petit nuage avec Kade qu'elle ne le remarque même pas, trop occupée à vérifier ses courriels sur son téléphone.
Il se tient si près de moi que je peux sentir sa chaleur, et mes jambes se transforment en coton.
Aujourd'hui, c'est mon grand jour. Je commence mon nouveau poste chez Dubois Mode.
Ces dernières années, j'ai eu la chance de parcourir le monde et de m'adonner à la photographie. Mais l'heure est venue de poser mes valises. Je ne rajeunis pas et il est temps de construire quelque chose de stable.
Chicago, c'est chez moi. Pourtant, mes parents souhaitaient que je déménage en Californie, là où ils résident avec ma sœur Abbot. Ils insistaient pour que je travaille au siège.
Rien ne me retenait à Chicago, alors je me suis dit : « Pourquoi pas ? » Mon loft sera toujours là si besoin. J'aime relever des défis.
Je suis à peine arrivé depuis quelques jours et je commence déjà à en avoir assez de ne voir que ma sœur. Elle me trouve désagréable, mais elle ignore à quel point j'ai évolué.
Dans ma jeunesse, tout mon entourage menait la grande vie, et je suivais le mouvement. Mais j'ai réalisé que ce n'était pas moi, alors j'ai voyagé et exploré de nouveaux horizons.
C'était la meilleure décision de ma vie. Je me connais vraiment maintenant, et j'apprécie celui que je deviens.
À présent, je peux renouer avec mes amis et ma famille, et démarrer une nouvelle vie ici. J'espère aussi faire de nouvelles rencontres bientôt.
Ça n'arrivera sûrement pas chez Dubois. Ici, soit les gens ont trop peur de m'adresser la parole parce qu'ils me prennent pour le patron, soit ce sont des personnes désagréables que je préfère éviter.
En arrivant au bureau, je ne suis pas nerveux mais inquiet. Ça fait des années que je n'ai pas vu ma mère en chair et en os, et aujourd'hui est un grand jour avec un défilé important ce soir.
La première chose que je fais, c'est monter au cinquième étage pour trouver mon bureau et rencontrer mes futurs collègues.
Mon poste, c'est consultant principal en image de marque. Je pense que ma mère a inventé ce titre pour m'attirer ici, mais maintenant que j'y suis, je veux faire du bon travail.
Mes parents ont toujours voulu qu'Abbot et moi fassions partie de l'entreprise. C'était plus facile pour ma sœur que pour moi.
La mode, ce n'est pas vraiment mon truc. Certes, je pourrais utiliser mes compétences en photographie, mais mes parents n'ont jamais vraiment pris au sérieux mon statut d'artiste, donc pour l'instant, ce n'est pas une option.
Je me lasse vite de la plupart des gens à mon étage car ils veulent tous être sympathiques avec moi à cause de mon nom. Je n'ai pas besoin de ça.
Je veux juste rencontrer quelqu'un d'authentique qui souhaite être mon ami ou me connaître pour ce que je suis. Porter ce nom de famille n'a pas toujours été facile.
C'était le meilleur aspect des voyages ; peu importe le pays que je visitais, personne ne me connaissait et je pouvais faire ce que je voulais.
Il est environ 9h maintenant, et je suis sûr que ma mère a déjà commencé à être désagréable avec les gens, alors je décide qu'il est temps de monter voir si je peux donner un coup de main.
Je vais dans le couloir principal, j'appuie sur le bouton et j'attends l'ascenseur. Quand les portes s'ouvrent, il y a deux jolies femmes que je ne connais pas à l'intérieur.
L'une ne lève pas les yeux de son téléphone, mais l'autre a les plus beaux yeux bleus que j'aie jamais vus.
Ils sont parfaitement ronds et magnifiques, et je ne peux pas m'empêcher de la regarder. Ses lèvres ont une forme parfaite, et je pense que cette fille est la plus jolie femme que j'aie jamais vue.
L'ancien Nikolai - celui qui voyageait et était si sûr de lui - aurait facilement abordé cette fille, mais là, dans cet ascenseur, avec des gens qui regardent, je ne peux pas... Je n'y arrive pas.
Je me sens comme paralysé par la peur, alors je décide plutôt de me tenir à côté d'elle et d'espérer pour le mieux.
Ouais. Bien essayé.
L'ascenseur s'arrête au dixième étage, et le bel homme se recule galamment pour nous laisser sortir, Sloan et moi. J'essaie de lui adresser un sourire, mais je dois avoir l'air d'une idiote.
En quittant l'ascenseur, nous faisons quelques pas avant que je ne me retourne pour voir si le beau gosse nous suit. Il a dû prendre un autre chemin car il n'est plus là.
« Sloan, tu as vu ce mec ? Il était à tomber ! »
« Hein ? De quoi tu parles ? »
« Ah là là, tu n'as d'yeux que pour Kade. C'était le plus bel homme que j'aie jamais vu. »
« Eh bien, pourquoi tu ne lui as pas parlé ? » demande-t-elle comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.
Je ne peux m'empêcher de rire. « Tu as oublié à qui tu t'adresses ? »
« Bon, qui sait ? Tu le recroiseras peut-être aujourd'hui. Tu penses que c'était un mannequin ? »
« Non, il était plutôt habillé comme un cadre. »
« Allez, allons voir Abbot. Elle saura peut-être qui c'est. »
