Servante de l'Alpha - Couverture du livre

Servante de l'Alpha

Danielle Jaggan

Chapitre 3

SKYLER

Je dormais d'un sommeil sans rêve lorsque j'ai senti une présence faire irruption dans mes quartiers, puis des mains rugueuses et calleuses me tirer de mon sommeil. C'était si soudain et inattendu que j’ai failli pousser un cri de surprise.

Les grandes mains froides du directeur se sont refermées sur mes poignets, menaçant de broyer mes os. Un sentiment d'effroi m’a envahie lorsque je me suis mise à imaginer le sort qu’il pourrait me réserver.

Je me demandais s'il avait fini par découvrir que je n'étais pas allée à la cérémonie, et s'il était venu ici pour me punir. Comment avais-je même pu penser qu'il ne remarquerait pas mon absence ? Rien ne passe inaperçu aux yeux des loups-garous.

De nombreuses pensées m’ont traversé l'esprit. Serais-je humiliée devant tout le monde, battue ou pire encore, brûlée vive ?

Je ne savais certainement pas pourquoi il me tirait ainsi dans le couloir et dans l’escalier. Mais mes mots de protestation restaient bloqués dans ma gorge : j'avais trop peur de poser une question et d'être punie davantage.

Après avoir parcouru de nombreux couloirs et descendu environ deux escaliers, tout cela en étant tirée par le bras, nous avons fini par arriver devant un grand rassemblement de serviteurs dans la salle du hall.

Le soulagement m'a envahie lorsque j'ai compris qu'il était en train de tenir une réunion. Il s'est alors arrêté brusquement, et j'ai dû enfoncer mes talons dans le sol pour ne pas lui rentrer dedans. Puis il m'a regardée en ricanant.

« Je me fiche que tu sois au bord de la mort, tant que tu respireras, tu continueras à travailler, surtout tant que l'Alpha résidera ici. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? »

J'ai rapidement hoché la tête et me suis libérée de sa main moite. Beurk. Ce que le directeur avait dit ne me faisait pas peur, mais je craignais plus que tout de subir son haleine nauséabonde.

Mon Dieu, je ne savais pas qu'une personne pouvait véritablement sentir la merde. J'ai dû retenir ma respiration pendant tout le temps où il me soufflait ses paroles au visage. Je me suis précipitée vers le rassemblement juste à temps pour entendre quelques bribes de conversation d'un groupe à ma droite.

« Je n'arrive pas à croire qu'elle est morte... »

« Sa mort est vraiment tragique... »

« Que son âme repose en paix... »

J'étais curieuse de savoir de qui elles parlaient, et mon cœur a fait un bond lorsque le visage de Scarlette m'est apparu. Impossible qu'ils l'aient tuée parce qu'elle était en retard hier, ai-je pensé avec horreur.

En y réfléchissant, je ne l'avais pas vue depuis mon arrivée forcée, et cette pensée m'a fait chavirer le cœur. Alors que je m'apprêtais à me diriger vers le groupe de domestiques qui bavardaient, j'ai dû m'arrêter à cause d'une voix tonitruante.

« Silence ! » a-t-il aboyé. En moins d'une seconde, l'attention de tout le monde s'est portée sur le directeur. Il y eut un silence jusqu'à ce qu'il reprenne la parole.

« Aujourd'hui... je dois m'occuper d'un incident qui s'est déroulé hier. Notre Alpha, qui restera ici pendant une semaine et demie, m'a dit de vous faire savoir à tous qu'il est vraiment désolé de ce qui est arrivé à votre camarade... »

Pendant qu'il parlait, mon cœur battait la chamade et j‘étais prise d’une terrible appréhension. Pourquoi ne disait-il pas ce qu’il s'était passé ? Et où diable était Scarlette ?

Et rien qu'à l'idée de la présence de l'Alpha, la chair de poule m’envahissait. Il était donc enfin là. J’allais passer une semaine épouvantable.

Je me voyais déjà travailler sans relâche et regarder constamment par-dessus mon épaule pour déceler le moindre signe de sa présence. La peur de son apparence, des choses qu'il pouvait faire me hérissaient l'échine.

« Et il veut juste que vous sachiez qu’il compatit très sincèrement... Maintenant, remettez-vous au travail ! » a-t-il ordonné.

Le directeur s’est retourné pour partir, mais lorsqu'il a vu que quelques domestiques s'attardaient encore dans le hall, il s’est arrêté et a poussé un cri. Ils avaient tous l'air si lugubres.

Et je n'ai même pas entendu ce qu’il s'est passé parce que j'ai décroché pendant une seconde et j'ai manqué tout ce qu’il a dit.

« Du balai ! » a-t-il aboyé en me regardant droit dans les yeux, et cela a suffi pour que je me tourne les talons et que je m'enfuie avec les autres.

Au coin de la rue, j'ai poussé un soupir de soulagement en voyant Scarlette marcher vers moi. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai couru vers elle et je l'ai serrée dans mes bras, ce qui l'a prise au dépourvu, mais elle m'a quand même rendu mon étreinte.

Elle s'est éloignée, a regardé autour d'elle pour voir si quelqu'un nous observait, puis m'a entraînée dans une pièce voisine.

« Tu as entendu la nouvelle ? » m’a-t-elle demandé. Je me suis dit qu’elle parlait certainement de ce dont le directeur avait parlé ce matin.

« Je n'ai pas entendu tout ce qu'il a dit, mais je sais que quelqu'un est mort », ai-je répondu avec sincérité. Mais elle est restée là, silencieuse, à regarder dans le vide.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? Qui est mort ? » ai-je demandé quand j'ai vu qu'elle ne faisait aucune tentative pour parler. Et je mourais d'envie qu'elle prenne la parole.

« Primrose... C'est Primrose », a-t-elle soupiré d’un air résigné.

Pour ma part, je n’ai pas très bien pris la nouvelle. Mon cœur s’est serré. Je l'avais vue la veille, et maintenant elle était morte ? Soudainement mes yeux se sont écarquillés.

« C'est à cause de moi ? » ai-je demandé, terrifiée.

« Oh mon Dieu, non ! » a crié Scarlette.

« Alors comment se fait-il qu'elle soit morte ? Elle avait l'air en pleine forme hier ! » ai-je dit, presque en criant, car je commençais à sentir arriver une crise de panique. Je sentais mes jambes se dérober sous moi et je me suis écroulée sur un banc voisin.

« Baisse d'un ton... » a-t-elle chuchoté avant d'ouvrir la porte et de jeter un coup d'œil à l'extérieur. Mais je n'ai rien dit de plus. Après quelques instants de silence, elle s’est approchée de moi, s’est agenouillée devant moi et a commencé à s'expliquer.

« Elle est morte de sperme. »

J'ai froncé les sourcils d'un air incrédule et j'ai failli rire aux éclats.

« Elle quoi ? » ai-je demandé, croyant avoir mal entendu.

« Hier, après la cérémonie... le directeur l'a choisie pour être la maîtresse de l'Alpha pour la nuit. Pendant qu'ils avaient des rapports sexuels... il a éjaculé en elle et ça lui a complètement brûlé les entrailles. »

J’ai avalé ma salive. Péniblement.

Alors, il était là depuis moins de vingt-quatre heures et il avait déjà tué quelqu’un. Quel genre de personne était-il, pour tuer des innocents comme ça. Mon Dieu, c'était vraiment un monstre.

Et ce matin, il nous avait présenté ses condoléances. Il ne pouvait pas être sincère. Si cela avait vraiment été le cas, il aurait pris la peine de se déplacer et se serait adressé directement à nous plutôt que de faire Dieu sait quoi.

Ma colère prenait à présent des proportions qui dépassaient tout ce que j’avais pu ressentir jusqu’ici. Primrose était à peine plus âgée que moi de deux ou trois ans. Elle ne méritait pas ça. Je parie qu'ils l'avaient forcée à le faire.

Oh mon Dieu, je ne pouvais qu'imaginer à quel point elle avait dû avoir peur. J'ai senti quelque chose d'humide couler sur ma joue, puis j'ai réalisé que je pleurais. Mon cœur se brisait à l'idée de la cause de sa mort.

Ce monstre !

« Pourquoi diable es-tu assise ici à ne rien faire ! »

Je n'avais même pas entendu le directeur entrer. Scarlette et moi nous sommes rapidement levées. Et j'ai essuyé mes larmes.

« On était juste... »

« Tais-toi ! » lui a-t-il ordonné.

« Pourquoi l'Alpha n'a-t-il pas encore pris son petit déjeuner ? » C’est à moi qu’il posait la question, et mon cœur s’est serré. Il ne pouvait pas me demander ce que je pensais.

« Nous ne sommes pas chargées des tâches liées au petit déjeuner », ai-je dit timidement.

« Je. M’en. Fous. Maintenant, va donner son petit déjeuner à l'Alpha », m’a-t-il ordonné.

Oh mon Dieu !

« Je vais le porter à l'Alpha », a proposé Scarlette en se retournant pour prendre le plateau de nourriture, mais le directeur lui a fait signe de s’arrêter.

« Pas toi... elle. » Il me désignait.

« Mais je peux le porter... » s'est empressée de dire Scarlette.

« Non... je veux que ce soit elle qui le fasse », a-t-il dit en me lançant un regard noir.

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