« ALIANA JEAN-MARIE CARTER ! Ouvre cette porte immédiatement ! » hurla mon père, furieux, à travers la porte de ma salle de bain.
J'avais filé dans ma chambre après que mes lunettes étaient tombées. Je ne savais pas qu'Axyl m'avait suivie. Il avait vu mon corps meurtri. Je m'étais enfermée dans la salle de bain.
« Si tu n'ouvres pas tout de suite, je vais défoncer cette porte, jeune fille ! » Je savais qu'il en était capable. Ce ne serait pas la première fois. Assise contre la porte, j'ai fait ce que je fais d'habitude : j'ai esquivé.
J'ai allumé la douche, enlevé mes vêtements et je suis entrée. Je ne sentais même pas l'eau froide - j'avais juste besoin d'y être.
Je savais que je n'aurais pas le temps de m'échapper par la fenêtre avant que mon père ne défonce la porte. Il aurait posté des hommes dehors, sachant que je tenterais de filer par là pour éviter la confrontation.
À peine entrée dans la douche, la porte a cédé. Mon père furieux, mon frère et Axyl ont fait irruption.
« Ça vous dérange ? » ai-je lancé, passant la tête derrière le rideau de douche. Ils m'ont tous dévisagée. Mon père et mon frère se sont retournés, mais Axyl s'est contenté de sourire en continuant à me fixer.
J'ai senti mes joues s'enflammer. « Sortez et arrêtez de me reluquer comme ça ! » Mon frère a jeté un coup d'œil à Axyl, a secoué la tête et a quitté la pièce. Qu'est-ce que ça voulait dire ?
Je pensais qu'il ferait sortir Axyl pour m'avoir vue nue, mais il s'est contenté de secouer la tête avant de partir.
Mon père a suivi mon frère, non sans avoir lancé à Axyl le même regard que Westyn en le voyant toujours me fixer.
« Je veux te voir dans la chapelle dès que tu auras fini, Aliana. Je te connais et tu ne peux pas t'échapper d'ici sans que personne ne le sache. Pas cette fois », m'a prévenue mon père avant de quitter la pièce.
Axyl est resté. C'était comme ça que j'avais échappé à cette vie auparavant. J'étais partie juste après la fête que le club avait organisée pour mon diplôme. Ils savaient que je prévoyais de partir pour l'université, mais personne ne savait quand.
Ma mère et Reaper étaient au courant, mais c'est ma mère et c'est mon meilleur ami. J'ai pris le premier bus pour la Caroline du Sud. C'était un long trajet depuis l'Indiana, mais je l'ai fait seule.
Même si ma mère et mon meilleur ami connaissaient mon plan, je ne voulais pas les impliquer plus qu'ils ne l'étaient déjà.
J'ai décroché une licence en psychologie et un diplôme en commerce en quatre ans. Puis je l'ai rencontré, et ma vie est revenue à la case départ.
« Bon, tu peux partir aussi. Je ne bouge pas d'ici. Je ne pourrais pas m'enfuir même si je le voulais. Maintenant sors de la salle de bain ou si tu comptes monter la garde, autant le faire depuis la douche avec moi », l'ai-je provoqué en haussant un sourcil.
Je ne sais pas ce qui m'a pris de dire ça, mais c'était sorti.
« Oh, ma belle, la première fois que je serai avec toi, je ne serai pas marié, et tu ne seras pas couverte de bleus », a dit Axyl avant de quitter la pièce, me laissant bouche bée.
Avait-il vraiment dit ça ? À quoi je m'attendais, franchement ? J'avais commencé.
J'ai fini ma douche, pris mon temps pour mettre de la crème, et enfilé mon legging et un débardeur. Ils savaient déjà, alors pourquoi essayer de le cacher davantage ? J'ai jeté un coup d'œil par la fenêtre et vu que mon père avait posté des hommes là.
Pareil pour la fenêtre de ma chambre. J'ai ouvert la porte pour trouver Axyl vautré sur mon lit comme s'il était chez lui. Je l'ai regardé droit dans les yeux et j'ai lâché : « Je te déteste, putain. Tu n'aurais jamais dû leur dire. Ce n'était pas à toi de le faire. »
Puis je suis descendue à la chapelle après avoir mis mes chaussons. J'ai songé à simplement courir vers la porte et sauter dans ma voiture, mais je n'irais pas bien loin avec Axyl sur mes talons.
Il était si proche que je pouvais sentir la chaleur de son corps dans mon dos. J'ai essayé de l'ignorer et j'ai continué à avancer dans le couloir.
« Ce n'était peut-être pas mon secret à révéler, mais tu n'aurais rien dit. J'ai fait ce que j'ai fait pour une raison. Tu peux me détester, mais on sait tous les deux ce que tu ressens vraiment pour moi et ce que je ressens pour toi.
Alors, arrête de faire l'enfant et finissons-en. On l'aurait découvert de toute façon et tu le sais », a-t-il dit avant de me dépasser dans le couloir. Je me suis arrêtée un instant pour le regarder s'éloigner.
Ce qu'il ressentait pour moi ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Comme une sœur, j'imagine. Qui sait ? Tout ce que je sais, c'est que cet homme a mon cœur depuis que je suis en âge d'aimer les garçons.
Il a été mon premier et j'aimerais qu'il soit mon dernier, mais il est marié maintenant, et Lana est sa femme. En plus, il a deux enfants maintenant.
Je suis entrée dans la chapelle où mon frère et mon père m'attendaient déjà. Je pouvais voir à quel point ils étaient en colère en regardant mon corps.
La colère est préférable à la déception qu'ils ressentiront quand ils découvriront que l'homme qui a fait ça était le fils de leur plus grand rival du club.
Axyl, Trigger, Griller, Ink, Snoopy, Reaper, Ghost, Doc et le reste des dirigeants, c'est-à-dire tous les pères des hommes qui dirigent le club, sont entrés derrière moi et ont fermé la porte, s'asseyant à la table.
Je me suis adossée à la porte et j'ai fixé le sol comme si c'était la chose la plus passionnante au monde.
« Alors, tu veux bien me dire qui diable t'a fait ça ? » m'a demandé mon frère. « Pourquoi bordel n'as-tu rien dit à personne de ce qui se passait ? »
Je ne pouvais pas leur dire que Hannah était au courant, et que maman savait un peu, mais que je les avais suppliées de garder ça entre nous. Je voulais gérer ça moi-même. Je pensais que j'en étais capable.
Du moins jusqu'à ce qu'il pète un câble et manque de me tuer.
J'ai pris une inspiration brusque, lançant un regard noir à Axyl. Je n'arrivais pas à croire que j'avais laissé ma porte déverrouillée. Tout était de ma faute. Ils savaient à cause de moi.
Je voulais rejeter la faute sur Axyl, mais c'était juste un moyen d'éviter d'admettre que j'avais été stupide ces trois dernières années. « Aliana, arrête de fusiller Cannon du regard et réponds à la question ! » la voix de mon père a tonné dans la pièce.
Comment étais-je censée expliquer que je pensais être tombée amoureuse du fils du président du club rival ? Que la première année avait été merveilleuse, mais que les deux dernières avaient été un enfer ?
Comment pouvais-je leur dire que j'avais ces cicatrices parce que je protégeais leurs secrets ?
« ALIANA, MAINTENANT ! » Le cri de mon père m'a fait sursauter. Je ne l'avais jamais vu aussi en colère contre moi. Les larmes me sont montées aux yeux et j'ai regardé partout sauf les hommes dans la pièce.
Ils attendaient tous que je crache le morceau. J'ai essuyé rageusement les larmes qui coulaient sur mon visage et j'ai levé les yeux vers l'homme qui m'avait toujours protégée. J'étais sa petite fille. Il ne pouvait pas être si en colère contre moi, n'est-ce pas ?
« Tout a commencé il y a trois ans. J'étais à une fête après ma première année d'université et j'ai rencontré Alexander Harris.
On est sortis ensemble pendant trois ans. La première année était géniale... » J'ai commencé, mais l'explosion de colère de mon frère m'a coupée net, me faisant le regarder.
« Attends, tu dis que tu es sortie avec le fils Harris ! Le fils du président de nos rivaux ! » Westyn s'est levé d'un bond, renversant sa chaise.
« Laisse-moi juste finir », j'ai roulé des yeux, le suppliant presque. Mon sarcasme me jouait toujours des tours.
« Westyn, ne fais pas l'idiot. Oui, j'ai cru être tombée amoureuse du fils du rival et c'était la plus grosse erreur de ma vie. Je ne savais pas qui il était jusqu'à ce qu'il soit trop tard.
Comme je l'ai dit, la première année était géniale. Il était attentionné et aimant, et puis il a changé du tout au tout. » C'était la vérité. Il était tout pour moi et je l'aimais profondément.
On avait tout prévu pour notre avenir jusqu'à ce qu'il doive prendre la tête de The Blue Moon, MC. Il ne m'avait rien dit sur le fait d'être dans un MC jusqu'à ce que son club ait besoin d'informations sur le BAMC.
J'ai dégluti difficilement, fixant le sol en poursuivant mon récit. « Il n'a jamais mentionné faire partie d'un MC jusqu'à ce que ce soit dans son intérêt.
Après qu'il ait pris la relève de son père, tout a basculé. C'est là que j'ai découvert qui il était vraiment. La guerre entre nos clubs s'est intensifiée et au moment où j'ai réalisé qui il était, j'étais déjà trop impliquée.
J'étais furieuse et j'ai essayé de le quitter. Je ne voulais rien avoir à faire avec la vie de club. Je voulais finir mes études et commencer ma vie, mais il m'a dit que je n'avais rien à craindre jusqu'à ce qu'il veuille des informations sur Broken Angels.
J'ai refusé de lui donner des informations et ça l'a mis hors de lui. Ça a commencé par une gifle par-ci par-là et c'est juste devenu de pire en pire.
J'ai essayé de m'échapper pendant les trois dernières années et il en a finalement eu assez et m'a jetée dans les cellules. » Les larmes coulaient sur mon visage.
Je me suis écartée de la porte contre laquelle j'étais appuyée et je suis allée droit au bar pour prendre une bouteille de Jack avant de revenir.
Avant de continuer, j'ai pris une longue gorgée d'alcool, ignorant la brûlure dans ma gorge. Je n'ai pas regardé les hommes autour de moi. Je ne voulais pas voir la déception et la colère sur leurs visages.
« C'était ma vie ces trois dernières années. Ils me tabassaient et me demandaient des informations sur ce club. Quand je ne leur disais rien, ils me faisaient encore plus de mal. Ce n'était pas seulement Alexander, c'était eux tous.
Ce n'était pas que des coups. Non, ils trouvaient plus amusant de me violer. Avançons d'un mois. Le jour où j'ai réussi à m'échapper. Ils pensaient que j'étais morte. Je pensais que j'étais morte. J'avais des coups de couteau partout sur le corps.
Des côtes cassées, mon visage était en miettes. Ils m'ont emmenée dans la fosse où leur équipe de nettoyage vient chercher les corps.
Ils sont partis et j'ai trouvé assez de force pour me traîner jusqu'à la route. Quelqu'un m'a emmenée à l'hôpital où j'ai appelé mon amie de l'université. Elle m'a aidée à guérir suffisamment pour que je puisse me déplacer avec moins de douleur, et maintenant me voilà. »
J'ai pris une autre longue gorgée et j'allais me décoller de la porte à nouveau.
« Que voulaient-ils savoir ? » a demandé mon frère, sa voix plus calme qu'avant, mais je pouvais voir la haine, le besoin de vengeance et la colère dans ses yeux. « Pourquoi ne leur as-tu pas simplement dit ce qu'ils voulaient savoir ?
Ça aurait été tellement plus facile pour toi. Tu ne serais pas dans cet état aujourd'hui. »
« Ils voulaient savoir quand vous faites habituellement vos livraisons. Ils voulaient des infos sur les membres et quel serait le meilleur moment pour vous avoir seuls. Ils voulaient des infos sur nos mères.
Ils voulaient des infos sur les autres femmes. Quel serait le meilleur moment pour les attraper. Je ne leur ai rien dit parce que je ne suis pas une balance et j'aurais été morte de toute façon.
Je ne leur ai rien dit parce que je ne voulais pas que quelqu'un vive ce que j'ai vécu. Soyons honnêtes, certaines femmes ici leur auraient tout balancé. Vouliez-vous que je leur dise comment atteindre les femmes ?
Le meilleur moyen de vous atteindre était de s'en prendre à ceux qui vous sont les plus chers. J'ai risqué ma vie pour le plus grand nombre. Vous êtes ma famille et vous le serez toujours. »
« J'ai peut-être cru aimer cet homme, mais je ne trahirai jamais les miens », ai-je fini dans un murmure.
« Ce salaud va payer pour ce qu'ils ont fait », a dit mon père avec colère. Ce n'était pas un ton de colère bruyant, non, c'était son ton de colère froide. Le ton qui ferait même trembler l'homme le plus coriace.
C'est ce qui avait fait de lui un excellent président et un homme militaire encore meilleur.
« D'accord, alors j'ai entendu leur plan avant qu'ils ne me jettent hors de la camionnette. Je sais ce qu'ils préparent.
J'allais tout déballer quand la femme d'Axyl, Lana, a débarqué dans la pièce en braillant. Pourquoi faut-il toujours qu'on me coupe la parole ?
« AXYL ! ARRÊTE DE M'IGNORER », a hurlé Lana, sa voix résonnant dans la pièce. « On n'a pas fini notre conversation. » Elle a baissé d'un ton pour la dernière partie.
Heureusement que je m'étais écartée de la porte, sinon j'aurais été renversée. Quelle emmerdeuse celle-là.
« Le moment où tu as fait du mal à mes enfants, notre conversation s'est terminée ! Maintenant dégage d'ici et ne reviens pas ! Tu n'es même pas censée être dans la chapelle », a répondu Axyl.
« Je ne bouge pas d'ici. Si Aliana peut être là, pourquoi pas moi ? Ce n'est pas parce qu'elle est la « princesse du club » qu'elle a droit à un traitement de faveur », a rétorqué Lana. J'avais déjà un coup dans le nez, et Axyl était quelqu'un que je défendrais toujours.
Elle s'est ensuite tournée vers moi. « Pourquoi t'es revenue d'ailleurs ? Personne ne t'a regrettée. Je dois dire, j'adore ton nouveau look. Le noir et bleu te vont à ravir. » C'est quoi son problème à celle-là ?
« Tu ne restes pas, espèce de folle ! » ai-je crié en retour. « Je suis la princesse du club, ne l'oublie pas. Tu n'es qu'une traînée voleuse d'homme.
Tu étais un coup facile, et tu l'as piégé en trafiquant les capotes pour tomber enceinte. Maintenant, tu l'as entendu. Dégage de mon club ! » Je me souvenais de quand elle s'était mise avec Axyl pour la première fois.
Elle s'était vantée auprès de moi à l'école de ce qu'elle avait fait. Je n'y avais pas trop prêté attention à l'époque, pensant qu'Axyl était assez malin pour apporter sa propre protection. J'avais tort.
Ne te méprends pas, j'adore Murdock, et la seule fois où j'ai rencontré Danny, je suis tombée sous le charme autant que pour son frère.
« Pour qui tu te prends ? » m'a-t-elle défiée en s'approchant. « T'es juste jalouse que j'aie eu le mec et que la pauvre petite Ali n'ait pas été à la hauteur. J'aurais jamais trafiqué ses capotes.
Il m'aimait assez pour ne pas en utiliser. Casse-toi et disparais encore. Personne ne veut de toi ici. Tout le monde était content quand t'es partie et que t'es jamais revenue. » J'ai ri et roulé des yeux.
« Tu sais très bien qui je suis, et si tu sais ce qui est bon pour toi, tu ferais mieux de reculer », l'ai-je avertie avec un petit sourire.
Elle cherchait les embrouilles si elle ne s'arrêtait pas, et j'avais besoin de me défouler après tout ce que j'avais traversé. Il fallait que j'évacue ma colère, et elle me tendait le bâton pour se faire battre.
« Aliana, reste en dehors de ça », ont dit Axyl et Westyn d'une même voix. Ils savaient comment je pouvais devenir quand j'étais aussi remontée.
Ils l'avaient vu une fois auparavant, et ça ne s'était pas bien terminé pour l'autre personne. Mais elle m'avait insultée et avait retourné ça contre moi. Alors non, je n'allais pas rester en dehors de ça.
Si elle ne voulait pas se battre, elle aurait dû la fermer.
« Pas question. Elle va apprendre où est sa place. Elle m'a impliquée là-dedans quand elle a commencé à déblatérer ses conneries », ai-je grogné.
« Ah ouais ? Et qu'est-ce que tu vas faire ? » m'a provoquée Lana. Elle n'avait aucune idée de ce dont j'étais capable. Elle ne l'avait jamais vu, mais elle allait le découvrir. Je sentais l'adrénaline monter. Je lui ai fait un sourire inquiétant, et son visage est devenu livide.
Elle voulait savoir ce que j'allais faire, et j'étais plus que prête à lui montrer. J'ai armé mon poing et je l'ai frappée en plein dans le nez, entendant l'os craquer. Le sang a giclé partout.
Elle s'est effondrée, et je me suis jetée sur elle, martelant son visage, ne lui laissant aucune chance de riposter.
Westyn m'a arrachée à elle, et Axyl s'est précipité aux côtés de Lana. J'étais encore hors de moi alors que mon frère essayait de me maîtriser. « Lâche. Moi. Westyn ! Elle l'a bien cherché. »
« Ça suffit ! Tu aurais pu la tuer. On sait comment tu deviens », a dit Axyl.
« Qu'est-ce que ça peut te faire ce qui lui arrive ? C'est toi qui l'as foutue dehors pour ce qu'elle a fait à tes gosses. Je lui montrais juste ce qui arrive quand on me cherche des noises.
Elle l'a cherché, elle l'a trouvé », ai-je répliqué, me dégageant enfin de l'emprise de Westyn et filant vers la salle commune, bouteille à la main. J'en avais ma claque pour aujourd'hui. « Foutez-moi la paix ! J'en ai ras-le-bol ! » ai-je crié.
