Me battre pour ce qui m'appartient

Je me réveillai en sursaut, me redressant dans mon lit.

Je détestais rêver du jour où mon frère et l'Alpha étaient partis. C'était pratiquement le jour où ma vie sociale avait pris fin. Avec leur départ, j'avais réalisé que j'étais la personne la moins appréciée de la meute de Minuit. Du moins parmi les jeunes de mon âge.

Je bâillai et éteignis mon réveil, gémissant en sortant du lit. Je savais que je devais me dépêcher si je voulais passer une bonne matinée. Je soupirai en regardant autour de ma chambre.

Vous est-il déjà arrivé d'avoir l'impression de ne pas être à votre place ? Oui.

Comme si quelque chose d'essentiel manquait dans votre vie ? Aussi, oui.

Vous vous sentiez décalé mais vous aviez quand même l'impression qu'il y avait un endroit où... vous intégrer. Oui, parfois. Surtout quand j'étais seule.

C'était ce que je ressentais chaque jour dans ce monde magique où je vivais.

Dans la meute de Minuit que j'appelais ma maison, j'étais la seule Humaine. Une enfant humaine qui avait été trouvée par leur Bêta au cœur de l'hiver il y a dix-huit ans.

J'avais été élevée par le couple de Bêtas de la meute de Minuit comme l'une des leurs, mais je voulais toujours comprendre pourquoi j'étais ici. D'où je venais et pourquoi on m'avait abandonnée. Je savais que la forêt détenait mes réponses et bien plus encore, mais je savais que je ne pouvais pas y accéder.

Je poussai un profond soupir de frustration en fixant le plafond de ma chambre.

Les histoires qu'on m'avait racontées sur la forêt entourant notre maison étaient gravées dans mon esprit. Je connaissais les dangers qui rôdaient dans les bois. Je voulais quand même savoir ce qu'il y avait au-delà.

Je savais qu'en tant qu'Humaine, je n'avais aucune chance contre quoi que ce soit qui vivait dans ces arbres, mais j'étais déterminée à un jour aller au-delà.

Je voulais voir plus que simplement l'endroit où je n'appartenais pas vraiment.

Je voulais des réponses sur pourquoi mes vrais parents m'avaient abandonnée. Ne pas vraiment savoir ce qu'il y avait au-delà de la forêt ne faisait que me pousser à travailler plus dur pour devenir plus forte. Entraîner mon corps et mon esprit à être meilleurs, même si c'était juste pour moi-même.

Le jour où j'ai découvert que j'étais simplement Humaine a été le jour où j'ai su que je devais travailler deux fois plus dur que tout le monde.

flashback

Je sais que j'ai été pratiquement « ramassée » depuis que j'ai quinze ans. Le jour où j'aurais dû au moins entendre mon Loup. Je n'en avais pas, et je n'en aurais jamais.

Même si je savais que je n'aurais pas vraiment beaucoup de chances contre le mal dans ce monde, je voulais quand même y aller. Je voulais découvrir d'où je venais.

Même si je n'avais pas été autorisée à entrer dans la forêt environnante, les arbres étaient spéciaux pour moi. Ils m'appelaient quand j'étais proche, presque en chantant, essayant de m'attirer dans leurs profondeurs.

Ma famille m'avait tous dit que c'était trop dangereux pour moi d'y aller seule. Pas qu'ils m'y emmèneraient avec quelqu'un pour me protéger.

Je n'étais qu'une Humaine.

Je n'étais pas un loup-garou comme eux. J'étais l'élément étrange dans ce monde que j'appelais ma maison, et cela me donnait envie de plus. Je savais que je n'étais pas aussi forte que les êtres qui chassaient la nuit, mais j'étais très déterminée à m'assurer de pouvoir me défendre dans un combat si nécessaire.

Je ne voulais pas être complètement inutile. Je pouvais quand même au moins tenir ma place dans un combat. Je voulais au moins me prouver que je n'étais pas sans défense. J'avais au moins eu la chance de m'entraîner avec deux des meilleurs combattants de la meute en grandissant.

Le futur Alpha, Alexander, m'avait aidée à m'entraîner avec mon frère, Damien. Ils m'avaient appris toutes les bases du combat et comment au moins me protéger du danger.

Il m'avait fallu un an pour les convaincre, mais quand je l'ai fait, ils m'ont aidée à me changer pour le mieux. Ils avaient compris mon besoin de savoir au moins comment me défendre. Ils avaient toujours été là pour moi jusqu'à ce qu'ils soient assez âgés pour partir pour un entraînement avancé.

J'étais perdue quand ils sont partis. Sans eux, j'avais été traitée bien pire qu'avant. Je n'avais jamais réalisé qu'ils m'avaient protégée jusqu'à ce qu'ils ne soient plus là pour me protéger de ceux qui ne voulaient pas de moi ici.

Ils allaient prendre le contrôle de la meute à leur retour. Ceux qui me détestaient deviendraient tout aussi puissants dans la meute à mesure que nous vieillissions tous. Tandis que je restais le fardeau parmi les Loups.

Je voulais être en colère contre eux, mais je ne pouvais pas. Mes meilleurs amis me manquaient simplement. J'appréciais mes entraînements nocturnes avec eux. Je me sentais mieux dans ma peau chaque fois que j'allais dans la prairie ouverte derrière notre maison pour les voir m'attendre. J'appréciais particulièrement la présence d'Alexander.

Je me sentais faire partie de la meute parce qu'il choisissait de me remarquer. Le fait que je l'aimais plus qu'un ami depuis mes quatorze ans n'aidait pas, mais je m'étais résignée quand j'avais réalisé qu'il ne pourrait jamais vraiment m'aimer.

Je soupirai en sortant pour me tenir devant la forêt juste derrière la maison. Alex méritait tellement plus que simplement moi.

C'était un Alpha. Il méritait une Luna qui pouvait vraiment se battre à ses côtés. Je resterais simplement son amie, peu importe ce que je voulais vraiment, et je m'assurerais qu'il soit heureux quand il trouverait sa compagne.

Je soupirai à nouveau en arrêtant de penser à ces choses avant qu'elles ne deviennent trop irréalistes et me détournai de la lisière des arbres. J'attendais le retour de Damien et Alexander.

Ils avaient promis d'être là pour mon anniversaire cette année, mais ils ne s'étaient pas présentés comme promis. J'étais un peu triste mais je savais que je ne pouvais pas vraiment y faire grand-chose.

Je ne trouvais pas la colère derrière la douleur. Je savais pourquoi ils étaient partis, mais j'avais quand même l'impression qu'ils m'avaient quittée pour quelque chose de mieux.