
J'avais passé plus de temps loin de la meute pour poursuivre mon entraînement. J'avais une petite sœur à protéger et je ressentais un besoin viscéral de veiller sur elle.
Elle était la prunelle des yeux de ma famille, et je la défendrais coûte que coûte.
Son propre peuple l'avait abandonnée, mais ils nous avaient offert le plus beau des cadeaux. L'espoir.
Nous avions traversé une période difficile car ma mère avait été gravement blessée lors d'une attaque de rebelles et les médecins de la meute n'avaient pu la sauver qu'en lui retirant ses organes reproducteurs.
Ma mère était tombée dans une profonde dépression après cela. Mon père et moi pensions qu'elle ne s'en remettrait jamais.
Tout a basculé le jour où mon père a trouvé Alina.
Elle avait été abandonnée dans la forêt au cœur de notre territoire. Elle n'avait qu'une couverture avec son nom dessus.
Rien d'autre. Pas la moindre explication sur les raisons qui avaient poussé ses parents à laisser leur petite fille seule dans cette sombre forêt. Je devais m'assurer de pouvoir protéger cette enfant.
Je devais protéger ma petite sœur humaine.
Je voulais m'entraîner davantage pour être certain de pouvoir défendre ma meute et ma petite sœur contre tous ceux qui la croiraient faible.
Ces pensées tournaient dans ma tête tandis que je courais vers la maison à toute allure. Je me sentais bizarre depuis quelques heures, ce qui me poussait à rentrer plus vite que d'habitude.
Soudain, j'entendis mon téléphone sonner dans le sac sur mon large dos. Je m'arrêtai net et repris forme humaine. C'était ma mère.
« Allô ?
— Damien ! Où es-tu ? » Ma mère semblait très inquiète, ce qui m'alarma aussitôt.
« Je rentre, maman. Que se passe-t-il ?
— Alina n'est pas rentrée de l'école et je m'inquiète. Ton père ne la trouve nulle part et elle ne répond pas au téléphone. »
Elle savait qu'elle avait été adoptée, mais pas dans quelles circonstances. J'avais beau lui répéter qu'elle n'avait pas à se sentir ainsi, Lina n'en faisait qu'à sa tête.
« Ne t'en fais pas, maman, je suis près du territoire de la meute. Je vais la retrouver et la ramener.
— Merci ! dit-elle.
— C'est ma petite sœur, maman, évidemment que je vais la chercher.
— Quand même, elle traverse une passe difficile depuis ton départ, Damien. Je m'inquiète pour elle tous les jours et elle ne se confie plus comme avant. »
Je fronçai les sourcils. « Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Ces autres filles ne sont pas tendres avec elle et tu le sais.
— Et qu'avez-vous fait, papa et toi, à ce sujet ?
— Elle ne nous dit rien d'autre que qu'elles sont juste désagréables avec elle, et maintenant mon bébé a disparu.
— Maman, je dois y aller. »
Je raccrochai rapidement et appelai ma sœur. Son téléphone bascula directement sur la messagerie, ce qui me mit hors de moi. Si ces pestes de la meute avaient fait du mal à ma petite sœur, j'allais leur faire passer un sale quart d'heure.
J'appelai rapidement mon meilleur ami, espérant qu'il rentrait aussi. Il allait être furieux que je ne sois pas déjà là, mais j'avais des choses importantes à faire aussi.
« Salut D, répondit Alex. Quoi de neuf, mon pote ?
— Lina a disparu, et je pense que Tori et ses copines y sont pour quelque chose.
— Où es-tu ?
— J'arrive sur le territoire de la meute.
— Pourquoi n'y es-tu pas déjà ? dit Alex. Tu étais censé être rentré maintenant, Damien !
— On était tous les deux censés être là aujourd'hui, Alexander ! Ce n'est pas le plus important pour l'instant. Lina l'est.
— Tu as raison. Où pourrait-elle être ?
— Je ne pense qu'à quatre endroits que mes parents ne connaissent pas. Je vais t'envoyer les lieux, dis-je.
— D'accord. On va la retrouver.
— J'espère juste qu'elle va bien. Maman a dit qu'elle traversait une période difficile depuis notre départ.
— T'en fais pas, D. On est de retour maintenant, et on va arranger tout ça.
— J'espère qu'on pourra, Alex. »
Après avoir raccroché, j'envoyai par texto à Alex les endroits où ma petite sœur pourrait se cacher avant de ranger mon téléphone et de reprendre ma forme de loup. Je devais retrouver ma sœur.
J'étais tellement en colère que je passai en courant devant l'une de ses cachettes préférées sans m'en rendre compte.