Avant de rejoindre Ricario et ses hommes dans le salon, Mason diffusa de la musique jazz dans le séjour. Ricario n'était pas le seul associé qu'il attendait ce soir à cause d'Elnora.
La conversation téléphonique avec Ricario un peu plus tôt l’avait dérangé, Elnora était, en effet, censée être mise aux enchères ce soir.
En fait, elle n'était pas l’une des dames de Ricario, elle n'en savait rien et c'est pour ça que Ricario était là.
Mason alluma un de ses cigares Padròn et tira une bouffée. « Parle-moi de la dame. » La fumée le brûla et contracta ses poumons, puis il leva un doigt avant que Ricario ne puisse répondre.
« Attendez dehors », ordonna-t-il aux hommes de Ricario. Les quatre hommes se levèrent d'un bond et se précipitèrent dehors.
Mason fit signe aux gardes qui se tenaient dans l'embrasure de la porte de sortir également, et ils suivirent les hommes de Ricario à l'extérieur.
« M, tu sais que je ne vends que mes filles aux enchères », commença Ricario, et Mason expira une de ses bouffées en le regardant.
Son léchage de cul incessant l’agaçait. « Qui a organisé ça ? »
« Les gars d'Eliezer ont demandé à un informaticien d'installer un réseau de communication privé pour eux il y a quelques mois. Tu vois le genre de merde : un réseau crypté auquel personne d’autre qu’eux n’a accès.
« Donc Legs nous a envoyés à la recherche du Prêtre pour l'installer aussi, pour espionner les Eldatos. »
Pendant que Ricario divaguait, Mason se demandait ce que cela avait à voir avec Elnora. Il connaissait bien la situation, et Antonio et lui essayaient de retrouver le Prêtre.
Ils avaient deux agents qui étaient censés le suivre, mais il avait disparu depuis un moment maintenant.
« Ric ! La dame... qui a organisé ça, putain ? »
Il détestait perdre patience, mais Ricario l’avait cherché. Mason n'avait pas l'intention de recourir à la violence avec El là-haut, mais Ricario ne le savait pas.
« C'est une question simple, n’est-ce pas ? » En éteignant son cigare dans le cendrier en verre, Mason savoura le goût sucré qui s'attardait dans sa bouche.
« C'est ce que j'essaie de dire M. le Prêtre a tout organisé. Il voulait que nous la vendions aux enchères au club pour le payer. »
Mason ne quittait pas Ricardo des yeux, il fronçait les sourcils. « Tu as trouvé le Prêtre ? »
Ricario secoua la tête en grognant. « Putain non ! Il nous a trouvés, et il a exigé qu'elle soit vendue aux enchères à un acheteur spécifique ce soir. »
« Pourquoi ? »
« Le Prêtre n'a rien dit, M. Il a dit de la vendre et de le prévenir quand ce serait fait. Mais nous ne pensions pas que tu ferais une offre, patron. » Ricario s’arrêta un instant. « Je ne pouvais pas rejeter ton offre, alors on n’a pas fait notre part du marché. »
Si le hacker voulait El, ça ne veut pas dire qu'elle le connaissait ? C'était certainement une erreur d'identité, pas un coup monté pour qu'El soit expédiée comme esclave sexuelle ou pire.
« Elle n'est pas entrée dans le club par hasard alors ? »
« Le Prêtre a dit qu'il s'en occuperait. » Ricario haussa les épaules, se déplaçant vers le bord du canapé. « M, je ne pensais pas que tu ferais une offre. Je t’aurais prévenu avant. »
Mason grogna : « À quel acheteur devais-tu la vendre ? » Il se souvenait qu'Akim était sur le point de l'acheter avant qu'il n'enchérisse. Ce Russe sadique était-il impliqué dans cette affaire ?
« Je ne sais pas, patron. Il était censé enchérir sur le réseau avec le code du Prêtre. » Ricario se passa le dos de sa main sur la tempe. « Il ne donnait ses instructions qu'en temps réel, tu sais. »
Bien sûr. C'est comme ça que ce salaud avait réussi à rester caché pendant si longtemps.
« Des nouvelles depuis que je l'ai achetée ? »
« Aucune, patron. On n’a plus de traces. »
Mason croisa ses jambes et s’appuya sur le canapé. « C'est tout. » Il fit signe à Ricario de partir. « Et Ric, je n'ai évidemment pas besoin de te le rappeler, mais j’ai envie d’être généreux aujourd'hui. Garde ta grande gueule fermée à propos de tout ça. »
Ricario se leva d'un bond et quitta le salon en toute hâte. Mason se pinça le nez en réfléchissant à tout cela.
Le rendez-vous a été organisé par Marcy, l'amie d'Elnora, Marcy pourrait-elle être la hackeuse ? Il avait besoin de savoir ce que ses hommes avaient déjà découvert à propos d’Elnora.
« J'ai cru entendre des voix », dit Elnora dans l'escalier.
Mason la regarda et il plissa les yeux, elle portait sa chemise bleu pâle.
Il était ravi, se souvenant de ce moment palpitant qu'ils avaient vécu ensemble quelques instants plus tôt. Malgré son désir de la faire frémir et gémir de plaisir, c'était plus important.
« Vous ne devriez pas être ici », lui dit-il, et il se dirigea vers l'endroit où elle se tenait. « Dans cette tenue. »
« Eh bien, quelqu'un a déchiré ma robe. »
« Vous l’aviez cherché, El », grogna Mason avant de l’observer en silence. Comment connaissait-elle le Prêtre ? Il devait savoir la vérité.
« Vous allez bien ? »
« Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Vous avez dit que votre travail vous prenait tout votre temps, d'où ce désastre ce soir. »
Elnora rit à sa remarque, c'était un son doux. Elle lui faisait ressentir des choses en ne faisant presque rien et il n'aimait pas ça.
Ça ne lui ressemblait pas. Les coups d’un soir avec des mannequins et des femmes qui lui plaisaient le satisfaisaient. Mais en rencontrant El, il avait été à la fois imprudent et stupide.
« Je travaille avec des données, principalement. »
« M », appela Antonio depuis l'entrée, les mains dans les poches, avec son air ironique habituel.
« Attendez-moi en haut », dit Mason à Elnora alors que le seul bon œil d'Antonio la reluquait. Elnora jeta un regard rapide à Antonio avant de remonter.
« Personne d'important », il mentit.
« Comment s'est passée ta réunion avec Adrien ? » demanda Antonio après un long silence.
« Le pont est à nous. » Mason s’assit à nouveau sur le canapé et Antonio le suivit.
« Nous pouvons reprendre les opérations demain. Tu dois t’occuper de quelques petites choses avant. Il y a quelques poches à remplir et quelques genoux à briser. »
« D’accord », dit Antonio avec un sourire. « J'ai entendu dire que tu avais acheté une dame ? » Il rit.
Mason ferma les yeux en soupirant et Antonio rit encore plus fort.
« Tout le monde ne parle que de ça. Viens, allons voir qui t’a fait enfreindre ta règle. » Antonio croisa ses jambes et agita le bras de Mason.
« Elle n'est pas importante, Grey. »
« C’est ce que tu crois », répondit Antonio. « Tu as fait une surenchère, M. C'est pour ça que les gars ont montré de l'intérêt. Tu devrais la mettre au travail tout de suite pour rembourser tes pertes. »
« Hum. »
La mettre au travail. Mason s’étouffa presque. Cela n'allait pas se produire. Il devait découvrir qui elle était et ce que le Prêtre lui voulait. Ils pourraient certainement infiltrer l’un de ses réseaux.
« Le Prêtre est en contact direct avec Ric. On doit revenir sur ses pas et trouver quelque chose. » Mason fourra son téléphone dans sa poche.
« Ce n'était pas Ric que j'ai croisé en venant ici ? »
« Ça n'avait rien à voir avec le Prêtre. Il faut que je suive cette piste maintenant », dit Mason.
Antonio hocha lentement la tête. « Bien sûr, M. Est-ce que tu es prêt à partir ? »
Mason jeta un coup d'œil aux escaliers. C'est vrai, il avait prévu autre chose avec Antonio pour ce soir. El était un imprévu.
« Je suis occupé là », dit Mason en se levant quand son téléphone sonna.
« J'ai vu », répondit Antonio, un sourire complice sur le visage. « Cette nouvelle dame est déjà au travail ou quoi ? Je veux jeter un coup d'œil. »
Mason ne répondit pas. Antonio avait l’habitude de passer en premier avec les nouvelles, avec les plus jolies dames, et il n’allait pas lâcher l’affaire. Mason parcourut le message rapidement.
« Le Prêtre. » Il rangea son téléphone. « Tu n'as jamais pensé que ça pouvait être une femme ? » demanda-t-il.
Mason était on ne peut plus d'accord et, à ce stade, il s'était résolu à simplement demander à El ce qu'il avait besoin de savoir. La sonnette retentit et ses hommes firent entrer Riley.
« J'ai des affaires à régler. » Mason se leva et Antonio le rejoignit.
« Où est-il ? »
Mason regarda Riley avec son costume brun surdimensionné et son fédora incliné alors qu’il lui tendait le dossier.
Le garçon avait à peine vingt ans, mais il avait la tête sur les épaules. Il lui fit signe de sortir et Riley hocha la tête avec un délicieux sourire.
« Et pour l'amour de Dieu, trouve un meilleur tailleur, Riley », grogna Mason.
« Oui, patron. » Il inclina son chapeau, monta les marches et sortit de la maison en sautillant.
Mason reporta son attention sur le dossier volumineux concernant El et l’ouvrit.
