L'Avocat - Couverture du livre

L'Avocat

Lacey Martez Byrd

Sauve-moi

ADA

Les semaines entre ma première rencontre avec Sebastian Scott et la date du procès passèrent très lentement.

Je suis retournée au travail contre l’avis de Brady, et j'ai essayé d'ignorer les textos et les messages vocaux que Trey mettait un point d’honneur à me laisser tous les soirs. Mais ils étaient toujours là, à me narguer.

Je pouvais mettre fin à tout ça, là, maintenant. Je pourrais retourner dans les bras de l’homme que j'aimais et mettre fin à toute cette douleur. Mais il était aussi l'homme qui m'avait brisée.

Il m’avait planté un couteau dans le dos, et peu importe combien j’étais prête à essayer de passer outre, c’était la seule chose que je ne pouvais pas pardonner.

Mon téléphone sonna trois fois avant que Jess ne finisse par craquer.

« Ada, bloque son numéro ! Tu ne lui dois rien, arrête d'essayer de te convaincre du contraire. »

On venait tout juste de s'asseoir pour le brunch du dimanche et on avait à peine eu le temps de regarder le menu que mon téléphone était au centre de l'attention.

« Et tu ferais mieux de le bloquer ou d'éteindre ton téléphone avant que Sydney n'arrive, ou je crains qu'il ne fasse un plongeon dans la fontaine. »

Bravo - elle avait réussi à m’arracher un sourire avec l'image d'une folle aux cheveux bouclés, jetant mon téléphone dans la fontaine sans même y réfléchir à deux fois.

Je mis mon téléphone en silencieux parce que je n'avais pas la force de bloquer son numéro. Ne me demandez pas pourquoi, je n'y arrivais tout simplement pas.

Mon pouce a survolé ce bouton de nombreuses fois, mais à chaque fois, des souvenirs pas si lointains, s’immisçaient dans ma tête.

Chaque souvenir se terminait par un Trey qui me lançait son petit sourire coquin préféré, et je n'arrivais jamais à appuyer sur le bouton.

J'ai écouté tous ses messages et lu tous ses textos, et le pire dans tout ça, c'est que je savais qu'il était vraiment désolé.

Je sentais le remords qui émanait de chaque mot et j'étais stupéfaite de voir qu'il avait encore le pouvoir de briser mon cœur encore et encore.

Je n’avais aucun doute quant au fait qu’il était réellement sincère à chaque fois qu’il s’excusait.

Mais je n’avais également aucun doute quant au fait que cela ne serait jamais suffisant.

Peu importe combien je l'aimais ; je ne pourrais plus jamais le regarder de la même façon. Il ne serait plus jamais le même homme, et savoir ça, aurait hanté notre mariage.

Le brunch était passé en un clin d’œil, et sans trop savoir comment je m’étais retrouvée là, j’étais allongée sur le lit, essayant de m’endormir aussi vite que possible pour ne pas penser à la journée qui m’attendait le lendemain.

Je devais le revoir, être dans la même pièce, sentir ses yeux verts posés sur moi encore une fois.

Je pris une profonde inspiration et priai pour ne plus penser à rien.

***

« Ravi de vous revoir, Ada. »

« De même », dis-je à Sebastian alors qu'il me rejoignait devant les marches du palais de justice.

« Tout va bien se passer, je vous le promets. » Il sourit, et pour la première fois, je me suis laissée aller à remarquer combien il était beau.

Sa mâchoire carrée était sévère et recouverte d’une petite barbe. Ses cheveux bruns étaient courts et fraîchement coupés.

Mais ce sont ses yeux qui m'ont vraiment interpellée. Ils étaient marrons, mais la seule chose qui me venait en tête pour décrire la couleur, c’était le miel. Les filles ne mentaient pas, il était vraiment beau.

« Après vous », dit-il en me guidant vers les escaliers.

« Je peux le faire. Je peux le faire », me répétai-je sans y croire vraiment.

Sebastian s'était occupé de tout jusqu'à présent, et j'étais choquée de voir à quelle rapidité tout s'était passé.

J'ai laissé Trey avoir la voiture, et je me fichais de l'argent qui se trouvait sur le compte commun. Je me fichais de tout.

Je voulais juste que ce cauchemar se termine. J'avais besoin que ça se termine.

« Tout va bien ? » La voix de Sebastian me tira de mes pensées.

« Oui, tout va bien », répondis-je en m’asseyant sur un banc devant les portes du tribunal.

Combien de fois avais-je prononcé ces mots ?

Je vais bien.

On ne pouvait pas être plus loin de la vérité.

Un homme plus âgé en costume gris s'est approché de nous et a serré la main de Sebastian, puis ils se sont éloignés, déjà en pleine conversation.

Je pouvais sentir les yeux de Trey sur moi avant même de le voir. Je sentais son parfum alors qu’il s’approchait avant de se planter à côté de moi. Je détestais le fait qu'il arrivait encore à me faire perdre mes moyens.

Je secouai la tête, essayant de chasser ces pensées de mon cerveau alors que j'enroulai mes bras autour de ma taille.

« Ada, bébé… s'il te plaît. » La voix de Trey était si calme, à peine plus forte qu’un murmure, mais elle me transperçait si profondément que j'en glissais presque du banc.

Je pris une respiration tremblante et resserrai mes bras plus fort autour de moi.

« Je n’ai pas les mots pour te dire combien je suis désolé. Je ne me pardonnerai jamais de t'avoir fait du mal... Hé… tu manges correctement au moins ? Tu as l'air si mince », dit-il tandis que le bout de ses doigts effleurait mon épaule osseuse.

C’en était trop. Quelque chose dans le fait qu'il essaie de faire semblant de s'inquiéter pour moi me fit craquer.

Je me levai et me tournai pour lui faire face.

« Tu me demandes si je mange bien ? »

« On est au tribunal pour divorcer officiellement, et toi, tu es vraiment là, à me poser des questions sur MON ALIMENTATION ? » sifflai-je, attirant l’attention des gens autour de nous.

Sebastian apparut à mes côtés, s’interposant entre nous. Il me faisait face et posa sa paume chaude sur mon bras pour me rapprocher de lui.

Quelque chose dans son toucher me calma, et je réussis à reprendre mon souffle.

C’était quand la dernière fois que j’avais été aussi apaisée ?

« M. Miller, je vous en prie. » Il fit un signe de tête à Trey, désignant d’un geste le hall où son avocat venait de franchir les doubles portes.

« Vous êtes sûre que ça va ? » demanda-t-il à nouveau.

N’ayant pas la force de parler, je me contentais de hocher la tête.

Les portes de la salle d'audience s’ouvrirent, et je compris qu'il était temps d'y aller.

Il était l'heure de mettre fin à mon cauchemar.

***

En quittant le palais de justice un petit quart d'heure plus tard, je pensais me sentir différente. Je pensais ne plus sentir ce poids sur ma poitrine, mais il était toujours là.

Au moins, je n'ai pas pleuré.

Ouais, c’était au moins ça.

Sebastian et moi marchions vers le parking en silence, jusqu'à ce que ça me traverse l’esprit.

« Je veux changer mon nom », lâchai-je.

Il tourna la tête vers moi. « D’accord. Vous voulez reprendre votre nom de jeune fille ? »

« Oui, je veux reprendre Spencer. »

« Ada Spencer », reprit-il en plissant les yeux.

J’avais l’impression qu’il le disait comme pour lui-même, comme pour voir ce que ça faisait de prononcer mon nom.

Je réprimai un rire, parce que c’était vraiment bizarre de penser un truc pareil.

« D'accord, nous allons faire une demande. Je vous tiens au courant. » Il m’adressa un signe de tête avant de rentrer dans sa voiture.

Ce n’est qu’une fois assise dans ma voiture que j’ai réalisé combien Sebastian était chic. Tout en lui semblait si calculé et réfléchi.

De sa façon de parler, à ses vêtements, et même ses cheveux coiffés à la perfection.

Il ne fallut pas longtemps pour que mes pensées dérivent à nouveau vers Trey. Il était loin d'être réfléchi. C’était évident qu’il n’avait jamais vraiment réfléchi à quoi que ce soit dans sa vie.

Il se serait contenté de surfer toute sa vie sur une plage de Caroline pendant que je le regardais, étendue sur ma serviette.

Et je l'aurais suivi n'importe où.

Mes pensées dévièrent de Trey à tous les plans que j’avais faits pour nous dans ma tête.

J’avais surtout imaginé un petit garçon aux cheveux blonds courant sur cette même plage, suivi de près par Trey et moi.

Je posai mes mains d’un geste protecteur autour de mon ventre en sentant mon cœur se serrer, comprenant que mon cauchemar était loin d'être terminé.

Il venait juste de commencer.

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