L'Effrontée

"S'il te plaît, Vicky ? C'est la dernière fois, promis." Rob a levé une main en me suppliant du regard. J'ai levé les yeux au ciel, me radoucissant déjà. "C'est juste un travail de serveuse. Tout ce que tu dois faire, c'est tenir un plateau et passer au milieu des clients."

"Donc je ne distribue pas de la drogue comme la dernière fois. Pas de trucs louches ?" J'ai levé un sourcil vers lui. Avec Rob, c'était toujours des affaires douteuses, mais grâce à ce gars, je pouvais payer mes factures, et je pouvais difficilement lui dire non.

"Argh." J'ai gémi. "D'accord. Envoie-moi les détails par SMS."

J'ai renversé la tête en arrière pour vider mon shot, mon visage grimaçant en sentant la brûlure dans ma gorge.

"Petite joueuse." Il a ricané en faisant exactement la même tête.

"C'est le dernier boulot que je fais pour toi, d'accord ? Je commence un nouveau travail à la maison d'édition lundi prochain." J'ai fait signe au barman de servir un autre verre.

"Ouais, ouais. J'ai compris. Tu es 'Miss Carriériste' maintenant." Son ton moqueur s'accordait parfaitement avec son visage agaçant. Je lui ai donné un coup de poing dans le bras, ce qui lui a arraché un rire.

"Ouaip, je me concentre sur ma carrière maintenant. Je vais donc rentrer à la maison et mettre en place de nouvelles habitudes plus saines, genre me coucher plus tôt." J'ai descendu un autre shot et fait signe au barman. "C'est lui qui paie." J'ai pointé Rob du doigt.

"Oh, c'est moi ?" a marmonné Rob d'un ton sarcastique. Il a avancé une main vers moi mais je l'ai attrapée au vol, l'empêchant de toucher mon cul.

"Si tu poses une main sur mon cul, je te donne un coup dans les couilles. Tu aimerais avoir des enfants un jour, non ?" J'ai affiché un sourire malin alors qu'il retirait son bras en fronçant les sourcils. J'ai embrassé sa joue avant de me détourner et de sortir.

J'ai accepté de nombreuses missions pour Rob au fil des ans, arrivant tout juste à payer les factures. Dernièrement, les fins de mois étaient beaucoup plus faciles, surtout parce que j'avais enfin fini de rembourser mes frais de scolarité.

En fait, je vivais même comme une reine ces derniers temps : je faisais du shopping en ligne toute la journée et je sortais les soirs où je ne travaillais pas.

Le jour où j'ai reçu mon diplôme, je me suis sentie soulagée d'un poids énorme, et je pense que c'est en grande partie dû au fait que je ne suis plus aussi désespérée qu'avant en matière de travail.

Cela signifiait que je n'avais plus besoin de distribuer de la drogue, d'enfreindre la loi et surtout, il n'y avait plus de risque que les gars me prennent pour une prostituée.

Non pas que je méprise cette profession. Bon sang, si j'avais l'énergie, je serais prête à baiser pour de l'argent. Je connais mes courbes, et je sais ce que les hommes aiment, mais les études ont toujours été une priorité absolue.

Diplômée avec mention et de grands espoirs plein la tête, j'ai postulé dans toutes les maisons d'édition du coin. J'ai eu un entretien dans la semaine, et hier, ils m'ont appelée pour m'annoncer la bonne nouvelle.

Bien sûr, je ne serai que secrétaire et gagnerai moins bien que ce que je touchais avec les missions de Rob, mais au moins, je ne recevrai pas une autre claque sur le cul d'un type essayant d'acheter de l'ecsta.

J'ai pris une profonde inspiration en enfilant mon pantalon noir. Ils ont dit de s'habiller en noir, mais ils n'ont jamais rien précisé concernant les sous-vêtements.

Devant le miroir, j'ai pris une seconde pour admirer la dentelle noire qui semblait ressortir encore plus par-dessus le soutien-gorge rouge vif que je portais.

J'ai pris l'habitude d'assortir mon soutien-gorge et ma culotte, surtout depuis que j'ai remarqué à quel point mes journées semblaient meilleures quand c'était le cas.

L'adresse que Rob m'a donnée menait à un manoir massif, et je me suis silencieusement maudite d'avoir accepté ce travail. Tout le monde sait que plus les invités sont riches, plus les choses sont difficiles pour le personnel de salle.

Leurs demandes extravagantes concernent aussi bien les boissons que la nourriture , sans parler des menaces de mort lorsque quelqu'un les surprend en train de tromper leurs conjoints.

On pourrait penser qu'ils achèteraient le silence des gens, mais je suppose que les riches sont devenus trop intelligents pour être victimes de chantage.

Mon chauffeur Uber s'est mis à soupirer alors que nous remontions silencieusement leur allée, ce qui a pris cinq bonnes minutes.

Nous nous dirigions vers l'entrée arrière, mais en chemin, j'ai repéré de grandes fontaines au centre de jardins splendides.

Le manoir était moderne, avec des murs blancs et une architecture d'inspiration grecque remplie d'accents dorés. Ce n'est qu'en sortant de la voiture que j'ai réalisé à quel point l'endroit était vraiment immense par rapport à ce qu'une personne comme moi a l'habitude de voir.

Dès que j'ai franchi la porte, j'ai entendu un homme crier des ordres à des femmes vêtues de... lingerie ? Ou peut-être juste de sous-vêtements.

Les filles portaient toutes des soutiens-gorge et des culottes noires, et si je n'avais pas jeté un deuxième coup d'œil, je n'aurais pas remarqué qu'elles étaient différentes les unes des autres.

Ce n'était pas un uniforme spécifique. Les filles portaient leurs propres sous-vêtements.

"Tu es en retard." L'homme qui criait s'est approché de moi. "Déshabille-toi."

"Quoi ?" Mal à l'aise, je suis restée plantée là en arquant un sourcil.

"Déshabille-toi pour pouvoir commencer à bosser ou pars d'ici, je n'ai pas que ça à faire."

Encore consternée, j'ai commencé à enlever ma chemise en le scrutant. L'homme était grand et avait un air sérieux.

Son visage semblait avoir été injecté de Botox, et sa tenue était entièrement noire, de sa veste de costume à ses chaussures.

"Roberto ne t'a pas dit de venir habillée tout en noir ?"

"Oui, mais..."

"C'est quoi ce bordel ?" Il a fait un geste vers mon ensemble de dentelle rouge et noir sans cacher son irritation.

"Je ne savais pas-"

"Argh, tu as de la chance qu'on soit short en personnel." Il a sorti une petite épingle de sa poche et l'a épinglée à la bretelle de mon soutien-gorge.

"Ne perds pas ça, et mets-toi au boulot " m'a-t-il ordonnée en me tendant un plateau de verres à vin.

J'étais sur le point de me diriger vers la porte battante quand il m'a de nouveau arrêtée.

"Enlève tes chaussures et prends une paire de ces pantoufles. Les chaussures ne sont pas autorisées dans cette maison. Et mets ça." Il s'est emparé d'un masque noir en dentelle qui était cassé en deux, avec un côté qui pendait par un fil.

"Je suppose que tu devras en porter la moitié."

Il a séparé les morceaux du masque et a attaché le fil de l'autre extrémité sur la moitié qu'il m'a tendue. Je l'ai placé sur mon visage à la façon d'un cache-œil de pirate.

"Va servir les invités. Ne sois pas surprise par quoi que ce soit. Ils détestent ça." Sans sourciller, il est parti crier sur la personne suivante.

J'ai franchi la porte à pas lents, en faisant attention de ne pas renverser de vin.

C'est alors que j'ai entendu le claquement d'un fouet, et quand je me suis retournée, une orgie complète était en cours devant la cheminée. Et la soirée ne faisait que commencer.