Cela faisait une semaine que je n'avais pas mis les pieds au diner. Le lendemain de mon examen, Alice m'avait appelée pour m'annoncer une urgence dans la meute, empêchant tout le monde de venir travailler. Le diner était donc resté fermé pendant sept jours.
Diana avait prévu de rouvrir aujourd'hui. Mes cours se terminant plus tôt, j'ai décidé d'y faire un saut plutôt que de rentrer directement dans ma chambre.
Comme d'habitude, le calme régnait quand je suis entrée. Alice nettoyait le comptoir et Diana brillait par son absence.
« Salut Alice ! Où est Diana ? »
Alice a levé les yeux en m'entendant et m'a gratifiée d'un large sourire.
« Tiens, Rosie ! Tu es en avance. »
« Oui ! Mes deux derniers cours sont tombés à l'eau. »
« Diana ne sera pas là aujourd'hui. »
« Ah bon ? Rien de grave j'espère ? » Je m'inquiétais.
« Regarde la date », dit Alice d'un air peiné. J'ai vérifié et j'ai compris.
« Oh ! C'est l'anniversaire du décès du compagnon de Diana. » J'ai eu un pincement au cœur en le disant à voix haute. Je savais ce que c'était que de perdre un être cher. Personne ne devrait avoir à endurer une telle douleur.
« Pourquoi a-t-elle décidé d'ouvrir le diner aujourd'hui ? On aurait pu simplement attendre demain. »
Alice a laissé échapper un petit rire. « Diana a dit que le diner te manquerait, et nous aussi. »
Elle avait vu juste. Diana était l'une des rares personnes à vraiment se soucier de moi, et j'en étais reconnaissante.
Je me suis levée pour changer le menu et mettre les tables. Nous pensions avoir plus de monde aujourd'hui vu que le diner avait été fermé pendant une semaine.
Alice m'a demandé de la remplacer dix minutes quand elle a reçu un coup de fil. J'ai enfilé son tablier et je me dirigeais vers une table quand j'ai entendu un grognement discret. Si discret que seuls les loups pouvaient le percevoir.
Je me suis retournée et j'ai vu une grande femme plantée à l'entrée. Elle avait des cheveux brun foncé et un corps voluptueux. Elle était très jolie. Mais elle me dévisageait avec colère. Est-ce que je la connaissais ? J'étais perplexe.
Elle est venue droit sur moi, m'a attrapé la main et m'a tirée vers l'arrière du diner.
Quand Clarke a tenté de s'interposer, elle lui a jeté un regard noir et a continué son chemin. J'ai failli trébucher plusieurs fois en essayant de me dégager. Elle ne lâchait pas prise et restait sourde à mes questions.
Une fois à l'arrière, elle m'a plaquée contre le mur.
« Tu n'as pas l'odeur d'un rebelle. Mais tu n'as pas non plus l'odeur d'un membre de ma meute. Qui es-tu, louve ? Que fais-tu sur mon territoire ? »
Son territoire ?
« Pour qui te prends-tu pour me demander ça ? » ai-je rétorqué, essayant de paraître sûre de moi. J'étais surprise par son attitude. Personne ne m'avait jamais traitée de la sorte.
« Je t'ai posé une question, et si tu tiens à ta peau, tu ferais mieux de me répondre fissa. » Elle a dit ça les dents serrées. J'ai jugé plus sage de jouer la prudence.
« Je suis le Dr Rose Nooman. »
« Docteur ? » Elle semblait moins assurée maintenant.
« Oui », ai-je répondu sèchement.
« Que fais-tu ici ? Et pourquoi portes-tu l'uniforme d'Alice ? » a-t-elle demandé, toujours pas totalement convaincue.
« Elle porte juste mon tablier, Aubrey. J'ai pris une pause et Rose m'a remplacée. Elle travaille ici à temps partiel. »
Nous avons toutes les deux levé les yeux pour voir Alice accourir vers nous. Aubrey ? La sœur de l'Alpha Reol ? Je me suis tournée pour la dévisager.
« Je suis désolée. Je ne t'ai pas vue dans ma meute. Et te voir dans l'uniforme d'Alice m'a inquiétée », a-t-elle dit, sans émotion.
« Je comprends », ai-je répondu, tout aussi impassible.
Alice s'est tournée vers moi. « Clarke était mort d'inquiétude. Je l'ai empêché d'appeler la police. Tu devrais retourner à l'intérieur. »
J'ai hoché la tête et nous sommes toutes retournées dans le diner.
« Qui c'était, Rose ? Ça va ? » Clarke, Nate et Yoni m'entouraient maintenant. J'ai regardé autour de moi pour voir les clients nous observer avec curiosité. J'ai soupiré face à toute cette attention.
« Tout va bien. C'est une amie d'Alice. Elle s'est trompée à cause du tablier d'Alice. C'est réglé maintenant. »
Nate et Yoni ont hoché la tête et sont retournés en cuisine, non sans s'être assurés que j'allais bien. Clarke était toujours inquiet. Normal, il avait tout vu.
« Clarke, détends-toi. Je vais bien. Regarde, tout le monde nous observe. On en reparlera plus tard. » J'ai touché son bras. Il m'a examinée une dernière fois avant de partir.
J'ai pris une profonde inspiration et je suis allée au comptoir, retirant le tablier qui avait causé tout ce remue-ménage.
Alice et Aubrey sont revenues à l'intérieur peu après. J'ai alors remarqué qu'il y avait un autre homme avec Aubrey. Il était mince et plus grand qu'elle.
Il semblait plus doux, pas vraiment taillé pour le combat. Était-ce son petit ami ?
Ils se sont tous les deux installés à l'une des tables. Alice a discuté avec eux pendant quelques minutes avant de retourner servir. Une fois la plupart des clients partis, Alice m'a appelée pour rejoindre Aubrey et son ami.
« Rose, je suis désolée pour tout à l'heure. Recommençons. Je suis Aubrey, la sœur de l'Alpha Reol. Voici mon compagnon, Leon. »
Compagnon ? Alice n'avait-elle pas dit qu'il était son petit ami ? Étaient-ils déjà devenus compagnons ? Avant que mon visage ne trahisse mes pensées, j'ai senti un coup de pied vif sur ma jambe.
J'ai regardé pour voir Alice me lancer un regard d'avertissement. Son petit hochement de tête négatif m'a dit de ne pas poser de questions.
J'ai simplement souri et dit bonjour. Aubrey m'a posé beaucoup de questions sur moi. Elle m'a même demandé mes projets après mes études.
Même si je prévoyais de vivre dans la meute d'Olivia, je ne voulais pas partager cette information. Je préférais garder mes projets pour moi. Comme ça, je pourrais éviter beaucoup de gens sans me sentir mal.
J'ai simplement dit que je n'avais pas encore décidé, puisqu'il me restait encore un an pour terminer. Elle a hoché la tête, disant qu'elle comprenait.
Je me suis excusée et je suis allée au comptoir pour faire les comptes de la journée. Comme Diana n'était pas là, je faisais son travail. Je savais aussi qu'elle n'irait pas bien pendant les prochains jours, alors je ne voulais pas que son travail s'accumule.
Clarke, Nate et Yoni ont dit au revoir pour la journée. J'ai vu Aubrey saluer Alice un peu plus tard.
Alice est venue s'asseoir à côté de moi.
« Merci d'avoir gardé les secrets », a-t-elle dit. J'ai arrêté mon travail et levé les yeux vers elle.
« Pas de souci. Mais sont-ils déjà compagnons ? »
Elle a secoué la tête.
« Alors pourquoi l'a-t-elle appelé compagnon ? N'est-il pas son petit ami ? » ai-je demandé, perplexe.
« Parce qu'il est son compagnon. »
Attends, quoi ??
« Aubrey a amené son petit ami pour demander la permission d'être compagnons. Mais elle a rencontré son vrai compagnon à la fête ce jour-là. Leon est de la meute de l'Alpha Pearson.
« C'est le cousin de l'alpha. Il était parti pour un entraînement et venait juste de rentrer dans sa meute. »
Elle a pris une profonde inspiration avant de continuer. Je suis restée silencieuse, essayant toujours de digérer tout ça.
« La fête a viré au chaos. Aubrey s'apprêtait à présenter son petit ami à la meute quand Leon l'a soudainement attaqué.
« Après toute cette pagaille, tout le monde a compris ce qui se passait. Aubrey était sous le choc. Elle était tiraillée entre son compagnon et son petit ami.
« Finalement, l'Alpha Reol a pris les trois à part pour arranger les choses. Le lendemain, le petit ami avait disparu et Aubrey est restée avec son compagnon depuis. »
« Wow », ai-je dit.
Alice a ri. « Wow est le mot juste ! Et la meute a été fermée à cause de tout ce bazar. Son ex-petit ami est le frère d'un alpha, donc il y avait pas mal de tension entre les trois Alphas et leurs meutes. »
J'ai secoué la tête, essayant d'assimiler toutes ces informations. J'avais de la peine pour l'autre gars. Il devait être dévasté. Il n'avait pas trouvé sa vraie compagne et avait perdu celle qu'il avait choisie. Pauvre bougre.
Le tintement de la clochette nous a signalé que quelqu'un entrait dans le diner.
« Excusez-moi. Vous êtes encore ouverts ? » Une voix grave a empli la pièce, me faisant un drôle d'effet. Pourquoi cette voix m'affectait-elle autant ?
Alors que je me retournais pour voir qui c'était, j'ai entendu Alice murmurer, « Oh non ! »
Je l'ai regardée, perplexe.
« C'est l'ex-petit ami d'Aubrey. »
Je me suis retournée pour voir qui c'était, et mes yeux se sont écarquillés quand j'ai réalisé à quel point la situation était sérieuse. Pourquoi maintenant ? Je n'aurais jamais pensé me retrouver à prononcer les mots dont je n'avais que rêvé dans cette situation.
Compagnon...
