Je poussai un soupir de soulagement en me laissant tomber sur mon lit.
« Ça y est, j'ai fini ! » m'exclamai-je en levant le poing en l'air.
Enfin, la maison était nickel. Le salon impeccable, la cuisine bien équipée, la salle à manger élégante, et les chambres bien rangées.
Je me redressai en me rappelant que demain c'était lundi. Puis je me retournai et enfouis ma tête dans l'oreiller en gémissant.
Pas envie d'aller en cours demain, et pourtant on était déjà deux mois après la rentrée de ma terminale.
Je me forçai à me lever et à aller vers mon armoire. Tout en ronchonnant intérieurement, je choisis mes fringues pour le lendemain et les balançai sur la chaise dans le coin.
Alors que je vérifiais mon sac de cours pour être sûre de ne rien oublier, mon ordi portable se mit à sonner.
Je jetai un œil à l'écran posé sur le bureau à côté de mon lit et vis la bouille souriante de Ramona.
Je m'installai sur la chaise de bureau et décrochai.
« Ah, super ! Je ne savais pas si ta connexion internet marchait déjà », dit Ramona.
Je ricanai : « Ouais, ils l'ont branchée hier. »
« Oh, ta chambre a l'air chouette ! » s'exclama joyeusement Ramona.
« Merci. J'ai passé presque toute la journée à la ranger. »
« Alors, commença Ramona, tu vas dans le lycée qui cartonne dans tous les sports de l'État depuis des années. Tu vas tenter ta chance pour l'équipe de softball ? »
« Euh... je sais pas trop. Tu crois que j'ai mes chances ? Je veux dire, tu l'as dit toi-même... ils sont les meilleurs de l'État », dis-je d'une petite voix.
« Bien sûr que t'as tes chances ! Et puis, si tu n'essaies pas, tu le regretteras toute ta vie. Et tu étais la meilleure lanceuse que notre école ait eue depuis belle lurette », dit-elle.
Je ris. « Merci, t'as sûrement raison. Je parlerai au coach demain pour tenter le coup. »
« Bien. Faut que j'y aille, ma mère m'appelle. On se capte demain ! » dit Ramona avant de raccrocher.
Je fermai mon ordi portable et me laissai aller contre le dossier de la chaise. Puis j'eus une idée. J'enfilai de vieilles baskets avant d'aller dans le bureau de mon père.
« Tu sais où est mon filet ? » demandai-je.
« Je l'ai mis dans le garage. Tu veux de l'aide pour l'installer ? » proposa-t-il, déjà debout.
« Non, t'inquiète, je gère. Mais merci. » J'allai au garage et trouvai mon filet d'entraînement encore dans sa boîte, avec un grand seau de balles de softball à côté.
Je dénichai mon sac de softball près du seau et le mis sur mes épaules, puis attrapai le seau et sortis dans le jardin.
Je retournai chercher le filet puis l'installai dans le jardin, près de la clôture la plus éloignée de la maison.
J'ouvris mon sac et sortis mes deux gants, puis m'étirai avant d'enfiler celui pour gaucher.
Je pris une balle dans le grand seau et la fis tourner dans ma main avant de la mettre dans le gant.
Je levai le gant pour que le bout touche mon nez. Je respirai un grand coup, humant l'odeur du cuir.
Puis je me mis en position, lançant la balle vers le filet.
J'acquiesçai quand elle frappa la marque rouge, puis recommençai.
Il faisait presque nuit quand je rangeai tout sur le porche et ramenai mon sac dans ma chambre.
J'étais étonnée de ne pas avoir remarqué plus tôt qu'il n'était pas dans ma chambre. Ce sac comptait beaucoup pour moi.
Après avoir mangé et pris une douche, je réglai mon réveil et me mis au lit.
Demain c'était mon premier jour dans une nouvelle école, et j'avais déjà le trac.
J'espérais que tout se passerait bien.
Je me réveillai le lendemain matin et m'habillai, puis attrapai mon sac de cours et mon sac de softball.
Je descendis et vis Lucky et Whiskey lovés sur le canapé. Je souris et les laissai sortir.
Pas d'inquiétude qu'ils se fassent la malle ; ils reviendraient tous les deux pour la gamelle.
Je posai mes sacs près de la porte, puis allai dans la cuisine, où je trouvai un mot de mon père.
Rose,
J'ai dû aller bosser tôt aujourd'hui. Ne m'attends pas, je rentrerai sûrement tard. Passe une bonne journée à l'école.
Je soupirai et jetai le mot. Ça me rappelait qu'on avait dû déménager à cause de son boulot.
Je préparai vite fait un petit-déj' simple avant de quitter la maison, m'assurant d'avoir mon portable, mon portefeuille et mes clés.
Je mis mes sacs dans le coffre de ma caisse, puis sortis de l'allée.
Quand je vis le bâtiment de l'école, je cherchai une entrée vers le parking. Puis je garai rapidement ma voiture.
Je sortis de la voiture, ignorant les regards curieux des élèves qui traînaient autour. Je pris mon sac de cours dans le coffre avant de le fermer et d'entrer dans le grand bâtiment en briques.
Après avoir trouvé le secrétariat, j'y entrai et parlai à la secrétaire pour obtenir mon emploi du temps.
« Nom ? » demanda-t-elle sans me regarder.
« Roselynn Callahan. »
« Voilà. Les salles de maths et de sciences sont au deuxième étage, l'anglais et l'histoire au premier, et les autres cours sont répartis dans toute l'école », dit-elle en me tendant plusieurs papiers.
« D'accord. Merci », dis-je en quittant le bureau.
Elle ne répondit pas.
« Quelle impolitesse », marmonnai-je en regardant mon emploi du temps.
« Elle peut être désagréable », rit quelqu'un. Je levai les yeux du papier.
« Salut, dit joyeusement la fille en me tendant la main, je m'appelle Aisha ! »
« Roselynn. Enchantée », je lui souris en retour, serrant sa main.
« Je sais qu'elle n'est pas très utile, c'est pour ça que je suis là. Si tu as besoin d'aide pour trouver tes salles, ou si tu as des questions, n'hésite pas à venir me voir », dit Aisha.
« En fait, dis-je doucement, tu sais où je pourrais trouver le coach de softball ? »
« Oh, Coach Byrd ? Tu veux passer les essais pour l'équipe ? À quel poste ? » Elle enchaîna les questions.
« Oui. Je suis lanceuse et troisième base », dis-je fièrement.
« C'est génial ! Je suis catcheuse et première base », dit-elle avec enthousiasme.
Je lui souris ; elle était très grande. Et jolie, avec de longs cheveux et des yeux bleus.
« Retrouve-moi près du terrain de softball après les cours et je te la présenterai. » Aisha sourit.
« Ce serait super, merci. » Je soupirai quand la cloche sonna. « Je devrais filer en cours. À tout à l'heure. » Je fis un signe à Aisha en m'éloignant.
Puis je regardai le papier dans mes mains, me demandant si j'aurais dû lui demander aussi des indications.
« 232, Calcul avancé... » dis-je pour moi-même.
Puis...
« Ouf ! » Je serrai les papiers contre moi en tombant sur le sol de l'école.
« Ça va ? » demanda la personne que je venais de percuter, tendant la main pour m'aider à me relever. C'était une voix masculine, à peu près de mon âge.
Je pris sa main, sentant une agréable chaleur remonter mon bras à ce contact.
« Euh, oui. Ça va. Merci. » Je retirai ma main, puis levai les yeux vers de chaleureux yeux bruns et un très beau sourire.
« Je m'appelle Felix. » Sa voix grave résonnait dans le couloir.
« Roselynn », dis-je, essayant d'ignorer l'effet que sa voix me faisait.
« Ravi de te rencontrer, Roselynn, mais tu devrais filer en cours », rit-il avant de s'éloigner.
Oh, oui. Les cours ont toujours lieu, n'est-ce pas ?
Je jetai rapidement un coup d'œil par-dessus mon épaule. C'est même légal d'être aussi canon ?
Il se retourna, sourit et me fit un clin d'œil. Je sentis mes joues s'enflammer. Je me retournai et m'éloignai rapidement.
Non, non. Il ne venait pas de me surprendre en train de le mater.
Je refusais de croire que ça venait de se produire.
Je discutais tranquillement avec Ryder et Ryker, mon bêta et mon delta, quand une délicate odeur d'eau de rose a chatouillé mes narines. Je me suis figé sur place lorsque Damon, mon loup intérieur, s'est soudain agité.
« Compagne ! » a-t-il hurlé, me faisant sursauter.
J'ai échangé un regard interloqué avec Ryder et Ryker.
« On en reparlera plus tard », ai-je dit doucement en m'éclipsant.
J'ai suivi cette fragrance enivrante, sans trop faire attention à mon chemin. Elle devenait de plus en plus présente et quand j'ai tourné au coin, c'était la seule chose que je pouvais percevoir.
C'est alors que quelqu'un m'a percuté de plein fouet.
« Ouf ! » J'ai baissé les yeux en entendant ce petit cri.
« C'est elle ! » s'est exclamé Damon avec enthousiasme.
« C'est une humaine », ai-je constaté à voix basse.
« Et alors ? » a répliqué Damon, piqué au vif.
« Rien de mal à ça. Je fais juste une observation », lui ai-je répondu. Il s'est tu, probablement sans m'écouter.
J'ai reporté mon attention sur la jeune fille assise par terre, l'air un peu perdue. « Tout va bien ? » ai-je demandé en lui tendant la main.
Elle a glissé sa petite main dans la mienne. Une douce chaleur a parcouru mon bras, et j'entendais Damon ronronner de contentement. Mon loup était aux anges.
Elle a retiré sa main, et ce contact m'a aussitôt manqué.
« Euh, dit-elle d'une voix douce, que je percevais parfaitement, oui, ça va. Merci. »
Elle a levé les yeux vers moi, et je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Elle était bien plus petite que moi, avec de longs cheveux bruns et de magnifiques yeux bleus.
Me rendant compte que je la dévisageais, j'ai repris mes esprits. « Je m'appelle Felix. »
« Roselynn », a-t-elle répondu, ses joues se teintant d'un joli rose.
« Enchanté, Roselynn, mais tu devrais peut-être filer en cours. » J'ai ri, incapable de me retenir, puis je me suis éloigné pour ne pas faire de bêtise – comme la prendre dans mes bras.
Alors que je m'éloignais, Damon me suppliait de faire demi-tour.
« Arrête. C'est une humaine, pas une louve. Si on agissait bizarrement, on lui ferait peur », ai-je expliqué.
« Mais... Bon, d'accord », a-t-il grogné avant de se calmer.
J'ai secoué la tête face à son comportement, puis j'ai senti un regard posé sur moi. Quand j'ai jeté un coup d'œil par-dessus mon épaule, j'ai vu Roselynn qui m'observait.
Nos regards se sont croisés, je lui ai adressé un grand sourire et un clin d'œil, puis j'ai vu son visage virer au rouge pivoine avant qu'elle ne détale dans le couloir.
J'ai ri doucement avant de me rendre à mon propre cours.
J'avais hâte d'annoncer à ma meute que j'avais trouvé ma compagne.
Ils allaient être ravis.
