. . Lorsqu'Izzy se réveilla, elle n'arrivait pas à ouvrir les yeux. Elle tenta de bouger, mais son corps ne lui obéissait pas. Elle percevait des voix dans la pièce.
« Il y avait bien d'autres façons d'obtenir son ADN, mon frère. Tu n'avais pas besoin de l'embrasser », dit Silian.
« Je sais, soupira Mikhlas. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Elle avait l'air... vulnérable. Blessée mais toujours...
— Forte, compléta Silian. J'ai vu ça aussi. Tu sais que nous sommes plus grands que la plupart des gens ici, et cette planète a une gravité plus faible que la normale. Nous devons lui paraître impressionnants.
— Je pense que la plupart des gens sur cette planète auraient été terrifiés à sa place. Mais après le choc initial, la reine a réagi... plutôt bien. »
« Ce sera intéressant de voir comment elle est quand elle n'est pas blessée. »
Izzy songea : « J'étais morte de trouille tout du long, mais ils croient que je m'en suis bien sortie. »
« Mais, poursuivit Silian, tu as déjà rencontré des femmes fortes, Mikhlas. Pourquoi as-tu...
— Je n'ai pas pu m'en empêcher, et cette conversation privée est terminée, Premier », coupa Mikhlas sèchement. Le cœur d'Izzy s'emballa à ces mots.
« Je suis désolé, Capitaine. Je voulais juste...
— Tu voulais juste quoi ?
— J'espère qu'elle ressent la même chose. Je détesterais devoir te tuer.
— Je sais. Mais crois-moi, mon frère, ça en valait la peine », dit Mikhlas.
Izzy pensa : « Je croyais que c'était juste moi qui l'avais ressenti. Je sais qu'il a aimé, mais on dirait que ça a tout changé à ce moment-là. Je ne comprends pas. Il m'a volé un baiser. »
« Je pense qu'elle se réveille, dit Silian. Prime, retire la peau. »
Izzy sentit un picotement sur tout son corps, comme si de minuscules fourmis aux pattes douces marchaient sur sa peau. Quand cela s'arrêta, elle put à nouveau sentir ses bras et ses jambes.
Lorsque la sensation prit fin, elle ouvrit les yeux et vit Silian et Mikhlas debout de chaque côté du lit, raides comme des piquets. Elle les regarda tour à tour.
« Qu'est-ce que vous m'avez fait ? » demanda-t-elle. Mikhlas sourit et pointa le sol.
« Pourquoi n'essayez-vous pas de bouger ? Pouvez-vous vous lever ? » demanda Mikhlas.
Izzy déplaça prudemment sa jambe cassée hors du lit, s'attendant à ressentir de la douleur. Mais sa jambe bougea facilement et sans douleur. Elle la fit bouger et s'assit ensuite. « Rien ne fait mal ! C'est impossible. »
Elle souleva son t-shirt pour s'examiner. Les bleus sur son côté avaient disparu. Une petite cicatrice sur ses côtes se trouvait là où elle s'attendait à voir une grande entaille due à une opération.
Elle la toucha du bout des doigts, et elle semblait petite et légère, comme une vieille blessure guérie depuis belle lurette.
« Ce n'est pas possible. » Elle leva les yeux vers Mikhlas, et leurs regards se croisèrent. Elle réalisa qu'il avait regardé son corps, tandis que Silian fixait simplement les murs en bois comme si son corps n'était pas là.
« Qu'avez-vous fait ?
— Je te dirai toujours la vérité. Quand j'ai dit que nous devions te guérir, je ne mentais pas », dit-il.
« Comment... ? Comment est-ce possible ? » demanda-t-elle.
« Isabelle, laisse-moi te présenter Prime », dit Mikhlas.
Izzy regarda autour de la pièce, mais ils étaient seuls. Elle fronça les sourcils et commença à parler.
« Bonjour, Dakira Isabelle. Vous pouvez m'appeler Prime. Je suis l'ordinateur principal du vaisseau », entendit Izzy une voix féminine dire dans son oreille. Sa main alla rapidement sur le côté de son visage, mais elle ne sentit rien.
« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Izzy, mettant son doigt dans son oreille.
« C'est un appareil dans ton oreille pour communiquer. Prime en a fabriqué un pour toi quand elle t'a guérie », dit Silian.
« Fabriqué ? » demanda Izzy, détachant les sangles de son support de jambe avant de se lever et de se réjouir que rien ne fasse mal.
« Oui. Il est composé de millions de minuscules machines. Les mêmes machines que Prime utilise pour guérir », dit Mikhlas en faisant le tour du lit vers elle. Elle regarda entre eux deux plusieurs fois.
« Attendez, comment m'a-t-elle appelée ? Elle a utilisé un mot que je ne connais pas. Elle m'a appelée Dakira Isabelle. »
Les deux se regardèrent avant que Mikhlas ne se tourne vers elle.
« Tu n'as probablement pas de mot équivalent dans ta langue. Ça signifie... choisie, acceptée. C'est difficile à expliquer maintenant que j'y pense. Elle a dû l'utiliser comme un titre à la place de reine. Tu ne deviens reine qu'après ta cérémonie. »
Elle resta là à réfléchir, bougeant légèrement sur la pointe des pieds et s'émerveillant que rien ne fasse mal. « Non seulement ça, mais je ne me suis pas sentie aussi bien depuis des lustres. »
Mais comment l'avaient-ils guérie ? Elle pensait qu'il faudrait des mois pour se rétablir. Avait-elle dormi si longtemps ?
« Combien de temps cela a-t-il pris ? » demanda-t-elle en les regardant. Ils se tenaient très droits, les épaules en arrière, les deux poings serrés contre leur poitrine dans une sorte de salut, la tête baissée.
« Neuf heures terrestres, Dakira Isabelle », dit Silian en relevant la tête.
« Ce n'est pas possible », murmura-t-elle pour elle-même, pensant à toutes ses blessures.
« Dakira Isabelle, s'il vous plaît, croyez-nous. Tout ce que nous vous avons dit est vrai », dit Mikhlas.
« Non. Ce n'est pas possible. Ça ne peut pas être possible », dit-elle.
« Pourquoi pas ? » demanda-t-il.
« Parce que vous ne pouvez pas être des extraterrestres. Je ne peux pas être votre reine. Je ne suis qu'une femme qui essaie d'élever deux garçons du mieux que je peux. Je ne peux pas aller de l'autre côté de l'Univers et devenir une reine. »
« Je ne sais rien de la royauté. Comment ai-je même été choisie ? C'est trop dingue pour être vrai », rit-elle, entendant sa voix sonner un peu folle alors qu'elle parlait.
« Est-il fou de penser que les êtres humains sont seuls dans l'Univers ? Votre peuple n'en a jamais vu qu'une infime partie. Est-il fou de penser que là-bas, dans tout cet espace, il y a un endroit qui abrite la vie ? » demanda Mikhlas.
Il se tenait maintenant devant elle. Elle entendait tout ce qu'il disait, et elle comprenait les mots, mais cela semblait si incroyable qu'elle avait besoin de plus de preuves.
« Pourquoi moi ? » demanda-t-elle.
« Tu as été choisie par les cinq Sentinelles. Nous avons été envoyés ici pour te chercher et te ramener », dit Mikhlas. Elle leva les yeux vers lui et plongea son regard dans ses yeux bleus.
« Que sont les Sentinelles ? » demanda-t-elle.
« Qui, pas que. Elles sont... difficiles à expliquer. Disons simplement que ce sont les cinq êtres de la création dans le Royaume. Elles veillent sur nous, et elles t'ont choisie pour régner. C'est ainsi que ça fonctionne pour les Citoyens du Royaume. »
« Quand un Souverain meurt, les Sentinelles cherchent dans l'Univers un nouveau. Je ne sais pas pourquoi elles t'ont choisie. Tu devras le leur demander. »
Izzy secoua la tête. « On dirait que vous parlez de dieux », dit-elle doucement. Elle regarda ses mains tremblantes et croisa les bras avant de les regarder.
« Vous savez que tout cela n'a aucun sens. Je ne suis pas une dirigeante. Je ne connais rien à ce dont vous parlez. Pourquoi m'auraient-elles choisie ? » dit-elle.
Mikhlas lui sourit. « Je suppose que c'est la seule question qui compte. Peut-être voient-elles quelque chose en toi que tu ne vois pas. »
« J'ai besoin de réfléchir », dit Izzy après quelques secondes de silence.
Elle sortit lentement de la pièce, et quand elle se tint près des escaliers, elle regarda en bas et se souvint de la douleur qui l'avait empêchée de monter ici à son arrivée.
Elle examina à nouveau son corps. « Comment ont-ils fait ça ? Vais-je vraiment croire tout ça ? »
Même si cela semblait fou, elle ne pouvait nier ce qu'elle voyait et ressentait. Elle souleva son t-shirt et regarda à nouveau cette légère cicatrice le long de ses côtes. Personne ici sur Terre n'avait la capacité de guérir une personne aussi rapidement.
« Mais si c'est vrai, cela signifierait qu'ils voulaient qu'elle soit quoi, exactement ? »
Elle descendit lentement les escaliers et entra dans la cuisine, regardant autour d'elle. L'arme n'était plus sur le comptoir de la cuisine, mais elle n'en fut pas surprise. Elle alluma la bouilloire et s'appuya contre le comptoir, réfléchissant.
Comment expliquerait-elle cela à Amy ? « Si j'ai dormi pendant neuf heures pendant qu'ils me guérissaient, elle pourrait arriver d'une minute à l'autre. Elle va me regarder une fois et s'énerver. »
La bouilloire s'éteignit alors que la porte s'ouvrait derrière elle. Mikhlas entra et s'appuya contre le mur, croisant les bras avec une expression qu'elle ne pouvait déchiffrer.
Izzy se retourna vers la bouilloire, son esprit réfléchissant à tout ce qu'elle avait entendu et vu. Sans s'en rendre compte, deux tasses supplémentaires se trouvaient sur le comptoir vert.
Ce n'est que lorsqu'elle demanda s'il prenait du sucre qu'elle réalisa. « Peut-il même boire du café ? » Il lui sourit, et elle baissa la tête.
« Je suis désolée. Je ne vous ai même pas demandé si vous en vouliez », dit-elle, se retournant vers les tasses. Elle souleva la cuillère vers le sucrier et sa main trembla, faisant du bruit contre le bord.
Toute cette situation l'effrayait de bien des façons. C'était fou et incroyable, mais effrayant. La main de Mikhlas apparut doucement, tendue pour prendre la cuillère.
« Laissez-moi faire, Dakira Isabelle. »
Elle lui mit la cuillère dans la main et recula, et d'un geste rapide, il ajouta du sucre dans les tasses.
« Je ne vous ai pas demandé non plus », dit-il d'une voix douce.
« Puis-je dire non ?
— Non. Ce n'est pas à moi de décider. Je suis juste là pour vous protéger.
— Je ne peux pas être celle que vous voulez que je sois », dit-elle en croisant les bras. Il remua le café dans les tasses, silencieux un moment avant de se tourner pour la regarder.
« Pourquoi pas ? » demanda-t-il.
« Je ne peux pas quitter cette... Terre », dit-elle.
« Je ne peux pas rentrer sans vous. »
Elle frissonna au ton ferme de sa voix avant que son ton ne la mette en colère. « Je ne peux pas laisser James et Lucas. Je n'abandonnerai jamais mes fils. Ça n'arrivera jamais. »
« Je comprends. Je suis désolé de ne pas vous l'avoir dit avant. Vous n'aurez pas besoin de les laisser derrière. Ce sont les Princes Royaux. Ils doivent venir avec nous. »
Elle se sentit moins en colère. Prête à se battre pour ne pas quitter ses enfants et puis surprise par sa réponse désinvolte. « Je pense toujours que vous devriez trouver quelqu'un d'autre pour faire ça », dit-elle, tendant la main vers la tasse de café chaud comme si cela pouvait l'aider.
« Ce n'est pas ainsi que ça fonctionne. C'est vous. Et seulement vous. »
Elle souffla sur le café avant d'en prendre une gorgée qui la réchauffa en l'avalant. « Je... j'ai juste besoin d'un peu de temps pour réfléchir à tout ça. Vous me demandez de tout laisser derrière moi. »
« Je sais. Mais nous n'avons que quelques jours. Ensuite, nous devons rentrer. »
Il se redressa et marcha vers la porte. Il se retourna pour lui dire quelque chose, mais son téléphone commença à vibrer sur le comptoir.
Mikhlas s'arrêta et lui fit un signe de tête. Quand il quitta la pièce, elle prit le téléphone et le porta à son oreille.
« Allô ?
— Iz. Bon sang, pourquoi tu ne réponds pas au téléphone encore une fois ? » cria Amy au téléphone.
« Je suis désolée, j'étais... en train de dormir.
— Tu vas bien ? » demanda Amy, sa voix se calmant.
« Je vais bien », dit-elle, se regardant avec un petit sourire.
« Je suis à dix minutes, en ville. Tu as besoin que je t'apporte quelque chose ? » demanda Amy.
« Ouais. Euh... Prends de la nourriture. Et quelques bouteilles de vin.
— Du vin ? Ce ne sera pas mauvais avec tes médicaments ? » dit Amy.
« Beaucoup de vin », dit Izzy et elle raccrocha.
