Lorelai avait la tête ailleurs toute la journée. Elle ne cessait de penser à Aaron et au rendez-vous qu'il lui avait proposé. Elle craignait qu'il ne se rétracte, s'imaginant qu'elle n'était pas assez jolie ou pas à la hauteur.
La journée fut interminable et éreintante, avec des cours supplémentaires et sans vraie pause. Quand la dernière sonnerie retentit, elle était sur les rotules. Elle s'affala sur sa chaise, rêvant d'un bon verre de vin.
Elle s'agaça en entendant cette voix dans sa tête. « Va te faire voir ! » marmonna-t-elle.
C'est alors qu'Alex entra dans son bureau et la prit dans ses bras.
« Salut, comment se sont passés les cours supplémentaires ? »
Elle esquissa un sourire. « Je pense que ça s'est bien passé. J'ai eu de bons retours sur les copies que tu m'as confiées. »
Elle lui tendit la pile et il jeta un œil aux premières pages, souriant. « Ça a l'air bien. Je les lirai plus attentivement et j'en toucherai deux mots à Mark pour notre projet. Excellent boulot, Lorelai ! »
Elle rougit sous le compliment et le serra à nouveau dans ses bras avant qu'il ne parte. Elle se remit au travail pour corriger des contrôles et saisir des notes, fière de ce qu'elle avait accompli. Une heure plus tard, elle éteignit son ordinateur et verrouilla sa porte.
Le vent soufflait fort, rappelant que l'hiver n'avait pas dit son dernier mot. Elle resserra son manteau et marcha jusqu'à sa voiture. Après l'avoir démarrée et attendu qu'elle se réchauffe, elle rentra chez elle.
Elle adorait sa petite maison. Elle appartenait autrefois à ses grands-parents et avait été léguée à son père à leur décès. Elle avait de joyeux souvenirs d'enfance à jouer dans cette rue tranquille.
La maison était en briques rouges avec des volets noirs et un joli porche. Elle comptait trois chambres, deux salles de bains, et un sous-sol partiellement aménagé où elle s'entraînait à danser. C'était la dernière maison de la rue qui n'avait pas été rasée pour faire place à une plus grande.
Elle avait transformé la plus petite chambre en bureau et l'autre en chambre d'amis. Elle n'avait pas beaucoup de visiteurs, mais elle aimait avoir de l'espace.
Après avoir rentré les poubelles du devant de la maison, elle fit un signe à son voisin âgé, M. Martin, qui discutait avec Grady, le plus jeune garçon de la famille Frankman.
« Bonjour Mademoiselle Banks », dit Grady avec un sourire.
« Bonjour, messieurs. Comment s'est passée votre journée ? » demanda-t-elle.
« Laisse-moi te dire que c'est dur d'être à la retraite, Lorelai. J'ai fait une sieste et lu un bouquin pendant qu'Edna préparait un ragoût pour le dîner. Épuisant ! » dit M. Martin d'un ton amusé.
Grady rit et Lorelai sourit. « Ça a l'air vraiment difficile. Je ne sais pas comment vous faites. »
M. Martin soupira. « C'est quelque chose avec lequel je dois composer... »
« Mademoiselle Banks, s'il neige comme prévu, je déblayerai votre allée dès que je rentrerai de la musculation, d'accord ? » proposa Grady.
« Tu es sûr ? C'est beaucoup, Grady ! »
« Oui. Ce n'est pas un problème. Je finis tôt demain », lui dit-il.
Après avoir bavardé un peu plus avec eux, elle rentra, frigorifiée par l'air froid. Elle enfila des vêtements confortables et des chaussettes épaisses, puis réchauffa une soupe que sa mère avait préparée. Elle se fit un croque-monsieur pour accompagner et s'installa dans le salon pour regarder des émissions qu'elle avait enregistrées.
Elle regardait une série dramatique quand son téléphone sonna. Elle mit la télé en pause et répondit au numéro inconnu.
« Allô Lorelai, comment vas-tu ? » demanda une voix sexy et suave.
Elle avait oublié qu'Aaron devait appeler pour leur rendez-vous et son cœur se mit à battre la chamade d'excitation.
« Salut, Aaron. Ça va, et toi ? »
« Très bien maintenant que je te parle. »
« Tu es un sacré charmeur, n'est-ce pas ? »
« Peut-être ! » Elle pouvait l'entendre sourire. « Bien que le temps ait été froid aujourd'hui. »
« Je suis d'accord ! Je ne m'attendais pas à ce vent. »
Ils discutèrent encore quelques minutes avant qu'il n'en vienne au fait.
« Alors, tu veux toujours qu'on sorte ensemble ? »
Elle prit une profonde inspiration. « Bien sûr, ça me ferait plaisir. »
« J'ai des réunions tardives demain et jeudi, alors que dirais-tu de vendredi soir ? »
« Vendredi me convient. »
« Super ! Que dirais-tu d'un bon dîner pour qu'on apprenne à mieux se connaître ? » suggéra Aaron.
« J'aime manger, je pense qu'on peut faire ça. Où ? »
« Je passerai te chercher, comme un vrai gentleman ! »
« Non ! Je veux dire, je préférerais te retrouver là-bas... J'essaie juste d'être prudente concernant qui sait où j'habite. Je veux dire— »
Elle bafouillait, entendant sa voix dans sa tête lui dire qu'elle gâchait tout.
« Lorelai, c'est bon, je comprends. Tu es une belle femme célibataire et tu dois te protéger. J'ai réservé pour 19h30 au restaurant de fondue du centre-ville. On se retrouve là-bas ? »
« D'accord. Je te retrouverai là-bas. Je suis désolée de compliquer les choses... »
« Ne t'excuse pas, Lorelai. Si ça te fait te sentir plus en sécurité, alors je suis pour », lui dit Aaron.
« Merci », dit-elle doucement.
« Donc, vendredi soir à 19h30 ? Tu me retrouveras là-bas ? »
« Oui, j'y serai. Merci, Aaron. »
« J'ai hâte ! Bonne nuit, Lorelai », dit-il d'une voix sensuelle.
Elle déglutit difficilement, sa voix la faisant frissonner d'excitation. « Bonne nuit, Aaron. »
