Kate se traîna péniblement jusqu'au canapé et s'y laissa tomber en poussant un long soupir. « Ça va être l'enfer ces six prochaines semaines ! »
Ted eut un petit rire. « T'inquiète, tu vas vite prendre le coup avec les béquilles. Tu verras, bientôt tu te déplaceras comme si de rien n'était. »
« Mouais, j'ai des doutes... »
« Fais-moi confiance. Allez, il faut surélever ta jambe », dit-il d'un ton ferme. Il rapprocha la table basse et cala un coussin sous le plâtre.
Kate s'enfonça dans les coussins. Ça faisait un bien fou d'être assise, et elle soupira d'aise. « Merci ! »
Il la regarda, mourant d'envie d'embrasser ses lèvres roses et pulpeuses.
Il devait se ressaisir ! Il n'était plus un gamin ou un novice. C'était un adulte responsable.
Mais il restait un homme, et elle l'attirait terriblement !
Il sourit intérieurement et s'éclaircit la gorge. « Bon, je vais te chercher de quoi manger et boire pour que tu puisses prendre tes médicaments. »
Elle marmonna son accord, et il partit explorer la cuisine sur la droite.
Ted entra dans une très belle pièce équipée d'électroménager rutilant et d'un grand îlot central avec trois tabourets.
Les placards du haut étaient blancs, ceux du bas bleu marine. Les murs arboraient différentes nuances de bleu, et bien que ça aurait pu paraître froid, elle avait réussi à créer une ambiance chaleureuse.
Dans l'ensemble, ça semblait être un endroit idéal pour cuisiner et manger.
Ted enleva sa veste de costume, la posa sur une chaise, puis retroussa ses manches.
Il jeta un œil dans le frigo et trouva de quoi faire un croque-monsieur avec du jambon, du fromage, des tomates et du bacon.
Il prépara rapidement deux sandwichs, se rendant compte qu'il avait lui aussi une faim de loup après n'avoir grignoté qu'une petite salade pendant sa réunion.
Il sursauta en sentant quelque chose lui frôler la jambe et baissa les yeux pour découvrir un adorable petit chat qui le fixait. Il se pencha pour lui gratter l'oreille avant de retourner à ses fourneaux.
Il trouva de l'eau en bouteille et des fruits dans le frigo. Il coupa une mangue et mit quelques myrtilles dans un petit bol qu'il avait déniché.
Il retourna les sandwichs et dégota le placard avec les assiettes dont il en sortit deux. Il sourit en voyant qu'ils avaient les mêmes assiettes carrées blanches.
Il posa les sandwichs bien chauds sur les assiettes et ajouta les fruits à côté. Il prit les deux assiettes et coinça l'eau sous son bras.
Il s'assit à côté d'elle sur le canapé et remarqua la douceur de sa peau et les quelques taches de rousseur sur son nez.
« Hé Katie, j'ai de quoi casser la croûte... T'as faim ? »
Elle sursauta légèrement à ses mots, ayant oublié qu'il était encore là, et ouvrit les yeux. « Quoi, t'es un ninja ? Je t'ai même pas entendu dans la cuisine ! »
« Non, plus depuis que mon fils avait huit ans et qu'on faisait Halloween ensemble. J'aime pas trop les vêtements moulants. »
Kate rit en prenant une gorgée de la bouteille d'eau qu'il lui avait donnée. « Tu peux me passer mon sac à main pour que je prenne un antidouleur ? Je me sens vraiment courbaturée après aujourd'hui. »
Ted trouva le sac et le lui apporta. Elle le regarda bouger et apprécia la façon dont son corps se mouvait et ses muscles se dessinaient, surtout son dos.
Elle avala le comprimé, le remercia et mordit dans le sandwich fondant en émettant un son de contentement.
Les yeux de Ted s'écarquillèrent en entendant ce son profond et sensuel, et il se demanda comment il pourrait lui faire produire ce bruit pour le restant de ses jours.
« Ce sandwich est vraiment bon ! Merci ! Tu sais exactement comment couper finement la tomate », dit-elle.
« De rien. J'espère que ça te dérange pas que j'en aie fait un pour moi aussi. J'avais une de ces dalles après ma réunion aujourd'hui. »
« Bien sûr que non ! J'ai l'intention de t'inviter à dîner pour te remercier d'être si gentil avec moi. Juste pas ce soir - je pourrais pas entrer dans le resto sans me casser la figure et avoir l'air ridicule ! »
« C'est très gentil à toi, mais t'as pas à faire ça. J'étais juste poli. »
« Tous les hommes - ou femmes - seraient pas aussi sympas, alors merci encore. »
Ils mangèrent tranquillement jusqu'à ce que le chat entre et saute entre eux en miaulant.
« C'est qui ça ? Elle m'a dit bonjour quand je cuisinais. »
« C'est Millie. Je l'ai trouvée au refuge pour animaux il y a deux ans et on est ensemble depuis. Elle faisait partie d'une portée de chatons dont la mère avait été tuée par un autre animal, alors ils étaient tout seuls.
« C'est une fifille très douce et une super copine. »
Ted la regarda parler et vit l'amour dans ses yeux pour l'animal à côté d'elle. C'était la première fois que la douleur n'était pas là, et il était heureux de voir ça.
« Alors, tu peux me dire comment tu t'es blessée, Katie ? »
Elle leva les yeux au surnom Katie. Elle ne l'avait pas entendu depuis des années, pas depuis que ses grands-parents étaient vivants. Ils étaient les seuls à l'appeler comme ça, mais elle aimait l'entendre le dire.
« Ben tu vois cet escalier là-bas ? Il mène à ma salle de peinture où je peins parfois pour le plaisir ou j'essaie différentes techniques dont j'entends parler avec différents matériaux.
« Bref, j'avais laissé mon carnet de croquis là-haut et j'allais bosser sur ce projet pour lequel on m'avait engagée, et quand je suis redescendue, j'ai loupé les quatre dernières marches et je me suis ramassée comme il faut.
« C'est comme ça que je me suis retrouvée dans ton hôpital. Le bleu que je vais avoir sur les fesses va être monstrueux ! »
Ted rit doucement. « D'accord... mais comment t'es arrivée à l'hôpital ? »
« J'ai utilisé les escaliers pour me relever et j'ai su que je m'étais méchamment amochée la jambe vu les éraflures et les bleus qui étaient apparus si vite, plus la douleur.
« Alors je me suis traînée jusqu'à la devanture de mon magasin en m'appuyant contre le mur et j'ai appelé un taxi », dit-elle simplement.
Il la regarda, émerveillé par son indépendance. Elle semblait si petite, mais il réalisa rapidement qu'elle avait un sacré caractère.
Mais une partie de lui voulait toujours l'aider, et il ne savait pas comment faire sans froisser sa fierté. En plus, il voulait juste être près d'elle ; la toucher et lui parler.
Il posa sa main sur sa jambe, sentant la chaleur de sa peau et le choc de leur contact. « T'es vraiment une nana incroyable, Katie. Sérieux. »
Elle rougit à nouveau et sentit son cœur s'emballer à son contact.
Elle essayait d'empêcher son cœur de battre si fort à cause de son toucher. Cela créait une chaleur qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant, et cela la rendait un peu nerveuse.
Elle le laissa garder sa main sur sa jambe et voulut voir combien de temps il la laisserait là pendant qu'ils parlaient et apprenaient à se connaître.
Ils se posèrent mutuellement des questions avant que Kate ne pose des questions plus personnelles.
« Alors, t'as parlé d'un fils... »
« Ouais, j'ai un fils, Kyle, qui a vingt-trois ans et une fille Abby qui a vingt-et-un ans. C'est des chouettes gosses, même s'ils sont un peu pourris gâtés. Abby vit avec sa meilleure pote près de la plage tout en bossant dans une boulangerie du coin, et Kyle vit avec sa mère. »
« Et leur mère ? »
« Elle vit avec le mec qu'elle a dans son lit à ce moment-là. »
« Oh... Divorcés ? »
« Ouais. Je l'ai surprise dans la buanderie de l'hôpital en train de s'envoyer en l'air avec un employé y a presque six ans. C'était une super journée. »
« Aïe. Elle fait quoi dans la vie ? »
« Elle est dermato, elle bosse parfois à l'hôpital pour des interventions plus importantes. »
« Wow, ça doit être gênant. »
« Ça peut l'être, mais j'essaie vraiment de l'ignorer ou de faire avec. On était plus heureux depuis quelques années avant ça ; je savais juste pas qu'elle me trompait...
« Assez parlé de moi, et toi ? T'as dit pas de mec. »
Kate soupira. « Ouais, il aimait pas que je cartonne juste après la fac grâce à un concours de design que j'ai gagné. On est restés ensemble que deux ans après le diplôme... »
« Mais y a eu personne d'autre depuis ? »
« Euh... tu veux vraiment parler de mes ex ? » demanda Kate avec surprise.
Ted lui sourit et se lécha les lèvres. « Oh, je veux tout savoir, Katie ! »
Elle déglutit quand elle comprit ce qu'il voulait dire et ses yeux s'écarquillèrent. « Vraiment ? »
« Oh oui, je veux tout savoir de toi, Katie. Y compris si tes lèvres sont aussi douces qu'elles en ont l'air », dit-il d'une voix grave en se penchant de plus en plus près jusqu'à ce qu'il presse doucement ses lèvres contre les siennes.
L'excitation qu'ils ressentirent tous les deux était incomparable à tout ce qu'ils avaient vécu auparavant.
