Lorsqu'ils montèrent dans l'avion et qu'elle le vit se servir un autre verre, elle ne put s'empêcher d'intervenir.
« Tu n'as pas assez bu comme ça ? »
Noah mit des glaçons dans son verre et versa du whisky par-dessus. Il lui adressa un sourire narquois et répliqua :
« Ne me dis pas que tu vas être une de ces épouses qui ne cessent de râler. »
Elle le fusilla du regard.
« Je me fiche de ce que tu fais. Mais tu es déjà ivre. Je sais ce qui peut arriver avec les gens saouls. Je te préviens, n'essaie pas de me toucher. »
Il éclata de rire.
« Oh ma chérie, je n'ai pas l'intention de te toucher. Ni maintenant, ni jamais. »
Elle se détourna de lui et s'assit. Bien qu'il fasse nuit dehors, elle fixa son regard sur le hublot.
Une larme roula sur sa joue. Elle avait le cœur lourd et s'inquiétait pour son avenir. Le voir boire autant l'effrayait.
Elle se remémora un incident survenu quelques années plus tôt lors d'une réception chez ses parents. Un homme d'âge mûr, complètement ivre, avait tenté de l'agresser dans la cuisine alors qu'elle allait chercher du lait. Il l'avait saisie, essayant de l'embrasser et de lui peloter la poitrine.
Heureusement, elle savait se défendre. Elle lui avait asséné un coup de genou bien placé, l'avait repoussé, et s'était enfuie de la pièce.
Elle en avait parlé à ses parents, mais ils s'étaient contentés de dire à l'homme de rester loin d'elle.
Dans le reflet de la vitre, elle vit Noah desserrer sa cravate avant de s'asseoir en face d'elle.
Noah s'installa avec son verre, contemplant le liquide ambré. Oui, il était ivre. Mais qui pourrait le blâmer ?
N'importe qui forcé à se marier sans amour voudrait noyer son chagrin dans l'alcool. Il jeta un coup d'œil à Cora. Sa tête reposait contre la fenêtre, les yeux clos.
Il profita de l'occasion pour la détailler. Sa peau semblait douce comme de la soie. Son corps était parfait, mince avec une jolie poitrine.
Elle avait aussi un beau visage. Ses cheveux étaient bruns et longs, exactement comme il les aimait. Il savait qu'il devrait être prudent avec elle.
Il pourrait facilement succomber à sa beauté et oublier sa promesse de ne pas la toucher. Il ferma les yeux en espérant que le vol se terminerait bientôt.
À l'atterrissage, il dut la réveiller pour lui dire qu'ils étaient en Espagne. Il la trouva adorable quand elle s'étira avant d'ouvrir les yeux.
Une voiture les attendait pour les conduire à la villa. Il régla le chauffeur, prit les bagages et commença à la guider vers la porte.
« Je suppose que je suis censé porter la mariée pour franchir le seuil », dit-il d'un ton légèrement méprisant.
Elle releva le nez avec dédain. « Ne te donne pas cette peine », répliqua-t-elle. Elle entra et resta plantée là, regardant autour d'elle, ne sachant que faire.
Il ferma la porte. Les valises à la main, il se dirigea vers l'escalier. « Suis-moi », dit-il en montant.
Dans la chambre, il posa les valises au sol. Il alla au bar et se servit un autre verre. À ce stade, il était complètement ivre.
Cora se sentit nerveuse en voyant le lit. « Y a-t-il une autre chambre ? » demanda-t-elle doucement.
Finissant son verre, il s'approcha d'elle et posa une main sur sa taille, l'autre sur sa nuque.
« Tu n'as pas besoin d'une autre chambre. Nous sommes mariés, alors nous dormirons ensemble. Et si on commençait notre lune de miel au lit en explorant nos corps ? »
Bien qu'il ait dit qu'il ne coucherait pas avec elle, il était assez ivre pour oublier sa promesse.
Quand il essaya de l'embrasser, elle posa ses mains sur son torse et détourna le visage, le repoussant.
« Non, s'il te plaît, ne fais pas ça », dit-elle en commençant à pleurer.
Il regarda son visage et retira ses mains. « Ne pleure pas, je plaisantais. Je ne vais pas coucher avec toi. Même si je le voulais, je ne pourrais pas.
« Je suis trop ivre pour ça. La salle de bain est là-bas. Tu peux te changer et te préparer pour dormir », dit-il en commençant à se déshabiller.
Quand elle le vit se déshabiller, elle attrapa son petit sac et courut dans la salle de bain, verrouillant la porte.
Se regardant dans le miroir, elle vit que ses yeux étaient rouges et humides. Elle avait très peur de dormir dans le même lit que lui.
S'il ne prévoyait pas de la toucher, pourquoi devaient-ils dormir dans le même lit ?
Elle prit son temps pour enfiler sa chemise de nuit, espérant qu'il aurait changé d'avis et serait allé dans une autre chambre.
Quand elle eut fini, elle déverrouilla lentement la porte et sortit sur la pointe des pieds de la salle de bain. En regardant le lit, elle vit Noah profondément endormi sur le dos.
Retirant son peignoir, elle se glissa dans le lit sous les couvertures, s'allongeant le plus loin possible de lui. Elle se coucha sur le côté, dos à lui, espérant s'endormir rapidement.
Le soleil se levait lorsqu'il ouvrit les yeux. Il se frotta le visage et jeta un coup d'œil à côté de lui. En apercevant Cora, il bondit hors du lit.
Elle dormait encore, alors il fila dans la salle de bain prendre une douche. Sous l'eau, il tenta de rassembler ses souvenirs de la veille.
Il avait un peu forcé sur la bouteille et sa tête lui faisait mal, mais il était certain qu'ils n'avaient rien fait. Il se rappelait avoir essayé de l'embrasser, ce qui l'avait fait fondre en larmes. Il se sentait vraiment minable.
Après sa douche, il se sécha et noua une serviette autour de sa taille. De retour dans la chambre, il vit qu'elle était debout près du lit, une valise ouverte.
Leurs regards se croisèrent, mais pas avant qu'elle n'ait détaillé son corps de la tête aux pieds. Il faillit sourire en voyant son visage virer au cramoisi.
Elle ne s'attendait pas à le voir débarquer à moitié nu et ça l'avait prise au dépourvu. Mais elle ne pouvait s'empêcher de le regarder.
Elle sentit un drôle de picotement dans le bas-ventre en admirant son torse musclé, son ventre plat et les lignes qui descendaient vers ce que cachait la serviette.
« J-Je prenais juste des affaires pour m'habiller », bafouilla-t-elle en détournant le regard.
« La douche est libre si tu veux. Quand tu seras prête, on ira prendre le petit-déj et faire un tour. À moins que tu ne préfères rester ici, au lit. »
Il se retint de rire en voyant son visage s'empourprer davantage. Elle attrapa ses vêtements et fila dans la salle de bain.
Ils marchèrent jusqu'en ville et s'arrêtèrent dans un petit resto. Après avoir commandé le petit-déjeuner, il s'adossa à sa chaise avec son café et la regarda.
« Parle-moi un peu de toi. »
Elle évita son regard. « Il n'y a pas grand-chose à dire. »
« Raconte-moi ta vie en Grèce. Tes amis, ce que tu aimes faire, tes passe-temps. »
Elle lui parla de sa vie. Comment elle n'était jamais sortie avec personne ni allée nulle part. Comment des gens venaient lui enseigner la danse, l'autodéfense et d'autres choses qu'elle voulait apprendre.
« Mon Dieu, tu n'es vraiment jamais sortie avec quelqu'un ? »
Cette fois, elle le fusilla du regard. « Mon père me réservait pour toi. Maintenant, parle-moi de toi. »
« Je le ferais bien, mais ça risque de te choquer. »
« On m'a forcée à épouser un inconnu et à quitter ma maison, alors je ne pense pas que ce que tu me diras puisse me choquer. » Elle se trompait lourdement.
Il lui raconta tout : toutes les femmes qu'il avait eues et tout ce qu'il avait fait dans sa vie. « Donc être marié va te limiter », dit-elle d'un ton acerbe.
Elle n'en revenait pas de son honnêteté. Ça lui donnait la nausée.
Il aimait la voir mal à l'aise et voir son visage rougir quand il donnait des détails. Il savait qu'il était méchant, mais il était encore en colère d'avoir dû l'épouser.
« Je n'arrive toujours pas à croire que tu n'as jamais été embrassée. »
« Eh bien non. Tu es le premier homme à m'avoir embrassée. »
« Dis-moi, ma femme, as-tu aimé ce baiser ? »
« Non, pas du tout. »
Il ne put s'empêcher de rire. « Tu mens. Je sais que tu as aimé. »
Les jours suivants, il l'emmena visiter. Ils firent une sortie en bateau et allèrent voir des pièces de théâtre. Ils mangèrent dans les meilleurs restaurants et quand ils étaient à la maison, il travaillait sur son ordinateur portable.
Elle lisait, et ils s'évitaient autant que possible. Ils dormaient toujours dans le même lit. Pour lui, c'était de plus en plus difficile.
Il n'avait pas l'habitude de dormir avec une femme sans avoir de relations sexuelles, et elle était très belle. Ça le rendait fou de s'allonger à côté d'elle, de sentir son parfum et de savoir que son corps chaud était juste à côté du sien.
Parfois, il se sentait très excité.
Après une nouvelle journée en bateau, ils rentrèrent et se mirent au lit. Il prit une lotion. Ses muscles lui faisaient mal et il avait besoin d'aide pour appliquer la lotion sur son dos et ses épaules.
Tenant le tube, il lui sourit. « Tu veux bien me frotter avec ça ? »
« Pas question », dit-elle en continuant de lire son livre. Après quelques minutes, elle leva les yeux et vit qu'il avait du mal à l'appliquer.
Elle soupira, lui prit le tube des mains et s'agenouilla derrière lui.
« Je croyais que tu avais dit non. »
« Je vois bien que tu as mal. Tu n'arrives pas à atteindre les endroits dont tu as besoin. » Elle mit de la lotion sur son dos et ses épaules et commença à la faire pénétrer dans sa peau.
C'était la première fois qu'elle touchait le corps d'un homme. Il était si fort, et ses muscles étaient incroyables sous ses doigts. Était-ce son imagination ou sa culotte devenait-elle humide ?
Il ferma les yeux et laissa échapper un son quand il sentit ses petites mains masser son dos et ses épaules. Il pouvait sentir son haleine mentholée dans son cou.
Sans qu'elle s'en rende compte, elle le faisait bander. Quand sa main remonta vers son épaule, il la prit dans la sienne. La tenant, il se retourna pour lui faire face.
Il regarda son visage. Ses yeux étaient baissés, fixés sur son torse. « Ça fait vraiment du bien. Merci de l'avoir fait pour moi. »
Elle leva enfin les yeux vers les siens. Elle respirait vite et son cœur battait la chamade.
Elle ressentait quelque chose qu'elle n'aurait jamais cru possible, pas avec lui en tout cas. Mais elle n'était pas sûre de ce que cela signifiait exactement. « De rien. J'espère que ça a soulagé la douleur. »
« La douleur a complètement disparu », dit-il, tenant toujours sa main. « Tu as des doigts magiques. Peut-être qu'un jour je pourrai te rendre la pareille. Tu sens si bon. Quel parfum portes-tu ? »
Elle le regarda, les joues roses. « Je n'en porte pas. C'est peut-être mon shampooing. Herbal Essences, Printemps d'Avril », dit-elle en baissant les yeux vers sa main qui tenait toujours la sienne.
« Ça sent divinement bon. Mon Dieu, tu es si belle. » Ses yeux descendirent vers ses lèvres. C'étaient des lèvres parfaites, pleines et d'apparence douce.
Il voulait les embrasser, il avait besoin de les embrasser. Au moment où il allait le faire, il sentit sa main se dégager de la sienne. Ce petit mouvement suffit à interrompre ses pensées.
Il déglutit et s'éloigna d'elle. « Il se fait tard et on doit se lever tôt pour prendre notre vol de retour. On devrait dormir. »
« Bonne nuit », dit-il en se glissant sous les couvertures. Il lui tourna le dos. Son sexe était dur et il lui fallut tout son contrôle pour ne pas lui faire l'amour sur-le-champ.
Il devait être très frustré à présent.
Elle se glissa sous les couvertures, dos à dos avec lui. Ils avaient partagé un moment. Elle était certaine qu'il allait l'embrasser. Pour être honnête, elle le voulait.
Elle ne savait pas si elle était heureuse ou triste qu'il se soit arrêté. Cela n'aurait fait que compliquer les choses. Pour lui, il ne se serait agi que de sexe.
Elle ne voulait pas être utilisée ainsi. Ce n'était qu'un moment de faiblesse entre eux. Elle était sûre que cela ne se reproduirait plus jamais.
