Mon Cowboy - Couverture du livre

Mon Cowboy

Tinkerbelle Leonhardt

Papa a toujours raison

CORA

De la musique country merdique est diffusée par les haut-parleurs d’une pièce complètement silencieuse alors que je me tenais dans l’entrée du Dusk Bar. En regardant la salle pleine de cow-boys, je passai la tête dehors pour m’assurer qu’il n’y avait pas un panneau disant « hommes seulement ».

Mais non.

Fais chier.

Mes pieds chaussés de talons rouges claquèrent sur le sol en béton alors que je me dirigeais vers le bar pour m’asseoir sur un tabouret bancal en bois.

Même avec ma tenue simple composée d’un jean foncé et d’un débardeur en dentelle, j’étais beaucoup trop habillée. Certains hommes portaient des chemises à carreaux ou des chemises boutonnées en denim, mais la majorité d’entre eux arboraient des T-shirts ou des marcels imprégnés de sueur.

« Je suis à toi tout de suite, chérie », m’annonça le barman en décapsulant deux bières.

Je hochai la tête, en essayant de garder mon visage en avant alors que les hommes reportèrent leur attention sur leurs affaires. Certains jouaient au billard ou aux fléchettes, tandis que la plupart étaient assis à des tables et discutaient.

Je sortis mon téléphone, sentant toujours les regards sur moi. Maudissant le manque de réception dans ce trou à rat, je décidai d’envoyer des SMS à l’ancienne à mes amis cinglés.

Utilisant mon téléphone pour autre chose que pour naviguer sur les réseaux sociaux, je déplorai le fait que je ne pouvais pas mettre à jour mon statut en « Coincé à Hicksville. Envoyez de l’aide. »

Je fus interrompue par un type grand et musclé aux cheveux blond bouclé, portant un marcel, qui s’approcha de moi. Son odeur corporelle offensa mes narines, et je sentis ses yeux s’attarder sur ma poitrine.

Ignore-le et regarde devant toi.

« Hey là, ma belle », m’interpella-t-il, son haleine de bière chaude sur mon cou.

Silence.

« Tu ne parles pas beaucoup. » Il se rapprocha encore plus. « Je parie que je pourrais te faire crier. »

Il ne va pas s’en aller. Sauf si tu lui demandes de le faire.

« Qu’est-ce que tu veux ? » lançai-je durement en lui faisant face.

« Ce n’est pas évident, bébé ? » Sa main sale commença à effleurer mon bras nu, et je le repoussai d’un regard meurtrier.

« Putain, touche-moi encore et je casse un tabouret de bar sur ta tête ! »

« Tu es une de ces brouteuses de minou [LL6] ? » Il a souri. « J’aime les défis. »

« Dégage, Dodger », entendis-je une voix masculine ordonner. En regardant à ma gauche, je vis que ça venait du barman.

« Allez, Reg », a-t-il répondu. « Je voulais juste connaître le nom de la jolie dame. »

Il m’attrapa à nouveau, cette fois en entourant ma taille de son bras, mais je lui donnai rapidement un coup de coude dans la poitrine.

« J’ai dit ne me touche pas, putain ! »

« Stop ! Fous le camp ! » claqua le barman.

Dodger leva les mains en signe de capitulation et se dirigea vers la porte en lâchant « On se reparle bientôt, ma belle »en sortant.

« Je suis vraiment désolé pour ça. Vous allez bien, mademoiselle ? » demanda le barman.

« Oui, j’ai eu affaire à pire que cet enfoiré consanguin… Merci. »

« Vous êtes la fille de Greg ? » reprit-il.

Comment diable ces péquenauds savent-ils qui je suis ?

« C’était mon père, oui. »

« Vous lui ressemblez[LL7] . Les mêmes yeux, la même couleur de cheveux… Cora, c’est ça ? »

« Elle-même. » approuvai-je en le regardant.

« Que puis-je vous servir, Cora ? »

« Un Pinot Grigio ? » commandai-je.

« C’est du vin ? » demanda-t-il, en levant un sourcil.

« Oui, du vin blanc. Ou du Chardonnay si vous n’en avez pas. »

« J’ai peur que nous n’ayons pas de vin ici. »

« Oh, hum, qu’est-ce que vous avez à part de la bière ? », l’interrogeai-je.

« Les alcools que nous proposons sont vodka, rhum, whisky et tequila », m’apprit-il en désignant les bouteilles sur l’étagère derrière lui.

« Pouvez-vous faire un cocktail rhum-coca ? »

« Bien sûr, je crois que j’ai des boissons gazeuses light quelque part par-là », dit-il en fouillant sous le bar. « Ah, en voilà ! » Il sortit une canette de cola light sans marque et prépara ma boisson.

« Il paraît que tu reprends le ranch de ton père », reprit-il en faisant glisser le verre vers moi.

« Euh, ouais. Non pas que je connaisse quoi que ce soit sur l’élevage. »

« Ton vieux père était mon meilleur ami. Je suis désolé pour ta perte, chérie. Je m’appelle Reg. Si tu as besoin de quoi que ce soit, dis-le moi, OK ? Si je ne peux pas t’aider moi-même, mais je peux t’indiquer quelqu’un qui le pourra. Les gens de cette ville feraient n’importe quoi pour aider la fille de Greg. Il était vraiment unique. »

Honnêtement, je ne savais pas comment annoncer que ce type qu’il estimait tant n’avait été qu’un père bon à rien pour moi. Mais Reg semblait être un homme décent, alors je gardai ma bouche fermée et je commandai un autre verre, un double cette fois.

« Reg ? »

« Ouais, chérie ? »

« Est-ce que tout le monde connaissait mon père ? »

« Bien sûr, chérie. Il a sauvé la ville. »

Avant que je puisse lui demander de développer, il continua.

« Tu sais, c’est tellement agréable de t’avoir enfin ici pour t’occuper de tout. Ton père serait si fier. Il parlait de toi tout le temps. »

Qu’est-ce qu’il pouvait bien avoir à dire ? Il me connaissait à peine.

« Il avait des photos de toi à l’école dans son portefeuille et montrait à tout le monde à quel point tu étais jolie », poursuivit Reg. « Je sais que tu feras de grandes choses avec son ranch. Il disait toujours combien tu étais intelligente. »

« On verra… Comme je l’ai dit, je ne connais vraiment rien aux ranchs et à l’élevage. »

Je savais que Reg n’avait pas l’intention de m’agacer, mais entendre ces conneries alors que je connaissais la vraie nature de Greg Austin - qu’il était, en fait, le genre d’homme à quitter sa femme enceinte et à ne jamais m’envoyer une carte d’anniversaire en vingt-sept ans - me faisait enrager.

S’il m’aimait tant, pourquoi n’avait-il pas essayé de me contacter ou de me voir plus souvent ?

Je suppose que je ne connaîtrai jamais la réponse à cette question.

J’étais arrivé dans ce bar avec un sentiment d’indifférence générale envers mon père, et maintenant, entendre les conneries débitées par Reg comme si mon père était celui de l’année, m’énervait profondément. J’avais besoin de prendre du recul.

« Excusez-moi une minute », lançai-je en glissant du tabouret de bar. Je me dirigeai vers la porte pour prendre un peu d’un peu d’air après toutes ces discussions sur le père parfait. Alors que j’étais sur le point d’ouvrir la porte, un groupe de femmes fatales entra, celle de devant me percuta.

« Fais gaffe ! », s’écrit-elle. Elle devait avoir l’âge de ma mère, petite avec des cheveux décolorés qui semblaient ne pas avoir été coiffés depuis plusieurs mois. Son T-shirt délavé, avec le logo sérigraphié d’un restaurant de barbecue, pendait de façon peu flatteuse sur son corps maigre.

Elle m’étudia de haut en bas. « Regardez ça, mesdames. On s’est trouvé une poupée Barbie ! » Elle empestait la cigarette, et je pouvais entendre à son discours qu’il devait lui manquer quelques dents.

Roulant des yeux, j’essayai de contourner la meneuse vulgaire avant qu’elle ne me rentre dedans intentionnellement. « Tu restes loin de nos hommes, tu entends ? »

« Pardon ? »

« Nos hommes ! Vous pensez que vous pouvez vous glisser dans vos jolies tenues et votre maquillage pour les impressionner, mais vous devez juste garder vos mains de pimbêche à l’écart ! »

Je suis dans la Quatrième Dimension… ou dans Délivrance !

« Regardez, madame. » Je la fixai. « Je ne sais pas qui est votre homme, mais il est à vous. »

« Ils le sont tous ! »

Sérieusement ? Je ne suis pas du genre à juger la vie sexuelle des gens, mais bon sang !

« C’est bon », crachai-je en retour. « Tu peux tous les avoir. »

Il faut que je me tire d’ici.

Je retournai au bar et lançai, « Je vais régler ma note maintenant, Reg. »

« Bien sûr, chérie », répondit-il. « Quinze dollars. »

Je lui glissai un billet de vingt en sirotant la dernière gorgée de rhum et de soda dans mon verre.

« Tu crois que parce que tu es une citadine, tu peux prendre ce qu’on a ? » entendis-je la femme psychopathe me menacer près de moi. Son groupe de baiseurs en chaleur ricanait depuis une table qu’ils avaient prise.

« Vicki » claqua Reg, « laisse la fille tranquille. Elle ne t’a rien fait. »

« Suce ma chatte, Reg ! » répliqua-t-elle.

Une fille bien roulée, celle-là.

« Quoi, nos hommes ne sont pas assez bien pour toi ? » Elle leva les yeux vers moi.

« C’est pas ça », pestai-je, du venin dans la voix. « Je ne voudrais pas attraper quoi que ce soit après qu’ils aient été près de ta vieille chatte poilue et. »

La salle éclata de rire à mon commentaire.

Je l’entendis crier sur un pauvre type à une table voisine. « Ne la regarde pas, putain ! Sale pute de merde ! Je vais botter le cul de cette salope si elle reste ici plus longtemps ! »

Reg cherchait à me rendre l’argent quand j’ai finalement lâchait, « garde la monnaie, Reg. » regrettant de ne pas avoir conduit avec ma propre voiture jusqu’ici.

Le ranch est seulement à un mile d’ici. Ça va être dur avec ces chaussures, mais je peux marcher… J’espère juste qu’elle ne me suivra pas.

À ce moment-là, je sentis quelque chose d’humide tomber sur ma tête. Je me retournai pour voir Vicki derrière moi, une bouteille de bière à la main.

Cette putain de salope m’a versé un verre dessus !

« Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? ! ? » criai-je alors qu’elle s’approchait, à quelques centimètres de mon visage.

« T’en veux encore ? », hurla-t-elle en agitant ses bras comme un babouin. « Allez, salope ! » Elle me poussa en arrière, mais je conservai mon équilibre.

J’étais furieuse. En restant sur mes positions, je fis un pas en avant vers elle.

C’est juste parfait. Mon deuxième jour à Hicksville et je suis sur le point de me battre dans un premier bar.

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