« Alors, Anna, comment s'est passé ton deuxième rendez-vous avec Mark hier soir ? » demanda Renée une semaine plus tard.
Anna s'interrompit dans sa tâche de suspendre des chemises pour regarder Renée. « C'était sympa. Il m'a emmenée voir une pièce au théâtre du coin. C'était amusant et plutôt drôle. »
« Je suis contente pour toi. J'espère vraiment qu'il te convient. Ryan m'a dit qu'il avait l'air gentil, même s'il ne le connaît pas bien. »
« Ce n'est pas grave. Ce n'est pas comme si j'allais l'épouser », plaisanta Anna. « Je veux juste ne pas être seule tout le temps, et il me plaît bien. »
« Tu l'aimes comme un ami, ou peut-être plus ? » s'enquit Renée.
« Pour être franche ? »
Renée hocha la tête et s'appuya sur le portant à vêtements.
« Je ne pense pas qu'on sera plus que des amis. Je l'apprécie, mais ce n'est pas ce que je recherche », avoua Anna sérieusement.
« Pas de papillons dans le ventre ? »
Anna rit. « Non, pas de papillons. »
« Bon, peut-être que c'est tout ce qu'il veut aussi pour le moment. Il t'a dit qu'il avait divorcé récemment, non ? » demanda Renée.
« Oui, il y a environ six mois, il s'est séparé de sa femme après deux ans de mariage. »
« C'est récent, donc il cherche peut-être juste de l'amitié », réfléchit Renée à voix haute. « Mais il te dévorait des yeux ce premier soir. Il avait l'air de bien t'aimer. »
« Je l'ai regardé aussi, tu sais, et même s'il est agréable à l'œil, il n'est pas fait pour moi. »
« Tu en es sûre ? » demanda Renée en penchant la tête.
Anna acquiesça. « Assez sûre. »
« D'accord, eh bien, tu es la mieux placée pour le savoir. »
« Excusez-moi, pourriez-vous m'indiquer les cabines d'essayage ? »
Anna se retourna et sourit à la cliente derrière elle.
Renée répondit : « Par ici, madame. »
Elles s'éloignèrent, et Anna reprit le rangement des chemises.
Le temps fila, et trois mois passèrent.
Anna et Mark sortaient parfois avec Ryan et Renée, surtout les vendredis soirs.
Anna avait dit à Mark dès le début qu'elle ne voulait être que son amie, et il semblait l'accepter. Mais la dernière soirée avait surpris Anna, et elle avait besoin d'en parler à quelqu'un.
« Renée, je crois que j'ai un souci », dit Anna doucement au téléphone.
« Je suis là pour toi, Anna », répondit Renée.
« On peut se retrouver au café pour en discuter ? »
« Bien sûr, donne-moi vingt minutes », répondit Renée.
Anna acquiesça et elles raccrochèrent.
Vingt minutes plus tard, elles étaient assises face à face, avec des tasses de café fumant devant elles.
Anna sentit le regard de Renée sur son visage tandis qu'elle soufflait sur son café.
« Tu as l'air fatiguée. Que s'est-il passé ? Tu n'es pas sortie avec Mark hier soir ? » demanda Renée.
« Si, on est allés voir cette nouvelle pièce. »
« Ah oui, c'est vrai, Ryan et moi devions venir avec vous, mais les parents de Ryan ont débarqué à l'improviste », dit Renée en soupirant.
« Raconte-moi ce qui s'est passé, parce que je vois bien que quelque chose cloche. »
Anna but une gorgée de café, réfléchissant à ce qu'elle allait dire.
« Bon, comme tu le sais, Mark et moi on se voit de temps en temps depuis trois mois. Parfois juste nous deux, le plus souvent avec toi et Ryan, mais pas tout le temps. »
« D'accord, donc une amitié sans prise de tête », dit Renée en hochant la tête.
« Oui, on peut dire ça comme ça. J'aime bien être avec lui, mais j'ai su après le troisième rendez-vous qu'on ne serait que des amis.
Je le lui ai même dit et il semblait d'accord. Jusqu'à hier soir », expliqua Anna en soupirant, appuyée sur sa main.
« Pourquoi tu ne le dis que maintenant à ta meilleure amie ? » demanda Renée, l'air peiné.
Anna haussa les épaules. « Je suppose que c'est parce qu'il bosse avec Ryan. Ryan est comme un frère pour moi, et je ne voulais pas créer de problèmes. »
Renée rit. « Oui, j'ai remarqué à quel point il est protecteur envers toi. Il ferait sûrement un sale quart d'heure à Mark s'il savait qu'il t'avait blessée. »
Elle regarda Anna avec de grands yeux. « Il ne l'a pas fait, hein ? Te blesser, je veux dire. »
Anna poussa un grand soupir en buvant une autre gorgée de son café maintenant froid. « Pas physiquement. Mais émotionnellement, un peu. »
« Ce n'est pas très clair, alors explique-moi. »
« Tu sais pourquoi j'ai divorcé. »
« Il t'a trompée. »
« Oui », acquiesça Anna. « Eh bien, après avoir quitté Gary, j'ai passé pas mal de nuits à pleurer et à réfléchir.
J'ai repensé à l'année passée et aux signes que je n'avais pas vus pendant si longtemps.
Réaliser qu'il me trompait m'a fait voir tout ce que j'avais loupé, Renée. »
« Qu'as-tu loupé exactement ? »
« Les nuits tardives, les voyages d'affaires loin de la maison. Je me suis aussi souvenue de petits détails, comme ses clins d'œil aux serveuses, son retour débraillé pendant nos repas au restaurant. »
Les yeux de Renée s'écarquillèrent. « Tu veux dire qu'il... pendant que tu l'attendais ? »
Anna acquiesça à nouveau.
« Il allait aux toilettes. Quand il revenait, parfois ses cheveux étaient en bataille, ou sa chemise pas rentrée, ou son visage rouge, ou ses lèvres gonflées.
Oh, Renée, comment ai-je pu ne pas voir ces choses ? Quelle idiote j'étais ! »
Anna but une autre gorgée de café, ne voulant pas voir l'expression triste qu'elle était sûre de trouver sur le visage de Renée.
Puis elle continua : « Notre vie intime n'a jamais changé, cependant. On faisait toujours l'amour souvent, presque tous les jours. J'ai toujours pensé que ça changerait s'il me trompait. »
« J'aurais pensé pareil, mais je n'ai jamais été trompée, alors qu'est-ce que j'en sais ? » dit Renée. « Alors dis-moi, quel rapport avec toi et Mark ? »
« Eh bien, Mark montre tous les signes d'un homme qui ne peut pas être fidèle. »
Renée se recula, l'air attristée. « Oh, Anna. »
Anna rit sans joie. « Oui, je sais, mais honnêtement, ça ne me dérangeait pas parce que je ne le voyais pas comme quelqu'un à fréquenter, juste un ami. Malheureusement, hier soir, ça a changé.
Il m'a dit qu'il voulait approfondir notre relation. Il m'a demandé d'être sa petite amie. »
« Oh, wow ! Qu'est-ce que tu lui as répondu ? » demanda Renée en se penchant en avant.
« C'est ça le problème. Je ne savais pas quoi dire ! Je suis restée plantée là à le regarder comme une idiote. Je ne voulais pas l'accuser de quelque chose sans preuve concrète, mais je sais aussi ce que j'ai vu.
Il montre tous les signes d'un homme infidèle. Donc franchement, même si je l'aimais de cette façon, je ne voudrais pas sortir avec lui parce que j'ai déjà vécu ça. »
Elles restèrent silencieuses pendant quelques instants.
Renée semblait pensive en sirotant son café, puis dit : « Eh bien, tu dois être honnête avec lui, même si ça met fin à ce que tu pensais être une bonne amitié.
Dis-lui ce que tu as vécu et que tu ne veux pas revivre ça. »
« J'ai déjà vécu ça », dit Anna doucement.
« Oui. Je te conseille de lui redire simplement que tu n'as jamais voulu être plus qu'amis, et que tu pensais que c'était tout ce qu'il voulait aussi. »
« Oui... ça marche. Il m'a dit qu'il me donnerait quelques jours pour y réfléchir alors... »
« C'est bien », approuva Renée. « Maintenant je pense que tu devrais rentrer chez toi et dormir un peu. »
« Je suis d'accord », dit Anna. Elle se sentait mieux après avoir vidé son sac. Peut-être qu'elle arriverait à fermer l'œil.
Elles se levèrent et se dirigèrent vers la sortie après avoir réglé l'addition.
