« Comme si... »
« Allez.... »
« Non. »
« Pourquoi pas ? »
Je soupire. « J'ai dit non. »
« Ce n'est pas une réponse. »
Une année a suffit pour que Rylan devienne encore plus exaspérant. Ce soir, il a décidé qu'il voulait que je l'accompagne dîner dans un restaurant chic qu'il apprécie.
Personnellement, être assise dans un espace clos entourée de gens prétentieux, ne m'attire pas.
Je lui explique ce que je pense, et il me répond par un sourire en coin plutôt timide. Je savais qu'il ne comprendrait pas.
Ce que j'ai compris de lui jusqu'à présent, c'est qu'il aime me voir me tortiller avec méfiance devant tout ce qu'il me propose.
Honnêtement, je crois qu'il s'est trop habitué à m'avoir en sa possession.
Cependant, je suis toujours en train de réfléchir à un moyen de changer cela.
« Vas-y, Dawn », insiste Rylan. « Quelqu'un a déjà préparé un bain pour toi. »
Un grognement sourd gronde dans ma gorge. Qu’on me dise quoi faire ne me convient pas vraiment. Rylan n'est qu'un Alpha privilégié de la pureté, qui ne parvient pas à agir pas comme tel.
Il devrait plutôt porter du blanc tout le temps et avoir quelques colombes perchées sur son épaule.
C'est ainsi que je l'ai toujours imaginé de toute façon.
Pas cet homme grand, mince, mais plutôt défini, qui aime porter les vêtements noirs les plus élégants qui accentuent sa taille et ses larges épaules.
Je tourne les talons, heureuse de prouver à Rylan que je suis toujours aussi têtue.
Il avait raison quand il a dit que quelqu'un avait fait couler un bain pour moi. Non seulement cela, mais l'étrange chose en porcelaine que je n'ai pas vue depuis très longtemps est mieux apprêtée que moi.
De doux petits pétales de rose flottent comme des voiliers miniatures sur l'étendue d’eau. Un subtil parfum de roses et de lavande s'en échappe.
J'ai dû fouiller la salle de bain pour m'assurer que celui qui avait créé ce petit chef-d'œuvre ne se cachait pas quelque part dans ma chambre, avant de pouvoir me déshabiller en toute sécurité.
Je le fait lentement, laissant le doux satin embrasser mes membres avant de tomber délicatement au sol.
Je devrais être reconnaissante que Rylan me laisse un peu d'espace, au moins. S'il exigeait que je reste dans sa chambre avec lui, je pense que j'aurais dû assumer les conséquences d'un meurtre au premier degré.
En plongeant mon pied dans l'eau du bain - la chaleur envoyant un frisson le long de ma jambe et de ma colonne vertébrale - je remercie mentalement Rylan pour sa richesse et sa capacité à me choyer, même si cela me fait me sentir un peu coupable.
Pauvre Lucy.
Lentement, je laisse mon corps nu s'enfoncer dans l'eaumiroitante ; le parfumm’enveloppe comme des lianes de plaisir absolu, m'entraînant vers le bas, jusqu'à ce que mes épaules soient complètement submergées, et que mon cou repose sur le bord de la baignoire.
Ok, à ça je peux très vite m’habituer .
L'eau n'est pas désagréable et glacée comme celle des ruisseaux dans lesquels je me suis baignée. De plus, il n'y a pas de boue et de vase, et surtout pas de bâton dans mon dos.
Et n'oubliez pas les roses et la lavande. Aucune de ces fleurs exotiques ne pousse dans la forêt.
« Oh Rylan. » Je respire. « Je ne te le dirai jamais, mais merci. »
Mon esprit n'a pas intégré le fait que je me suis endormie, jusqu'à ce que je me réveille.
L'eau autour de moi s'était refroidie, et mon corps entier avait glissé vers le bas, jusqu'à ce que je sois complètement allongée dans l'eau, mes oreilles immergées dans l'eau délicate.
Instantanément, je me redresse, entraînant avec moi mes cheveux lourds et mouillés. Combien de temps ai-je dormi ? Assez longtemps pour que l'eau se refroidisse et que ma peau se plisse au niveau des doigts.
Quelqu’un frappe à la porte me faisant sursauter. « Hey ... tu vas bien , Dawn ? »
Rylan. Soyez maudite, Déesse.
« Ah, ouais, » je dis à bout de souffle, debout dans la baignoire. « Vous pouvez me laisser une minute ? »
Rylan a dû être surpris de constaterque j'utilisais un ton plus doux, et que j’étais un peu plus conciliante à son égard, mais je mets ça sur le compte de mon réveil très soudain.
Je suis aussi complètement nue, et je ne suis pas sûre d'avoir fermé la porte à clé avant de me déshabiller.
Rylan ne dit rien de plus, cependant, j'entends le bruit de ses pas qui s’éloignent .
Je ramasse une serviette épaisse et douce, et je sors de la baignoire pour me sécher complètement.
Comme j'aimerais ne pas m'être endormie, parce que mes cheveux sont maintenant trempés et j'ai beau les frotter vigoureusement avec la serviette, je n'arrive pas à les sécher .
Lorsque je je me dirige vers la chambre, la serviette enroulée autour de mon corps, je suis surprise de voir Rylan assis sur le bord du lit.
La fenêtre derrière lui laisse entrer les doux reflets oranges et dorés subtils du coucher de soleil. Combien de temps ai-je dormi ?
Lucy entame sa première nuit sans moi, et la culpabilité ne fait que s’incruster plus profondément dans tous mes pores.
Rylan, cependant, ne semble pas perturbé par cela. Les ombres de la fenêtre façonnent sa mâchoire, lui donnant un air sinistre, même si le choc est visible sur son visage. Et je sais pourquoi...
Il fixe mes mains qui pressent ma serviette contre ma poitrine, avant de dériver vers mes jambes nues, légèrement dégoulinantes de l'eau que je n'ai pas pu sécher.
« Dawn », murmure-t-il, la voix un peu rauque.
Je ne suis pas nécessairement la fille la plus sûre de son corps. Donc avoir un autre homme qui me fixe si ouvertement me rend méfiante.
Il semble que Rylan ressente la même chose, alors que son regard remonte jusqu’à mon sourcil levé, il ressent le besoin de répondre à mes inquiétudes.
« Je ne suis pas censé penser si méchamment à quelqu'un », me dit-il, ses yeux tels une fenêtre ouverte sur ses émotions.
Intérieurement, il se bat jusqu'à la moelle, essayant d'apprendre à son esprit à être le parfait Alpha de la pureté.
Ma soudaine capacité à voir cela me choquelorsque je réalise ce que cela signifie vraiment.
C'est bien ça. Sa faiblesse.
C'est mon partenaire.... Bien sûr, je peux voir et ressentir ces choses, tout comme lui.
« A quoi tu penses ? » Je ne peux pas m'empêcher de demander dans un doux murmure. En un seul instant, je suis sous son charme .
Il secoue instantanément la tête. « Je n'ai pas le droit de faire quoi que ce soit... Il y a une robe qui a été laissée pour toi. J'espère qu'elle te plaira. »
Et juste comme ça, il passe la porte.
Je suis laissée là, dans toute ma gloire, en serviette, à réfléchir à ce qui vient de se passer.
Une partie de Rylan était respectueuse de sa religion, ne voulant pas avoir ces pensées que la Déesse n'aimerait pas, jusqu'à ce que nous soyons accouplés.
Une autre partie de lui qui luttait pour contrôler cela, voulant succomber à ses pulsions.
Peut-être que si j'étais intéressée par la poursuite de notre relation, j'aurais pu m'amuser un peu, en essayant de détruire ce mur de contrôle qu'il avait construit.
La robe qui a été choisie pour moi est magnifique.
Le tissu est d'un magnifique bleu roi, avec un corsage parfaitement sculpté dans des courbes que je ’n’ai pas, les ayant perdues après une vie dans la forêt.
Pendant un instant, alors que j'enfile la robe, regardant les pierres précieuses scintiller à la lumière, je me sens belle. Je n'étais plus cette fille malade.
À ce moment-là, je suis forte. Et je peux m'en sortir.
Lucy tourne en rond dans ma tête, alors que je défile dans la cage d'escalier, ma robe se balançant autour de mes chevilles presque dangereusement.
Comme un vrai gentleman, Rylan m'attend devant la porte principale, et j’oublie presque que je suis une victime d'enlèvement.
« Waouh », dit Rylan, une expression déconcertée visible sur ses traits. « Tu es éblouissante. »
Je n'ai jamais été le genre de fille à essayer de se rendre plus belle qu'elle ne l'est en réalité. Si les choses me vont bien, alors c'est un bonus, mais mes cheveux mouillés suggèrent que je m'en moque.
Il ne peut pas me voir ’succomber encore plus au charme d’être sa partenaire.
« Vous aussi », dis-je, d’un ton fade, mais je sais que je le pense. Je ne peux m'empêcher d'admirer à quel point il est impressionnant dans un costume, et comment il parvient à le rendre si décontracté, et si classe à la fois.
Il me tend la main. Il porte des gants.
Il se protège de ce qu'il a ressenti plus tôt dans la chambre.
Il passe son bras dans le mien et m'ouvre la porte. L'air de la nuit est comme une douche froide au premier abord, alors que j'imagine Lucy sans ma chaleur corporelle.
Lorsque nous sortons, je comprends un peu mieux où nous sommes. Dans la cour qui est bien éclairée, une élégante voiture de sport est garée, dont une des portières ouverte révèle un intérieur en cuir.
C'est un spectacle impressionant, puisque mon seul mode de transport depuis un an sont mes deux pieds nus .
Rylan me conduit à l'extérieur, apparemment calme. Je pourrais lui échapper tout de suite et m'enfuir. N'est-il pas inquiet à l’idée que je me transforme et que je parvienne potentiellement à lui échapper ?
Bien sûr que non, il m'attraperait facilement.
« Attention », murmure-t-il, alors que je me hisse, mal à l'aise, dans la voiture. À l'intérieur, elle sent fortement le cuir, et pendant un moment, je me sens un peu étourdie.
Si c’était possible, j'aurais fait quelque chose pour ’me sortir de cette situation, pour retrouver ma petite sœur.
« Où allons-nous ? » Je me décide à demander, ne voulant pas rester dans l'ignorance plus longtemps.
Rylan sourit légèrement, et l'expression illumine ses beaux traits. « C'est un petit restaurant. Peut-être que tu l'aimeras. »
Je n'en dit pas plus jusqu'à ce que nous soyons arrivés. L'endroit n’est pas dans le principal quartier d'affaires central, ni même proche de la ville.
C'est un petit restaurant modeste qui n'est pas très fréquenté ce soir, et le voir me rend un peu surexcitée, pourtant mon estomac ne sera probablement pas d'accord.
Ce genre de nourriture est peut-être trop riche pour moi.
Rylan m'aide à sortir de la voiture, s'assurant de ne pas me lâcher une seule seconde, afin qu'aucune occasion ne se présente pour que je m'échappe. Il ne devrait pas s'inquiéter de ça dans cette robe...
Lorsque nous arrivons à la porte, Rylan s'arrête.
« Ce soir, tu es à nouveau à moi », murmure-t-il à mon oreille, avant d’ouvrir la porte.
