Il était trop tôt pour être debout. Je ne comprends pas comment tous les combattants font ça chaque matin.
Il était maintenant 6 h 30. Le soleil n'était pas encore levé, mais j'étais déjà en train de préparer du café et de chercher des cachets pour le mal de tête.
Je n'avais pas besoin d'être levée si tôt, mais je m'étais réveillée avec une migraine atroce et je n'arrivais pas à me rendormir. Après avoir essayé pendant quelques heures, j'ai jeté l'éponge et je suis allée dans la cuisine.
Je me suis dit que je pourrais me rendre utile en préparant le petit-déjeuner pour tout le monde. C'est ce que je faisais la plupart des matins, sauf quand je ne me sentais pas bien, ce qui arrivait plus souvent que je ne l'aurais voulu.
Ces jours-là, les combattants de la meute devaient se contenter de céréales froides. Ils ne se plaignaient jamais, mais je savais qu'ils regrettaient de ne pas avoir un bon repas chaud pour commencer la journée.
J'étais en train de mettre du pain dans le grille-pain et de faire cuire des œufs quand notre nouvel invité est entré. Quand je l'ai vu, je me suis tournée pour qu'il ne puisse voir que mon profil gauche.
Au début, je ne lui ai pas adressé la parole. J'étais encore gênée de l'avoir bousculé la veille. Je ne savais pas ce qu'il en pensait.
Je n'ai pas pu l'ignorer longtemps car il s'est assis au comptoir près de l'endroit où je cuisinais. Il y avait de la nourriture partout sur les plans de travail.
Les combattants ont besoin d'être en forme, alors ils mangent comme quatre. J'aimais aussi leur offrir un large choix d'aliments.
Au bout d'un moment, j'ai compris que je devais parler à l'invité, sinon je risquais de passer pour une mal élevée. Je ne voulais pas qu'il ait une mauvaise image de la meute à cause de moi.
« Bonjour, monsieur », ai-je dit doucement en le regardant du coin de l'œil.
« Bonjour, Artemis », a-t-il répondu gentiment. Je me sentais bizarre de ne pas connaître son nom, mais il me semblait déplacé de le lui demander maintenant.
Nous sommes restés dans la cuisine, mal à l'aise, pendant quelques minutes avant que certains des combattants n'entrent bruyamment. J'étais soulagée qu'ils arrivent.
Les trois combattants - Teddy, Russell et Pat - ont rempli leurs assiettes de nourriture tout en discutant entre eux, jusqu'à ce que Russell aperçoive l'invité et donne un coup de coude aux deux autres pour attirer leur attention.
« Lord Edmon, ravi de vous voir ce matin. Je suis Russell, voici Teddy et Pat. » Il a désigné chaque personne en prononçant son nom. « Nous serons parmi les combattants à l'entraînement aujourd'hui. »
« Enchanté de vous rencontrer, les gars », a répondu notre invité, Lord Edmon. Je me demandais quel genre de lord il était. Était-ce comme les seigneurs dans les vieilles histoires ? Je savais qu'il venait de la capitale mais j'ignorais ce qu'il y faisait.
Russell a continué à bavarder un peu avec Lord Edmon. Je n'ai jamais été douée pour la conversation. Pendant qu'ils parlaient, Teddy s'est approché de moi.
« Dis donc, Artie, il y a du café ? » Teddy était un vrai accro au café.
J'ai pointé la machine à café avant de dire : « Désolée, Teddy. Elle fait encore des siennes. »
Je n'arrivais jamais à comprendre cette machine sophistiquée. Qu'est-il arrivé aux bonnes vieilles cafetières ?
« T'en fais pas, Artie. Je vais m'en occuper. »
Je suis retournée aux œufs, les remuant avant de les mettre dans les assiettes. Je me suis retournée pour voir Pat en train de beurrer les toasts qui étaient prêts. Tout cela fait, je me suis enfin tournée vers Lord Edmon pour m'occuper de lui.
« Mon seigneur, servez-vous de ce que vous voulez. Puis-je vous offrir quelque chose à boire ? Du café ? Du thé ? » Lord Edmon m'a regardée attentivement. Quelque chose clochait ?
« En fait, j'aimerais bien du thé. Auriez-vous du Earl Grey ? » Je me suis sentie nerveuse. Je ne voulais pas le décevoir, mais nous n'avions que les tisanes que je cultivais en été.
« Un Lady Grey vous conviendrait ? » ai-je dit doucement. « Ou j'ai un mélange Earl Grey et lavande. »
« Bien sûr. Ça a l'air délicieux. »
Je me suis tournée vers les placards de la cuisine, prenant la boîte de thé et une grande tasse. Pendant que le thé infusait, j'ai sorti la crème du frigo et le miel du placard. Je préférais de loin le thé au café.
Après avoir retiré le sachet de thé usagé, j'ai ajouté un peu de crème et de miel, remué le thé avec la même cuillère que j'avais utilisée pour le miel, et l'ai posé devant Lord Edmon. Le seigneur a examiné attentivement le thé.
« Ai-je fait quelque chose de travers ? » ai-je demandé. Peut-être n'aimait-il pas le thé à la lavande. Lord Edmon a levé les yeux vers moi, puis a secoué la tête avant de prendre la tasse et d'en boire une gorgée.
« Mmmhmm... wow. C'est vraiment délicieux ! »
« Je suis contente que ça vous plaise, mon seigneur. » Ce n'était que du thé, mais j'étais heureuse qu'il l'apprécie. J'ai essayé de me concentrer sur le rangement de la cuisine. Je détestais une cuisine en désordre.
« T'embête pas avec la vaisselle, Artie », a dit Russell. « On nettoiera à notre retour. Tu devrais aller te reposer avant que Dalton ne nous passe un savon pour t'avoir fait trop travailler. »
« Ça ne me dérange pas », ai-je répondu. « Je ne pense pas pouvoir me détendre en sachant qu'une cuisine en désordre m'attend. »
Avant que je ne puisse faire beaucoup de ménage, Dalton est entré. Il s'est tenu dans l'embrasure de la porte, observant tout le monde. Dalton était juste mais strict avec les combattants. Maintenant, il avait l'air sérieux. Les autres feraient mieux de faire attention.
Je me suis tournée pour essayer de défendre les trois combattants mais Dalton semblait regarder Lord Edmon. Lord Edmon, cependant, ne semblait pas remarquer que Dalton était contrarié par lui.
Après un moment, Dalton m'a regardée et quand nos regards se sont croisés, il s'est approché de moi.
« Tout va bien, Artie ? » J'ai simplement hoché la tête, attrapé un chiffon et commencé à nettoyer. Je ne voulais pas attirer l'attention.
Dalton n'a pas aimé cette réponse. Il s'est approché de moi, m'a pris le chiffon des mains pour me forcer à le regarder.
« Tu es sûre ? » Il a parlé plus doucement cette fois, mais il insistait. Il voulait une réponse honnête.
« Tout va bien », ai-je réussi à dire à voix basse. Dalton m'a regardée dans les yeux et j'ai jeté un coup d'œil vers Lord Edmon, qui me mettait mal à l'aise.
Il ne faisait rien de mal. J'avais simplement plus peur de lui que d'autre chose. Dalton a compris ce que je voulais dire et a agi.
« Mon seigneur », a-t-il dit en se tournant vers l'invité, « les combattants se rassemblent dehors pour notre entraînement. Peut-être aimeriez-vous nous rejoindre ? »
Lord Edmon a regardé Dalton avec des yeux plissés, a pris une dernière gorgée pour finir son thé, et a posé la tasse sur le comptoir avant de se lever.
« Merci pour le thé, Artie. À plus tard. » Ce n'est qu'après le départ de Lord Edmon que j'ai enfin pu respirer. Cet homme me rendait nerveuse.
« Il t'a dit quelque chose ? » Dalton me regardait à nouveau avec inquiétude. Je ne voulais pas qu'il parte en pensant que quelque chose de grave s'était passé.
« Pas grand-chose. Je lui ai proposé du thé. Il a semblé l'apprécier. Russell a un peu discuté avec lui. » Lord Edmon n'avait rien fait de mal ; c'était juste sa présence imposante qui me rendait nerveuse. Je ne suis même pas sûre qu'il s'en rendait compte.
« Je ne veux pas que tu restes seule avec lui, d'accord ? Si tu le vois, trouve Papa ou moi, d'accord ? »
J'ai hoché la tête. « D'accord, Dalton », ai-je dit doucement.
« Ne t'inquiète pas. Tu es en sécurité. » Il s'est ensuite tourné vers les trois autres gars dans la pièce, leur donnant des ordres.
« Allez, vous trois. C'est l'heure. Sortons et commençons. Bougez-vous ! » Les trois combattants ont lâché ce qu'ils avaient dans les mains et se sont précipités dehors, me remerciant au passage. J'ai souri en les voyant partir.
« Artie ? » a dit Dalton.
« Hmmm ? »
« Pourquoi les antidouleurs sont-ils sortis ? » Oh non ! Il n'était pas censé voir ça. Je l'ai regardé avec de grands yeux, ne voulant pas lui répondre. Ça ne ferait que l'inquiéter, et je ne voulais pas l'embêter plus que je ne l'avais déjà fait.
« Artie... » Dalton a prononcé mon nom d'une voix basse en se penchant au-dessus de moi pour attraper les pilules. Il m'a regardée les yeux plissés, attendant une réponse.
« Il se pourrait que je me sois réveillée avec un mal de tête ce matin. »
« Artie ! » Dalton était frustré.
« Ce n'est pas si grave. » J'ai essayé de me défendre. Je ne pouvais pas contrôler quand ils survenaient, mais ils semblaient toujours rendre Dalton très protecteur.
« Je savais que tu en avais trop fait hier. Tu dois aller t'allonger et te reposer. Plus de travail supplémentaire aujourd'hui. »
« Je vais vraiment bien, Dalton. Je peux gérer. »
« Je ne prends pas de risque. Maintenant, va t'allonger. Je demanderai à quelqu'un de t'apporter quelque chose plus tard. » Il m'a donné les pilules et a pointé la porte du doigt.
J'ai pris le flacon de sa main et me suis tournée pour suivre son ordre. J'espérais que Russell, Teddy et Pat nettoieraient comme ils l'avaient dit.
